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Ce livre doit ma lecture au nom de son auteur, débutant par U. Et c'est une excellente découverte. Au départ, c'était très en phase avec ce que le résumé me laissait présager ; quelque chose d'un peu déjanté avec une écriture colorée et fantasque. Mais peu après, ma perception de l'écriture s'est modifiée. Tout en restant originale, elle m'est apparue comme profondément sérieuse, très humaine et naturelle, avec un côté très touchant. J'ai été conquis par elle et par l'histoire. Le personnage principal, notre digne rapporteur, est au départ un homme effacé, plutôt bon à rien. Il se trouve bientôt mêlé au tourbillon politique qui secoue son pays, une république sud-américaine fictive mais ayant un air de famille avec la réalité... Son nouveau rôle est pour lui comme une éclosion et va l'épanouir. Mais ce n'est pas une partie de plaisir, le danger est omniprésent, car il est question ici de politique de la plus vile et crasse espèce.
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Auteur colombien qui a connu un réel succès avec ce livre, son deuxième, et je suis d'accord parce que c'est un livre qui m'a beaucoup fait rire et en même temps m'a glacé le sang.
C'est une parodie, une galéjade phénoménale, une satyre féroce, une allégorie fantastique de toutes ces dictatures latino-américaines, dites aussi dictatures de "républiques bananières". Il faut lire le roman au deuxième degré et lire entre les lignes pour reconnaître des personnages de la vraie vie, à peine déguisés.
Le milieu politique est décrit sans pitié et affublé de tous les vices inhérents à leur abus de pouvoir.
Parce que ce livre en fait,décrit à la perfection l'anxiété des politicards de tout bord pour garder (et à tout prix) le POUVOIR ou le conquérir, quand ils ne l'ont pas(et à tout prix aussi).
Le personnage central du livre n'est qu'une marionnette pour nous introduire dans ce milieu où règne la corruption, la collusion, la prévarication, le népotisme et j'en passe.
Cela se passe dans un pays (nécessairement !) imaginaire que l'écrivain est allé chercher dans le film de Buñuel "Le charme discret de la bourgeoisie" : Miranda. Et en Amérique Latine où les moeurs sont encore plus près du Far West que de l'hyper civilisation: il suffit d'avoir le POUVOIR, trouver un ou des sicaires et de sortir le colt. Il n'y a même pas d'enquête ou alors une enquête truquée, si señor.... Mais c'est plus propre, c'est plus net, c'est moins retors que dans des contrées, disons, plus proches de nous...
C'est un roman difficile à classer car trop riche en informations: le mensonge, le profond clivage entre les classes sociales, la pétulance frôlant l'insolence des classes dirigeantes, l'"innocence" des administrés qui ne comptent pas, l'évocation du "Quatrième pouvoir" ou le camouflage de l'information avec une langue de bois afin de calmer le peuple et l'occuper à des choses totalement éloignées du VRAI problème ( le pain et cirque des romains c'était un équivalent, non ?).
Et le livre m'a glacé le sang tout simplement parce que nous sommes dans la realpolitik...et pour le moment c'est sans espoir !
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Au commencement de ma lecture de Trois cercueils blancs je me suis dit que c'était mal parti : un roman où la politique occupe une place centrale, très peu pour moi.
Oui mais ça c'était avant d'arriver au début, plus précisément au chapitre qui débute après la fin de première la partie. J'avoue que les cinquante premières pages, correspondant au chapitre "Avant de commencer" ne m'ont pas franchement plu. J'ai trouvé ça long et simplement pas à mon goût.
J'évite ce qui touche de près ou de loin à la politique généralement.

Oui mais ça c'était pour les cinquante premières pages. Une fois celles-ci passées, c'était bon, j'étais dans l'histoire. Il fallait que José Cantoná accepte de prendre la place de Pedro Akira, leader de l'opposition au régime pour que je sois pleinement dans l'histoire.

Avec ce changement d'identité, Cantoná va découvrir un nouveau monde, il va découvrir quelle était la vie d'Akira, cet homme désormais mort qui lui ressemblait et qui en plus était le symbole du futur pour beaucoup d'habitants du Miranda.

La stratégie est bonne et on suit le protagoniste avec peur et envie. Il passe d'une vie inutile et grise pour une autre, plus palpitante, plus entourée, plus dangereuse aussi.
Je n'ai pas envie de dévoiler les événements, de gâcher le plaisir de lecture, car ce qui est sûr, c'est que j'ai passé un excellent moment de lecture.


