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3,91

sur 4194 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La CONJURATION DES IMBECILES en près de 500 pages de délire récurent, nous relate les aventures d'Ignatius J.Reilly, trentenaire sans emploi à l 'idéal moyenâgeux, obèse surdoué, marginal asocial, décalé à l'esprit paranoïaque, grossier provocateur et manipulateur, materné par son souffre-douleur de mère alcoolique ; dans l'univers confiné des quartiers populaires de la Nouvelle-Orléans.
Ignatius J.Reilly ,"roteur" invétéré à l'anneau pylorique tourmenté, est entouré d'une galerie de personnages truculents : Mancuso policier des basses oeuvres et sa tata boulignesque, Jones le portier "palabrant" des Folles Nuits, Minkoff amoureuse éconduite platonique par fin de non-recevoir et psychanalyste par destination de l'âme torturée de notre héros sympathique et attachant (vous en conviendrez) et tant d'autres.
Ce roman, alternant théories ubuesques, dérisions sadiques et épisodes requinquants; par une critique au vitriol nous dépeint la réalité de l'Amérique désenchantée des années 60
.....Génial.....Jouissif....et ......Incontournable
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Ah, sacré Ignatius. Gros, une casquette verte toujours vissée sur ses cheveux gras, des poils de moustache jusque dans les narines, Ignatius est donc un personnage surprenant. Pas de quoi s'y attacher, bien entendu, il est du genre à passer ses journées sur le canapé de son taudis pour regarder des jeux télévisés incompatibles avec la notion de culture, malgré ses longues études universitaires chèrement payées par sa môman. D'ailleurs, son plus grand plaisir semble être celui de martyriser sa pauvre mère qui n'en peut plus de l'ingratitude et de la paresse de son maudit rejeton. En plus, Ignatius est le maître incontestable du rôt. Ce n'est pas de sa faute, ne va pas lui en vouloir, c'est à cause de son anneau pylorique qui est défectueux à la moindre contrariété. N'empêche, on se fait un portrait peu reluisant du type.

Hey, gamin ! Au lieu de taper des pamphlets politiquement enragés à ta meuf de New-York, il serait temps, Ignatius que tu lèves ton gros et gras cul de ton lit pour arpenter, mardi gras ou pas, les rues de la Nouvelle-Orleans et trouver un taf payer 20 cents de l'heure… Ô miracle et Hallelujah si j'avais une once de croyance en moi, il se fit embaucher comme je ne sais pas quoi dans l'usine locale à l'extérieure de la ville des Pantalons Levy. Et en peu de temps, il y mit un sacré bordel, sacré Ignatius. Vient alors son second boulot, peut-on descendre encore plus bas dans l'échelle sociale que vendeur de saucisses ambulants, même chez le prince du hot-dog des rues, alors que c'est un fait reconnu, « Les gens méprisent les marchands de saucisses. »

Et là encore, en quelques jours c'est également le bordel complet jusqu'au bordel Les Folles Nuits où son incapacité notoire à vivre avec les autres s'affichèrent en première page des journaux du coin. Quand on nait incompris, Ignatius, eh bien, on est incompris et on le reste toute sa vie. C'est ce que doit se dire ce grand et gros homme, grand par la pensée et gros par le tour de taille. Surtout avec sa boucle d'oreille de pédéraste et sa tenue de pirate qu'il arbore presque fièrement en bouffant des saucisses tel un jour de mardi gras dans les quartiers touristiques de la Nouvelle-Orléans.

