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La neige en deuil d'Henri Troyat, c'est l'alliance de la beauté à l'état pur et de la tristesse de la mort.

La neige est celle qui recouvre toute la montagne dès la fin de l'automne ou le début de l'hiver dans les Alpes, lui donnant un aspect changeant avec des paysages magnifiques. La neige rend cependant ce milieu naturel difficile d'accès et parfois dangereux.

La neige et la montagne peuvent causer la mort et le deuil qui l'accompagne inexorablement.

La mort, c'est d'abord celle qui a emporté, trop jeunes, les parents d'Isaïe et de Marcellin, laissant l'aîné éduquer le cadet. C'est aussi celle survenue lors de trois accidents qui ont mis fin à la carrière de guide de l'aîné. C'est également celle des passagers d'un avion en provenance de Bombay venu s'écraser dans le massif du Mont Blanc (fait réel de 1950, repris dans ce récit publié en 1952).

La mort est celle qui impacte le hameau quand il n'y a plus que de vieux garçons sans descendance et que les jeunes veulent fuir, mais c'est aussi celle qui touche les hommes, quand la montagne reprend ses droits, même auprès des plus expérimentés, pour atteindre les corps ou seulement les esprits.

Je n'avais étonnamment jamais lu de romans d'Henri Troyat, alors que depuis que je dois le découvrir pour le challenge solidaire 2022, je croise ses oeuvres à chaque boîte à livres. Cet auteur, né à Moscou, venu en France pour fuir la révolution bolchévique, a été élu à l'Académie française en 1959. Avec une très jolie plume, il m'a fait vivre une ascension proche du coup de coeur. Malheureusement, le retour a été brutal, sans espoir et inexplicable sous certains aspects.

Des choix absurdes, dictés par de mauvais motifs, la folie, la mort conduisent peut-être à montrer que l'Homme, même quand il pense vaincre la Nature, reste bien insignifiant…
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La vie rude dans un village isolé au pied de la montagne au sommet de laquelle un avion vient de s'écraser.
Pour des raisons foncièrement différentes Isaïe et son frère Marcellin décident de rejoindre l'épave de l'avion.
Isaïe, guide de montagne chevronné jusqu'à ce qu'un grave accident le prive d'une partie de ses facultés mentales, et qu'il ne lui reste qu'à s'occuper de ses brebis tendrement choyées,

Marcellin, de 20 ans plus jeune, ne supportant plus l'existence fruste menée au village et qu'il juge trop étriquée pour lui.

Et Troyat de conter l'impitoyable confrontation de ces deux êtres que désormais tout sépare, l'honnêteté foncière et la dignité pour l'un, l'appât du gain pour l'autre, vaurien à la moralité plus que douteuse.

Et Troyat d'entraîner le lecteur à l'assaut de la montagne. Accroché à la paroi verticale, comme Isaïe, on grimpe avec lui, on a peur avec lui, on dévisse avec lui, et on est terrifié par le vide sous nos pieds. L'auteur a-t-il pris conseil auprès d'un guide de haute montagne ? Ce qu'il écrit est criant de vérité, la montagne, sous sa plume, devient un être redoutable qui, dans ce court récit, acquiert une place prépondérante.

Et Troyat d'offrir au lecteur le portrait chaleureux et bouleversant d'un homme bon, aimant et tendre, attentif aux autres, profondément attaché à ses racines ; la maison où il est né, et ses parents avant lui, constituant son refuge et sa sécurité face au monde, pour lui devenu périlleux, puisque dans sa simplicité il ne peut plus le comprendre, sauf dans sa confrontation avec le sommet, où son instinct de guide lui rend sa force et son aptitude à prendre les décisions qui s'imposent, et d'affronter son destin.

