Qu'ajouter à cette annotation de Paul Biriukov en fin de livre qui fut dévoué à Tolstoï dès les années 1880. Il se mit à son service comme secrétaire, tolstoïen, puis devint son biographe attitré. Paul Biriukov cite en outre l'éditeur russe Nekrassov qui est très révélateur. Voici :
Ce récit est des années 1854-1855, c'est-à-dire pendant le séjour de Tolstoï à Sébastopol. Il parut pour la première fois dans la revue le Contemporain (Souvreménik)
Rappelons quelques lignes de la lettre de Nekrassov, déjà citée dans les notes bibliographiques du premier volume des oeuvres complètes de Tolstoï et qui se rapportent à ce récit :
"La Coupe en forêt est passée assez bien, quoique quelques traits précieux aient été rayés.(*) Voici mon opinion sur cette nouvelle : par la forme elle rappelle en effet Tourguenev, mais là s'arrête la ressemblance ; tout le reste vous appartient et ne pourrait être écrit par personne sauf vous. Dans ce récit il y a beaucoup de petites notes admirablement justes et tout y est nouveau, intéressant et utile. Ne négligez pas des récits pareils à celui-là. Sur le soldat, notre littérature n'a rien dit jusqu'ici, sauf des banalités. Vous commencez seulement et quelle que soit la forme sous laquelle vous direz ce que vous savez sur ce sujet, tout sera au plus haut degré intéressant et utile."
Nous voyons ainsi que depuis le commencement de l'activité littéraire de Tolstoï, quelque travail qu'il entreprît, en chacun il apparaît quelque chose de nouveau. Et ce trait principal, caractéristique du grand talent, remarqué déjà par ses premiers critiques, a passé dans toutes les oeuvres littéraires de L. Tolstoï et comme nous le savons s'est conservé jusquen ses derniers écrits.
Le récit de la Coupe en forêt , en traduction française figure dans le recueil " Paysans et soldats" précédemment cité, sous le titre Dans les grands bois, récit d'un junker
(*) Nékrassov parle à demi-mot de la censure
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Votre seigneurie, - me dit Nikilaïev qui s'approchait - Venez chez le capitaine (Bolkhov). Il vous invite à prendre du thé ..
Nous nous mîmes à causer de Moscou et de choses n'ayant aucun rapport avec la guerre et le Caucase.
(..) Après un de ces moments de silence qui interrompent parfois les conversations les plus animées, Bolkhov me regarda avec un sourire.
Il me dit :
- Je me sens encore plus incapable de retourner en Russie tel que je suis venu ! C'est aussi une des traditions qui existent en Russie qu'il faut venir au Caucase pour être chamarré de décorations. Tous attendent et exigent cela de nous ! Et voilà, moi je suis ici depuis deux ans, j'ai fait deux expéditions et je n'ai rien reçu. Mais quand même, j'ai tant d'amour-propre que pour rien au monde je ne partirais d'ici avant d'être major et d'avoir la décoration de Vladimir et la décoration d'Anne au cou. Je suis entraîné à un tel point que je suis vexé quand on donne une récompense à un Gnuilokichkine quelconque et pas à moi. Et ensuite, comment paraîtrais-je en Russie devant mon starosta (*), le marchand Kotelnikhov à qui je vends mon blé, devant ma tante de Moscou et devant tous ces messieurs, si après deux années de Caucase je revenais sans aucune récompense !
(*) L'ancien du village
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