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EAN : 9782283029947
160 pages
Buchet-Chastel (25/08/2016)
3.4/5   67 notes
Résumé :
Au début du siècle dernier, Henri, un jeune artiste, parvient sur l’île de B. après un long voyage. Venu rendre visite à la femme qui s’est détournée de lui, il y séjournera vingt-quatre heures, le temps pour lui de déambuler dans ce paysage envoûtant, et d’y faire des rencontres singulières. Jusqu’à la chute finale, le lecteur chemine à la suite du héros dans cette atmosphère vibrante, rendue par une écriture impressionniste aux multiples résonances.

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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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L'arrivée d'un étranger sur l'île de B. ne peut passer inaperçue et ils seront plusieurs étrangers à se croiser au cours des 24 heures que va y passer Henri.

A partir du moment où il met le pied sur l'île, Henri est remarqué par tous ceux qu'ils croisent, un cuisinier, la grand-mère d'une petite-fille en rouge, ... jusqu'à ce qu'il arrive à la porte de la maison occupée par Youna Talhouet. Trois années qu'il n'a pas vu Youna qui a hérité de la maison de sa grand tante et a repris son activité d'herboriste. Elle s'est aussi mise à écrire, a pris d'elle-même la décision de rester sur l'île, a su gagner sa liberté. Elle ne souhaite pas renouer le lien qui l'unissait à Henri. Elle le lui dit tout en ajoutant qu'elle n'a pas renoncer à lui :
" -- Je n'ai pas renoncé à toi, Henri. J'ai juste répondu à un appel, ou à un instinct, celui d'une liberté. Et depuis, j'ai construit bien des choses ici."
Elle refuse qu'il passe la nuit chez elle car elle risquerait de perdre ce qu'elle a eu tant de mal à conquérir : "J'ai trop lutté pour exister ici, pour exercer ma liberté, ma solitude sans être rejetée, pour être respectée dans mes choix... Je ne peux tout perdre en l'espace d'une nuit." Une nuit, ce pourrait être une vie, fut la seule pensée, fugace, qui vint à l'esprit d'Henri. p 74

Commence alors pour Henri une nuit d'errance qui va être traversée de rencontres inattendues et habitée par des songes, une nuit de douceur et d'angoisse dont l'objet reste diffus.

Un texte fait de fondus enchaînés, de moments de vies qui se croisent, fugaces, sur ce territoire restreint empreint de mystère où adviennent des rencontres pleines d'étrangeté et d'imprévus, des rémanences qui désarçonnent Henri et nourrissent un fond d'inquiétude latente.
Chaque événement, même petit, trouve son prolongement dans un autre qui survient sans qu'au début on puisse les relier. Ils font naître des vibrations multiples qui semblent se réunir à la fin.

La délicatesse de l'écriture, effleurent les choses, les caresse tout en exhumant des violences et des blessures sous-jacentes. Un drame rôde dont le lecteur pas plus que ceux qui participent du récit ne savent ce qu'il est. L'île n'est pas un monde totalement clos, à l'abri.
Le drame ne se concrétisera qu'à la toute fin. Il sera l'aboutissement de cette espèce d'attente d'un évènement qui ressemble au réveil du dragon qu'une légende dit endormi au creux de l'île, qu'une petite vieille aveugle et solitaire a senti proche.

Merci aux éditions Buchet Chastel et à Babelio qui, en me proposant la lecture de ce livre m'ont permis de découvrir Sophie van der Linden, une découverte que je pense poursuivre...
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Bien qu'elle ne réponde plus à ses lettres, Henri a décidé de rejoindre Youna, la femme qu'il aime, sur l'île de B. Cette rencontre que le jeune peintre a tant attendue s'avère pourtant décevante. Youna s'est installée dans la maison de sa grand-tante et a repris son activité d'herboriste. Elle a gagné la liberté et le respect des îliens et ne compte renoncer ni à l'une ni à l'autre en se compromettant avec son ancien amour. Rejeté, Henri erre sur l'île, toute la nuit...

