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sur 1813 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Ayant profité des derniers rayons d'un soleil printanier, Adamsberg revenait juste d'une de ses errances en bord de Seine, encore vaseux de quelque idée toujours dans l'oeuf, les vêtements froissés et le sourcil froncé.
Sur son passage, Retancourt, inhabituellement soucieuse l'interrogea :
- Tout ne va pas si mal, n'est-ce pas ?
- Je crains que ce ne soit sérieux cette fois.
Adamsberg soupira et saisissant la tasse que lui tendait Estalère, s'assit au fond de la salle du Chapitre.
Un à un les membres de la brigade le rejoignirent à la grande table. La Boule fut portée des genoux de Froissy à la photocopieuse providentiellement allumée. On poussa les coussins que Mercadet avait laissés de son précédent somme. On libéra une chaise de son amas de feuilles éparses et le commissaire commença :
- C'est Fred.
Les têtes se relevèrent. Veyrenc étouffa un gémissement et Froissy se mit à ouvrir frénétiquement les papillotes en chocolat qu'elle avait apportées pour accompagner le café.
Danglard osa :
- Tu ne nous apprends rien. 508 pages de purée de pois.
- Une succession éreintante de modus operandi dialogués, ajouta Mordent
- Modi operandi, corrigea Danglard. Mais il a raison. C'est bien simple, Jean-Baptiste, on croirait que tu organises une colonie de vacances. Tu passes ton temps à indiquer à chacun où il doit aller, ce qu'il doit faire, à quelle heure, quand et quoi il doit manger. Un vrai petit logisticien. Ca te va comme un gant, tu imagines !
- Elle a fait de moi un sumo sans âme ! s'indigna Retancourt pourtant habituellement avare de débordements d'émotions. Je n'interviens que pour courir et sauter de tout mon poids sur le corps d'affreux bandits que je désarme. Alors que mon personnage recelait tant de finesse et de subtilité auparavant !
- Pauvre Violette ! compatit Estalère.
- Et ce déploiement gratuit de forces armées, renchérit Noël. Depuis quand a-t-on besoin d'hélicos, de renforts et de tout ce bordel ? Surtout quand on voit le résultat ! Tout ça pour remplir de la page !
En les écoutant, Adamsberg caressait les stries d'un coquillage qu'il avait exhumé du fond de l'une de ses poches. Il s'attachait à sentir du bout de la pulpe de chacun de ses doigts l'alternance de pleins et de creux que proposait sa convexité.
- Vous avez parfaitement raison, Noël. Et elle ne nous a pas habitués à cela. Je suis inquiet.
Danglard reprit :
- Et voyez comme elle a dilapidé Combourg. le berceau du romantisme, le charme puissant des vieilles pierres qui abritent leur lot de souffrances et de morts. le gouffre qui existe entre les bermudas des touristes à glace et l'ambition de qui proclame
Qu'il en est des douleurs comme des patries, chacun a la sienne
- La Rochefoucauld, tenta Veyrenc
- Chateaubriand, le tança Danglard. Et de cette tension potentielle, de cette corne d'abondance débordant de spectres, de machicoulis, de drapés tragiques et de mèches au vent, que fait-elle ? Rien ! Elle nous bâcle trois phrases qui ne campent pas une ambiance. Elle transforme l'aubergiste en druide de pacotille et passe son temps à nous mettre à table.
- Ah ça, c'est sûr, qu'est-ce qu'on mange ! tenta de plaisanter Mordent. Toutes les deux pages ou plus. Des pique-niques raffinés, des encas, des…
- du brocolis gratiné au roquefort ! le pauvre ! Et tout de même, placer son enquête en Bretagne et appeler la spécialité du chef « mini-crêpes », c'est suicidaire, s'exclama Froissy. Elle va se mettre à dos tous les brezhonegers !
Suicidaire. Lentement l'oeuf de l'idée qu'Adamsberg avait couvé dans ses déambulations en bord de Seine commença à se réchauffer, se fendiller peut-être.
- J'ai discuté avec un ami hier. Phil. Il a un peu côtoyé Fred, ils sont de la même branche. Il a lu lui aussi et, avec ses arguments, il nous rejoint.
