Je poursuis ma découverte de l'oeuvre littéraire de
Fred Uhlman avec ce roman très différent des livres que j'ai lus jusque là de cet auteur. Là où ses romans précédents, que ce soit Reunion, La lettre à Conrad, Pas de résurrection, ou son autobiographie
Il fait beau à Paris aujourd'hui parlaient tous de la montée du nazisme en Allemagne et de la Seconde Guerre Mondiale, nous avons ici un récit plus contemporain (en tout cas à l'époque de sa parution en 1986) :
Quatre personnes se retrouvent sur une île déserte après un accident d'avion, quatre rescapés qui vont devoir, vaille que vaille, cohabiter : une jolie et fragile jeune fille, un repris de justice, un antipathique millionnaire et un savant à qui la violence répugne plus que tout.
Mais,
Sous la lune et les étoiles, c'est précisément la violence qui s'installe tandis que les heures d'attente vont devenir des jours, et les jours des semaines. Un semblant de vie s'organise au fur et à mesure que l'espoir, si tenace au début, disparaît peu à peu - un semblant de vie où chacun ne se soucie que de soi. Parce que la survie, est à ce prix.
C'est avec l'oeil du peintre exercé qu'il était que
Fred Uhlman décrit la splendeur de la nature indifférente autour des quatre individus gagnés par le désespoir, chacun muré dans une solitude que rien ne vient briser. Et il n'y aura finalement qu'un seul survivant.
Le récit ne perd pas de temps : dès les premières pages, l'avion s'écrase et nous retrouvons les quatre naufragés sur une île déserte. Ces quatre personnages sont quatre stéréotypes : l'intellectuel qui refuse la violence, qui est aussi le narrateur ; l'homme d'affaires cupide obsédé par ses contrats juteux ; la jeune fille naïve et apparement sans défense ; et le repris de justice antipathique et solitaire. Difficile de s'attacher véritablement à eux, mais on sent qu'ils sont le reflet de personnalités différentes et censées représenter les multiples facettes de l'esprit humain.
Face à la solitude imposée, à la perte de repères, à la mort annoncée, chacun réagit différemment mais la folie guette chacun des quatre naufragés, car il semble impossible de réaliser de façon normale à une situation qui ne l'est pas. Coupés de leurs proches et de leur vie d'avant, sans espoir de revenir, les quatre personnages vont prendre de nouvelles habitudes, créer de nouveaux rituels et inventer une nouvelle vie, ou ce qui peut s'en approcher.
Les privations sont permanentes et la violence est latente. La mort rôde et va frapper les naufragés, dans un ordre ou dans l'ordre. Car la seule question qui se pose rapidement dans le récit, c'est : qui sera le seul survivant ?
J'ai aimé cette façon d'aborder le thème de la violence des rapports humains dans cette communauté réduite et libérée des artifices de la société moderne. le récit n'est pas toujours passionnant, mais le roman est court (cent cinquante pages dans l'édition brochée que j'ai lu) et globalement bien rythmé. de façon générale, j'ai bien aimé ce roman même s'il n'est pas parfait. C'est en tout cas une facette de l'oeuvre de
Fred Uhlman que je n'avais pas encore eu l'occasion de découvrir.