La conjuration des imbéciles

Un livre très troublant pour moi qui m'a renvoyée à mon enfance et adolescence. Les sentiments n'ont pas de frontière. La bêtise non plus. Ces personnages haut en couleur, pathétiques sont d'autant d'échecs magnifiques, d'échecs nécessaires qui nous hantent et nous rappellent combien nous sommes humains dans nos imperfections aussi. Que ferions nous ici bas si ce n'est pour que les dieux puissent écrire notre histoire. "Quand l'homme pense, Dieu rit".

Attention chef d'oeuvre ! Un livre à lire pour ses descriptions pittoresques de la Nouvelle Orléans et surtout son personnage principal, Ignatius Reilly, héros donquichottesque tordant. Il serait né dans les années 80-90 que l'on aurait dit qu'il était atteint de troubles du spectre autistique. Reilly s'intéresse à des trucs qui intéressent peu de monde mais lui, le fait jusqu'à l'obsession. Vieux garçon obèse qui refuse de voir sa mère fréquenter un autre homme, il résiste aux assauts de Myrna Minkoff, baba-cool juive à l'opposé de ses idéaux et de son mode de vie, qui entretient avec lui une correspondance pleine de sous-entendus sexuels. Ignatius porte un regard désabusé et extrêmement critique sur son époque, les sixties, la révolution sexuelle, le rock et tout ce qui à l'époque était synonyme de modernité. Difficile de ne pas voir dans Ignatius un double de l'auteur, surtout après avoir lu sa biographie, Butterfly in the typewriter. Un livre à la fois drôle et poignant qui plaira aux lecteurs dotés d'une bonne dose de cynisme et d'autodérision.

Un chef d'oeuvre de drôlerie et d'intelligence.

Un chef d'oeuvre!

John Kennedy Toole
La conjuration des imbéciles
10/18, domaine étranger, 2010, 534 p.




Publié en 1980 ce roman écrit dans les années 60 a connu un vif succès très légitime. Malheureusement l'auteur se croyant un écrivain raté s'est suicidé à 32 ans. Je me suis régalée du décalage entre le style ampoulé de notre héros rédigeant moult diatribes et courriers pour refaire le monde et les lamentations en langage familier de sa mère atterrée par les folies de son fils.
Je me suis souvent surprise à sourire voire à rire en lisant certains extraits. Je souhaite aux futurs lecteurs de ressentir autant de plaisir que j'en ai éprouvé à la lecture de ce texte déjanté et inventif.
Ce récit nous raconte les tribulations d'Ignatus Reilly, héros ubuesque dont l'embonpoint et l'anneau pylorique lui causent bien des tourments. Employé dans l'entreprise des pantalons Lévy , il va se mettre en devoir de réformer son organisation. Ce sera l'occasion de bien des déboires et de croiser une série de personnages plus loufoques les uns que les autres.

Un roman pointu excellentissime, où l'imbécile n'est pas celui qu'on croit ! Via son (anti) héros et son entourage pour le moins éclectique, l'auteur nous introduit dans les tréfonds de la Nouvelle Orléans et d'ailleurs, nous baladant dans les rues, bars, foyers, usines, soirées, partis politiques... pour démonter l'intégralité des mécanismes sociaux avec un aplomb (d)étonnant.
Une verve assassine, une mise en scène gargantuesque. Accrochez-vous et ne ratez pas le départ : vous êtes tour à tour intrigué, secoué, encerclé, entraîné dans une course effrenée qui dégomme tout sur son passage...

Non seulement je suis un piètre écrivain (et j'entend par là simplement le fait d'écrire), mais en plus je n'ai pas trop envie de perdre mon temps à écrire des critiques de livres que probablement personne - ou presque- ne lira
Par contre je tiens absolument à laisser une critique de ce livre que je considère un chef d'oeuvre absolu. Toutes les louanges que vous rencontrerez dans les nombreux commentaires ici-là, sont absolument méritées. Ce livre doit être placé sur le podium des oeuvres eternelles de la littérature. S'il ne s'y trouve pas encore, mon ami, sachez que c'est tout simplement parce que l'auteur s'ext suicidé à l'âge de 30 ans, et n'a donc n'a laissé à la postérité, en tout et pour tout, que deux livres: celui-ci et un autre, qui a pour titre La bible de néon. Ce dernier est de moindre qualité, mais il faut tenir en compte le fait qu'il l'écriva étant adolescent.
On peut donc considérer que John Kennedy Toole a écrit UNE seule oeuvre littéraire, et que cela fut suffisant pour revendiquer en son nom, et post-mortem, un siège à l'Olympe de la littérature universelle.
Pour terminer je vais faire preuve d'un peu d'intolérance et de présomption et je m'en excuse par avance: quiconque considère La conjuration des imbéciles comme un livre médiocre, c'est tout bonnement qu'il/elle n'y a rien saisi.

Il est attachant et répugnant à la fois, l'homme à la moustache et à la casquette verte. Ignatius Reilly est un auteur refoulé qui n'atteindra jamais le niveau de son créateur, John Kennedy Toole. La trajectoire tragique de cet auteur rajoute une dimension presque mystique à cette oeuvre qui a tout d'un classique américain. J'ai beaucoup apprécié ce livre dans son rythme et ses rebondissements.

Je suis émerveillée par cette galerie d'imbéciles, très amusée, et bien forcée d'y reconnaître ma propre bêtise. C'est un roman grandiose.

J'ai failli passer à côté de cet incroyable chef d'oeuvre une première fois, mais heureusement un ami me l'a remis dans les mains et dès lors, je ne l'ai plus abandonné.

Quel délice que ce livre ! Jamais je ne dirai mieux que la critique de Notos que je vous invite à lire.

Je ne peux que vous en conseiller vivement la lecture.