AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782226385840
304 pages
Albin Michel (14/10/2015)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Quand il faut évoquer la mort, nous savons que... nous ne savons rien. Quand il nous faut parler des morts de notre vie - qui vivent encore en nous, habitent notre coeur -, les mots nous manquent. De cette perte, de la mort même, nous préférons ne pas parler. Et pourtant, les absents n'en finissent pas d'être présents. Nous en sommes les gardiens fidèles.À travers les entretiens qu'elles ont accordés à Damien Le Guay et Jean-Philippe de Tonnac, sept personnalités ac... >Voir plus
Que lire après Les Morts de notre vieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quoiqu'on en dise, la mort, thème omniprésent en littérature, comme dans les autres arts, fait intimement partie de nos vies.
Cependant, quand il faut parler de nos disparus, de leur présence qui nous habite longtemps après leur départ, les mots nous manquent.

Quelle bonne idée donc que ce choix d'entretiens avec sept célébrités sur les morts de leur vie.

Rien de glauque, macabre ou gothique dans Les morts de notre vie. Bien au contraire !
Ce livre, original, est, selon moi, une vraie réussite, tant par son fond que sa forme.

Ses auteurs sont deux essayistes (dont l'un est président du Comité national d'éthique) et ils ont mené,  avec beaucoup d'empathie et de finesse, des échanges sur ce sujet bien difficile, voire tabou.
Leurs questions s'articulent donc autour du deuil, des rites, du souvenir, de la reconstruction.... le tout étant propre à chaque personnalité rencontrée.

C'est par la revue trimestrielle (gratuite) ALBIN MICHEL "L'homme en question" que j'ai été mise au courant de cette publication.

Le texte de ce livre n'a évidemment aucunement à pâtir d'un quelconque voyeurisme, pathos, ou que sais-je encore d'indélicat, tant du côté des questions que des réponses données par des écrivains ( Catherine Clément, Philippe Labro, Amélie Nothomb), un poète (Christian Bobin), des acteurs (Juliette Binoche, Daniel Mesguich), un philosophe  (Edgar Morin).

"La mort, en nous blessant, nous met aussi au monde", si l'on veut bien lâcher nos morts et les laisser partir.
En paix.

On découvre,  entre autres choses, le séjour chamanique initiatique en Amazonie d'Amélie Nothomb, comment le mensonge sur la mort d'un parent peut prédestiner une vocation (Edgar Morin), l'importance de "la richesse des rites de mort pour ceux qui en sont acteurs" (C.Clément), la puissance de résurrection de l'écriture pour C.Bobin, etc.....

Au-delà du travail qui s'opère en nous grâce à cette lecture à la fois facile et riche, c'est aussi l'occasion de connaître mieux ces acteurs de la vie culturelle française.  Pour ma part, mes chouchous sont Christian Bobin et Juliette Binoche, mais ce que j'ai lu pour les autres m'a tout autant touchée.

Oui,  leurs mots, sincères et intelligents, mais aussi les lectures et les musiques évoquées au cours de leurs témoignages, viennent nourrir notre curiosité et nous parlent de la Vie avec un grand V, et avec beaucoup de philosophie.



Lien : http://justelire.fr/les-mort..
Commenter  J’apprécie          111
Parce que nous les y avons invités et qu'ils ont accepté notre invitation, les sept auteurs de ce livre parlent de leurs disparus de manière à ce que chacun d'entre nous puisse à son tour parler des siens. Mais comment avons-nous procédé pour les contacter et les convaincre ensuite de contribuer à un ouvrage sur leurs morts et sur la mort ? Il est des démarches plus évidentes ! La prise de contact exigeait avant toute autre chose, on peut l'imaginer, un peu de tact, de retenue, de pudeur alors même que nous sollicitions des confidences difficiles à partager. Faire le choix de ces personnalités, engager un échange avec elles sur ces thématiques nécessitait que nous soyons bien renseignés pour éviter les faux pas, les maladresses. Il eût été donc à peu près impossible de concevoir des entretiens qui mettent en partage des expériences aussi sensibles sans qu'on nous apporte une aide et des conseils précieux.

