La princesse guerrière

Nous avions bien aimé le volume précédent, " le roi des oiseaux". Une première plongée en BD dans l'univers du conte slave signé par l'auteur Alexander Utkin. Il renouvèlera l'invitation avec une autre BD, un peu de folklore russe ici avec " La princesse russe".
Alexander Utkin en sera aussi l'illustrateur.

C'est bien rythmé.
Nous apprécierons le découpage de l'aventure presque en feuilleton, offrant des cliffhangers ou des retours sur certaines coulisses de la précédente histoire, qui pourraient éclaircir sur la nature de certains objets ou personnage.

C'est presque une BD chorale de contes où chacun y aura son destin à accomplir mais où par le hasard étrange, chacun empruntera le même sentier, pour les mêmes raisons, en croisant à des temps différents...Baba Yaga.

Qui est le héros?
Bien que le titre et la 1ère de couverture annoncera une princesse vaillante digne d'une valkyrie scandinave, nous nous rendrons compte en lisant que la véritable héroïne au centre de cette fabuleuse aventure de conte et de sorcelleries sera plutôt la jeune fille sur la droite, Vassilissa, couverte d'une peau de bête et brandissant un crâne illuminé mais aussi le chevalier roux, John, tenant une pomme d'or.
La naissance de Vassilissa, son parcours de sorcière - car elle le deviendra - tourneront autour de la légende de Baba Yaga, ogresse sorcière bien connue des enfants. Ici Yaga pourra être une alliée, à quelques épreuves de passage près.
Sa maison, qui ne sera pas pourvue de pattes de poulet dans cette histoire, accueillera John et Vassilissa séparément dans des différents chapitres captivants et hauts en couleurs.
"Tu réussis mon épreuve, je t'apporterai alors mon aide magique pour la tienne et je toucherai ma part de ta récompense. Si tu ne te montres pas à la hauteur sur mon défi, ta tête finira sur un pic avec ma collection."
Quoi qu'il en soit, Yaga sera, on le comprendra, toujours gagnante et à aucun moment on ne lui fera perdre son temps.

C'est Gamaïoun, l'oiseau magique qui racontera (comme il l'aura fait avec le premier tome), il nous permettra d'entrer et sortir des histoires, pour le rythme du livre d'une part, et pour confier sa connaissance des détails hors narrations d'autres parte comme si il avait été témoin des deux histoires.
Vassilissa tentera sa chance avec Yaga pour sauver son père empoisonné par sa marâtre.
Puis John, le fils, benjamin d'un roi mourrant, se lancera dans une quête pour le sauver aussi de la maladie mais sera en compétition avec deux frères sans scrupules. La récupération des légendaires pommes d'or qui redonne la vitalité reviendra souvent sur le tapis des négociations.
Ça ne sera pas une monnaie et chacun aura le choix de faire le bien, de sauver une personne chère.
La tentation sera toujours grande, l'enjeu proposant aussi des récompenses si l'on laisse ces victimes partir vers la mort.
Et puis il y aura aussi le moyen de se faire justice en se montrant aussi cruel que ces bourreaux.
Alors? de quel bois sont faient les héros et héroïnes de ce livre?
On a aimé.

Alexander Utkin va s'inspirer du folklore et des contes russes pour réinventer, réenchanter l'imaginaire. Il garde l'esprit des contes russes et il rebat les cartes. On a Baba Yaga, une petite fille nommée Vassilissa, un oiseau qui raconte les histoires, un roi qui se meurt, des fils à l'honnêteté douteuse, une princesse-guerrière, des pommes d'or qui rendent la santé, un cheval ailé, un oiseau-nagaï (qui est en fait une sorte de dragon), etc.

L'oiseau qui raconte les histoires est à se tordre. Il anticipe sur certains développements, digresse, fait de l'humour, bref il tient le lecteur en haleine et le captive avec son bagout. Ensuite, la magie déboule et tous les protagonistes sont pris dans son maelstrom.

Baba Yaga est une sorcière, mais elle possède un bon fond, elle reste honnête dans ses défis et accepte de perdre. Elle a une forme de probité, quand elle s'engage, elle va jusqu'au bout de ses engagements. Elle joue un rôle central dans l'ensemble des contes ramassés par Alexander Utkin.

Le fin du fin... le dessin et la mise en couleur. On est dans une palette colorée particulièrement opulente. A l'instar des icônes orthodoxes ou des matriochka peinturlurées, les planches débordent de couleurs, il y a de la joie, de la gaieté, de l'ampleur. C'est vivant et diablement séduisant.

Oooh mais quelle belle découverte et bonne idée j'ai eu que d'emprunter ce pavé chatoyant ! Les contes russes, j'en connaissais et les voir sous ce format m'a rapidement conquise. En pastel, le graphisme est différent et superbe. J'ai passé un très bon moment de lecture avec Vassilia et je me lancerai très bientôt dans la lecture du Roi des Oiseaux.

Cette bande dessinee attire l'oeil et le sous-titre incite vraiment à la lecture : Un conte inspiré du folklore russe...

Je ne connais pas du tout les légendes russes, mais j'ai bien apprécié la lecture de cette BD visuellement très belle et écrite comme un conte initiatique. On y croise une sorcière qui renonce à ses pouvoirs par amour, une jeune fille prête à tout pour sauver son père, des pommes en or qui soignent, des crânes enflammés, de mystérieux cavaliers dans une sombre forêt, un roi demandant à ses fils d'aller chercher un remède en échange du trône, la lutte pour le pouvoir, la cupidité, le courage, la bonté, l'amour sincère, des créatures fantastiques telles que les oiseaux-nagaïs...

Une lecture qui ravira les amateurs de contes !

Tout comme dans “Le roi des oiseaux”, cette bande dessinée s'inspire de contes russes traditionnels. Plusieurs contes se mêlent comme des poupées russes, avec “Vassilissa et sa poupée” et “Les pommes d'or” comme principales histoires. le style est donc merveilleux, fantastique, mais surtout, il est servi par une colorisation luxuriante, baroque et lumineuse, faite de couleurs saturées travaillées aux crayons, pastels et autres techniques similaires. C'est un très bel album, le conte est envoûtant, bien construit, bien mené, avec des personnages touchants et le graphisme transcende cette histoire pour la rendre encore plus merveilleuse. Magnifique…