Allez, viens, enfile tes chaussures de bouligne, on va arpenter Bourbon Street, écouter du Jazz, Dr John est en ville, on va s'offrir un trip nocturne, bouffer du pop-corn à une séance de cinéma, écouter des troubadours psalmodiant des poèmes au LSD, rentrer dans des cabarets à la lumière louche avec des filles qui se déshabillent, arrête de loucher sinon ta valve va se boucher... Une drôle de rencontre.
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Combien de fois nous sommes-nous retenus, afin de nous protéger, de dire certaines paroles à nos employeurs, aux membres de notre famille, aux policiers, aux inconnus ? Ignatius, lui, ne se gêne pas. 30 ans, obèse, asocial, instruit, marginal, asexué, objet d'étude pour la seule amie qu'il a, en conflit perpétuel avec sa mère alcoolique qui veut l'envoyer au travail. Comme il est étonnant de savoir que c'est sa mère qui le fera publier après son suicide à 31 ans et recevra le prix Pulitzer à titre posthume. Féroce et drôle. Antihéros par excellence ! Roman déjanté incontournable dans la vie d'un lecteur.
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Pas évident d'écrire la critique d'un roman auréolé d'une telle réputation et d'un prix Pulitzer attribué à titre posthume ! Plutôt clivant, l'unique roman de John Kennedy Toole. Ce même John Kennedy Toole qui s'est suicidé à 31 ans, déprimé de n'être pas publié. Presque vingt ans après sa disparition, et grâce aux efforts de sa mère et d'un écrivain convaincu du génie de l'auteur prématurément disparu, "La conjuration des imbéciles" connaîtra un très beau succès qui le hissera au rang de classique.

Comment décrire une lecture qui fut à la fois fort laborieuse et assez magnétisante ? Comment expliquer, surtout, qu'un roman comptant moins de 500 pages, m'ait donné autant de fil à retordre ? Plus de deux semaines pour en venir à bout ! Et pourtant, malgré les pulsions d'abandon, j'ai poursuivi jusqu'à la dernière ligne.

Ignatius Junior Reilly, personnage principal, est un être particulièrement repoussant. Obèse, rétif à l'hygiène la plus élémentaire, passant son temps à éructer, roter, péter, se goinfrer et se masturber dans un gant de base-ball, vous conviendrez que le portrait n'est guère flatteur. Affublé d'une repoussante chapka de chasse qui lui couvre les oreilles et chaussé de bottillons qu'il ne parvient plus à lacer, ce trentenaire vit chez sa maman dans un capharnaüm indescriptible (le propre d'un capharnaüm). L'auteur lie donc le lecteur au destin marginal d'Ignatius, pour le pire et le pire.

Libre penseur, adepte de sa pensée unique, révolutionnaire larvé, intellectuel incompris par le prolétariat new-orléanais, Ignatius est un phénomène social voire sociopathe. Autour de lui, tels de monstrueux satellites en orbite, évolue une galerie de personnages tout aussi répugnants et vulgaires, par leurs actes et/ou leurs opinions. Racisme ordinaire, exploitation de la force de travail humaine, misogynie, crasse intellectuelle, dépravations en tout genre, le peinture de l'Amérique des sixties que peint John Kennedy Toole est à l'image de son roman : gerbant et hilarant tout à la fois.

Entre rire et grimace de dégoût, la lecture se déroule, plongeant tour à tour dans l'ubuesque et la satire, et jonglant avec dextérité entre comédie et tragédie. Satisfaite d'être allée au bout de ma peine et de sortir quasi indemne d'un tel roman !


Challenge XXème siècle - Edition 2019
Challenge Notre-Dame de Paris
Challenge ABC 2019 - 2020
Challenge BBC
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Original, déroutant et complexe.

Je n'ai jamais lu quoique ce soit qui lui ressemble. Chaque oeuvre, il est vrai, étant le fruit d'une création personnelle, ne peut être qu'en partie singulière. Mais là, il faut reconnaître que, par le choix du sujet d'abord, la façon dont il est traité, l'évolution même de l'intrigue, le ton, c'est particulièrement singulier. Tellement que j'ai du mal à résumer et dire de quoi ça parle. Non que je n'ai rien compris, au contraire, l'écriture est assez claire et on suit le fil de l'intrigue, la trajectoire des personnages mais l'oeuvre est dense, la galerie des portraits riche, les péripéties particulièrement déroutantes. Alors pas simple.
Disons, que le scénario évoque, en première ligne, l'itinéraire d'un homme Ignatius, un esprit brillant au physique ingrat qui, d'abord en marge de la société, va être poussé par sa mère, à chercher du travail : première démarche, faite à contrecoeur, qui va donner lieu à une série de mésaventures, de quiproquos et de scandales impressionnante. Ainsi Ignatius, devient, malgré lui, le moteur d'une dynamique événementielle qui va bouleverser le destin de bien d'autres...par l'effet de ricochets pour le pire ou le meilleur. Voilà comment un sujet, à priori banal, la recherche et l'expérience du travail, va se transformer en véritable épopée, digne d'un roman.

