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Emile Gonzales tome 2 sur 6
EAN : 9782070381043
184 pages
Gallimard (31/12/1988)
3.83/5   15 notes
Résumé :
La ville avait la fièvre. Une fièvre qui suintait de sueur chaude, qui tordait les intestins et brûlait les poitrines. Georges réprima un frisson. Sa bouche était sèche et sa langue tannée comme un vieux cuir, son visage tuméfié se brouillait de barbe naissante, ses membres lui faisaient toujours mal. Il lâcha le cou de la fille. La tête tomba sur les deux seins, les bras balancèrent, les genoux fléchirent et le cadavre bascula en avant.

Casablanca, a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Tito Topin, qui connaît bien le Maroc et en particulier Casablanca où il est né, nous plonge dans ce récit à l'époque du protectorat français, en ce mois de juillet 1955, un an avant l'indépendance du Maroc. Un roman noir où la tension entre arabes et français est palpable, avec en arrière-fonds une ambiance de racisme exacerbée et des manifestations de plus en plus hostiles . Des colons accrochés à leur pouvoir et prêts à toutes les exactions, tortures et persécutions pour le maintenir en place alors que la rébellion arabe s'organise de toutes parts.
C'est dans ce contexte qu'un psychopathe oeuvre en toute impunité en s'en prenant aux femmes et notamment à la jeune Gin, la fiancée de Manu, un militaire qui vient d'être démobilisé. Mais les autorités locales auront vite fait de trouver les boucs émissaires parfaits pour cette agression violente : un arabe choisi au hasard. de quoi attiser un peu plus la fièvre qui s'est emparée de la ville et par là même augmenter le nombre de nouvelles victimes innocentes.
A travers cette fiction, l'auteur témoigne d'une époque et d'une ambiance. Celle du fin de règne des colons français au Maroc. Dans cette ville de Casablanca, capitale économique du pays, où l'atmosphère de plus en plus délétère entre les arabes et les européens est parfaitement rendue. Manu, Georges, Ikken ou l'inspecteur Gonzales et les autres personnages de ce roman représentent les différents états d'esprit des hommes de cette époque. Les uns rêvant de liberté, les autres suivant leurs pires instincts meurtriers et au milieu de tout ça ceux qui tentent simplement de vivre et de profiter de leur jeunesse. Mais l'auteur nous montre aussi des personnages en demi-teinte, faillibles malgré leurs convictions. Il n'y a pas de véritables héros dans cette histoire, où les actions de chaque protagoniste sont dictées par l'instant et influencées par un contexte insurrectionnel, attisé par un pouvoir aux abois qui tente encore de contrôler la situation.
Un court roman noir, dense et rythmé qui m'a fait découvrir une autre époque, où les actions de ces français-là n'étaient pas les plus glorieuses, incapables d'empêcher tout un peuple de regagner une liberté chèrement payée.
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Tito Topin ! Voici un nom qui m'a toujours intrigué.

Tito Topin ! Pour moi, depuis toujours, du moins, depuis mon adolescence, c'était le créateur de Navarro, la série télévisée de TF1 dont Roger Hanin tenait le rôle éponyme.

Mais on oublie, du moins, j'oubliais, que Tito Topin avait aussi été un illustrateur et un romancier.

Travaillant pendant un temps en collaboration avec l'immense Jean Yanne, pour les affiches de ses films mais également pour des BDs, Tito Topin a aussi écrit des romans policiers, notamment, au sein de la cultissime collection « Série Noire » des éditions Gallimard.

Aussi, dans ma quête de découverte ou redécouverte des auteurs de la « Série Noire », il était logique que je me penche enfin sur la prose de Tito Topin.

Pour ce faire, comme j'aime les personnages récurrents, il était tout à fait logique que je jette mon dévolu sur « 55 de fièvre », le premier roman dans lequel apparaît l'inspecteur Émile Gonzalès, un personnage revenant dans 5 autres romans et qui aurait inspiré à l'auteur le personnage du Commissaire Navarro.

