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Citations sur Goat Mountain (77)

Le rituel. Ce qu’il permet, c’est de rendre l’horreur normale. Je m’attelais à vider le cerf, je trouvais cela facile, je n’éprouvais déjà plus rien pour lui, pour la vie que j’avais arrachée. La tuerie des quelques minutes précédentes était déjà bien loin dans le passé, protégée. Les hommes calmés, eux aussi. Ne parlant plus, restant debout immobiles, observant comme ils avaient observé une centaine de fois auparavant, et comme ils l’avaient eux-mêmes fait depuis le premier jour où ils étaient devenus des hommes.
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Ils regardaient tous les deux par terre, et je savais que je trouverais le braconnier à leurs pieds. Je n'hésitai pas. Une part de moi-même ne tournait pas rond, et je ne pourrais jamais découvrir la source de tout ceci. Je fus en mesure de marcher jusque-là, de regarder ce corps et, bizarrement, je n'en fus pas davantage bouleversé qu'en regardant la carcasse d'un cerf. Si j'éprouvais quelque chose, c'était de l'excitation. Et c'était peut-être parce que, toute ma vie, j'avais vu quantité de cerfs et d'autres cadavres étendus au sol. Nous étions toujours occupés à tuer quelque chose, c'était comme si nous avions été mis ici-bas pour tuer. 
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« Chacun de nous ressentant une sorte d’élan. Aucune action anodine. Chacun de nos pas, un nouveau pas vers une fin. Je le savais depuis que j’étais en mesure d’avoir des souvenirs. » (p. 15)
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C'est la bête qui fait l'homme. Nous buvons le sang du Christ afin de redevenir des animaux, déchirer les gorges et boire le sang, baigner dans le sang, dévorer la chair, se souvenir de qui nous sommes, tendre vers le passé, revenir. Nous nous rassurons.
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Nous remontâmes dans le pick-up et traversâmes, grimpant sur la berge d’en face, l’habitacle et le plateau tanguant, et je m’accrochais au petit rebord d’une fenêtre latérale, sentant le poids vers l’arrière. Imaginant des chevaux, une époque où nous aurions traversé à cheval, penchés en avant sur nos selles, juste au-dessus d’une crinière, et j’éprouvais de l’amertume à n’avoir jamais connu cette époque. Le monde moderne, tout entier, une aberration. On m’avait donné une télé au lieu d’un cheval, terrible supercherie.
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J'étais entraîné à épauler un fusil et à tirer, désormais impatient de viser ces houppes sombres tandis que les oiseaux déployaient leurs ailes pour atterrir. Chacun d'eux s'arrêtant un instant, mon œil figeant le moment où je viserais et appuierais sur la détente, un moment de perfection, mais je n'avais jamais eu l'autorisation de tuer des oiseaux ici. Pas de détonation qui effraierait les cerfs. Et les cailles disparurent à nouveau dans un buisson, le pick-up avança, et j'éprouvai un regret morne. Une part de moi-même n'aspirait qu'à tuer, constamment et indéfiniment.
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De profondes expirations, des renâclements dans la poussière, et il était comme embourbé là. Je voyais bien qu’une part de lui-même avait juste envie d’en finir, de s’étendre et d’attendre la mort. Une part de lui-même savait que c’était terminé. Je n’avais rien ressenti en tuant le braconnier, mais c’était désormais différent. Je voyais ce que ressentait le cerf, la catastrophe, une si grande perte, aucun espoir de s’en remettre, la fin d’une vie. Je ressentais cette fin. Nous chassons les grands animaux car ce sont eux qui nous ressemblent le plus.
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Mon grand-père affirmait qu'il fallait me tuer et me brûler, je le sais, mais je ne me souviens plus de ce que j'ai ressenti en l'entendant dire cela. Je crois que je n'ai rien ressenti, car je ne me souviens de rien. La colère aurait été une possibilité. En l'absence de compréhension, la colère est toujours une possibilité. Mais je n'aurais jamais éprouvé une reconnaissance, et pour une raison que j'ignore encore, je n'éprouvais aucune peur.
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Aucun de nous ne parvenait à parler. Je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. La clairière lumineuse derrière, et de là, la chute par-dessus le bord du monde, la source de cette brise tandis que plongeait la montagne, et nous n’apercevions qu’un air insipide et d’autres chaînes de montagnes perdues dans le lointain. Le mort dans sa lente vrille devant nous était étrangement capable d’attirer cette distance jusqu’à lui, capable d’incliner le sol sous nos pieds, de tout faire s’effondrer.
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La Bible n'a rien à voir avec dieu. La Bible est le récit de notre éveil, une récupération, un rêve atavique racontant la première fois que nous avons appris la notion de honte dans le jardin, la première fois que nous nous sommes considérés comme différents des autres animaux, et Caïn fut le premier à découvrir que certains d'entre nous ne se réveilleraient jamais. Certains d'entre nous agissent selon leurs instincts, et cela ne changera pas. Les dix commandements dressent la liste de ces instincts qui ne nous quitteront jamais.
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