Peut-être un peu compliqué comparativement à d'autres ouvrages traitant de synergologie. Par contre, c'est vraiment fascinant et ça donne envie d'en découvrir beaucoup plus sur le sujet.
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L’universalité du langage du corps s’est constituée progressivement entre l’apparition de la bipédie, il y a environ sept millions d’années, et celle du langage parlé, il y a trente-cinq mille ans. Cette période de temps est tellement étendue que la substance même du langage du corps a eu le temps de devenir composante du capital génétique constitutif de notre hominisation. Nous n’en sommes pas à nous demander si telle personne habitant Manhattan fait bien les mêmes gestes lorsqu’elle parle à ses enfants que telle autre vivant dans une case en Nouvelle-Guinée. S’ils sont tous deux des êtres humains c’est que dans l’ordre de leur capital génétique commun qui a commencé à se constituer il y a sept millions d’années – à moins que ce ne fût il y a 350 millions d’années, au moment où est apparu le premier cerveau comme tel – ils ont tous les deux acquis le bagage nécessaire à se reconnaître et à se comprendre s’ils se rencontrent. Et de fait, s’ils se rencontrent, ils se reconnaissent et se comprennent.
Le langage non verbal est essentiel à chaque étape de la vie. Dès la naissance, le médecin qui se penche sur le nouveau-né pour l’observer est à la recherche d’informations non verbales. Il vérifie par exemple la couleur de sa peau, qui rosit au moment où ses poumons s’emplissent d’air pour la première fois, ses signes vitaux, qui le renseignent sur son état de santé, etc. Plus tard, à l’école, sur quoi se fie-t-on le plus souvent pour dire de tel enfant qu’il a «l’air intelligent»? Dans un autre ordre d’idées, comment les amoureux se choisissent-ils, si ce n’est sur des critères en grande partie et presque totalement non verbaux? Et, lorsqu’ils passent une entrevue pour un emploi, les hommes ne se rasent-ils pas, les femmes ne se maquillent-elles pas? Ils savent que la première impression est d’ordre non verbal et qu’elle met un temps démesuré à se dissiper.
Les rats de Rosenthal et l’effet pygmalion
L’importance du langage non verbal n’est pas exploitée ou presque, pourtant son impact réel dans la communication quotidienne a été mesuré scrupuleusement par Robert Rosenthal, un chercheur américain, et personne depuis ne peut l’ignorer6. Concrètement, il a expliqué à ses étudiants que pour les besoins d’une expérience il avait sélectionné deux populations de rats: de vulgaires rats et d’autres d’une lignée supérieurement intelligente. En réalité, les rats étaient rhésus, c’est-à-dire cérébralement identiques. Il demanda aux étudiants d’entraîner les animaux pour les faire traverser un labyrinthe. Ce qui devait arriver arriva. Ceux désignés comme les plus intelligents réussirent à traverser le labyrinthe plus vite que les autres! Rosenthal, soucieux de comprendre, se mit alors à observer mieux, non pas les rats bien sûr, mais les étudiants. Il vit que ces derniers se montraient plus attentifs, plus empathiques, plus affectueux avec les animaux dits intelligents, et de fait, les rats les plus choyés étaient aussi les plus sereins. Guidés inconsciemment par le regard baigné d’attention des expérimentateurs, ils réussissaient mieux.
Les émotions tiennent une place fondamentale dans nos vies d’êtres humains. Elles sont à l’origine de toutes nos décisions mais sont paradoxalement largement ignorées par la science traditionnelle. C’est d’autant plus étonnant qu’elles ont un atout formidable sans équivalent dans le monde des sciences humaines: elles se voient! Les émotions sont concrètes et peuvent être mesurées et décrites. Elles s’incarnent sur le corps de l’être humain et le transforment. C’est d’ailleurs pour cela que nous parlons de «langage du corps». À cette locution populaire la communauté des idées préfère souvent l’expression «langage non verbal», plus aseptisée. En réalité, ces deux expressions s’éclairent l’une l’autre, l’une incluant l’autre, pour contribuer à une meilleure lecture de l’humain.
Mais le langage du corps c’est encore autre chose. Il ne faut pas oublier la dimension préverbale. Avant de parler, en situation d’échange, une partie du cerveau épouse, et ce de façon inconsciente, les positions corporelles de l’interlocuteur9! C’est grâce à ce mécanisme que nous éprouvons naturellement de l’empathie et que nous nous adaptons à l’autre. La découverte de l’existence de la zone cérébrale responsable de ce phénomène, dans le cortex gauche, date de moins de 15 ans. Elle fonde la toute-puissance du langage du corps en démontrant que l’être humain est armé d’un dispositif lui permettant de comprendre l’autre simplement en le regardant. Lire le langage du corps de l’autre c’est décoder ses émotions.
"Le grand livre de la synergologie - Décoder le langage corporel pour améliorer la relation" par Philippe Turchet.
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En savoir plus sur le livre :
Une refonte et une actualisation complètes de la synergologie et du Langage universel du corps, traduits en 15 langues et vendus à près de 150 000 exemplaires.
Il est aujourd'hui possible, grâce aux découvertes récentes des neurosciences, de mieux comprendre les autres – et de mieux se comprendre soi-même – par l'observation du langage corporel. Synthèse et aboutissement de plus de trente ans de recherches, cet ouvrage démontre que la synergologie peut prendre le relais lorsque la parole ne suffit pas.
Philippe Turchet analyse dans ces pages notre manière de percevoir les gens et explique comment l'emprise des préjugés nous empêche souvent de communiquer en toute transparence. Il déconstruit la subtile dynamique du mensonge, nous indique comment créer un espace d'authenticité et nous convie à un réel travail d'éducation du regard.
Voici, enfin réunies et mises à jour dans un seul ouvrage, les principales clés du langage corporel.
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