Un style épuré et percutant pour un ouvrage court, poignant et saisissant d'humanité.
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Henri Troyat est un peu un auteur français oublié. Son heure reviendra, j'en suis sur. Pour ce livre, il s'inspire d'un fait réel : le crash d'un avion sur le Mont-blanc et y greffe une histoire de guide et de frères. L'histoire vous pouvez la trouver partout sur internet. Ce dont je voulais parler dans cette critique c'est de cette bouleversante histoire d'amour entre deux frères qu'un trop grand fossé (ici on pourrait même parler de ravin) sépare désormais à jamais. En plus le style est impeccable, langue française jubile sous la plume d'un tel auteur.
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Isaïe Vaudagne est berger. Par le passé, il était un guide de haute montagne renommé, mais trois accidents l'ont fait descendre pour de bon des hauteurs. « Entre lui et le pays d'en haut existait une alliance d'amour et de sécurité. Mais, un jour, le pays d'en haut lui avait retiré sa confiance. » (p. 24) Heureux entre ses bêtes et auprès de son jeune frère, Marcellin, il n'envisage l'existence que comme une douce succession de gestes répétitifs et réconfortants. Aussi, quand Marcellin fait part de son souhait de s'installer en ville, Isaïe sent son monde vaciller. C'est en se rendant avec son frère sur le lieu d'un crash d'avion, quelque part dans les cimes enneigées, que l'homme espère retrouver la sérénité de son existence.

Henri Troyat dresse un duel fratricide et une tragédie terrible dans les montagnes, au moment où l'hiver commence à réclamer son dû aux hommes et à la nature. Les projets du cadet se fracassent sur l'immobilisme de l'aîné, mais le combat le plus retentissant est celui de l'homme qui ose, après en avoir été rejeté, retenter de parcourir les flancs de la montagne. Reste à savoir si celle-ci pardonne à ceux qu'elle a fait tomber.

L'auteur m'émerveille à chaque texte que je découvre. Très jeune adolescente, j'ai été chavirée par le geste d'Ève, recueil de nouvelles qui flirtent parfois avec le fantastique, et j'ai frissonné d'effroi en lisant L'araigne, titre honoré du prix Goncourt en 1938. Sous la plume d'Henri Troyat, l'humanité est rarement digne d'être sauvée, mais l'auteur l'écrit sans jugement, plutôt avec un fatalisme tendre. Ainsi va le monde, semble-t-il dire, et bien fou serait qui celui ou celle qui voudrait en changer le cours...
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Cela doit bien faire 40 ans que je me dis qu'il faut lire ce livre... Je ne connais pas les textes de Troyat, mais c'est le moment de les découvrir. Depuis que j'ai vu le film tiré de ce roman, tourné en 1956 (mon année de naissance...), j'ai toujours été passionné par ces histoires de montagne. J'en ai donc commencé la lecture il y a trois jours, et je suis enchanté. Style hautement original, descriptions très riches et précises des lieux et des personnages, ambiance tendue dès les premières pages. Cette histoire, d'apparence simple, recèle bien plus sur la réalité des hommes et des femmes de cette époque, avec, parfois, des zones sombres et peu avouables. Je continue ma lecture avec plaisir... –– Je viens de terminer ma lecture. J'ai trouvé cette histoire touchante à plus d'un titre. La rédemption d'Isaïe est frappante, lui le benêt, le pleutre, incapable de tenir tête à son frère, prêt à toutes les compromissions pour lui plaire, le voilà, au travers de cette épreuve montagnarde, de retour en lui-même, avec sa force, son endurance, sa façon – enfin – de voir son frère sous son vrai jour, sans plus aucune mansuétude... Il ira même jusqu'à l'ignorer complètement lorsqu'il chutera définitivement dans une crevasse, en éprouvant presque un soulagement... Le vrai drame de cette histoire n'est pas le crash de l'avion, il se déroule en fait dans la tête d'Isaïe... Dommage que ce roman (cette nouvelle, plutôt...) soit si court.
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Deux frères vivent dans la montagne. L'aîné, Isaïe, n'est plus tout à fait le même depuis qu'il a dévissé. Ancien guide, sa blessure à la tête l'a rendu plus lent, moins loquace et il est aujourd'hui heureux d'élever ses moutons. Marcellin son frère rêve de quitter la montagne, trop rude, et de s'installer à la ville.
Jusqu'au jour où un avion s'écrase, le Calcutta-Londres, et sa promesse d'or abandonné dans la neige.
Un roman court mais poignant qui nous présente la confrontation, le gouffre insurmontable entre deux frères et deux visions de la vie.
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IsaÏe, comme tous les jours, monte jusqu'à retrouver son troupeau de moutons. Pour l'hiver, il ramène le troupeau en bas. C'est lui qui a mis au monde Marcellin, son frère. Ils sont toujours ensemble mais ne se ressemblent pas du tout. Isaïe. a déjà une cinquantaine d'années alors que Marcellin, trente. Isaïe note tous les évènements sur un almanach. "les moutons sont rentrés; Un avions est tombé." du coup, Marcellin décide son frère de monter jusqu'en haut et redescendre l'autre versant pour trouver les rescapés de l'accident d'avion. IsaÏe autrefois était guide de haute montagne, mais un homme est tombé malgré sa vigilance. Depuis, Isaïe se sentant coupable était tombé gravement malade et est resté un peu simple.
Marcellin finit par convaincre son frère d'y aller tous les deux. Comment va se passer la montée de cette façade recouverte de neige et de glace ? Vont-ils trouver quelqu'un là-haut et réussiront-ils à ramener la ou les personnes indemnes ?