Comme les auteurs s'inspirent souvent de ce qu'ils connaissent, il n'était pas étonnant que Tito Topin situe son roman à Casablanca, au Maroc, puisqu'il y vécut dans sa jeunesse et que son père y fût commissaire.

1955, la France occupe le Maroc, trustant les postes et les situations d'importances, ne laissant que les miettes à une population partagée entre révolte et résignation.

La chaleur, la moiteur, la rage, la haine, le dédain, s'agglomèrent pour former un climat qui ne peut mener qu'à une violence aveugle.

Aussi, quand le fils d'une chirurgienne française ayant des accointances avec un haut fonctionnaire viole une jeune femme européenne, le responsable de la police a tôt fait de faire rejeter la faute sur la population locale, engendrant une vague de violence et de haine à laquelle veulent répondre quelques autochtones par une violence encore plus forte, plus aveugle.

C'est donc un climat délétère que met en place l'auteur, un climat étouffant, suffocant, qui, le lecteur le sait, va conduire à la catastrophe...

Tito Topin décrit une ambiance et un pays qu'il connaît bien, cherchant, dans ces descriptions à dénoncer certains comportements, sans jamais réellement prendre position directe.

Cet entre-deux, l'auteur le cultive jusque dans ses personnages tant aucun ne sort vraiment du lot. Même le personnage de Gonzalès, qui deviendra pourtant récurrent, n'apparaît qu'en filigrane durant le roman et ne sort véritablement de l'ombre qu'à la fin du roman.

Mais les autres personnages ne sont guère plus présents. Ils se placent, se déplacent, avec difficulté, avec langueur, à l'image de l'ambiance. Et, parmi eux, aucun n'est réellement attachant. Au mieux, le personnage est détestable, au pire, juste anodin. Ce manque de manichéisme renforce, d'un côté, la « crédibilité » de l'ensemble, mais empêche réellement de s'investir dans l'histoire.

Mais, ce qui m'a le plus gêné, le plus retenu, dans mon investissement émotionnel pour les personnages, c'est le contexte historique même. Certes, il est probablement très bien rendu, ceux qui l'on vécu en jugeront, mais m'a tout bonnement excédé. Insupportable, pour moi, le comportement du colonisateur envers le colonisé. Tout aussi insupportable le sentiment de supériorité, le dédain... sentiments encore pires que la haine.

Trop jeune pour avoir vécu l'époque, les rares témoignages que j'en eu, pourtant totalement dénués de rancoeur et de haine, m'ont touché à jamais.

Pour reprendre un parallèle, le racisme anti-noir américain, l'image qui m'a le plus touché, meurtri, malgré toutes les images de haines et de violence, c'est un petit film montrant un vieux noir endimanché, se rendant probablement à l'église et qui, sur le chemin, est victime de quolibets, d'insultes. le petit vieux poursuit son chemin imperturbable, résigné, il reçoit des coups de pied aux fesses, les gens rient de lui, et le petit vieux, toujours digne, tenant son chapeau pour ne pas le perdre, continue à marcher, habitué qu'il doit être à subir cet affront quotidiennement, soulagé, peut-être, de ne pas subir pires sévices.

Certes, l'image est pourtant bien moins horrible que tant d'autres et c'est pourtant celle qui me choqua le plus. Impossible, pour moi, d'accepter ou de comprendre cette haine de l'autre uniquement due à une couleur, une race, une religion, une sexualité...

Bref, je ne vais pas m'étendre sur le sujet, tout cela pour expliquer que le roman m'a tellement horripilé pour ce racisme que d'aucuns qualifieraient d'ordinaire, que j'eus bien du mal, ensuite, à me concentrer sur l'histoire et les personnages. C'est un signe, bien évidemment, que l'auteur est parvenu à rendre l'ambiance de l'époque et à faire passer le message, mais, chez moi, ce message est passé en force, au détriment reste.

Mis à part cela, il faut reconnaître à Tito Topin un certain style, notamment pour dépeindre l'ambiance d'un lieu et d'une époque, mais l'ensemble manque, pour moi, de personnages forts.