- Il nous rejoint sur quoi ?
- Sur la purée de pois
- Et il en pense quoi de cette purée ?
- Qu'elle colmate tout sans rien ouvrir. D'habitude, on patauge dans un incertain nébuleux qui permet d'ouvrir des échappées. On s'enfonce jusqu'à s'envoler. Là, on ne se perd même pas. On enchaîne les péripéties comme un joueur en ligne les niveaux. On accumule des rangs de courses poursuites, des briques de meurtres et on fait des pages et des pages de murs.
- Qui nous enserrent
- Qui ne nous enfoncent dans rien de vif
- Qui ne nous envoleront jamais
- Oui
- Vous croyez que c'est fait exprès, commissaire ?
- Je me demande, Estalère. J'ai le poussin d'une idée qui s'émeut quand j'y songe.
Mercadet faisait défiler les pages de son livre sur son écran.
- Page 187, commissaire, vous « tamponn[ez] doucement les yeux de la jeune femme »
- Sans la connaître ? alors qu'elle est aux prémices d'un deuil cruel ? Comment Fred a-t-elle pu croire que j'aurais osé ?
- Page 256, devant un nième cadavre, vous qualifiez le meurtre de « l'erreur. L'erreur qu'on attendait. »
- Quelle inhumanité ! souffla Veyrenc
- Page 274, Johan se découvre opportunément goûteur dans un passé enfoui ce qui lui permet de délivrer l'information dont vous aviez besoin. Page 317, c'est Josselin qui révèle le véritable motif de ses balades à champignons et, comme de juste, ça tombe à pic pour faire avancer l'enquête. Page 350…
On ne l'arrêtait plus. Les pages défilaient de plus en plus rapidement dans la lueur bleutée de son écran.
- Je crois que l'on a saisi l'esprit de ce que vous avancez, Mercadet, le coupa Danglard. Une telle accumulation de ficelles, une telle nonchalance dans l'improbable ne peut être le fait du seul hasard. Ou de l'amateurisme. C'est un appel.
- de quel mal étrange Fred est-elle atteinte ? Quel monstre furieux
Indomptable taureau, dragon impétueux
a donc pris possession de son être ? demanda Veyrenc
- Quelle obstinée Arachné la retient prisonnière de ses soies ?
- Est-ce le ressac écrasant des piapias médiatiques ? L'éreintement d'un talent qui aura trop puisé à la coupe de nos rêves ?
Noël reposa brutalement sa tasse de café sur la vieille table éraflée.
- C'est bien joli tous vos mots, mais ça ne nous dit pas comment la sauver. Et là, on est tous d'accord, le temps presse.
- Il faut la retrouver
- La ramener à la Brigade
- On lui fait de la place
- A côté de la machine à café
- On la nourrira à la becquée
- La Boule lui ronronnera sa trame
- On la cachera
- Jusqu'à ce que ça aille mieux
- Qu'elle retrouve le fil
- de ses nuées
- Et personne ne viendra la déloger
- le secret sera bien gardé
- Entre les lecteurs et nous
- En route !
(…)
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C'est Fred Vargas qui a écrit Sur la dalle, et c'est l'unique raison pour laquelle je n'ai pas abandonné ce roman avant même d'en avoir atteint la moitié. Je l'ai acheté et attaqué le jour de sa sortie : je l'attendais avec une grande impatience ! Bon, le précédent n'était déjà pas terrible, nettement au-dessous de ce que l'autrice avait fait jusque-là. Mais justement, il y a six ans de ça, et je ne pouvais m'empêcher d'espérer le meilleur de cette pause. D'autant que le début était prometteur : un meurtre prétendument commis par le fantôme d'un boiteux dans un village breton, meurtre dont Adamsberg prendra connaissance dans le journal. Cette histoire attire son attention parce qu'il connaît la région, et même le village : Louviec. Et ça se gâte dès le deuxième chapitre dans un laborieux et difficile retour en arrière…
