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La Terre mourante (J'ai Lu) tome 4 sur 5
EAN : 9782277218906
252 pages
J'ai lu (04/01/1999)
3.64/5   84 notes
Résumé :
Dans la verte vallée de l'Almery, une vingtaine de magiciens ont établi leurs domaines et coexistent tant bien que mal, obéissant aux principes du Monstrament, un texte de loi écrit bien des éons auparavant.
Là, le résident du manoir de Falu, Rhialto, dit " le Merveilleux ", est passé maître dans l'art de s'attirer l'inimité de ses confrères. Aussi, lorsque ceux-ci profitent de son absence pour lui dérober ses biens, Rhialto fait-il appel au jugement du Monst... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce livre contient trois longues nouvelles qui racontent les péripéties d'un groupe de magiciens verbeux, couards, prétentieux, esthètes et de mauvaise foi vivant sous les flammèches d'un soleil décrépi.

Rhialto est l'un de ces magiciens à la langue bien pendue. Il n'est ni plus puissant, ni plus ni moins honnête que les autres mais c'est lui le héros principal. Il en fallait un dans la bande : cela aurait pu être Ildefonse, Zilifant, Haze de l'Océan Wheary ou Mune le Mage. Je me demande si Jack Vance n'a pas créé d'abord ses personnages puis tiré au sort le héros parmi eux.

Malgré leurs perpétuelles tentatives de coups fourrés, il leur arrive de s'unir plus ou moins face à un danger commun, comme lorsque la Murhe – chantre du féminisme de son temps – veut tous les transformer en sorcières ou lorsque le Rien se met en tête de les avaler. Mais si dans à un moment quelconque l'un de ces magiciens voit l'occasion de gagner un petit avantage, il le saisit sans scrupule. Ah, il est loin le temps des grands Magiciens qui ont fait le renom de la profession. C'était de nombreux Éons auparavant.

"Rhialto le Merveilleux" est le dernier livre consacré à la Terre Mourante. Bien que conservant les dialogues comiques tant ils sont emphatiques, la magie bizarre, les bestioles délurées et les sociétés humaines aux moeurs étranges, il souffre de la comparaison avec ses ainés « Un Monde Magique » et surtout les deux « Cugel ». le personnage de Rhialto est moins charismatique que Cugel. Ce dernier était un chef-d'oeuvre de défauts de toute sorte et, n'étant pas magicien, devait se sortir des situations grâce à sa ruse. Rhialto est plus pédant, sûr de sa force ; c'est un dominant de son époque. On le sent moins menacé par le monde mourant devenu si dangereux pour le commun des mortels.

Et puis il y a peut-être de la lassitude tout simplement. J'ai lu tous les récits de la Terre Mourant sur un an. Et ce cycle possède bien un invariant de ton que l'on retrouve dans les quatre livres. Un invariant, au bout du compte, ça ne varie pas beaucoup, et donc ça peut lasser.