Car, en fait, tous les personnages sont faibles. Faibles dans leur développement, faibles dans leurs actes, faibles dans leur mentalité. Que ce soit le commissaire Guglielmi qui réclame que le viol soit mis sur le dos des autochtones et qu'on ne s'attaque pas au fils de la chirurgienne ; le flic Shumacher, xénophobe affirmé capable du pire ; Ferton susceptible de vendre jusqu'à sa mère pour avoir un peu d'agent et qui taxe tout le monde ; Manu qui, bien que mû par des sentiments louables sera également responsable du pire ; l'infirmier Ikken ses proches... jusqu'à Gonzalès, jeune flic pitoyable...

Tito Topin a privilégié son ambiance, le rendu d'une époque, d'un contexte, d'une haine... oubliant que les messages passent mieux quand on les diffuse via des personnages forts.

Mais, bien sûr, je ne suis plus très objectif sur le roman du fait du sentiment cité plus haut.

Au final, un court roman, plutôt agréable et qui devrait même être bon pour peu que l'on soit capable de rester objectif, ce qui ne fut pas mon cas...
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On a tous une raison différente d'aimer un roman.

Ça peut être la plume de l'auteur, l'histoire qui est racontée, les personnages qui y prennent vie.

Parfois, c'est d'abord une histoire de lieu, quelque chose qui renvoie des images tapies en vous.

Quand j'ai lu la 4ème de couverture de ce roman j'ai été irrésistiblement attirée, pour des raisons très personnelles.

Nous sommes à Casablanca, au Maroc, en 1955. La France a depuis plusieurs années « colonisé » le pays. Les Français dirigent la plupart des grandes entreprises du pays, vivent dans les plus luxueuses villas dans des quartiers en périphérie de la ville comme Anfa.

Je suis née là-bas, des années après la période pendant laquelle se situe ce roman.

L'auteur a fait remonter en moi des images, des couleurs, des parfums mais aussi des mots que je n'avais plus entendus depuis de nombreuses années.

L'ambiance et les comportements relatés dans ce roman sont une photo d'une parfaite netteté de ce qu'étaient les relations entre Français et Marocains avant l'indépendance (dans les années 70).

Certains pourront être choqués par certains dialogues mais qu'il faut laisser dans leur contexte et leur époque. Malheureusement, les insultes, les humiliations, tout cela a vraiment existé.

Leur regard était confiant. Ils ne comprenaient pas le français, ignoraient la signification de mots comme bicots, ratons ou assassins. En revanche ils savaient qu'ils n'avaient rien à craindre de mots comme Ils vien-nent jus-que dans nos bras E-gor-ger nos fils nos com-pa-gnes Aux arrrr-mes ci-toy-ens ! Ils connaissaient bien ces mots-là. Ils les aimaient.

Alors, quand l'auteur nous présente l'histoire de Georges, un Français parmi les riches de la ville, qui viole Gin, la fiancée de Manu, il n'est pas surprenant que la police française se laisse manipuler par les « puissants » et fasse porter le chapeau aux arabes, au risque de provoquer des bains de sang.

J'aurais pu n'être happée que par ce décor que je connais si bien. Ce n'est pas le cas. le scénario m'a aussi conquise, tout comme le style qui arrive à recréer toute une époque dans un lieu décrit avec beauté.

