"Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ?" Depuis quatre mois, cette phrase accompagne des cercles qui surgissent la nuit, tracés à la craie bleue sur les trottoirs de Paris. Au centre de ces cercles, prisonniers, un débris, un déchet, un objet perdu : trombone, bougie, pince à épiler, patte de pigeon... le phénomène fait les délices des journalistes et de quelques psychiatres qui théorisent un maniaque, un joueur. le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, lui, ne rit pas. Il trouve que ces cercles et leur contenu hétéroclite sont de mauvais augure. Il le sait, il le sent : bientôt, de l'anodin saugrenu on passera au tragique.
Ce livre est le premier de la série mettant en scène le commissaire Adamsberg. On découvre le personnage, sa vie avant d'arriver à Paris, ses amours ou plutôt son Amour, celui qu'il porte à Camille, la "petite chérie". Immédiatement on s'attache à cet homme, malgré des attitudes parfois insupportables, comme celle de sortir "prendre l'air" au beau milieu d'une réunion de travail, car marcheur infatigable, les idées ne lui viennent que quand il ne les cherche pas. Mais on ne peut que tomber sous son charme, comme font tous les autres personnages du roman.
Fred Vargas mène le récit d'une main de maître. On suit les théories d'Adamsberg qui paraissent souvent "fumeuses" à son adjoint, Adrien Danglard, aussi méthodique que son chef est "bordélique". On attend avec fébrilité l'apparition des cercles bleus car l'on sent bien que cela ne présage rien de bon.
L'auteur ne centre pas tous ses "chapitres" sur le commissaire ou sur l'enquête. Comme dans ses autres romans, on "partage" l'existence d'une multitude d'autres personnages plus stupéfiants, plus attachants, ou plus agaçants les uns que les autres, mais tout aussi attachants que le commissaire.
Pour qui a déjà lu des romans de
Fred Vargas, il est inutile de préciser que la fin est aussi surprenante que les méthodes d'investigation peu orthodoxes de son héros de commissaire.
J'avais déjà lu pratiquement tous les romans de Vargas où apparaît Jean-Baptiste Adamsberg. Je connaissais donc déjà la singularité du personnage, un policier complètement improbable et qui pourtant parvient à résoudre les affaires les plus difficiles grâce à une espèce de faculté à analyser les caractères pour en déduire des comportements et des agissements souvent incompréhensible pour le commun des…policiers. Il y est aidé par un adjoint brillant, certes, mais totalement inefficace dès le début de l'après-midi, heure à laquelle il "s'autorise" ses nombreux petits verres de blanc et par une cohorte d'enquêteurs tous plus étranges les uns que les autres. Il n'en reste pas moins que ce commissariat, ressemblant parfois à s'y méprendre à un asile d'aliéné, a une réputation d'infaillibilité dans le milieu policier international. Ce qui m'a étonnée dans ce premier volet, c'est la part très importante laissée au côté psychologique de l'affaire et que l'on retrouve de façon beaucoup moins prégnante dans les suivants. C'est aussi ce qui m'a fait l'apprécier tout autant que les autres. Sans compter que j'ai pu ainsi faire la connaissance de ces messieurs qui m'avaient déjà charmée mais dont j'ignorais bien des choses…