***
La première intrigue, les meurtres qui ont lieu dans le village, va se doubler d'une autre, qui met en scène, bien mal, une équipe de truands qui ne peuvent pas faire illusion une seconde. C'est grandguignolesque… et ennuyeux. Je n'ai pas retrouvé ici la verve habituelle de Fred Fargas, ni son talent pour les intrigues alambiquées, mais bien ficelées. Les dialogues creux abondent, les développements inutiles aussi et les personnages « secondaires » que j'aime tant jouent les utilités ou ne sont pas reconnaissables tant ils sont transparents ou caricaturaux… Trois critiques seulement sur Babelio aujourd'hui 21 mai 2023, peut-être parce que c'est si difficile d'exprimer une telle déception quand elle vient de quelqu'un qu'on aime et qu'on admire, ou peut-être, tout bêtement, parce que c'est trop tôt. Je vous renvoie à la superbe critique en forme de pastiche que @4bis a publiée : on y trouve toute l'inventivité qui manque à ce roman, beaucoup d'humour et aussi une grande bienveillance, ce qui franchement n'était pas facile à éprouver en l'occurrence !
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Que dalle !
Je l'avais pourtant moi, la dalle, après 6 ans d'attente pour découvrir la nouvelle enquête d'Adamsberg, commissaire lunaire aux intuitions improbables de polars animaliers.
Ce flic contemplatif, allergique à la raison, qui cherche la vérité dans l'anodin, qui n'a pour seule méthode que de « pelleter les nuages », me manquait dans une société pressée qui ne jure que par des process innovants et agiles. J'aimais aussi la rébellion sous-jacente dans sa brigade qui opposait les positivistes ulcérés par l'absence de cadre et de méthode et les adeptes, focus sur les résultats qui acceptaient que dans l'esprit d'équipe, il y avait surtout un esprit… libre.
Les romans de Fred Vargas n'ont jamais brillé par leur réalisme. Les scénarios sont aussi bancals qu'une table de jardin et les dénouements tirés par la tignasse. Les récits précédents tenaient selon moi grâce à ces personnages décalés et aux intrigues originales qui mêlaient superstitions en sabots et curiosités de la nature.
Hélas, plus Fred Vargas s'engage pour la planète, moins elle semble s'intéresser à ses personnages et cette enquête chouchen se boit comme un verre d'eau tiède. Un manque d'humeurs, une pénurie de tensions, une grève d'âmes tourmentées qui ne camouflent plus les invraisemblances de l'histoire.
Pourtant, tous les ingrédients qui ont fait le succès des précédents romans figurent bien dans la recette.
Au Zoo Vargas, après les pigeons, les loups plus ou moins garou, les cerfs, les araignées, les chauves-souris sous perfusion, les bovidés sacrifiés, place aux puces trop savantes pour rester sur des chiens stupides et qui préfèrent piquer des cadavres. Ce n'est pas Beauval, Pandi-Panda, mais Fred Vargas affectionne les bestioles.
Au rayon folklorique, la Bretagne ça vous gagne, et nous avons droit à une légende locale de boiteux, à des rumeurs qui fleurent bon le lisier des petits patelins, à des clubs tupperware de sorcières et à une dalle qui fait office de tapis de yoga pour le commissaire méditatif.
Au stand des bizarreries, un descendant cloné De Chateaubriand qui semble s'être échappé de son outre-tombe pour l'occasion, un bossu qui ne l'est plus et un aubergiste aux menus pantagruéliques.
Hélas, comme si l'intrigue ressemblait trop à un téléfilm de France 3 du samedi soir, genre « Meurtre à Triffouilly-les-Oies » financé par un office du tourisme et un conseil régional en mal de bus de clubs de troisième âge, le récit bifurque à mi-parcours des chemins vicinaux bucoliques pour des sentiers rabattus... d'une battue à tueurs à gages kamikazes.
C'est cette sur-intrigue clownesque qui gâche pour moi la seconde partie du roman et qui frise la parodie avec ces bataillons de gendarmes ridicules qui arrivent et qui repartent sans cesse pour sécuriser un village de quelques âmes.
Présomption de remplissage, Fred Vargas ne semble pas croire davantage à l'histoire qu'elle raconte qu'à l'avenir de l'humanité à qui elle promet l'apocalypse climatique.
Est-il possible à un personnage attachant d'échapper à son créateur quand ils n'ont plus rien à se dire ?

