AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782715224711
374 pages
Le Mercure de France (22/01/2004)
3.63/5   15 notes
Résumé :
Marguerite de Valois (1553-1615), dite la Reine Margot, fut l'épouse du roi de Navarre, futur Henri IV. Ses Mémoires sont un des textes essentiels du XVIᵉ siècle français. Ils nous mettent en contact direct avec la cour des Valois. Intrigues et potins ; la nuit de la Saint-Barthélemy ; l'évasion du frère et du mari de Marguerite ; la révolution des provinces contre le roi d'Espagne : les Mémoires d'une femme d'esprit et d'un témoin de l'Histoire qui fut aussi ... >Voir plus
Que lire après MémoiresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Je suis tombé sur ce petit livre en fouillant dans une librairie. J'ignorais totalement que Marguerite de Valois – la fameuse Reine Margot d'Alexandre Dumas – avait écrit ses mémoires.

Ce Folio 2€ (c'est monté à 3€ avec l'inflation. Entre parenthèses, ça doit être embêtant pour l'éditeur de changer toutes ses couvertures dès qu'on augmente le prix) contient des extraits : les années 1569-1577. Il s'agit d'une version « modernisée » du texte original, modernisation réalisée par Éliane Viennot. Attention, modernisation ne veut pas dire que cela est écrit dans un style contemporain. J'ai dû m'adapter à ce style formé de très longues phrases où se multiplient les virgules et où les tournures gardent, pour un profane tel que moi, un accent garanti d'ancienneté. Il m'a fallu un peu m'accrocher aux branches pour comprendre, avant que cela ne devienne presque naturel.

A travers ces mémoires, on comprend que Margot ne correspondait pas à l'image que Dumas nous en a donnée (quelle surprise !). C'est une vraie érudite, très cultivée ; son style littéraire finalement accrocheur le prouve. Ce n'est pas une oie blanche non plus : son sens politique est très aiguisé. Seulement, la vision de sa participation aux événements qu'elle nous donne est assez effacée. Elle subit plus qu'elle ne pilote. Et elle subit beaucoup… d'avanies. Un personnage tout à fait affreux nommé le Guast – un vrai méchant de roman – très en grâce auprès d'Henri d'Anjou (qui devient Henri III), ne cesse de lui casser du sucre sur le dos, d'inventer on ne sait quelle ignominie qu'elle aurait commise. Accusée par le roi ou par sa mère Catherine de Médicis, elle ne peut que clamer son innocence. La situation s'arrange, puis se dégrade au fil des complots. Avoir épousé un protestant – Henri de Navarre – et avoir pour frère préféré François d'Alençon, figure de proue des « Malcontents », n'aide pas, il est vrai. Son époux n'est d'ailleurs pas toujours très tendre avec elle, obnubilé qu'il est par sa maitresse Madame de Sauve, qui elle aussi sait casser son sucre.
C'est dans la dernière partie, l'année 1577, qu'elle prend un rôle plus politique lors de son voyage en Flandres. Elle tâte le terrain et fait la publicité de François d'Alençon qui aimerait bien diriger ce coin, aux dépends des Espagnols.
Évidemment, on a aussi le passage de la Saint Barthélémy, en 1572. Voilà du grain à moudre pour les historiens, pour connaître quelle est la responsabilité d'untel ou untel dans cet horrible carnage. J'ai surtout senti une cour royale sous la pression de la population catholique, qui tente de « lâcher du lest » en ordonnant l'exécution des chefs huguenots. Catherine de Médicis est favorable. Charles IX a plus de mal à être convaincu. Mais la situation devient vite incontrôlable. le massacre devient celui d'une population par une autre, encouragée par les fanatiques catholiques et les Guise.

Ces mémoires sont assurément à lire pour connaître l'une des sources historiques majeures des événements du XVIe siècle français. Une petite voix m'a dit que notre babéliopote myrtigal est en train de lire les mémoires complète. J'attends son commentaire avec impatience.
Commenter  J’apprécie          252
Les éditions Points ont décidé en 2022 de rééditer les célèbre Mémoires de Marguerite de Valois, fille soeur et épouse de roi si l'est besoin de rappeler, qu'elle écrivit au début des années 1600 et publié après sa mort en 1628. Et la plus-value de cette réédition c'est qu'ils ont accompagné le texte d'une longue présentation d'Éliane Viennot, historienne et spécialiste de l'époque, une présentation nécessaire avant d'aborder l'oeuvre autant pour celui qui connaît bien Marguerite que pour celui qui ne la connaîtrait pas. C'est une présentation intéressante dans laquelle l'historienne recontextualise l'oeuvre de Marguerite et donne d'importantes explications sur ces mémoires, sur leur contexte d'écriture, sur la vie de Marguerite et les raisons qui l'ont poussé à écrire.
On apprend que Marguerite a commencé à écrire ces mémoires pour répondre à Brantôme car ce dernier avait écrit un discours sur sa vie qui lui a donné envie de livrer sa version des faits et d'y apporter quelques corrections. L'historienne évoque aussi longuement combien Alexandre Dumas a nuit à l'image de Marguerite avec son célèbre roman, image par ailleurs déjà fortement écorné par les siècles, et dont elle va nous expliquer pourquoi et comment. On apprend également que lorsqu'ils ont été publié ces mémoires sont rapidement devenu un best-seller à l'époque et Eliane Viennot considère ces mémoires comme très importants dans ce qu'elle appelle notre « matrimoine ». Je ne le savais pas mais Viennot et une spécialiste du féminisme dans l'histoire et la littérature et cela se sent. Car si sa présentation est très interessante, elle souffre néanmoins de quelques anachronismes…du moins à mon appréciation ; parler de Henri IV comme d'un homme « sexiste » et d'un « phallocrate » c'est juger le passé à l'aune de nos mentalités/valeurs d'aujourd'hui et ça n'a, je trouve, aucun sens.