Les personnages sont pour certains parfaitement détestables, à l'image de Georges. D'autres sont touchants, d'autres encore ont ce reste de conscience qui en fait des hommes biens et parmi ceux-là Manu et le policier Gonzalès qui refuse de voir des innocents accusés à la place d'un fils à maman riche et dangereux.
Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Un thriller sur fond de protectorat français au Maroc en 1955. Un rythme soutenu, des dialogues aux petits oignons, de l'humour, des personnages intéressants, des superbes descriptions, de l'action et encore de l'action sur fond de racisme cruel. Il est clair qu'il faut remettre le roman dans le contexte historique où l'on affichait clairement son mépris de « l'arabe ». J'ai beaucoup aimé lire cet auteur qui me raconte une histoire sans trop faire de psychologie de comptoir toutes les deux pages. La langue française y est magnifique, crue, imagée et poétique. Une belle respiration. J'adore.
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A bien des égards ce roman m'a fait penser à la série Sadorski de Romain Slocombe : un thriller historique dans une période noire d'un pays. En place de la France sous l'occupation de la seconde guerre mondiale, l'histoire se passe au moment de la guerre d'Algérie, les autorités françaises prenant le rôle de l'occupant. La police n'assure pas son rôle normalement mais doit se contenter de réprimer les opposants et obéir aux autorités. C'est le gros point positif de ce roman, m'avoir fait découvrir un pays et une période historique sombre de la France.

Malheureusement, on peut arrêter les similitudes là tant l'histoire que le style d'écriture de Tito Topin n'ont pas les mêmes qualités. Tout comme une histoire de Navarro dont Tito Topin est le papa, le synopsis du roman pourrait ternir sur une seule page et la conclusion évidente du fait du nombre réduit de personnes mélés à l'histoire et de la concision du livre. Et si l'auteur recourt à des expressions dignes de Georges Lautner, leur fréquence alourdisse la lecture.
Lien : https://quoilire.wordpress.c..
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critiques presse (1)
Liberation
14 décembre 2018
C’est un régal. Pour les fans de Topin, et ils sont nombreux, 55 de fièvre est un roman culte. Parmi eux, Pierre Fourniaud, patron de la maison d’édition la Manufacture de livres, qui a publié l’an dernier le dernier roman de Topin, l'Exil des mécréants, et qui a tenu à republier ce livre.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
On lui prêtait notamment celui de transformer à volonté ses propres pieds en d’autres pieds plus pratiques selon les circonstances. C’est ainsi que pour voyager longtemps, elle prenait des pieds de chameau, pour escalader le flanc pierreux d’une montagne abrupte, elle se dotait de pieds de chèvre, et pour traverser les mers, elle changeait ses arpions en pattes de canard insubmersibles.
Beaucoup de ses clients venaient lui demander des pattes de canard qui leur auraient permis d’aller travailler en France en économisant le prix du voyage en bateau.
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Il était clair que l’annonce du viol à la radio avait déclenché la colère de la rue. Les mâles anisés qui avaient l’habitude d’affirmer à l’heure de l’apéro qu’une femme n’était violée que parce qu’elle le voulait bien n’avait pas supporté qu’une Européenne, une des leurs, le soit par des Arabes.
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Le chef s'assit pesamment sur une chaise inconfortable et tira d'un paquet de clope trempé de sueur une Kebir humide qu'il porta à sa bouche. Il fit mine de chercher ses allumettes. Un jeune flic se précipita avec un Zippo. Guglielmi se pencha vers la flamme avec un regard de reconnaissance pour le lèche-cul et se mit à tirer nerveusement sur son tampax.
P. 143
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Tout le monde l'appelait Gin, comme l'alcool, mais elle s'appelait Ginette, ce qui était beaucoup moins enivrant.
P. 10
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Devant la porte branlante, la vigne enlaçait comme un python végétal les branches d’un figuier alourdi par l’étreinte, serpentait entre les fers rouillés d’une tonnelle chancelante, ondulait entre les daturas vénéneux et dardait ses vrilles dans une végétation de malaise.
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Vidéo de Tito Topin
Cercle Polar : "Valeurs sûres" .En politique, le vent souffle fort, la mode est au renouvellement des têtes, au rajeunissement, au dégagisme. En littérature, l'ambiance est plus cool, moins violente, même dans le polar. Les anciens font de la résistance et sont plus que jamais en marche. Place aux valeurs sûres : Fred Vargas, Hugues Pagan et Tito Topin. "Quand sort la recluse" de Fred Vargas (Flammarion) "Profil perdu" d'Hugues Pagan (Rivages) "L'exil des mécréants" de Tito Topin (La Manufacture de livres)
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