Une île, deux personnages et la fin d'une histoire d'amour...Une petite visite guidée de cet îlot qui vit en autarcie et voit d'un mauvais oeil l'arrivée d'un étranger. Si les lieux son paisibles, la nature resplendissante, on sent une tension latente car malgré son isolement l'île est touchée par l'atmosphère belliqueuse du pays. La France et l'Allemagne sont en passe de se refaire la guerre. Henri vient d'ailleurs d'accomplir pas moins de trois ans de service militaire, souvenir douloureux de la vie de caserne où il a été forcé de mettre sa fibre artistique de côté pour jouer les guerriers. Il a laissé cela derrière lui pour rejoindre la femme qu'il aime, même si elle préfère être seule et libre.
Cette histoire qui dure 24 heures à peine est servie par la belle plume de Sophie van der Linden qui a su rendre vivante cette petite île, ses habitants et ses visiteurs. Par contre, la brièveté de son propos ne lui permet pas de développer la psychologie de ses personnages et la relation amoureuse qu'ils entretiennent. On devine, on imagine, on pressent mais on effleure seulement leurs sentiments, leurs attentes, leurs désirs. Par contre, la fin est magnifique, les dernières pages ont la puissance de la fatalité, du chagrin et du désespoir. A elles seules, elles valent la lecture de ce petit roman qui sans cela aurait été une réelle déception.

Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel.
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A travers le voyage d'un homme venu retrouver la femme qu'il aime et qui ne répond plus à ses lettres, Sophie van der Linden nous invite à la découverte d'une île et la beauté de ses paysages.
Par petites touches, comme un peintre avec ses couleurs, Sophie van der Linden pose ses mots avec délicatesse et nous enveloppe dans un monde raffiné ou tout est suggéré plutôt qu'implicitement exposé. Les rencontres se succèdent faisant de chaque instant un moment de découverte et de partage.
Ce court roman nous immerge dans une journée où tout se joue, l'amour et ses attentes, les rencontres impromptues, les émotions retenues. Il y a peu d'action, il est vrai et c'est peut-être pour cela que j'ai trouvé ce texte tellement beau.
Un roman doux et lumineux comme je les aime.
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Henri, un jeune ouvrier, artiste peintre amateur , venu de Paris, accoste sur l'île de B. Il est venu reconquérir la femme qu'il aime, Youna et dont il est sans nouvelle depuis plus de trois ans, absence consécutive à son service militaire. Il a fait ce long voyage avec un bouquet d'arums quelques peu étiolés maintenant. (Henri connaît-il la signification de l'arum maculatum dans le langage idoine ? : l'ardeur !) Mais Youna l'éconduit, elle préfère vivre seule et jouir d'une certaine liberté . Elle ne l'hébergera pas pour la nuit, car l'île est un microcosme fourmillant redoutable et ici, tout se sait, et elle tient à sauvegarder sa réputation .
Une nuit d'errance donc pour Henrin à la belle étoile, de rencontres, dans un paysage marin attachant, une nuit pendant laquelle il réalise amèrement que Youna ne sera jamais à lui, au petit matin, le piètre bouquet d'arums, filant dans les vagues, confirme, définitivement cette triste évidence.
Il reprendra donc le bateau, le coeur meurtri, mais quand le sloop jette les amarres, il aperçoit une silhouette blanche, qui court, éperdue, sur le môle, qui tente de gagner le bateau. « Une forme, que les mouvements heurtaient rendaient floue, abstraite, grandit encore, muta en une tache turbulente dans le paysage calme, une empreinte vide sur un papier lisse, un accident sur une plaque de métal. » Trop tard, définitivement, trop tard, cruellement, irrémédiablement trop tard car quand le bateau accoste sur le continent, les cloches sonnent le tocsin, c'est le 2 août 1914, la mobilisation générale est décrétée , la suite , faite de drames, de chagrin, on peut l'imaginer sans peine.
Un amour qui ne se concrétisera pas, un amour flou pour l'éternité.
Un petit roman attachant, raffinée, délicat comme un effluve salin.
Sur les pas d'Henri, nous croisons d'autres personnages singuliers, nous assistons à des scénettes pittoresques, nous ressentons leurs sentiments, nous humons l'iode vivifiante , et nous nous imprégnons des multiples parfums cette île à la fois réelle, imaginée et sublimée par Sophie van der Linden .
Un petit texte choisi pour illustré la prochaine réunion de notre club littéraire avec pour thème « l'Amour flou ».

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Ses yeux errent sur le paysage qui défile. Henri arrive en gare de R. et, bouquet d'arums en main, se dirige vers la côte de cette cité bretonne pour embarquer sur un sloop faisant la traversée vers l'île de B.
Troublé et maladroit, il fait tanguer l'embarcation.
L'air iodé le séduit, il s'emplit du bleu de la mer estivale.

« Comment dire le silence ? À l'égal du secret, il est une part dissimulée au monde que personne n'est en droit de forcer. »
Et pourtant, Henri vient chercher des réponses au silence de Youna. Silence qui a investi et envahi l'absence de réponses à ses lettres envoyées lors de sa dernière année de service militaire.
Lui n'a pas choisi le silence.