Mon avis en intégralité :
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En lisant le résumé (que vous trouverez ci-dessus), j'avais été séduit par le principe de substitution de la personnalité politique d'un pays par un sosie, et les aventures burlesques et comiques qu'une telle situation pouvait engendrer. le fait que cela se passe en Amérique du Sud me plaisait aussi beaucoup. Sans pour autant m'être totalement trompé, !e moins qu'on puisse dire tout de même est que je me me suis alors fait une idée bien réductrice de ce roman d'Antonio Ungar !

En réalité, en ouvrant Trois cercueils blancs, il y a une période d'adaptation, d'accoutumance pour le lecteur, qui devra faire preuve d'un tout petit peu de patience. Pourquoi ? Parce que ce texte est celui de José Cantoná, le narrateur, et qu'il s'agit d'un personnage totalement décalé, grotesque, assez ridicule et qui a l'air d'évoluer depuis très longtemps dans sa propre bulle, hors du temps et de la réalité (sombre) de son pays, le Miranda. La quarantaine, il vit toujours dans la vieille maison de son père et passe ses journées à jouer de la contrebasse, à contempler les étoiles sur le plafond de sa chambre une fois allongé sur son lit, et à enchainer les cocktails de vodka. Il faudra donc au lecteur le temps de lire la cinquantaine de pages intitulée : « Avant de commencer » pour que le rythme du récit se lancer vraiment et que ce roman dévoile ainsi petit à petit tous ses charmes.

Si "Trois cercueils blancs" sort très nettement du lot des romans noirs qui nous viennent d'Amérique du Sud et dont la plupart portent un message contestataire fort vis-à-vis des dictatures passées ou toujours présentes, c'est parce qu'il s'appuie ici sur un pays imaginaire, le Miranda. Ou plutôt, la « République du Miranda », histoire de ne pas confondre un pays en lui-même avec le régime politique qui s'y est instauré. Ainsi, même si de nombreux clins d'oeil en direction de la Colombie sont donnés, ce processus permet à l'auteur de créer, pour le rendre plus explicite, une espèce d'exemple-type de ces régimes politiques latino-américains, autoritaires et corrompus, et de leur fonctionnement.
Roman noir mais satirique, Trois cercueils blancs m'a notamment séduit par ses personnages hauts en couleur, parfaitement croqués. Qu'il s'agisse du dictateur lui-même, del Pito, ou des "grandes" figures de l'opposition qui se sont retrouvées à la tête du Mouvement de Pedro Akira, le "défenseur des pauvres", difficile de pas rire, ou au moins sourire, à leur description.
L'autre gros point fort de ce roman est la parodie parfaite de réalisme et finement construite de ces régimes dictatoriaux. Tout y est, rien ne manque : le minuscule mais ô combien charitable et indispensable président de la République du Miranda, au pouvoir depuis des décennies, invariablement réélu par une écrasante majorité des voix, ou plutôt des bulletins de vote déversés dans les urnes par ses hommes, lors de chaque élection présidentielle. Car la république du Miranda est parfaitement démocratique, à l'image de sa presse et de ses médias officiels, tous détenus par un membre de la grande famille du petit président. C'est ainsi d'ailleurs que chaque grand évènement dans l'Histoire du Miranda est soigneusement relayé à ses citoyens, comme l'explique José Cantona :
« Si je me souviens bien, le minitransistor était apparu dans les mains de papa à l'occasion des exceptionnels faits suivants :
1. Assassinat du candidat présidentiel de l'opposition, 1989;
2. Match nul de l'équipe de football, 1990;
3. Assassinat du candidat présidentiel de l'opposition, 1990;
4. Etape cycliste remportée, 1990;
5. Assassinat du candidat présidentiel de l'opposition, 1990;
6. Deuxième place panaméricaine au lancer du javelot, 1991;
7. Assassinat du candidat présidentiel monarchique, 1995;
8. Meilleur costume typique au concours universel de beauté, 2002;
9. Fausse alerte à propos de la venue du pape, 2008. »
Cet exposé détaillé de l'Histoire du Miranda nous montre d'ailleurs à quel point la vie de José Cantona, sosie parfait du leader d'opposition Pedro Akira qui vient d'être «révolvérisé», va basculer quand son ancien "camarade" de classe, devenu conseiller spécial d'Akira et membre haut placé du Mouvement d'opposition Amarillo, vient lui demander de prendre la place d'Akira, lequel est présenté à la population comme ayant survécu à la tentative d'assassinat, en ce moment à l'hôpital pour quelques jours de convalescence avant de reprendre la campagne présidentielle.

