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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Plongée dès la première ligne dans le voyage au bout de la souffrance, de l'humiliation, de la fatigue extrême d'une travailleuse pour nos vêtements occidentaux.
Oui, derrière ces ourlets cousus soigneusement, dans les plis bien repassés de ces robes, derrière les cols de ces chemises, se trouvent la souffrance, l'humiliation, la fatigue d'une petite Chinoise ou d'une autre de ces travailleuses de l'ombre dont on ne parle jamais.

Sophie van der Linden l'a fait, et de façon bien passionnelle, en se coulant dans la voix de Mei, 17 ans, ouvrière à l'usine de confection pour que son grand frère puisse aller à l'université. Nous sommes en Chine, c'est vrai… En Chine où, non seulement les filles doivent être soumises à leurs parents et leur obéir, mais aussi où elles sont soumises au patron et au contremaitre, et doivent accepter les brimades, l'humiliation, l'absence de liberté, y compris des sentiments. Nous sommes au 21e siècle…
« Ce ne sont d'ailleurs plus des heures ni des minutes, c'est un temps arrêté, mou, de souffrance, dans lequel on s'englue »

Je me suis jetée avec horreur dans ce récit pour suivre les phrases lancées, les mots catapultés, pleins de douleur mais aussi de sensualité et d'appétit de vivre. La nature est là, au bout de la cour d'usine, avec ses rivières et ses grands arbres. Avec un domaine abandonné où rêver à l'amour…
Mais la douleur surnage, envers et contre tout désir de bonheur.
« Je n'ai pas été au bout de ma douleur car je sais qu'elle est sans fin. J'ai repoussé ma colère au fond de mon ventre, je l'ai ratatinée jusqu'à en faire un petit paquet de rien. Et je l'ai laissée là, en me jurant de ne jamais l'oublier. Et de revenir la chercher s'il le fallait ».

Roman très court mais magistral, d'où je ressors beaucoup moins naïve, beaucoup moins innocente, en songeant à toutes celles qui oeuvrent pour nous, dans les fabriques du monde.
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Des phrases courtes. La brièveté de la vie, de l'espoir, de la beauté de l'instant.
Ce roman se déroule en Chine, mais sonne comme un haïku.

Des phrases courtes. Un cri d'espoir, de révolte, d'amour.
Un cri, un choc, un rêve. le rêve deviendra-t-il réalité pour Mei ?
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1500 chemises à réaliser en trois jours, voila le travail de Mei et de ses compagnes, jeunes chinoises envoyées à l'usine pour faire vivre leur famille.
Et quand cette commande-ci sera prête, une autre arrivera et une autre encore…les heures s'enchaineront, les jours et parfois aussi les nuits, seront toutes consacrées à coudre, à avaler rapidement un bol de nouilles, à se débarbouiller sommairement, à dormir dès que possible, pour mieux recommencer la même chose le lendemain et tous les autres jours, pendant des mois, des années…
Quelle place reste-t-il pour l'espoir dans tout ça ?
Difficile pour nous d'imaginer que cela soit la vie d'une jeune fille de 17 ans, une vie exclusivement consacrée au travail, à l'obéissance envers leur famille et leur employeur, une vie sans grande perspective d'avenir et sans beaucoup de distractions ni de joies.
Ce très court roman est d'une grande force, il nous happe comme la machine à coudre de Mei happe le tissu avant de le coudre, et nous laisse abasourdis par de telles conditions de vies.
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J'ai été très touchée par ce petit livre que je ne qualifierais pas de léger comme j'ai pu le lire dans certaines critiques. Au contraire, je trouve ce livre puissant, lourd de sens et même tragique.
La petite Mei a soif de liberté, a soif d'Amour et va, grâce à Cheng, son contremaitre, croire à cette liberté et à cet Amour. Cette rencontre va, il est vrai bouleverser sa vie...
A travers cette histoire, on va découvrir les conditions de travail en Chine qui si elles font réagir ne sont pourtant pas toujours si éloignées des conditions de travail de certaines entreprises en France !
ce petit livre m'a profondément émue et il fait partie de mes coups de coeur 2017.
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J'ai adoré ce roman bouleversant qui nous fait passer par toutes sortes d'émotions très fortes en seulement 150 pages d'une belle écriture, très poétique.
On découvre d'abord le quotidien de Mei, ouvrière dans une usine de confection en Chine. Elle n'y est qu'une une pièce interchangeable parmi d'autres même si, contrairement aux autre ouvrières, elle a du mal à se résigner à cette vie morne régie par les contremaîtres, les délais à tenir, les tâches répétitives, etc.
Et puis vient la parenthèse enchantée pendant les congés du nouvel an alors que l'usine est déserte : quatre jours où elle découvre l'amour et l'espoir d'une vie meilleure.
Mais le bonheur de Mei prend fin avec la reprise du travail : de trahison en désillusion, le retour à la réalité est brutal et sa vie morose sans aucune échappatoire possible lui devient insupportable.
Malgré la fin tragique (qui est encore plus émouvante quand on sait que le rouge est la couleur du mariage en Chine), La Fabrique du monde est une belle histoire.
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Une lecture qui m'a laissé haletante et en larmes. Une écriture si vive qu'elle coupe le souffle et entraîne de page en page à une vitesse effrayante (roman lu en à peine une heure et demie). Une histoire douloureuse que celle de Mei, d'amour impossible, de fatigue physique et morale, de torture mentale d'un secret qui mène à la folie.

