Septembre 2001. Une date gravée dans la mémoire collective. le monde rentrait dans le XXIème siècle de la façon la plus fracassante qui soit. A l'arrivée plus de 3000 personnes pulvérisées et avec elle l'espoir d'un siècle apaisé. Mais alors que les poussières de mort étaient encore en suspension dans l'air de New York, la mécanique d'un autre drame se mettait déjà en marche.
Robin Johnson, un obscure retoucheur photographique pour un tabloïd de Floride, n'avait rien qui le prédisposait à faire un jour la une des journaux, ou à devenir célèbre . D'ailleurs, il ne le sera jamais. de lui, on ne retiendra que sa mort. Car notre homme n'a pas quitté le monde des vivants de la plus banales des morts qui soient et celle ci va provoquer le branle bas de combat au FBI. Un F.B.I pourtant encore abasourdi par l'attaque des tours jumelles de New York qu'il n'a pas su voir venir, et qui se lance sans trop savoir où chercher à la chasse aux terroristes.
Quand son téléphone sonne dans son étroit bureau, situé au fond d'un couloir peu fréquenté de la grande bâtisse gouvernementale du FBI , Darrin Speman ne se doute pas encore que ce coup de fil va le projeter dans une enquête qui va durer près de sept ans et mobiliser des forces et des moyens considérables.
Lui le gratte papier, qui n'a quasiment pas de vie sociale, personne avec qui partager son existence, et qui se voue corps et âme à son travail au point de se voir comme « l'esclave du F.B.I » qui l'emploie. Mais Speman a une spécialité qui brutalement intéresse son agence. Speman est un spécialiste de l'Anthrax, la maladie du charbon.
Or, il semble bien que Robin Johnson qui est en train de mourir sur un lit d'hôpital en Floride ait été contaminé par des spores de cette terrible maladie. Mais à peine le spécialiste arrive t'il sur place, qu'un autre cas suspect de contamination se fait jour en Floride obligeant à la mise en place d'une cellule de crise.
Et les choses commencent à s'emballer, l'inquiétude ne fait que grandir à mesure que de nouveaux cas apparaissent. Pire encore, New York, la Virginie semblent à leur tour touchés. Des victimes qui n'ont rien à voir entre elles décèdent.
Très vite il apparait que ces spores d' Anthrax ont été véhiculé par voie postale. Bientôt ce sont deux sénateurs américains qui sont destinataires de courriers suspects. le doute n'est plus permis , l' Amérique est à nouveau attaquée. le message trouvé dans un de ces plis ne laisse aucun doute : » « Vous ne pouvez pas nous arrêter. Nous avons cet anthrax. Vous mourrez maintenant. Avez-vous peur? Mort à l'Amérique. Mort à Israël. Allah est grand ».
La cellule de crise se transforme alors en Task force, regroupant des agents de différentes officines gouvernementales, tournés vers un seul et même objectif, remonter jusqu'à celui ou ceux qui ont juré la perte de l'Amérique.
John N. Turner ( de son vrai nom
Jean Nicolas Tournier) est lui même bactériologiste, spécialiste de l'anthrax. Il s'empare ici d'un fait divers que sans doute la plupart d'entre nous avons oublié, occulté par le spectaculaire des attentats du 11 septembre. Qui mieux que lui pouvait nous raconter cette histoire complètement folle qui a duré plus de 7 ans, sans qu'au final personne ne soit passé devant la justice des hommes, le dernier suspect de cet affaire s'étant suicidé?
Une plume incisive ,une narration parfois proche d'une description scientifique des évènements, comme si l'auteur en disséquait et expertisait méthodiquement le déroulement , donne au texte, et donc au lecteur placé en spectateur impuissant, toute la portée glaciale et terrifiante de ces évènements incontrôlables.
Avec précision et efficacité il décortique donc tout le travail entrepris par cette Task Force qui va rapidement réaliser que c'est à un ennemis intérieur qu'elle livre bataille. Que l' Amérique porte en son sein ,ce ou ces fils qui la trahissent , et que c'est sur son sol qu'a été produit cette arme redoutable qui l'attaque.
Mais l'auteur ne manque pas non plus dans ce roman de près de 500 pages, de mettre en exergue la parano des limiers lancés sur la piste des criminels, de dénoncer les errements d'une enquête qui ne sait trop où chercher, et ses conséquences dramatiques. Car telle une meute de chiens ayant flairé le sang, dès qu'une piste ou un suspect se fait jour, la machine s'emballe et devient hystérique au point de mettre en péril la vie sociale de certains citoyens américains.
Il faut un coupable, à tout prix, et peu importe les moyens mis en oeuvre pour y parvenir, au point de s'enfermer dans un aveuglement coûteux qui fera perdre un temps précieux à l'enquête.
«
Amérithrax » est un premier roman, et pour le coup c'est plutôt réussi !
John N. Turner parvient à signer un roman captivant, où les nombreuses explications scientifiques ne sont en rien rédhibitoires, n'altèrent ni le rythme et ni le suspens du livre, et pour lequel, la qualité et la précision de sa documentation en renforce toute la crédibilité.
Un livre qui fait froid dans le dos, quand on sait que l'histoire qui y est comptée est véridique, et que celle ci pourrait bien se répéter demain.