AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782367162676
280 pages
Lettmotif (24/05/2019)
4/5   3 notes
Résumé :
Le cinquième opus de la collection Darkness, censure et cinéma examine sans doute l’un des sujets les plus controversés au cinéma, l’un des tout derniers tabous à subsister à l’écran : l’homosexualité. Montrée, évoquée ou simplement suggérée, l’homosexualité à l’écran ne laisse jamais indifférent parce qu’elle exacerbe nos contradictions et ce que nous croyons être. En contournant les postulats, en revendiquant le droit à la différence, elle renvoie à l’idée de libe... >Voir plus
Que lire après Homosexualité, censure & cinémaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et Lettmotif Editions pour ce partenariat, et pour le soin apporté à leur envoi.
J'avais coché ce livre lors d'une précédente Masse critique pour retourner à mes toutes premières amours : le cinéma et les critiques de cinéma. Vu le mal que j'ai eu à chroniquer ce livre, je crois qu'il faut désormais que je me cantonne à la littérature, et à rien de plus. Non, parce que je n'ai pas eu de mal à lire ce livre, j'ai simplement du mal à le chroniquer !
Je commencerai bêtement par le point qui m'a dérangé : aucune femme parmi les rédacteurs (au sens neutre du terme) de ces articles. Je pense cependant qu'il doit exister des journalistes, des chercheuses qui se sont intéressées à la manière dont l'homosexualité était traité au cinéma, à la télévision. Une fois ce point évacué, force est de constater que chacun des articles qui compose ce recueil est absolument passionnant.

L'homosexualité, c'est ce que l'on veut cacher, ce qui ne doit surtout pas être montré. Je pense plus particulièrement à l'article « Homosexualité et censure. Une petite traversée du cinéma français » d'Alain Brassart, entre censure et auto-censure, la pire à mon sens, parce qu'elle traduit la peur de déplaire – et parce que les financements, pour une histoire d'amour entre personnes du même sexe, peuvent être encore plus durs à trouver. J'ai l'habitude d'écrire argument et contre-argument : ce n'est pas parce qu'un réalisateur est homosexuel qu'il doit forcément parler d'homosexualité dans ses films. Certes. Mais pourquoi, systématiquement, ne pas le faire, ou le faire de façon tellement implicite qu'il faut vraiment être attentif (ve) pour saisir les allusions ? En contre exemple, je parlerai de « Modern Family : un couple gay dans une sitcom et après ? Quand le personnage homosexuel cesse de brandir sa différence en étendard » de Benjamin Campion, une sitcom américaine qui montre une famille « comme les autres » avec deux papas et une petite fille. Cette représentation de l'homosexualité a ses détracteurs, qui voudrait quelque chose de plus « naturaliste ». Montrer un couple gay heureux, parents, avec maintes relations amicales dans une série familiale est un énorme pas en avant. Surtout quand je pense au représentation caricaturale de certains films français (voir à ce sujet la préface de Christophe Triollet).

Oui, s'il est un fait qui domine, c'est la censure – n'oublions pas le code Hays, qui sévit aux États-Unis durant des décennies, et entraîna de véritables contorsions pour transcrire à l'écran les oeuvres de Tennessee Williams (Un tramway nommé désir, par exemple) ou encore Rebecca de Daphné du Maurier. (« Un cinéma travesti » de Didier Roth-Bettoni). Je fus une cinéphile (ce n'est plus le cas), ce qui ne m'empêche pas de noter que ce recueil s'intéresse à tous les genres, le péplum(« Des tiges et des toges ou l'homosexualité dans le péplum » d'Albert Montagne), le film historique (« L'amour qui n'ose dire son nom; L'homosexualité masculine dans les films sur le Moyen Age » de Yohann Chanoir) mais aussi le cinéma pornographique.
Homosexualité, censure et cinéma est un recueil passionnant, mais qui m'a montré un fait que je pressentais déjà : le cinéma m'intéresse nettement moins qu'il y a dix ans.
Commenter  J’apprécie          70
Merci à Babelio et aux éditions Lettmotif pour cet envoi dans le cadre d'une opération Masse Critique. Je découvre par la même occasion cette maison d'édition spécialisée dans le cinéma et m'aperçois que c'est déjà le cinquième volume de leur collection « Darkness » à traiter de la censure au cinéma et, dans ce numéro, il est question d'homosexualité. En bon cinéphile, passionné par toutes les formes de cinéma, y compris le cinéma de genre, comment avais-je pu passer à côté ?

Cet ouvrage est à mi-chemin entre essai et revue scientifique. Les auteurs sont d'ailleurs, pour la plupart, des chercheurs ou des spécialistes de la question. Les articles sont largement documentés et argumentés. Chaque auteur cite abondamment ses sources et des bibliographies sont mêmes proposées à la fin de certains articles. Seul point qui m'a fait tiquer… aucune femme dans les contributeurs… Vous êtes sérieux les gars ? Il n'y a donc aucune spécialiste du sujet en France ?

Chaque article aborde une thématique ou une période donnée et permet d'avoir au final un panorama assez complet de la question. La partie sur le funeste code Hays et le cinéma américain des années 30-50 est passionnante et m'a donné envie de me replonger dans le formidable documentaire The Celluloïd Closet, vu il y a déjà quelques années. D'ailleurs c'est le problème de ce genre d'ouvrage, une fois refermé on a qu'une envie, se rendre à la médiathèque ou au vidéoclub du coin (si, si, il en existe encore quelques-uns) pour voir ou revoir les nombreux films cités !