D'où le caractère éminemment psychologique de cette oeuvre. Les portraits des personnages sont taillés sur mesure, tous avec des réactions, des aptitudes bien marquées, souvent mêmes jusqu'à la caricature. du coup, les échanges sont vifs, très animées, souvent longs et injurieux. D'ailleurs l'auteur exagère tellement le ton virulent de ses dialogues que c'est parfois agaçant. Les réactions si égoïstes et méprisantes, la litanie des insultes qui sont ici développées donnent l'image d'une humanité particulièrement basse, souvent indigeste. Même si je reconnais que c'est ce qui fait l'unité de ton du roman, je trouve quand même que c'était trop, assez lourd. Quant au portrait d'Ignatius, cet obèse érudit et délirant dans l'incompréhension du monde et des autres, je l'ai trouvé pas si séduisant que ça. Certes, c'est bien celui qui mérite le 1er rôle, par sa complexité psychologique, les situations rocambolesques et éprouvantes qui lui arrivent et son "impact", malgré lui, sur la vie des autres. Mais bon en tant que héros, la littérature a fait bien mieux. Et le fait que ce soit un être à la lisière du monde ou en marge, c'est l'un des traits majeurs du héros en général : voire Batman, Superman ou encore mieux, selon moi, César, le chimpanzé surdoué de la Planète des singes...

Pour moi donc, le plus intéressant, c'est l'évolution même de l'intrigue. Car je défie quiconque d'avoir pu entrevoir où elle nous conduirait. Comment l'auteur parvient à entrecroiser des péripéties si diverses, des motivations si variées pour les intégrer dans un tout homogène. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il parvient bizarrement à articuler le désordre et l'ordre, le chaos de certaines situations et le sens qui en ressort. Avec vers la fin, des retournements surprenants qui s'enchaînent. Dénouement imprévisible garanti.

Enfin, je terminerai sur la critique sociale qui est faite par l'auteur. Il dresse une rapide peinture des moeurs de la Nouvelle Orléans qui est caractérisée par le goût de la fête, les bars, la drogue et l'impossible intégration des noirs qui sont soit victimes de la police, soit soumis à l'esclavage. Mais c'est certainement la société de consommation qui est la plus malmenée : Ignatius la méprise, la rejette tout en y participant malgré lui. Quand, il devient marchand de hot-dog, il affronte les pires conditions : froid, marche et port de charge, indifférence des passants, longue journée, autoritarisme du patron pour gagner 3 francs 6 sous...même le plus génial revanchard, est pris dans ses filets.

Bref, un chef d'oeuvre qui vaut le détour surtout par son caractère atypique. Et dire, d'après ce que j'ai lu, que l'auteur se croyait être un écrivain raté. Incompris de son vivant peut-être, mais raté, sûrement pas.