[....] Nous ne pouvons conclure sans formuler une pensée émue pour ceux que nous avons perdus, nos êtres chers. Ils nous ont évidemment inspiré l'idée de ce livre. Ils sont pour toujours nos compagnons de vie.

Damien le Guay et Jean-Philippe de Tonnac
Commenter  J’apprécie          20
Un coup de fil d'une amie au chevet de son mari mourant me rappelle ces témoignages lus en 2015 lorsque je préparais un atelier sur le deuil. L'éventail de conceptions et de perceptions de la mort est précieux face à la grande inconnue du passage dans une autre dimension. Trois questions identiques ont été posées aux sept témoins notables

- «Quelle relation avez-vous avec vos morts, avec leur présence, leur souvenir, leur dépouille, les objets qu'ils ont laissés ?
- Pensez-vous quelque fois, souvent ou de manière obsessionnelle à votre mort. Ou jamais ?
- Le jour de votre mort, comment imaginez-vous rassembler vos êtres chers, vos survivants, vos héritiers et quelle destination donnerez-vous à votre corps ?»

Les réponses entremêlent souvenirs d'enfance, émotions, pensées, dans une plongée au plus profond de l'intime. Les témoins ont tenu à être le plus au clair possible avec la soeur jumelle de la vie. Juliette Binoche raconte qu'enfant, sa « grande réjouissance » était de partager équitablement les fleurs sur les tombes. Avec sa cousine encore, elle embellissait les sépultures sommaires des bébés.
Ne dit-on pas que la capacité à se séparer de ses proches augmente si la personne a été confrontée très tôt à la mort. Plus la mort est intégrée à la vie, moins elle effraie. Souvent, nous pensons à la vie, au vivant, la société dénie la mort alors qu'en parler, c'est l'apprivoiser, ou au moins la rendre humaine. Actuellement, elle nous paraît encore abstraite, confinés que nous sommes dans une bulle protectrice. La mort est escamotée puisque l'accompagnement à la dernière demeure est limité à une dizaine. Quelle épreuve de vivre seul la perte de l'être cher ou chéri. Cette affliction extrême, cette frustration inhumaine, rendent le Co19 éminemment détestable.

Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
Commenter  J’apprécie          40


