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Pierre Foucher (Traducteur)Gérard Guégan (Éditeur scientifique)
EAN : 9782742700127
272 pages
Actes Sud (18/03/1993)
3.81/5   37 notes
Résumé :

" Je suis un fils typique de ces Allemands inoffensifs qui n'ont jamais été nazis, mais sans qui les nazis ne seraient jamais parvenus à leurs fins. " Horst Krüger, qui avait quatorze ans à l'avènement du IIIe Reich, vingt-six lors de son écroulement, cherche à comprendre, vingt ans après (le livre date de 1964), ce qui lui est arrivé. Méthodiquement, l'écrivain interroge sa mémoire pour ten... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un bon allemand est assurément un roman, d'ailleurs plutôt un témoignage à lire, pour tous ceux que L Histoire et notamment l'Hstoire de l'Allemagne intéressent.
Horst Krüger a 14 ans lors de l'avènement d'Hitler au pouvoir, il en aura 26 à la fin de la guerre. Sa jeunesse sera marquée par Hitler et même plus, ne dira-t-il pas :
" Cet Hitler, nous n'en serons jamais quittes : nous y sommes condamnés à perpétuité ".
Adolescent, il vit dans la banlieue de Berlin, à Eichkamp, à peine à vingt minutes d'U- Bahn.
Cela suffit à les tenir éloigner de cette idéologie du nazisme. Et, ils vont l'accepter sans autre considération.

" Personne n'avait participé au mouvement,personne n'avait été nazi. Cela venait de ce lointain Berlin..." Ce qui est très pertinent, c'est l'analyse qu'il fait. "Les motifs patriotiques jouaient un rôle minime dans l' adhésion de mes parents : la défaite de 1918, la honte du traité de Versailles, ils n'en parlaient pour ainsi dire jamais. Ce n'était pas le passif de l'histoire allemande qui travaillait Eichkamp."
Non, ce qui a permis à l'idéologie nazie de s'inscrire, " C'était cette frousse de redégringoler et voici qu'arrivait quelqu'un qui voulait vous emporter, comme sur des ailes, toujours plus haut. Voilà, c'était trop beau pour y résister "
Ces paroles sont consternantes et désolatrices, pourtant si, on les décortique, quel goût amer laissent-elles dans la bouche!
Les Allemands aimaient Hitler, son avènement s'est fait dans la liesse.
" Et si en 1938 quelqu'un avait levé la main contre Hitler, il n'y aurait pas eu besoin des SS ou la Gestapo pour l'attraper. le peuple lui-même l'aurait condamné comme assassin du Messie"

Horst Krüger écrit ce roman, en 1964, soit vingt ans après la fin de la guerre. Il raconte aussi ses souvenirs de cette amitié avec un camarade demi-juif, à moitié russe qui finira dans l'exaltation d'une autre idéologie, celle du communisme. Pour lui, on sent bien, que qu'elle que soit l'idéologie, tout ça ne mène qu'au désastre.
La dernière partie de ces " confessions" le mènent à Francfort lors du procès d'Auschwitz. Ausschwitz a été longtemps pour lui un mot, un lieu inconnu. Jusqu'à ce qu'il devienne " le Mal en notre temps".
Cruel constat, de l'entendre dire, se demander dans la salle d'audience : Où sont les accusés ?
Soudain, il comprend que " toutes ces personnes sympathiques" qu'il a vues " avant dans la salle" et qu'il prenait " pour des journalistes, des avocats, des spectateurs, ce sont elles les accusés, et qu'il n'y a pas moyen, bien entendu, de les distinguer de nous tous. Elles ressemblent à M. Tout-le-Monde, elles agissent comme M. Tout-le-Monde. Bien fort, qui remarquerai une différence, chapeau ! "

Que dire devant cet effroyable constat !!!!
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Ce livre ne correspond pas à ce que j'attendais. La quatrième de couverture laissait entendre que l'auteur allait réfléchir à partir de ce qu'il avait entendu et vu enfant sur l'attitude des Allemands lamda face au nazisme. Et ce n'est pas ce que j'y ai trouvé.
Hors Kruger ne parle que de lui, de son enfance mais aussi de passages de sa vie adulte. Il fait part de ce qu'étaient ses parents mais avec mépris. Non pas qu'ils aient été nazis, non seulement parce qu'ils étaient de petits bourgeois. Ils auraient pu vivre ailleurs il les aurait jugé de même.
Je n'ai mis trois étoiles que parce que le dernier chapitre rachetait à mes yeux en partie le reste du livre. Kruger y parle du procès d'Auschwitz à Francfort en 1964. Et là son analyse m'a parue juste.
Je ne dis pas que c'est un mauvais livre, simplement qu'il ne correspondait pas à ce qui était annoncé, et quelques j'ai été gênée par son manque d'amour envers ses parents qui avaient juste le tort m'a t'il semblé de ne pas être assez bien pour lui.
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Au mois de novembre 2019, Eva a lancé le mois de littérature allemande. Et j'y ai découvert deux essais. le premier, « Un Allemand de l'Est » de Maxim Leo, a été un coup de coeur. J'ai plus de réserves pour celui-ci, dont comme Patrice , je recommande quand même la lecture. Il a fallu que j'attende le dernier chapitre pour en comprendre toute la portée. En février 1964, Horst Krüger se rend à Francfort en tant que journaliste pour couvrir le procès des Allemands qui avaient travaillé à Auschwitz. Il est sidéré de découvrir que des hommes qui, pendant la guerre, ont commis les pires atrocités sont redevenus des Allemands ordinaires. Et c'est sans doute à partir de cette confrontation qu'il s'est efforcé de retrouver qui il était pendant cette période : « un bon allemand, qui a permis le nazisme sans adhérer complètement à cette idéologie ».