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A 30 ans passés, Ignatus vit encore chez sa mère. Fatiguée par ce fils survolté, égocentrique, étudiant attardé spécialisé de littérature médiévale, elle le force à trouver un job. Son caractère irascible, son apparence physique (sorte de géant hirsute et barré), ces problèmes gastriques ne favorisent pas son intégration. Ce type Ignatus Reilly est un inadapté aux autres et à la vie. John Kennedy Toole réussit un livre d'une incroyable drôlerie, les scènes cocasses s'enchainent à un rythme hallucinant, et dire que cet auteur se suicida pour ne pas avoir connu la reconnaissance de son talent. Croyez-moi les aventures de Ignatus Reilly se rappelleront à vous bien àprès la lecture de ce livre unique. Dans tout les sens du terme.
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Asocial et sociopathe, le génial Ignatius J.Reilly s’oppose à la médiocrité et à l’imbécilité ambiantes par une obésité et une grossièreté provocatrices. Des aventures burlesques d’un misanthrope assumé dans lesquelles John Kennedy Toole montre l’absurdité et la stupidité d’une société qui ignore les esprits supérieurs. C’est à quelque chose près son histoire, puisqu’il s’est suicidé avant de réussir à publier ce roman, un livre récompensé par le plus prestigieux des prix, le Pulitzer.
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Rien que le titre est formidable, l'un des plus puissants, des plus poétiques de la littérature.
Toole sort des personnages hallucinants qui seraient tous bon à être internés d'urgence, avec au sommet de ceux -ci l'inénarrable Ignatius passant son temps à invectiver ses interlocuteurs, au premier rang desquels figurent sa mère. Malgré l'arrogance, l'égo surdimensionné d'Ignatius, jamais je n'ai eût envie de lui donner des gifles, lui demander de se calmer, non Toole maitrise parfaitement l'absurde rendant ce personnage attachant. Et puis le fond de sa pensée sur la critique du monde moderne, sa médiocrité est la bonne. Pourquoi se devrait être à lui de s'adapter aux coutumes du monde et non l'inverse ?
Les 100 premières pages sont remarquables, les dialogues d'Ignatius m'éclatent, ensuite on s'habitue au effet de manche du bonhomme donc il y a moins de surprises même si l'immersion d'Ignatius, ce grand idéaliste, dans le monde réel du travail est savoureuse notamment sa rencontre avec le patron d'une boutique vendant des hots dogs.
Ce livre n'est pas une pièce de théâtre et pourtant souvent pendant ma lecture c'est ce qui n'est venu à l'esprit : tous ces personnages barjots seraient parfaits sur une scène de théâtre.
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Entre fascination et dégoût, on suit les péripéties grand- guignolesques d'Ignatus, sorte d'avatar du Gros Dégueulasse...

C'est tellement excessif que cela en devient non pas insignifiant, mais qu'on passe outre à ...l'outrance, et qu'on se met à adorer d'être ainsi bousculé, malmené, insulté, qu'on attend même qu'on vous rote à la gueule -je parle d'Ignatius que son pylore déficient frappe de cette infirmité décourageante !

Au bout d'un moment d'adaptation nécessaire, c'est tout juste si on n'en demanderait pas encore..

Ou alors on referme le livre dans un grand mouvement de révolte de notre respect humain indigné.

Cela ne m'est pas arrivé: j'ai toujours eu un faible pour les vilains jojos et pour les débordements du baroque: ici nous avons l'un et les autres! C'est une épopée rabelaisienne à laquelle nous convie l'auteur: la mesure n'est ni son propos ni sa tasse de thé!

Pas de bon goût, donc, mais une réflexion drôlatique émerge de tout ce chaos et des borborygmes de cet anti-héros obèse- et elle m'a semblé bien désenchantée et tristounette: comment se faire accepter dans un monde où l'on se sent objet de rebut et de répulsion? L'auteur avait sûrement des choses à dire sur le sujet -voyez la notice autobiographique. Il a choisi le moyen le plus provocateur de le faire, le plus scandaleux , le plus dépourvu de sensiblerie et d'apitoiement sur soi-même.

Et c'est cela que j'ai aimé dans ce livre-culte, sans pour autant renier mes éclats de rire devant tant de culot, tant de jubilation dans le politiquement incorrect...

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Un Don Quichotte moderne. Ben oui, pourquoi pas, ça lui correspond bien à cet Ignatius !
Et quel personnage, gros, gras, burlesque, grotesque, ubuesque, bouffon...
Il m'a plutôt énervée avec ses rots et ses pets en veux-tu en voilà, avec ses élucubrations grand-guignolesques, ses velléités surprenantes, saugrenues et surréalistes. Un gros mytho paresseux, misanthrope, au demeurant très érudit, certes, mais si antipathique, franchement agaçant, un antihéros, un "inadapté social" aux comportements schizophrènes. Un être si peu attachant, et pourtant, un personnage qui m'est devenu attachant à la toute fin du livre. Un être aux multiples traumatismes, pour qui j'ai même réussi à ressentir de la tristesse. Pour l'auteur également dont le talent n'a pas été reconnu de son vivant. Suicide à trente-deux ans ; quelle fin tragique.

Ce récit, parfois déroutant, sans intrigue véritable, tient néanmoins la route et dresse un portrait réaliste des conditions de vie à La Nouvelle Orléans dans les années 60 (faibles salaires, racisme...).

Une oeuvre remarquablement sarcastique. Recommandé à ceux que le grotesque ne fait pas fuir.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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