J'ai beaucoup aimé ce court roman de Henri Troyat qui révèle la confrontation entre deux hommes proches et frères de surplus. En lisant ce roman, vous découvrirez la nature profonde de ces deux hommes, frères et pourtant si différents. Bien-sur, il ne m'a pas paru aussi extraordinaire qu'à la première lecture. Néanmoins, ce petit roman me parait toujours aussi digne d'intérêt.
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Voici un Petit plaisir qui va faire plaisir aux amateurs de montagne qu'il s'agit de sport d'hiver ou de littérature. Henry Troyat fait preuve de son talent d'académicien pour nous livrer un récit de toute beauté, que l'on aime la neige ou qu'on la déteste. L'écriture nous embarque dans une aventure (encore que celle-ci ne tienne qu'une place somme toute réduite) qui est vite lue ce qui n'ôte rien à son charme bien au contraire : il n'y a pas de temps mort !

La phase aventureuse doit faire appel à une certaine fibre pour faire ressentir tout son potentiel. Il faut également posséder quelques connaissances dans le domaine de l'alpinisme pour pouvoir reconstruire les pérégrinations dans la montagne. le rythme enlevé de l'ensemble parvient toutefois à tenir le lecteur non initié en haleine.

Il faut dire que le récit est composé de manière à compatir, à vouloir suivre à tout prix Isaïe. Rien de le prédestine à être un héros de papier ce personnage âgé, laborieux, simple, victime de la vie et pourtant doté d'un optimisme débordant. Voilà une belle leçon de vie.

Le dénuement et ses deux rebondissements donnent une coloration étrange au texte. Celle-ci surprend et ne cadre pas vraiment avec le début qui reste le moment fort : la vie (au début du XXème siècle) au pied des montagnes, avec son ambiance, cette impression de huis-clos, de petit bout du monde.
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Un avion s'écrase dans la montagne,aucun survivant mais de l'argent des bijoux à coup sûr, perdus dans la neige. Marcellin, qui veut quitter sa vie de montagnard veut aller récupérer ce trésor, en entraînant son frère qui seul, peut lui servir de guide. Isaïe accepte, par amour pour son frère qu'il a élevé. Mais arrivé en haut, on retrouve une survivante, trésor d'Isaïe mais fardeau de Marcellin. Ceci révèle les deux frères et les sentiments se déchaînent dans cette montagne magnifique et meurtrière mais qui peut changer les destins à jamais.
Ce roman de 1952,tiré d'un fait divers, l'accident du Royal Princess, Henri Troyat nous fait vivre la montagne dans toute sa splendeur et sa rudesse, ses valeurs et le courage des hommes de l'époque qui osaient l'affronter quelqu'en soit leurs motivations.
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C'est fou comme la longueur d'une critique peut ne pas être proportionnelle à la longueur de l'oeuvre critiquée ! Certains pavés, pourtant pas démunis en termes d'action et d'émotion, me laissent sans inspiration pour écrire mes billets, même si je les ai aimés, ou même dévorés. Je remarque que souvent, les oeuvres qui me donnent le plus de choses à dire sont souvent les courts romans et les nouvelles. Cela a été le cas de Des souris et des hommes et de certaines nouvelles De Maupassant. Ce sera aussi, je le crois, le cas de la neige en deuil, un roman pas nouveau du tout mais n'ayant rien perdu de son impact sur ses lecteurs.