Un petit roman écrit avec maestria qui soulève, retourne et projette au loin. Choquant, émouvant, poignant, un vrai concentré d'émotions fortes. Une incursion dans un monde cruel duquel on ne ressort pas indemne.
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Mei, tu es une jeune Chinoise de 17 ans, tu aurais tellement aimé poursuivre tes études, mais voilà, tu es une fille, alors c'est ton frère qui est allé à l'université.
Pour toi ce fut l'usine avec ses chaînes de production aux cadences infernales, avec des journées qui n'en finissent pas à fabriquer des pantalons ou des tee-shirts pour des inconnus dont tu te demandes si parfois ils pensent à toi.
Le contremaître est intraitable et injuste et la direction ira jusqu' à te priver de ton salaire que tu attendais pour rejoindre ta famille pendant trois jours pour les fêtes.
Ces trois jours, tu les passeras seule, à l'usine, dans le dortoir déserté par tes camarades.
Tu y trouveras le bonheur cependant, mais, petite Mei, une fois de plus, pour toi le prix à payer sera bien trop élevé.

Moi, qui vis si loin de toi dans le confort, je ne regarderai plus jamais de la même façon un vêtement qui porte l'étiquette « made in China » car désormais, tu as une place dans ma tête et dans mon coeur grâce à Sophie van der Linden qui te donne la parole dans un magistral premier roman.