Outre cet unique parti d'opposition que constitue le Mouvement Amrillo de Pedro Akira, il faudra compter avec les Escadrons de la Mort liés au trafic de drogue, ainsi qu'à la guérilla stalinienne visiblement toujours présente malgré les deux décennies de lutte acharnée contre l'armée du Miranda. Tous maintiennent le Miranda dans un état de guerre civile permanente au détriment du petit peuple, et notamment des paysans. Heureusement, là encore, chaque fois que l'on retrouve plusieurs fermes incendiées et les familles paysannes qui les occupaient massacrées par les ennemis du Miranda, le minuscule président del Pito est là pour aider matériellement les rares survivants puisqu'il rachète systématiquement leurs terres à petits prix, ce qui a fait de lui le plus grand propriétaire de la République.

Ce tableau au vitriol des régimes corrompus de l'Amérique du Sud, et dont José Cantona, notre faux héros mais vrai sosie du candidat présidentiel de l'opposition, va le découvrir au fur et à mesure de ses péripéties, en même temps que le lecteur. Les surprises ne manquent pas, et l'auteur en profite pour écorner l'image de la presse internationale.

Enfin, ce qui dès le début va donner la force et l'envie au minable José Cantona d'endosser le rôle pourtant mortel d'Akira, c'est l'infirmière Ada Neira et l'histoire d'amour qui peu à peu va se nouer entre eux deux. C'est d'ailleurs cette histoire d'amour improbable qui va donner sa chair au roman et, à la fin, tout son sens.

C'est ainsi que ce roman mêle habilement le plaisir d'un divertissement intelligent et original, parsemé d'humour noir et peuplé de personnages croustillants, à une réflexion sur les travers de ces régimes corrompus. Alors qu'à travers le regard complètement décalé et original du narrateur, on a souvent et longtemps l'étrange sentiment de naviguer en plein univers onirique, c'est lorsque la réalité de la violence, de la corruption, mais aussi de l'amour, que "Trois cercueils blancs" prend tout son sens.
Entre trahisons, amitié, meurtres et retour à la vie, cette comédie dramatique, traversée par quelques instants de poésie et mâtinée de thriller, parvient à captiver puis à transporter le lecteur, qui se laisse séduire par la voix déroutante, mais puissante et atypique de Antonio Ungar.

Je remercie Babellio et les éditions Noir sur Blanc - ainsi que cette nouvelle collection Notabilia à suivre de près - pour cette belle découverte inattendue.

Lien : http://norbertlaidet.blogspo..
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Roman lu tout à fait par hasard, et c'est une excellente surprise. Cette histoire improbable du sosie d'un homme politique assassiné est à la fois déjantée, drôle et dramatique, sans oublier d'être une satyre féroce de certains régimes politiques sud-américain .
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L'histoire récente de l'Amérique Latine (Argentine, Chili...) inspire de plus en plus de romanciers et, en un sens, c'est tant mieux. Cet auteur Colombien situe son intrigue en république imaginaire du Miranda, gouvernée depuis trop longtemps par le président-dictateur del Pito. Lorsque le principal opposant au régime, Pedro Akira, se fait tirer trois balles dans la tête, les membres du parti d'opposition décident de faire appel au sosie d'Akira, pour faire croire qu'il n'est pas mort, pour continuer le combat...
Une fois cette accroche posée, bonne idée mais pas révolutionnaire non plus, on peut s'attendre à un bon roman politique, ou à un pastiche ou... ? Eh bien malheureusement, ce roman tangue, est instable. Les cinquante premières pages sont écrites sur le ton désinvolte du narrateur-glandeur et si un effet comique est recherché, le but n'est pas atteint. S'en suivent les aventures de ce sosie et toutes les machinations politiques tournant autour et, malgré rebondissements et rythme recherché, on s'ennuie souvent.
Ce qui sauve sans doute ce livre est la relation qu'entretient le narrateur avec Ada, l'infirmière qu'il a rencontrée et avec qui il noue une relation, les plus belles pages concernent leur histoire.
Pour le reste, on pourra se raccrocher à d'autres livres ("Le ministère des affaires spéciales" de Nathan Englander pour le côté kafkaïen d'une dictature, "Lost City Radio" de Daniel Alarcon pour le grand récit puissant sur les désastres d'une guerre civile, "Le dictateur et le hamac" de Pennac pour la parodie... Ou au film "No" avec Gael Garcia Bernal sur la chute de Pinochet.
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