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Apres six ans sans nouvelles de lui, je me réjouissais de ces retrouvailles avec Adamsberg! Eh bien, elles ont été décevantes, à mon grand regret...

Certes, les enquêtes du commissaire lunaire ont toujours été alambiquées, et, reconnaissons-le, peu vraisemblables. Mais je me laissais prendre au jeu de ses intuitions surprenantes, ses idées vagues qui finissaient par relier les fils épars de l'énigme. J'aimais sa nonchalance, son empathie, et l'originalité de son fonctionnement d'esprit. Je lui pardonnais ses errances rocambolesques et son fouillis de pensées et d'actions.

Mais ici, non, je n'ai plus adhéré à l'histoire! L'enquête, qui se déroule dans un village près de Combourg, en Bretagne, part dans toutes sortes de directions, plus détonnantes les unes que les autres, de puces sautant d'une victime à la suivante à un sosie ( descendant ?) De Chateaubriand, d'un faux bossu à un Boiteux sanguinaire, et je n'ai cité que quelques aspects de cette intrigue abracadabrantesque. de nombreux passages m'ont ennuyée, ce qui ne s'est jamais produit pour ses précédents livres.

Même Adamsberg, le grand atout de l'auteure, m'a agacée, avec ses " Je ne sais pas" répétitifs, et ses tics pourtant connus. Justement, je pense que c'était pour moi l'enquête de trop. Évidemment, c'est un ressenti tout personnel, mais je constate avec une certaine tristesse que ma rupture avec Adamsberg est bel et bien arrivée. Adieu donc, l'ami...
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C'est le septième épisode des enquêtes de Jean-Baptiste Adamsberg que je lis, plus de cinq ans après la parution de « Quand sort la recluse ».

Et je ne peux que réitérer les remarques que j'écrivais à l'époque … S'il y avait une Palme d'or de l'invraisemblance en matière d'administration policière, Fred Vargas aurait droit à une Palme d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

Imagine-t-on en effet le déplacement d'une partie de la brigade criminelle de Paris vers un obscur village de Bretagne, l'envoi par hélicoptère de renforts considérables, et surtout une série de cinq meurtres dans un territoire de quelques kilomètres ?

Passons sur les innombrables personnages destinés à égarer le lecteur, tous dotés de prénoms et de patronymes terriblement celtiques, le classique entrelacement de deux intrigues n'ayant qu'un seul et tardif point de contact, le personnage central du village affublé d'un physique étonnant – mais on connaît un chanteur qui a exactement la voix d'un célèbre rocker récemment disparu …

En fait, le début du polar est bien long avant le démarrage effectif de l'action … il faut donc s'accrocher. Ensuite, devant le foisonnement des suspects possibles, on se prend au jeu et on pousse la lecture pour avoir, dans les toutes dernières pages – c'est la loi du genre : le commissaire apparemment balourd délivre le résultat de ses déductions tortueuses devant l'ensemble des protagonistes réunis (y compris le meurtrier) à la manière d'Hercule Poirot. Classique.