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Se demande-t-on comment les vêtements Made in China que l'on porte sont fabriqués ? Mei et ses compagnes d'infortune reçoivent des commandes – mille cinq cents pantalons, cinq cents chemisiers – et n'ont que quelques jours pour les exécuter. Elles passent leurs journées à l'usine, ne se lèvent que pour avaler un bol de soupe ou regagner leur dortoir, à l'aube parfois, pour boucler la commande. Paraphrasant Voltaire et son Candide, je répondrai : "c'est à ce prix que l'on porte des vêtements en Europe."
Mei est différente, Mei aurait pu poursuivre ses études, comme le souhaitait son institutrice. Ses parents ont envoyé son frère à l'université, ils l'ont envoyé à l'usine. Mei possède un livre, cadeau de sa grand-mère défunte, différente elle aussi, survivante des événements qui ont secoué la Chine. Elle écrit des poèmes, aussi, et rêve, à une autre existence, à une autre vie possible. Certaines de ses camarades rêvent aussi, à un meilleur emploi (dans un bureau), à un mariage qui les sortirait de cet atelier. Rêve bien plus prosaïque. La révolte ? Impossible. A la moindre rébellion, c'est la paye du mois toute entière qui saute. Parle-t-on bien toujours de condition de travail ou d'esclavage ? Mei et ses compagnes ne font plus qu'un avec leur machine, et les tissus défilent, défilent, défilent, au point que le soir, il n'y a plus de place que pour l'épuisement.
Un temps, très bref, Mei s'évadera. Comme une trêve dans la répétition des jours, des gestes. Un temps trop bref. La société prime sur l'individu, et peu ont le courage de vivre leur vie, d'affronter le regard des autres, la peur des jours à venir, la solitude aussi, sous une certaine forme.
La fabrique du monde est un premier roman concis et touchant.
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"Et je me vois là, dans tout ça. Une petite chinoise de dix-sept ans, une paysanne, partie à l'usine parce que son grand frère entrait à l'université. Quantité des plus négligeables, petite abeille laborieuse prise au piège de sa ruche. Enfermée là pour une éternité. Confrontant un souffle romantique à l'âpre réalité, La Fabrique du monde est une plongée intime dans un esprit qui s'éveille à l'amour, à la vie et s'autorise, non sans dommage, une perception de son individualité.
Aujourd'hui en Chine. Mei, jeune ouvrière de dix-sept ans vit, dort et travaille dans son usine. Elle rêve aussi."


Et moi là , dans tout ça , j'ai été attirée dans un premier temps par la couverture d'une esquisse angélique, puis confortée dans mon choix par le coup de coeur d'une libraire, je peux dire aujourd'hui que je m'en félicite puisque "La fabrique du monde " est une délicieuse lecture bien trop courte tant je me suis lovée entre les lignes, envolée au milieu des paysages évoqués , perdue au milieu des bruissements et des éléments ; Puis ce gémissement , ces gémissements continus des machines à coudre , entêtants.

Oui , j'ai été séduite par l'écriture épurée et troublante au travers de laquelle émane cette fragrance poétique d'une douce pureté.
Ce petit livre de 150 pages a gagné mon coeur et au-dessus-des cimes, j'ai pu accompagner Mei afin de contempler son univers, considérer non sans émotion son honteuse condition .Au-delà des règles, j'ai grignoté et partagé une part de sa liberté furtive.
C'est avec délectation que j'ai pris connaissance de chaque ligne , chaque page dans ce laps de temps donné.

Sophie van der Linden m'a comblée avec ce petit joyau , je ne peux que chaudement le recommander.
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Vestes de femmes. Rouge. 1 500. 3 jours.

C'est un exemple de cadence infernale imposée de nos jours aux jeunes filles ouvrières de Chine devant les machines à coudre. Jour et nuit dans l'usine. Enchaînée. Pour l'éternité.
Des pans de tissus entiers à découper, assembler, coudre... les mains comme des automates, les oreilles assourdies par le bruit des machines et des ventilateurs à palme.
Meï, 17 ans est l'une de ses semblables qui a abandonné par contrainte financière et familiale ses désirs personnels aux règles collectives extrêmement dures de l'usine.
Elle fait partie du clan des copines où tout doit être dit, fait comme les autres. En ce sens, Meï est redevable de l'esprit de solidarité entre les filles.
Pourtant Meï a de plus en plus besoin de s'isoler, d'échapper au groupe.
Des rêves profonds d'une éblouissante beauté mais aussi très sombres l'éveillent à la perception d'un autre monde où libre et amoureuse elle pourrait enfin vivre. Une réalité ?

Ce court roman est d'une forte intensité. J'ai lu les pages de manière frénétique comme Meï à la recherche de son bonheur.
Il est le premier roman de Sophie van der Linden, spécialiste en littérature jeunesse dont je suis une très grande admiratrice.
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