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Robert Amutio (Traducteur)
EAN : 9782882507228
224 pages
Noir sur blanc (06/01/2022)
3.5/5   11 notes
Résumé :
Dans une ville anonyme qui rappelle Paris, les jours qui entourent un attentat terroriste mené contre une salle de spectacle, un xénophobe solitaire passe ses journées à déplorer de voir son pays s'effondrer sous l'invasion des étrangers.
Raciste, auto-médicamenté, rongé par la haine et la colère, ce personnage obsessionnel, ignoble et néanmoins pétri de peurs et de vulnérabilité, vit attaché à la mémoire de sa soeur décédée dans un quartier où s'installent d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Dans un style empreint de haine et rappelant la solitude du narrateur des Carnets du sous-sol, on suit la vie d'un jeune traducteur d'extrême-droite, perdu dans la stérilité de sa vie, s'envisageant comme le martyr de la cause qu'il cherche à défendre (je ne vais pas faire la publicité de tout ce qu'on en entend au quotidien, BFM s'en chargeant mieux que moi), ne vivant que par bribes, entre deux délires médicamenteux, épiant la vie pour s'en masturber plutôt que de la vivre. Ce journal s'adresse à sa soeur défunte, seule réelle compagne d'une vie passée à tout nettoyer, à compiler des bribes d'articles de presse comme autant de signes annonciateurs de son grand soir, et à ne pas réussir à supporter les senteurs de graillon, et surtout de l'altérité (qui rappelle un peu un Des Esseintes).


Tout y est cru, proche du rut, d'une haine épidermique. Ungar déploie le constat assez noir de l'incapacité des personnalités limite à se transcender ou se sublimer dans l'amour quand la frontière est déjà franchie. le livre parle d'ailleurs d'une histoire d'amour, teintée de sauvetage, de complot, de surveillance et de haine réciproque (ou fantasmée, puisque l'altérité est extraite du texte par le point de vue globalisant du narrateur qui est à la fois question, réponse et solution).


Le roman se fait l'écho des pensées en sourdine que l'on garde pour soi quand, face à la montée du terrorisme, autour d'un débat politique, on se dit que la République est laxiste, sans se l'avouer. Mais la force du roman, comparé, à
tort, à un nouveau Houellebecq, réside dans la représentation de la stérilité du monde contemporain. Contrairement à chez Houellebecq, la problématique de l'extrême droite n'est pas uniquement tournée dans la dérisoire froideur bourgeoise d'une plume sulfureuse, ni dans un acoquinement, estimé courageux, avec les idées d'extrême droite. Ni même une provocation contre les "islamo-gauchistes" .


Ungar fait comprendre le problème existentiel de ceux qui se veulent des martyrs, quel qu'en soit le bord politique (et il est intéressant d'essayer de vouloir dire ce que peut-être la pensée d'extreme droite, qui ne se voit que comme réagissant à des menaces, se déresponsabilisant quelque part de la notion d'acte : un militantisme revanchard sur lequel les choses ne font que ruisseler, et dont les actions ne sont que la conséquence logique de ce ruissellement. C'est finalement ça la logique extrémiste, quelle qu'elle soit, très illégitime au fond : qui peut dire qu'il est le porte-voix de la multitude ?)


L'atrophie des temps modernes est décrite de manière chirurgicale, nette, sans que les émotions ne viennent y prendre place. C'est une exploration de la misère de la solitude dans ce qu'elle a de presque viandarde (le texte rappelle à certains égards le naturalisme), de médicamentée, de délirante. Les bombes explosent, mais combien n'explosent pas, ou s'en approchent, dans la solitude d'une société qui se veut libre, mais n'offrant finalement rien pour se sentir comme une partie d'elle-même? Qui pourrait y agir et obtenir quelque chose ?


La quête du sens du "héros" (renouant avec la tradition du anti-heros stendhalien) n'est tissée que sur un flot de haine, sur son esprit voyeur dont la barque n'arrive jamais à accoster sur le monde réel, sur la communauté. Son îlot de solitude est à la fois sordide, impuni, tragique (le narrateur est à la fois misérable, jamais sublime, mais éveille la pitié pour qui sait la voir. Terreur et pitié, ciment du tragique, qui ne se situe pas là où le protagoniste le croit, c'est à dire dans ses actes tentés, avortés et fantasmé, mais dans l'essence même de son être, de son texte).


Le traitement narratif de ce sujet (emploi de la troisième personne sur la fin pour parler de soi, intérêt du spectacle, pas uniquement pour pleurer sur le sort la société du spectacle comme on le fait souvent, mais pour montrer comment il ne peut qu'y avoir que spectacle et fantasmagorie sur sa propre vie dans le monde capitaliste qui nous fait miroiter un but, en n'offrant finalement qu'une expérience frelatée et décevante des choses, créant des désirs dans un monde qui nous asexualise, ou la démocratie n'est devenue qu'un consensus de chaque délire personnel et d'une vision "personnelle" des choses, sourde à celle des autres et à celle des faits - là est peut-être la réelle Babel - au point de se demander quand nous sommes perdus dans les pensées du narrateur, ou dans la réalité) est sans doute ce qui fait la force d'un livre qui se lit d'une traite, pour raviver les blessures du sens profond de notre propre solitude.
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Je découvre Antonio Ungar dans ce roman très dur, un peu glauque. Cet auteur fait preuve d'un sens du suspense si complètement bluffant qu'il m'a offert un des meilleurs thrillers que j'ai lu cette année! On se croirait précipité dans Psychose, le film culte d'Alfred Hitchcock. Nous y retrouvons la même ambiance, des thèmes communs et surtout, surtout le même type de héros à l'esprit dérangé, voyeur, obsédé sexuel, paranoïaque et psychopathe meurtrier.