Disons-le clairement, la qualité scientifique et érudite du contenu est là et devrait satisfaire les passionnés, cinéphiles et spécialistes de la question. J'ai découvert ou redécouvert avec intérêt ces éléments sur la représentation des homosexuels au cinéma. Les autres lecteurs risquent peut-être de se sentir un peu perdu face à la multiplicité des références. Car, oui c'est une lecture assez exigeante sur la longueur. Mais l'avantage des entrées par article est que chacun peut picorer des éléments au gré de ses recherches.

Le sérieux de l'approche permet de couper court à toute accusation de lobbying et montrer qu'une certaine forme de censure, plus pernicieuse, reste de mise lorsqu'il s'agit de traiter de l'homosexualité sur les écrans. le constat est édifiant lorsqu'il s'agit de permettre la distribution d'un film à l'international. Mais pire que cela, la censure reste de mise lorsqu'il s'agit d'empêcher les mineurs d'accéder à certains films pourtant grand public (interdiction d'âge ou de diffusion scolaire). A ce titre, l'article « Homosexualité, droit et cinéma » est passionnant.

Ensuite, les articles s'enchaînent abordant plus précisément le travail de certains artistes (Soukas, Paolini, Salva…) ou des thématiques plus précises. Selon les époques et les lieux, on voit que la censure se déplace, prend diverses formes (juridique, institutionnelle, économique…) et il est assez amusant de voir comment les artistes d'abord contraints de s'y plier, vont peu à peu la contourner pour mieux en réduire la portée. L'ouvrage se termine par quelques brèves permettant de faire un point d'actualité sur les dernières censures d'oeuvres LGBT dans les années 2010.

L'ensemble des articles parvient à une réelle cohérence de réflexion et j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage très instructif. En bon cinéphile, je m'aperçois que je connais au moins de nom (à défaut de toutes les avoir vues) une grande partie des oeuvres citées par les auteurs, même l'oublié Boys in the Sand, mais je n'ai pas de mérite j'ai vu la série The Deuce… Au final, j'en retiens une lecture très complète, passionnante et érudite qui donne envie de voir ou revoir nombre de films.
Lien : https://lionelfour.wordpress..
Commenter  J’apprécie          20
Un livre très intéressant sur la censure de l'homosexualité (et des représentations queer en général) dans le monde du cinéma. Vous pensiez que la censure de nos jours, c'est fini ? Lisez ce documentaire et vous serez aussi surpris et désabusé que moi. de nos jours la censure est malheureusement toujours d'actualité. Par exemple : saviez-vous qu'une scène du film Jurrassic World 2 à été coupée au moment où la vétérinaire avoue être lesbienne ? Ou qu'en 2015, le producteur Harvey Weinstein n'a pas hésité à couper des scènes à '' connotation sexuelle '' du film ''About Ray''? La culture sexuelle hétérosexuelle reste largement privilégiée dans le cinéma, même aujourd'hui.
C'est un livre très bien documenté qui nous en apprend beaucoup (et qui agrandit notre liste de films à voir), c'est un livre très intéressant pour ceux qui s'intéressent au cinéma ou, comme moi, les amateurs en terme de connaissances cinématographiques. Je pense surtout aux étudiants qui peuvent avoir un projet en rapport avec ce thème : le livre est très complet. Un point original est que le livre évoque les films pornographiques, car oui c'est aussi du cinéma et malheureusement '' le cinéma pornographique est rarement considere avec sérieux par les historiens du cinéma '' [p. 215.], et pourtant la pornographie fait partie pleinement de la vie courante et reflète une partie de l'histoire societale.
Outre l'histoire du cinéma relatée dans le livre, nous revoyons également toute l'histoire et l'évolution de la législation pour ou contre les personnes LGBTQ+, j'ai beaucoup aimé ce point. En bref les auteurs arrivent bien à nous renseigner sur les trois sujets indiqués dans le titre : la culture LGBTQ+, le cinéma et la censure.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dans la filmographie médiévaliste, la présence des homosexuels est non seulement marginale mais aussi caricaturale. Seuls les titres militants, qui entendent dénoncer derrière l'intolérance médiévale l'homophobie contemporaine, échappent à ces caractéristiques.
Commenter  J’apprécie          10
S'il est désormais de bon ton de scénariser des personnages issus des minorités sexuelles comme jadis des minorités ethniques, Hollywood demeure plus à l'aise avec la suggestion de l'homosexualité qu'avec sa représentation. Laisser entendre qu'un personnage pourrait être homosexuel passe encore, le montrer et en faire un personnage central reste exceptionnel.
Commenter  J’apprécie          00
Raconter des histoires qui parlent d'homosexualité, qui montrent la vie quotidienne des minorités sexuelles suscite toujours des réactions, voire l'hostilité d'une société hétéronormée qui confond souvent homosexualité et sexualité.
Commenter  J’apprécie          00
En matière de censure cinématographique, bien avant la violence, le sexe ou la religion, l'homosexualité fait l'unanimité contre elle, sans doute parce qu'elle véhicule dans l'inconscient collectif la transgression absolue...
Commenter  J’apprécie          00
De la contrainte naît (parfois) la plus belle des inventivités.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : homosexualitéVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Livres et Films

Quel livre a inspiré le film "La piel que habito" de Pedro Almodovar ?

'Double peau'
'La mygale'
'La mue du serpent'
'Peau à peau'

10 questions
7111 lecteurs ont répondu
Thèmes : Cinéma et littérature , films , adaptation , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}