Reste le style inimitable de Vargas et ses « marqueurs » habituels : les adjoints d'Adamsberg et leurs talents cachés (Violette Retancourt et ses prouesses physiques étonnantes, Mercadet l'informaticien hypersomniaque, mais pour une fois sans Adrien Danglard resté à Paris), le rôle éminent des animaux et leur éthologie, des plus petits aux plus gros, le mode de raisonnement aussi filandreux qu'efficace du commissaire …

Plus de 500 pages, c'est beaucoup pour un dénouement totalement loufoque. J'ignore comment les Bretons vont apprécier la façon dont on les affuble de clichés pas toujours très positifs …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Six ans … il aura fallu attendre six ans pour que Fred Vargas renoue avec le roman policier.
On s'est tellement attaché à ses personnages, Adamsberg, Retancourt, Valberg et tous les autres que les retrouvailles ne pouvaient être que heureuses.
Oui mais voilà, Fred Vargas nous a posé un lapin.
Elle tente de nous embarquer dans une histoire de superstition bretonne un peu mystérieuse, mais qui très vite manque de souffle et pour donner un peu d'épices à ce plat qui va s'avérer très fade, elle embarque une bande de petits malfrats qui ne fait pas pour autant prendre la mayonnaise. Et pour achever le tableau, un final surprenant qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe.

Bref, une histoire sans queue, ni tête, très alambiquée, qui s'étire en longueur à en devenir ennuyeuse et qui n'a pas assouvi ma faim. Fred Vargas nous a habitué à mieux. L'écriture n'est pas là et elle nous livre un brouillon d'histoire.

Si vous voulez découvrir l'univers de Vargas, ce n'est pas le livre qu'il vous faut. Quand sort la recluse, L'homme aux cercles bleus, Sous les vents de Neptune, Pars vite et reviens tard … ne vous laisseront pas sur la dalle.
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Même impression que pour le précédent que j'avais lu, Quand sort la recluse.

Alambiqué, plein de répétitions, la clé du mystère me paraît tirée par les cheveux, certaines situations sont invraisemblables, et les personnages sont plus archétypaux à chaque épisode.

Dommage, j'aurais aimé retrouver le plaisir de mes premières lectures de Fred Vargas, que ce soit les enquêtes des trois évangélistes, ou les titres avec Louis Kehlweiler, qui semblent n'être plus réédités.