Quoi qu'il en soit, le principal étant ici le texte de Marguerite, il faut aussi savoir que comme pour beaucoup d'écrits anciens l'orthographe a été un peu réactualisé afin que le texte soit lisible pour le lecteur actuel. À part cela, ce sont les mots et le style de Marguerite, et le lecteur d'aujourd'hui va très vite sentir les quatre siècles d'écart car le style est vraiment à des lieux de ce que nous avons l'habitude de lire ! Les phrases sont extrêmement longues, les virgules dans les virgules infinies très peu d'aération et les conjonctions très nombreuses. Il faut donc au commencement un léger temps d'adaptation, puis une fois que l'oeil et le cerveau s'habituent, à ma grande surprise, la lecture devient aisée et agréable. Sa plume est belle, et l'art de la narration maitrisé.
Et à titre personnel j'ai trouvé ces mémoires très émouvant à lire car j'affectionne particulièrement Marguerite. Ayant lu beaucoup d'ouvrages la concernant et concernant le reste de la famille, j'avais hâte de la découvrir directement à travers ses propres mots, de l'entendre enfin parler d'elle-même, et c'est une sensation à la fois étrange et émouvante. Ces mémoires sont sommes toutes assez courts (180 pages), car une elles sont en réalité incomplètes puisque plusieurs parties ont été détruites ou perdues. Les pages que l'ont a ici vont des années 1560 à 1581, Marguerite y raconte les évènements marquants de la manière dont elle a vécu. Deux épisodes notamment y ont une large place ; la saint-Barthélémy en 1572 et son voyage en Flandres en 1577. le premier pour lequel elle n'a été que spectatrice tandis que le second a été l'un des rares moments où elle a eu, dans une certaine mesure, une rôle politique à jouer (en l'occurence pour son frère cadet).
Elle y raconte ses alliances, ses craintes, ses méfiances, Marguerite se raconte non pas à la façon d'un journal intime mais à travers la narration des évènements qu'elle a vécu. On découvre aussi ses relations avec ses frères et sa mère de son point de vue à elle, et c'est assez touchant. Eliane Viennot nous explique d'ailleurs que Marguerite a tenté de justifier à posteriori certains de ses comportements passé qu'elle n'assumait plus vraiment et donc elle s'est montré par moments plus dure que ce qu'elle pensait réellement (notamment envers son frère Henri). Cela dit, ce fut assez minime je trouve, car ses mots sont globalement emprunt de respect et de dignité. C'est aussi le témoignage d'un temps révolu, de ses habitudes et de ses codes, que l'on découvre presque dans l'intimité.
Bref, elle jette sur son passé un regard à la fois nostalgique et touchant. Car n'oublions pas qu'elle écrit tout ceci longtemps après les faits, au début du XVIIe siècle, à un moment où elle est désormais la seule encore en vie de tous les personnages qu'elle évoque.
Commenter  J’apprécie          94
La Reine Margot! M'a-t-elle fait rêver sous la plume de Dumas et ,beaucoup plus tard sous les traits d'Adjani! Mais la vraie Marguerite de Valois soeur et femme de rois fut un personnage historique plus impressionant encore que les icones de la fiction.Ces Mémoires nous la restituent dans sa langue et dans son temps . Défilent Charles IX et la St Barthélémy ,la terrible Catherine de Médicis,Henri III et ses mignons, Henri IV et ses maîtresses. Et des guerres et des amours . Cette femme vit et vécu tout cela et elle sut le décrire car elle était cultivée et une véritable écrivaine.
Commenter  J’apprécie          80

La lecture des Mémoires de Marguerite de Valois n'est pas très aisée. La future Reine Margot utilise le langage de son époque, qui est bien différent de celui que nous employons aujourd'hui. Sa syntaxe paraît ampoulée, elle fait de longues phrases avec moult descriptions et un vocabulaire assez emprunté. le coût d'entrée dans son récit est donc important et l'on a souvent besoin de reposer le livre avant de le reprendre plus tard. Marguerite de Valois possède cela dit un talent d'écrivaine certain, et l'on peut porter à son actif un sens du verbe et une capacité à tenir en haleine le lecteur peu communs.