La neige en deuil raconte l'histoire de deux frères, tous deux vieux garçons et seuls au monde, qui vivent ensemble aux confins d'un village perdu des Alpes. le personnage principal, Isaïe, est l'aîné. Il y a des années de cela, il était un guide de montagne réputé, conduisant les touristes dans les passages les plus dangereux de la montagne. Or, un jour, la montagne s'est rebellée contre lui et il a été victime d'un accident avec un de ses clients qui est mort. Quant à lui, il s'en est sorti avec une fracture crânienne qui a nécessité plusieurs opérations au cerveau. L'homme qui en est sorti est diminué, car sa faculté de raisonner s'est en allée. Or, ces nouveaux problèmes cognitifs lui donnent la réputation de l'idiot du village, et son frère cadet, de 20 ans son cadet, ne le considère pas autrement.

En fait, c'est drôle que j'aie mentionné Des souris et des hommes au début de ce billet, car le personnage d'Isaïe me rappelle drôlement celui de Lenny de l'oeuvre de Steinbeck. Il est un peu idiot, mais il a une si bonne nature ! Il serait près à tous les sacrifices pour son frère qu'il adore, ou même pour ses brebis.

Le personnage de Marcellin, toutefois, est tout le contraire de celui de George. Il n'est pas du tout la patience incarnée et il n'a aucun scrupule à manipuler son grand frère pour obtenir ce qu'il veut.

Quand un avion s'écrase au sommet de la montagne et que les expéditions de secours sont interdites à cause de la dangerosité de la montagne en novembre (et du fait qu'aucun passager n'a pu survivre), Marcellin se met en tête de profiter des talents d'alpinistes de son frère, qui pourtant a clairement déclaré ne plus vouloir faire de l'escalade de sa vie, pour grimper au sommet et dérober les morts de leur argent et de leurs bijoux.

Isaïe, bien que totalement contre cette idée, finit par être convaincu lorsque son frère lui dit qu'avec tout l'argent qu'ils recueilleront, ils ne seront plus obligés de vendre la maison de leurs ancêtres. Marcellin arrache une promesse à son frère, promesse qu'il regrettera aussitôt qu'il l'aura faite.

Bien entendu, l'expédition ne se passera pas très bien, et, une fois de plus, à l'image de Des souris et des hommes, la chute finale est percutante. Je n'en dirai pas plus sur l'action, de peur d'en dévoiler trop. Mais sachez qu'une véritable claque vous attend si vous n'avez pas encore lu cette histoire.

Le style de Troyat est admirablement épuré. Les phrases sont courtes et les mots sont simples, mais ils évoquent tellement plus! En ces temps où la mode va aux sagas interminables, qui privilégient souvent la longueur à la qualité, ça fait tellement du bien de tomber sur un roman de moins de 200 pages ! À bien des égards, cette histoire restera bien plus présente dans ma mémoire que ces longues sagas. Bravo pour l'efficacité de ce roman, M. Troyat !

À cause de sa longueur et de la chute finale que j'ai mentionnée, j'hésite à qualifier La Neige en Deuil de roman. À mon sens, il s'agit plus d'une longue nouvelle. Mais quelle nouvelle! Je suis maintenant vendue à cet auteur français, dont il me tarde maintenant de découvrir ses autres oeuvres. Des suggestions ?
Lien : http://lecturesdisabelle.blo..
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