Mais pris en tant que one-shot, pour se détendre après une rude journée de travail, il reste efficace.
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Rhialto le Sérénissime.
Alors que la Terre s'achemine vers sa fin avec l'extinction progressive du Soleil, une coterie de magiciens, décadente et obscure, se côtoie et se jalouse sous les apparats de la bienséance. Rhialto, surnommé le Merveilleux, pour son élégance tapageuse et ses poses infatuées, est le personnage récurrent des trois nouvelles regroupées dans le recueil éponyme. Si Llorio la « Murthe », réincarnation d'une sorcière quasi invincible ensorcelant les hommes et les métamorphosant en femmes assujetties constitue l'entame du récit, cette première nouvelle d'une quarantaine de pages, à la chute expéditive n'a que des vertus apéritives. L'histoire suivante intitulée « Fauhure » de 140 pages constitue le coeur de l'ouvrage et tient toutes ses promesses roboratives et gustatives. Les manigances du magicien Hache-Moncour pour discréditer Rhialto et l'amener à la ruine, dissimulées sous les apparences de la bonhommie bienveillante, sont goûteuses, capiteuses, étourdissantes par la rouerie déployée et les conséquences exacerbées. Afin de retrouver une charte volatilisée qui aurait pu le dédouaner des griefs infondés qui lui sont imposés et le rembourser du pillage de sa propriété (la perte des pierres ioun catalysant la force magique est un préjudice intolérable), Rhialto part dans le passé, s'aventurant à saute-mouton au-dessus des éons, afin de retrouver le manuscrit fondateur qu'Hache-Moncour s'évertue à escamoter quelles que soient les époques traversées. L'ultime nouvelle, « Morreion », une odyssée des magiciens aux confins de l'espace, au bord du Rien, afin de repêcher l'illustre mage Morreion échoué sur une planète prison et récolter une flopée de pierres ioun, n'est pas en reste même si elle décline quant à l'intensité déployée par la précédente aventure comme le soleil soufflé de la Terre mourante ou comme une liqueur ancienne légèrement éventée. Néanmoins, « Rhialto le Merveilleux » clôt avec éclat le cycle de la Terre mourante. L'emphase casuistique volontiers bouffonne, les avancées masquées, les palais volants, les atours chatoyants rappellent un monde déclinant, s'envasant dans les lagunes de l'oubli, telle une Venise resplendissante masquant son inévitable ruine dans un carnaval fantasque et frénétique.
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Jack Vance nous entraine à nouveau sur la Terre sénescente et son soleil mourant. On y retrouve les magiciens qu'il affectionne avec leurs noms improbables et leurs tenues qui ne le sont pas moins :le héros éponyme mais aussi Vermoulian l'Arpenteur de rêves,Byzant le Nécrope etc …. Ils passent leur temps en querelles byzantines,en interminables arguties , en complots embrouillés à l'aide de sorts étranges ( La malédiction de l'Ekystement désespéré ,la Démangeaison lugubre de Lugwiler …. Ça fait peur !) et de serviteurs d'une fidélité douteuse . L'ensemble est amusant.
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Les toutes dernières nouvelles de la Terre Mourante, toujours goûteuses même lorsqu'elles jouent à la caricature.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/12/28/note-de-lecture-rhialto-le-merveilleux-jack-vance/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La magie est une science positive, ou mieux, une activité artisanale dans la mesure où elle vise plus à l’utile qu’à la connaissance. Ceci n’est qu’une considération d’ordre général, car dans un champ d’action aussi vaste, il est évident que chacun a son style propre, et au cours des temps glorieux du grand Motholam, les magiciens philosophes avaient tous essayé de saisir les principes gouvernant ce domaine.
Au bout du compte, ces chercheurs, parmi lesquels figuraient les noms les plus célèbres de la sorcellerie, avaient découvert que la connaissance et la compréhension totales sont hors de portée. Par contre, un effet recherché peut être obtenu par une infinité de moyens dont l’étude nécessite toute une vie de labeur, chacun tirant ses forces d’environnements coercitifs différents.
Les formidables magiciens du grand Motholam avaient l’esprit suffisamment ouvert pour percevoir les limites de la compréhension humaine et diviser leurs efforts vers des problèmes pratiques, ne se lançant dans les recherches abstraites que lorsque toutes les autres voies étaient closes. Voilà pourquoi la magie conserva un fumet d’humanité très net, alors même que les agents qu’elle met en œuvre n’ont rien d’humain. Un bref coup d’œil dans les catalogues de base souligne clairement ce propos ; la nomenclature a une saveur pittoresque et archaïque. Dans le chapitre quatre de l’Introduction à la magie pratique de Killiclaw par exemple, on note, rédigées avec une brillante encre violette, des terminologies comme : la Malepsy Physique de Xarfaggio, la Digitalia Séquestrante d’Arnhoult, la dodécagénérosité de Lutar Nez-de-Cuivre, la Malédiction de l’Enkystement Désespéré, le Froust à l’Ancienne de Tinkler, la Bride des Longs Nerfs de Clambard, l’Ajournement Vert et Pourpre de la Joie, les Triomphes de l’Inconfort de Panguire, la Démangeaison Lugubre de Lugwiler, la Mise en Valeur Nasale de Khulip, l’Infiltration de l’Accord Faussé de Radl.