Nous ressentons également à la lecture de ses écrits la profonde solitude et la détresse qui l'étreint quand elle est prise à partie par les membres de sa famille et qu'elle est tenue en captivité. Mais ce qui est passionnant dans les Mémoires de Marguerite de Valois, c'est ce qu'elles nous racontent sur l'époque à laquelle elles ont été écrites. La nuit de la Saint-Barthélémy nous est en particulier décrite d'une façon tout à fait originale puisque nous avons le point de vue d'une femme isolée, qui apprend après coup les exactions de tous les membres de sa famille et qui en est consternée.

Ses relations avec les hommes sont également d'un grand intérêt, que ce soit les rapports qu'elle entretient avec ses frères, dont deux d'entre eux seront rois de France, tout comme avec son mari le futur Henri IV. Les Mémoires de Marguerite de Valois sont également et surtout un portrait de femme étonnant, loin des clichés qui ont été véhiculés sur son compte par le biais de la fiction : nous avons ainsi l'occasion d'apercevoir une âme à la fois éclairée et torturée, assez attachante.
Lien : http://lecinedeneil.over-blo..
Commenter  J’apprécie          10
Bien qu'il ne s'agisse ici que d'extraits, ces textes m'ont intrigué autant qu'intéressé à plus d'un titre. En premier lieu ils permettent de démystifier le personnage de la Reine Margot telle qu'elle fut décrite par la littérature du XIX : débauchée, scandaleuse, folle, manipulatrice... On découvre au contraire une femme intelligente et sensible au destin torturé qui a vécu les massacres de la Saint-Barthélémy.
La lecture de ces textes n'est pas toujours facile mais représente un bon moyen de découvrir la belle langue de l'époque, ainsi qu'un témoignage capital de la vie de cour à la fin De La Renaissance.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Quelques-uns tiennent que Dieu a en particulière protection les grands, et qu'aux esprits où il reluit quelque excellence non commune, il leur donne par des bons génies, quelques secrets avertissements des accidents qui leur sont préparés, ou en bien ou en mal, comme à la reine ma mère, que justement l'on peut mettre de ce nombre, il s'en est vu plusieurs exemples. Même la nuit devant la misérable course en lice, elle songea comme elle voyait le feu roi mon père blessé à l’œil, comme il fut ; et étant éveillée, elle le supplia plusieurs fois de ne vouloir point courir ce jour, et vouloir se contenter de voir le plaisir du tournoi, sans en vouloir être. Mais l'inévitable destinée ne permit tant de bien à ce royaume qu'il pût recevoir cet utile conseil.
Commenter  J’apprécie          153
Quelques mois après, ledit prince de Navarre, qui lors s'appelait roi de Navarre, portant le deuil de la reine sa mère, y vint accompagné de bien huit cents gentils-hommes tout en deuil, qui fut reçu du roi et de toute la Cour avec beaucoup d'honneur². Et nos noces se firent peu de jours après avec autant de triomphe et magnificence que de nulle autre de ma qualité, le roi de Navarre et sa troupe y ayant laissé et changé le deuil en habits très riches et beaux, et toute la Cour parée comme vous savez, et la saurez trop mieux [très bien] représenter; moi habillée à la royale avec la couronne et couette d'hermine mouchetée qui se met au devant du corps, toute brillante de pierreries de la couronne, et le grand manteau bleu à quatre aunes de queue portée par trois princesses; les échafauds dressés à la coutume des noces des filles de France, depuis l'évêché jusques à Notre-Dame, et parés de drap d'or; le peuple s'étouffant en bas à regarder passer sur ces échafauds les noces et toute la Cour...
Commenter  J’apprécie          30
De ces divins avertissements je ne me veux estimer digne. Toutefois, pour ne me taire comme ingrate des grâces que j'ai eues de Dieu, j'avouerai n'avoir jamais été proche de quelques signalés accidents, ou sinistres ou heureux, que je n'en aie eu quelque avertissement, ou en songe ou autrement.
Commenter  J’apprécie          10
Bussi entrant en la chambre avec cette belle façon qui luy estoit naturelle,leRoy luy dit qu'il vouloit qu'il s'accordast avec Quelus,et qu'il ne parla plus de leur querelle et luy commanda d'embrasser Quélus.Bussi luy respond;"Sire,s'il vous plaist que je le baise , j'y suis tout disposé."
Et accomodant les gestes avec la parolle ,luy fit une embrassade à la Pantalone.
Commenter  J’apprécie          00
Toujours dans l'eau, blanche comme du lys, sentant comme baume, se frotte, se refrotte, fait encensements, de sorte que l'on dirait que c'est une sorcière avec charmes.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : mémoiresVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (50) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..