Non pénétrons dans la plus profonde intimité d'un narrateur -qui ne sera jamais nommé- qui vit, seul et isolé dans une grande ville -qui elle aussi ne sera jamais nommée - , dans quartier envahi par les immigrés et déserté par les « citoyens » .Nous suivons, page après page, la consignation méticuleuse des actions et des pensées de ce déséquilibré à la fragilité identitaire.
Cette écriture lui servirait d'automédication. Sa soeur adorée, Éva à qui il voue un véritable culte « douce petite soeur, morte trop tôt ».lui aurait conseillé de tenir un journal , « Écris tout ce qui t'arrive. Ça va t'aider. » et ce depuis le premier jour de la première année du secondaire, preuve que les problèmes de santé mentale de notre personnage ne datent pas d'hier. Il s'adressera à sa soeur tout au long du récit ce qui est en lien avec le titre du roman « Regarde-moi ». Notre héros n'est pas non plus à une tentative près d'automédication : il mélange Ritalin, Clonazepam et alcool pour calmer les angoisses que ses nombreux rituels obsessifs-compulsifs ne parviennent pas à endiguer.

Dans ce roman, il est difficile de démêler ce qui appartient à la réalité de ce qui appartient à l'imaginaire du narrateur ou encore à ses fantasmes.
Ce qui est certain c'est que de nouveaux voisins viennent de s'installer dans l'immeuble en face de chez lui. Un homme, ses deux fils et une jeune-fille de 18 ans. Ce sont des « basanés », arabes, gitans ou autres « métèques ». Notre raciste xénophobe les soupçonne très rapidement d'être des trafiquants de drogues et d'abuser de la jeune-fille. Il décide donc s'installer des caméras dans leur appartement pour les surveiller et surtout épier l'intimité de la jeune-fille, Irina qui l'obsède et avec qui il nouerait une improbable relation érotique. Par moment nous avons l'impression de devenir voyeur du voyeur.

Tout se corse quand il s'imagine que les voisins ont découvert son stratagème et, qu'à leur tour, ils le surveillent et le manipule.

Sa haine bien réelle de l'autre et son incapacité à s'ouvrir au changement l'amèneront à mener à terme la mission dont il est investi : « J'accomplirai ce dont j'ai été chargé par la république en ruine et je l'accomplirai en hommage à toi (maman) et à la petite Eva. »

Le roman qui mêle efficacement violence et érotisme nous interpelle aussi sur les causes et les dérives des replis identitaires qui fleurissent aujourd'hui sur la planète.
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Un livre aussi terrifiant que happant, impossible de le lâcher et pourtant la réalité dépeinte est souvent presque intolérable, on est plongé dans un esprit d'une telle noirceur... Avec une efficacité digne d'un thriller, une prose visuelle, réellement cinématographique, l'auteur nous entraîne dans la spirale d'une obsession. Il y a un aspect politique extrêmement fort, assez prophétique, et pourtant, l'auteur ne nous fait jamais la morale. Il nous démontre par la preuve de nos émotions le danger du fanatisme, de la quête d'une pureté imaginaire, de la montée de l'extrême droite. Un véritable tour de force, je suis soufflée. Un auteur à suivre absolument!!!
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Malgré le sujet qui semblait etre intéressant car c est une façon speciale de voir les choses....tellement particuliere et assez rare que je me suis dit pourquoi pas ?
Mais si le livre semble ce lire facilement de par sa composition. L'écriture est fluide et facile a lire mais qu est ce c est long....pénible...parfois sans intérêt !!!!
Dommage !
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critiques presse (1)
Bibliobs
16 février 2022
Antonio Ungar parvient, dans un style proche de la folie (très belle traduction de Robert Amutio), à suivre pas à pas, pensée après pensée, le chemin qui mène, dans un esprit ravagé par la haine, à l’explosion de violence et à la mort annoncée.
Lire la critique sur le site : Bibliobs

Videos de Antonio Ungar (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Antonio Ungar
Simon Ungar ne sait pas grand-chose de son père, parti refaire sa vie au Canada. Quand il se fait licencier et que sa petite amie le quitte, il se dit que c'est l'occasion d'en savoir plus sur ses origines : il part en République tchèque, dans la ville d'Olomouc, le berceau des Ungar. Son amateurisme en toutes choses va mener Simon jusqu'à Bratislava puis à Budapest, de train en train, enchaînant les hasards, les rencontres et les coïncidences. Mais le puzzle familial s'avère difficile à reconstruire, entre fausses pistes et pièges tendus… Quand l'armée d'Hitler envahit la Tchécoslovaquie, Ilse Kusser n'est encore qu'une enfant, et la guerre va faire exploser sa famille. Une soirée à l'Opéra, un accident de gymnastique… Il en faut peu pour décider d'un destin. Mais c'est dans un théâtre de Bratislava, pendant les rigueurs du communisme des années 1950, que la vie d'Ilse va basculer, le soir où elle rencontre le mystérieux Horn. Mensonges enfouis, secrets découverts les histoires de Simon et Ilse vont peu à peu se rejoindre.
Que ce soit en invoquant la mémoire juive ashkénaze, les livres de Jules Verne, le clapotis du Danube la nuit ou les banlieues sinistres de Budapest où se terrent des écrivains nobélisables, Lola Gruber nous entraîne dans un formidable roman-enquête mené tambour battant où l'humour côtoie la tragédie, la mort et l'amour à chaque page.

https://bourgoisediteur.fr/catalogue/horn-venait-la-nuit-de-lola-gruber/ Le 11 janvier 2024 en librairie
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