En essence, un sort correspond à un code, ou ensemble d’instructions, inséré dans le sensorium d’une entité qui peut, et veut bien, modifier l’environnement en accord avec le message introduit dans le sort. Ces entités ne sont pas nécessairement « intelligentes » ni même « sensibles », et leur conduite, du point de vue du néophyte, est imprévisible, capricieuse et même dangereuse.
Les plus souples et les plus coopérantes de ces créatures vont des lents et frêles élémentaires jusqu’aux sandestins. Des entités plus revêches sont connues par le Temuchin sous le nom de « daihaks », parmi lesquels se rangent les « démons » et les « dieux ». La force d’un magicien découle directement des aptitudes des entités qu’il est capable de contrôler. Chaque magicien conséquent emploie un ou plusieurs sandestins. Quelques rares archimagiciens du grand Motholam osaient utiliser les moindres des daihaks. Énumérer les noms de ces magiciens, c’est évoquer merveilles et terreurs. Leurs patronymes riment avec puissance. Parmi les plus célèbres et les plus formidables, on compte : Phandaal le Magnifique, Amberlin I, Amberlin II, Dibarcas Maior (élève de Phandaal), l’Archimage Mael Lel Laio (dont le palais était creusé dans une énorme pierre de lune), les Vapurials, le Collège Vert et Pourpre, Zinqzin l’Encyclopédiste, Kyrol de Porphyrhyncos, Calanctus le Paisible, Llorio la Sorcière.
Comparés à eux, les magiciens du vingt et unième éon formaient un groupe disparate, manquant tout à la fois de grandeur et de logique.
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Et j'ai dit: "Llorio, ta beauté est exceptionnelle, mais tu sembles manquer de cette chaleur provocante qui ajoute une dimension à la femme et attire l'homme vers elle."
La Murthe m'a répondu sèchement: "La qualité dont tu me parles constitue une sorte d'ignoble obséquiosité qui, fort heureusement, est à présent devenue obsolète. Quant à ta prétendue "beauté exceptionnelle", c'est là une abstraction sublime engendrée par la puissante musique de l'esprit féminin que ton esprit grossier réduit à un ensemble de formes agréables."
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Par un frais matin, vers le milieu du vingt-et-unième éon, Rhialto prenait son petit déjeuner sous la coupole est de son manoir de Falu. Se hissant à grand-peine au-dessus de la brume glacée, le vieux soleil jetait une lumière blême et poignante sur Basse Prairie.
Pour une raison qu’il ne parvenait pas à définir, Rhialto n’avait pas faim. Il délaissa l’assiette de cresson, la plaquemine brouillée et la saucisse pour un thé fort et une biscotte. Puis, malgré la dizaine de travaux urgents qui l’attendaient, il s’enfonça dans son fauteuil et laissa errer son regard sur les prés en direction de Bois Jadis.
Dans cet état de vacance, son esprit n’en demeurait pas moins étrangement réceptif. Un insecte vint se poser sur la feuille d’un peuplier tout proche ; Rhialto prit soigneusement note de l’angle formé par ses pattes et de la myriade de reflets rouges que lançaient ses yeux protubérants.
– Intéressant et plein de significations », pensa-t-il.
Après avoir assimilé toute l’importance de l’insecte, il reporta son attention sur le paysage. Il contempla la prairie qui descendait jusqu’à la Ts et la façon dont les herbes se répartissaient. Il étudia l’inclinaison des fûts à la lisière de la forêt, les rayons rubis qui perçaient à travers le feuillage, les ombres indigo et vert foncé. Sa vision était d’une acuité remarquable ; son ouïe n’était pas moins aiguisée… Il se pencha en avant, tendit l’oreille… Qu’était-ce ? Des soupirs ou une musique à peine perceptible ?
Rien. Rhialto se détendit et, souriant de sa propre bizarrerie, se versa une ultime tasse de thé… qu’il laissa refroidir sans y toucher. Une soudaine impulsion le fit se lever ; il passa dans son salon, prit une cape, un chapeau de chasseur et ce bâton connu sous le nom de « l’Infortune de Malfezar ». Puis il convoqua Ladanque, son chambellan et factotum en chef.
– Ladanque, je pars un temps pour la forêt. Prends garde que Cuve Cinq reste bien trouble. Si tu veux, tu peux distiller le contenu du gros alambic bleu dans une bonbonne étanche ; opère à basse température et évite de respirer les émanations, tu te retrouverais couvert de boutons purulents.
– Très bien, monsieur. Et le finasseur ?
– Ne t’en occupe pas. Ne t’approche pas de sa cage. Souviens-toi, ses histoires de vierges et de richesses ne sont que fables. Je crois qu’il ne connaît même pas le sens de ces mots.
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Par essence, un sortilège correspond à un code, ou ensemble d'instructions, inséré dans le sensorium d'une entité capable, et désireuse, de modifier l'environnement en accord avec le message introduit dans ledit sort. Ces entités ne sont pas nécessairement "intelligentes" ni même "sensibles", et leur conduite, du point de vue du néophyte, s'avère imprévisible, capricieuse, voire dangereuse.
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Les interactions humaines, fit Ildefonse d'un ton apaisant, stimulées comme elles le sont par l'instabilité, ne parviennent jamais à l'équilibre. Même dans les transactions les plus avantageuses, l'une des parties - qu'elle s'en rende compte ou pas - doit toujours se résoudre au pire.
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Vidéo de Jack Vance
Extrait du livre audio « Madouc, Lyonesse, T3 » de Jack Vance, traduit par E.C.L Meistermann et Pierre-Paul Durastanti, lu par Marvin Schlick. Parution numérique le 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/madouc-9791035410391/
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