Autant vous le dire d'emblée, j'ai beaucoup de mal à écrire cette critique. Syndrome de la page blanche, ça arrive même aux meilleurs. Je ne sais pas vraiment que dire qui n'ait pas déjà été dit, puisqu'un rapide coup d'oeil montre que
La Conjuration des Imbéciles est un livre unanimement apprécié. Pour un peu, j'aurais presque préféré ne pas l'aimer, comme ça je n'aurais pas eu à hurler avec les loups.
Tant pis, continuons cette critique.
C'est un livre que j'aurais mis deux semaines à finir – ce qui est extrêmement long par rapport à d'habitude. de cette lenteur, une explication très simple : c'est un très très très bon livre dont j'avais envie de faire durer indéfiniment la découverte.
Pour ceux qui ne l'ont jamais lu, voici un court résumé :
Ignatius J. Reilly, un gus dont le cynisme n'a d'égal que sa fénéantise et son ventre proéminent, vit dans un taudis avec sa vieille moman alcoolique. Et puis un jour, devant rembourser une dette, la vieille moman somme Ignatius de trouver un boulot. Et c'est là que les emmerdes commencent.
Je ne sais pas pour vous, mais ce rapide résumé concocté par mes soins ne donne pas vraiment envie. C'est bien dommage, parce que ce livre est formidable. Même ma maman me l'a dit, et pour que ma maman le dise, c'est qu'il est vraiment formidable.
Mais alors, pourquoi
La Conjuration des Imbéciles est-il formidable ? me demandes-tu, toi qui aimes les critiques construites.
Déjà, point extrêmement important : le personnage principal (Ignatius, si tu as bien suivi), non content d'être doté d'un cynisme de type qualitatif – ce qui est, plus qu'un bon point, un critère –, il arbore aussi une imposante pilosité sub-buccale. Chose qui, dans l'histoire de la littérature, est assez rare pour être souligné.
Notre héros a une moustache, mais ce n'est pas ici la seule bonne chose qu'offre ce livre. En plus, l'histoire, elle est bien ficelée. Tu sens que pour la fin, John s'est creusé les méninges. C'est le genre de livre où quand tu les refermes tu ressembles à
Alain Soral parce que tu répètes : « Waah, tout est lié… Tout est lié… ».
Voilà. Monsieur Chabance, que j'aurais salué s'il n'était pas mort, aurait pesté en voyant qu'il n'y a que deux arguments, et à peine construits, dans ma critique – j'allais écrire « mon devoir ». Tant pis. J'espère quand même que ce modeste billet vous aura donné envie de le lire. Ou de le relire. Mais si vous voulez le relire, c'est que je prêche un converti, donc que mes efforts pour écrire une critique qui finalement n'aurait pu s'attirer qu'un « à développer » de la part de Monsieur Chabance auront été vains.
Bah, ce n'est pas grave : Comme dit le poète, on ne se bat point dans l'espoir du succès.