La première partie relate son enfance. Son père est un fonctionnaire qui s'élève peu à peu dans la hiérarchie de son ministère. L'ennuie, la routine, la peur du regard des autres caractérisent son enfance. On pourrait même penser que le nazisme a gagné en Allemagne car c'était un pays où les gens s'ennuyaient et n'avaient rien d'intéressant à faire. Il décrit aussi la domination de la noblesse prussienne qui méprise les gens de basses extractions comme son père. Un ami d'origine juive et russe donne un peu de piquant à sa vie de lycéen. Et puis, il raconte aussi l'horrible suicide de sa soeur qui, ayant avalé des produits toxiques, mourra à petit feu à l'hôpital, ses parents n'ayant qu'un souci maquiller le suicide en mort accidentelle.

La deuxième partie du livre raconte sa guerre et sa prise de conscience si tardive qui le fera quitter le front et se rendre aux troupes alliées. On voit alors, ce qui a souvent été décrit, à quel point, jusqu'au bout, certains Allemands étaient fanatisés et voulaient se battre à tout prix et surtout punir tous ceux qui essayaient de fuir le système.

Puis enfin cette troisième partie sur ce procès des bourreaux ordinaires qui est vraiment passionnante et sonne très juste. Rien que pour ce moment il faut lire Hörst Krüger et espérer que jamais un tel régime ne revoie le jour .
Lien : https://luocine.fr/?p=11359
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Auschwitz, ce nom est devenu une étrange métaphore : celle du Mal en notre temps. Il évoque instantanément le sang, la peur, l'horreur, de la chair humaine martyrisée, carbonisée, des cheminées qui fument et une armée de ronds-de-cuir allemands affairés à comptabiliser tout ça. Auschwitz, c'est comme une nouvelle strophe ajoutée à une danse macabre du Moyen Age: on pense squelettes, ossuaire, faucheuse, linceul et aussi à ce nouveau moyen de mort, le gaz. On dit qu'à notre époque de lumières il n'y aurait plus de mythes mais chaque fois que j'entends ce nom d'Auschwitz, j'ai la sensation que m'effleure un cryptogramme mythique de la mort en notre temps : danse macabre à l'ère industrielle. C'est ici, à Auschwitz, qu'à pris naissance ce mythe de la mort bureaucratisée.
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" L'amour est une force du Ciel", dit l'opérette : contre pareille puissance on ne peut rien. Et bien, c'est avec un sentiment analogue que les gens d'Eichkamp acceuillirent l'avènement du Reich d'Hitler. Comment s'en étonner ? On ne l'avait pas appelé de ses vœux, on ne s'y était pas non plus opposé. Il était là, tout simplement comme arrive une saison : les temps étaient mûrs (ici rien n'était société, tout était nature). Personne n'avait participé au mouvement, personne n'avait été nazi. Cela venait de ce lointain Berlin et flottait maintenant au-dessus d'Eichkamp tel un beau nuage au firmament.
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Dans la lutte contre le mensonge, bien sûr qu’il faut écrire la vérité, et celle-ci ne doit pas être quelque chose d’ordre général, ni d’élevé ou d’équivoque, car tel est justement le mensonge : général, élevé, équivoque.

Bertolt Brecht

(page 9).
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J'éprouve un peu de honte à être issu de cette maison petits-bourgeois, étriquée, défraîchie par les intempéries. J'aimerais être le fils d'un érudit ou celui d'un modeste ouvrier, le fils de Thaelmann ou celui de Thomas Mann, ça ce seraient des positions à tenir, mais voilà, moi, je ne sors que d'Eichkamp. Je suis un fils typique de ces allemands inoffensifs qui n'ont jamais été nazis mais sans qui les nazis ne seraient jamais parvenu à leurs fins. Voilà tout le problème.
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Le criminel et sa victime ont tous deux survécu : leur survie et leur confrontation sont les conditions préalables de ce procès. Ce qui les sépare, aujourd’hui, c’est avant tout la psychologie du souvenir, le mécanisme de l’oubli. Les uns veulent oublier, mais ils ne le peuvent pas, aux autres on demande de se souvenir, mais ils ne le peuvent pas non plus, ils ont tout oublié. De leur vie ils n’ont jamais rien fait que semer leurs radis, construire des jardins d’enfants ou faire du sport. Je me demande quel est le plus grand tourment : se souvenir ou oublier ?
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