critiques presse (1)
LePoint
26 octobre 2015
Sept personnalités se confient sur le thème le plus noir. Le résultat est vivifiant !
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
"Je trouve aujourd'hui que le principe des "dernières volontés" n'a strictement aucun sens. Elles ont le temps de périmer vingt fois avant l'échéance. Il faut laisser les enfants se débrouiller ! Les choix qu'ils auront à faire participeront de leur travail de deuil." Catherine Clément
Commenter  J’apprécie          60
Vous oubliez ces « morts » infligées par une simple parole malheureuse, blessante, humiliante, meurtrière, prononcée contre vous. Nous les connaissons tous. Une ignoble vacherie peut vous renverser. Votre amour vous apprend un matin qu’il ne vous aime plus : il vous tue. Ce sont des expériences que nous avons tous vécues. Dans ces moments-là, nous prenons conscience de l’effroyable pouvoir de la parole. A contrario, si la parole vous tue, elle peut vous rendre la vie. J’ai eu une adolescence extrêmement pénible : j’avais l’impression de vivre dans un néant absolu. Je me détestais. J’avais l’impression partout d’un défaut d’amour si affreux. Je ne maîtrisais rien. Je subissais tout. Et cette incapacité à saisir l’attelage de ma vie me sortait du monde. La parole des écrivains a été alors pour moi une source de réconfort incomparable. Et pas seulement celle des écrivains que je vénérais, comme Balzac, mais quelqu’un d’aussi profondément antipathique que Montherlant m’a transmis aussi quelque chose – ne serait-ce qu’à travers ses Jeunes Filles. Je le lisais et relisais à quatorze ans. De lui aussi je recevais une invitation à voir plus loin que ma vie sans qualité. Cette parole m’a sauvée. Et ce n’est pas une métaphore ! Je n’étais donc pas dans le néant. Ces écrivains témoignaient, chacun selon son génie propre, d’une autre réalité, de la réalité d’autre chose.
Je suis toujours étonnée, quand je vais dans les librairies, de passer devant ces rayonnages de livres qui « font du bien ». Le bien-être me déprime. Je ne dois pas être normale. À côté de cette littérature-là, un très grand livre, s’il me raconte une histoire effroyable avec un sens de la maîtrise, de la beauté, de la verticalité, m’aidera considérablement à vivre. Relisez La Cousine Bette : voilà le portrait d’un être néfaste, méchant, affreux, mais quelle force de vie ce roman vous donne 
Amélie Nothomb
Commenter  J’apprécie          00
"La seule réponse à l'angoisse de mort, quand elle surgit, c'est la communion dans la vie, dans l'amour, dans l'amitié, dans la participation. Je ne dis pas que cette communion détruit l'angoisse de mort mais elle la refoule". Edgar Morin
Commenter  J’apprécie          40
L'attirance pour la mort est une chose constante chez moi. Elle fait partie de moi. S'approcher le plus possible de la frontière, ce fut une démarche répétée. Il y a là une véritable fascination que je ne peux pas dissimuler, en effet. Ce n'est pas un hasard si j'ai eu une anorexie si forte. Je crois pourtant que l'époque des ¨grandes tentations¨est révolue - si vous me permettez de dire les choses ainsi. Non pas qu'il ne m'arrive pas d'y songer. J'y songe mais pas plus ou pas moins que tout un chacun. Lorsque la vie est insupportable, lorsque nous n'en pouvons plus, bien sûr que nous voulons en finir. Ce n'est pas pour cela que nous allons le faire. Il s'agit d'une pensée libératrice, cathartique. Je reste convaincue que ce n'est pas moi qui me donnerai la mort. En revanche, cette idée de mourir un jour, pas tout de suite, mais un jour, me réjouit. Je suis certaine que cela sera passionnant. Si j'ai une conviction, la voilà: mourir doit être une expérience exceptionnelle. Pour autant, je ne vais pas hâter les événements, puisque cette vie-ci est somme toute aussi intéressante. Et puis, de toutes les manières, la mort arrivera bien assez vite.
Commenter  J’apprécie          00
"Il ne s'agit en aucune façon de "faire son deuil" - expression qui m'agace au plus haut point, je l'ai dit. On ne fait pas un travail de deuil, il se fait tout seul. Ce travail ne se fait pas toralement à notre insu mais en tous les cas, sans notre partie consciente. " Catherine Clément
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Damien Le Guay (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Damien Le Guay
Quand il faut évoquer la mort, nous savons que? nous ne savons rien. Quand il nous faut parler des morts de notre vie ? qui vivent encore en nous, habitent notre c?ur ?, les mots nous manquent. de cette perte, de la mort même, nous préférons ne pas parler. Et pourtant, les absents n?en finissent pas d?être présents. Nous en sommes les gardiens fidèles.
À travers les entretiens qu?elles ont accordés à Damien le Guay et Jean-Philippe de Tonnac, sept personnalités acceptent ici de témoigner. Juliette Binoche, Christian Bobin, Catherine Clément, Philippe Labro, Daniel Mesguich, Edgar Morin et Amélie Nothomb nous livrent avec profondeur et générosité leurs sentiments intimes, leurs croyances ou leur incroyance, leur philosophie de la vie. Au-delà des chagrins, des douleurs, ils disent tous le lien vital qui les relie à leurs morts ? les morts de leur vie. L?extraordinaire diversité de ces paroles nous invite au partage pour être plus vivants.
http://www.albin-michel.fr/Les-Morts-de-notre-vie-EAN=9782226319203
+ Lire la suite
autres livres classés : sociétéVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (24) Voir plus



Quiz Voir plus

Veiller sur elle (Jean-Baptiste Andrea)

Que constate-t-on à la naissance de Michelangelo Vitaliani ?

Sa grande taille
Sa petite taille

27 questions
87 lecteurs ont répondu
Thème : Veiller sur elle de Créer un quiz sur ce livre

{* *}