C'est un homme, un étranger, sur ce sol ilien, et il sera là, à la croisée des vies du coin : un restaurateur dont le contentement jaillit de denrées commandées sur le continent, un coureur qui s'entraîne au marathon, un fermier attentif aux moindres variations de la nature, un touriste musicien qui compose dans la quiétude ilienne…
Obscurité d'un café, craquement des coquillages de la grève sous ses semelles, odeur âcre du goémon, voûte céleste d'une chapelle en ruines. Plaisir de banalités qui jalonnent les quelques heures de jour et de nuit passées sur ce sol.

Il faut se laisser porter par la contemplation, par la beauté de la plume artistique de l'auteure. Tout est effleuré avec finesse et poésie.
Autour de ces retrouvailles pour tenter de remplir l'absence, c'est un cheminement de quelques heures, de quelques pensées, de quelques sensations des uns et des autres. Quelques pages pour saisir au vol des esquisses de vies, effleurer une relation moribonde, percevoir la fragilité de l'instant et de la liberté.
Entre ciel, mer et terre, c'est juste vingt-quatre heures qui s'égrènent sur l'île de B. comme une petite parenthèse pour tenter de saisir l'insaisissable.
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critiques presse (1)
Telerama
16 novembre 2016
Le lecteur pénètre dans le récit comme dans un tableau, un paysage entre ciel et mer dont l'auteur dessine avec une infinie sensibilité les perspectives et les textures, les nuances de couleurs et les variations de lumière.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Levant les yeux vers les frondaisons, Henri regarda au travers d'elles le ciel qui s'éclaircissait encore. Peu à peu, sous l'influence conjuguée de la clarté progressive et de sa concentration, le ciel lui apparut au premier plan. Le fond était désormais devenu figure. C'est le même paysage que je regarde, et pourtant, il m'apparaît tout autre. Je voyais des arbres, et je vois maintenant une surface blanche qui perce sur un fond noir tortueux. Ce ne sont plus des frondaisons qui se détachent du ciel, mais plutôt le ciel qui ménage ses percées. Le dessin des formes se fait par le vide. Voilà comment je dois graver : non plus en me concentrant sur la trace en creux du noir, celui du trait, du dessin, mais en dégageant l'espace autour de ce blanc perçant du fond. C'est le vide que je dois désormais traiter comme une figure. p 108-109
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"J'ai fait une rencontre surprenante dans le train. Un chinois, parlant français. Un peintre, sans doute est-ce pourquoi nous avons engagé la conversation. Dans la peinture chinoise, m'a-t-il expliqué, le spectateur n'est pas extérieur au tableau, il est au contraire plongé dans un paysage qui est une composition de différents lointains. On n'observe pas le paysage, on y séjourne, on s'y promène, on y voisine... C'était étrange, de rencontrer un inconnu, venu de si loin, et de l'entendre parler d'un sujet qui me préoccupe tellement. Cela ressemblait à un rêve... p 53-54
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Une petite fille, vive comme une fusée d'artifice, tache carmin frottée sur papier aquarellé d'un geste sûr, cingla Henri de toute la fraîcheur du déplacement de l'air marin, lui coupant la route aux pieds, pour remonter vers les habitations.
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Il eut l'impression de pénétrer dans la peinture d'un jardin exotique. Henri progressait en ce lieu avec l'émerveillement et la solennité de qui explore un territoire imaginaire voué à se dissoudre. Dans une vaste allée, il se sentit invité secret accueilli en majesté par des arbres-serviteurs. Leurs troncs imposants étaient tachetés comme ceux des platanes, mais de leurs branches, des feuilles longues et souples semblaient saluer Henri, ou s'incliner face à lui. S'en dégageait une odeur particulière, pénétrante, suave sans être sucrée, qui retint le jeune homme. Il respira de tout son être, tâchant de propager ce parfum inédit dans son corps entier.
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La tension physique des efforts requis par la préparation s'effaça lentement. Henri prit enfin la mesure du paysage, de sa situation. De la joie franche que cette préparation, et cette dégustation raffinée mais sauvage, lui procurait. Il eut la soudaine et pénétrante impression de communier avec tout ce qui l'entourait.
Henri se dit que c'était peut-être cela, ou quelque chose qui y ressemble, être libre. Sans doute était-ce exactement ce que Youna était venue chercher ici. Au reste, elle l'avait dit. Il comprit alors à quel point elle pouvait craindre qu'il ne fût une menace. Car sans doute, rien au monde n'était plus précieux que ce sentiment. Ou cet état. Ou cette manière d'être au monde. Et rien, assurément, n'était plus fragile.
Page 122-123
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Vidéo de Sophie Van der Linden
Sophie van der Linden vous présente son ouvrage "Arctique solaire" aux éditions Denoël. Rentrée littéraire janvier 2024.
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Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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