Est-ce moi qui ait changé ? Je n'ose pas les relire de peur d'être déçue...
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Il fallait bien que cela arrive : j'ai trouvé ce Adamsberg mauvais ; mais ce n'est que mon avis. A part le premier, « l'homme aux cercles bleus » avec lequel j'ai eu du mal, un nouveau Vargas c'était une fête intérieure. le jouet est cassé et je le crains définitivement cassé. Mais restons optimiste on peut se tromper une fois.
L'Adamsberg de cette dalle est un ersatz d'Adamsberg, un chtgpt d'Adamsberg, une caricature d'Adamsberg mais qui n'en a plus le goût.
Tant qu'à l'histoire elle n'a pas beaucoup d'intérêt et je me suis même désintéressé du coupable, c'est dire ! Un naufrage pour moi donc. Un comble pour un roman sur la Bretagne. Si j'étais drôle je dirais que je suis resté sur ma faim et qu'à la fin j'avais toujours la dalle.
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L'avantage d'avoir découvert Fred Vargas et Adamsberg sur le tard, avec "Quand sort la recluse" est que cela m'a permis de combler le vide entre la publication de ce dernier et "Sur la Dalle" par la dévoration de toutes les enquêtes que je ne connaissais pas du pelleteur de nuages et je les ai toutes adorées, à l'exception peut-être de "L'Homme à l'envers", mais ceci est une autre histoire.
Il n'empêche que les affaires qui mettent en scène le commissaire se lisent promptement, qu'elles commencent pas se savourer avant de se voir englouties goulument au creux des nuits blanches de lectures et de frissons délicieux et que donc moi aussi j'attendais avec empressement la publication d'un nouveau volume de ses enquêtes.
Quand la sortie de "Sur la dalle" est devenue officielle, certaine, j'ai clairement frôlé l'hyperventilation. Quand j'ai entraperçu sa couverture flanquée d'une photo en noir et blanc représentant la lande, un ciel nuageux et un dolmen, j'en suis presque tombée en pâmoison: pour l'amoureuse de la Bretagne et des terres celtes que je suis, pour la férue de légendes celtes qui sommeille en moi, cette couverture, c'était une promesse, un serment. Quand j'ai eu le livre entre les mains... mon coeur a manqué un battement.
Enfin! Enfin retrouver Adamsberg, Danglard, Veyrenc, Retancourt, Noël et les autres; retrouver ces enquêtes fantaisistes, poétiques presque, souvent capillotractées mais menées de main de maître... Renouer avec ce mélange de réalisme et de fantaisie, ce monde en lisière où le crime se mêle souvent au folklore et l'imaginaire au béton...
J'avais des attentes et peut-être est-ce là que le bât blesse, car elles ont été déçues. Bien que "Sur la dalle" ne soit pas la pire des lectures (tout de même!) je n'y ai pas retrouvé la magie, le suspense et l'efficacité des opus précédents...
C'est comme si le charme s'était soudain rompu, que la mécanique ne fonctionnait plus et j'ai eu l'impression de me trouver face à un roman où tout était forcé, poussif. Une fin de course. Une contrefaçon maladroite. C'est comme si tout ce qui faisait le génie des enquêtes précédentes avait soudain été caricaturé, jusqu'à l'absurde. Fred Vargas ne nous épargne en effet aucun cliché et là où elle avait le talent de les rendre poétiques et intéressants, d'en faire une matière surprenante et propice au suspense, à l'atmosphère, là... on frôle l'indigestion voire le ridicule entre la légende horrifique, les festins gargantuesques d'un aubergiste qui manque de finesse dans sa construction, le descendant de ce bon vieux Chateaubriand avec son impeccable catogan, la sorcière et le bossu, la secte des ombristes et les marcheurs d'ombre... C'est trop et ni Adamsberg ni ses comparses ne parviennent à rattraper le coup tant ils semblent effacés, lointains, comme si nous n'avions d'eux dans le roman que leurs contours un peu flous... Je les ai trouvés si peu présents que j'en ai ressenti de la peine tout comme ma déception m'attriste énormément. Je n'aime pas être déçue par ce(ux) que j'aime et pourtant...
Et puis, ça manque furieusement de Danglard, cette aventure bretonne.
Peut-être que Fred Vargas en a assez, après tout, de cet univers, de cet Adamsberg dont on doit lui rabattre les oreilles.
Peut-être qu'elle n'y croit plus.
Peut-être aussi n'est-ce qu'un accident et qu'il y aura un prochain à la hauteur de "Pars vite et reviens tard", "Sous les vents de Neptune", "Dans les bois éternels", "L'armée furieuse" ou encore "Un lieu incertain"?
Dans ce cas, je serai au rendez-vous, bien sûr et j'espère de tout coeur des retrouvailles à la hauteur...

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J'ai quand même l'impression désagréable que Fred Vargas qui nous a habitués à bien mieux, s'est elle-même perdue dans ce labyrinthe breton incohérent et surtout, ce qui est plus gênant, invraisemblable. Tout est cousu de fil blanc et tiré dans tous les sens mais impossible d'y croire vraiment. On s'imagine dans un film en noir et blanc des années 60 et tout à coup, un peu de technologie récente nous ramène à la réalité de 2023. C'est maladroit et agaçant. Même nos personnages connus et aimés semblent désincarnés, c'est triste à dire. Bref, voici un roman attendu, qui se vend bien parce que attendu, et qui ne vaut pas tripette, hélas ! ... On tourne un rond en attendant la délivrance, en espérant, en vain, qu'il se passe enfin quelque chose, mais c'est raté ...
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