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3,3

sur 1812 notes
Ayant profité des derniers rayons d'un soleil printanier, Adamsberg revenait juste d'une de ses errances en bord de Seine, encore vaseux de quelque idée toujours dans l'oeuf, les vêtements froissés et le sourcil froncé.
Sur son passage, Retancourt, inhabituellement soucieuse l'interrogea :
- Tout ne va pas si mal, n'est-ce pas ?
- Je crains que ce ne soit sérieux cette fois.
Adamsberg soupira et saisissant la tasse que lui tendait Estalère, s'assit au fond de la salle du Chapitre.
Un à un les membres de la brigade le rejoignirent à la grande table. La Boule fut portée des genoux de Froissy à la photocopieuse providentiellement allumée. On poussa les coussins que Mercadet avait laissés de son précédent somme. On libéra une chaise de son amas de feuilles éparses et le commissaire commença :
- C'est Fred.
Les têtes se relevèrent. Veyrenc étouffa un gémissement et Froissy se mit à ouvrir frénétiquement les papillotes en chocolat qu'elle avait apportées pour accompagner le café.
Danglard osa :
- Tu ne nous apprends rien. 508 pages de purée de pois.
- Une succession éreintante de modus operandi dialogués, ajouta Mordent
- Modi operandi, corrigea Danglard. Mais il a raison. C'est bien simple, Jean-Baptiste, on croirait que tu organises une colonie de vacances. Tu passes ton temps à indiquer à chacun où il doit aller, ce qu'il doit faire, à quelle heure, quand et quoi il doit manger. Un vrai petit logisticien. Ca te va comme un gant, tu imagines !
- Elle a fait de moi un sumo sans âme ! s'indigna Retancourt pourtant habituellement avare de débordements d'émotions. Je n'interviens que pour courir et sauter de tout mon poids sur le corps d'affreux bandits que je désarme. Alors que mon personnage recelait tant de finesse et de subtilité auparavant !
- Pauvre Violette ! compatit Estalère.
- Et ce déploiement gratuit de forces armées, renchérit Noël. Depuis quand a-t-on besoin d'hélicos, de renforts et de tout ce bordel ? Surtout quand on voit le résultat ! Tout ça pour remplir de la page !
En les écoutant, Adamsberg caressait les stries d'un coquillage qu'il avait exhumé du fond de l'une de ses poches. Il s'attachait à sentir du bout de la pulpe de chacun de ses doigts l'alternance de pleins et de creux que proposait sa convexité.
- Vous avez parfaitement raison, Noël. Et elle ne nous a pas habitués à cela. Je suis inquiet.
Danglard reprit :
- Et voyez comme elle a dilapidé Combourg. le berceau du romantisme, le charme puissant des vieilles pierres qui abritent leur lot de souffrances et de morts. le gouffre qui existe entre les bermudas des touristes à glace et l'ambition de qui proclame
Qu'il en est des douleurs comme des patries, chacun a la sienne
- La Rochefoucauld, tenta Veyrenc
- Chateaubriand, le tança Danglard. Et de cette tension potentielle, de cette corne d'abondance débordant de spectres, de machicoulis, de drapés tragiques et de mèches au vent, que fait-elle ? Rien ! Elle nous bâcle trois phrases qui ne campent pas une ambiance. Elle transforme l'aubergiste en druide de pacotille et passe son temps à nous mettre à table.
- Ah ça, c'est sûr, qu'est-ce qu'on mange ! tenta de plaisanter Mordent. Toutes les deux pages ou plus. Des pique-niques raffinés, des encas, des…
- du brocolis gratiné au roquefort ! le pauvre ! Et tout de même, placer son enquête en Bretagne et appeler la spécialité du chef « mini-crêpes », c'est suicidaire, s'exclama Froissy. Elle va se mettre à dos tous les brezhonegers !
Suicidaire. Lentement l'oeuf de l'idée qu'Adamsberg avait couvé dans ses déambulations en bord de Seine commença à se réchauffer, se fendiller peut-être.
- J'ai discuté avec un ami hier. Phil. Il a un peu côtoyé Fred, ils sont de la même branche. Il a lu lui aussi et, avec ses arguments, il nous rejoint.
- Il nous rejoint sur quoi ?
- Sur la purée de pois
- Et il en pense quoi de cette purée ?
- Qu'elle colmate tout sans rien ouvrir. D'habitude, on patauge dans un incertain nébuleux qui permet d'ouvrir des échappées. On s'enfonce jusqu'à s'envoler. Là, on ne se perd même pas. On enchaîne les péripéties comme un joueur en ligne les niveaux. On accumule des rangs de courses poursuites, des briques de meurtres et on fait des pages et des pages de murs.
- Qui nous enserrent
- Qui ne nous enfoncent dans rien de vif
- Qui ne nous envoleront jamais
- Oui
- Vous croyez que c'est fait exprès, commissaire ?
- Je me demande, Estalère. J'ai le poussin d'une idée qui s'émeut quand j'y songe.
Mercadet faisait défiler les pages de son livre sur son écran.
- Page 187, commissaire, vous « tamponn[ez] doucement les yeux de la jeune femme »
- Sans la connaître ? alors qu'elle est aux prémices d'un deuil cruel ? Comment Fred a-t-elle pu croire que j'aurais osé ?
- Page 256, devant un nième cadavre, vous qualifiez le meurtre de « l'erreur. L'erreur qu'on attendait. »
- Quelle inhumanité ! souffla Veyrenc
- Page 274, Johan se découvre opportunément goûteur dans un passé enfoui ce qui lui permet de délivrer l'information dont vous aviez besoin. Page 317, c'est Josselin qui révèle le véritable motif de ses balades à champignons et, comme de juste, ça tombe à pic pour faire avancer l'enquête. Page 350…
On ne l'arrêtait plus. Les pages défilaient de plus en plus rapidement dans la lueur bleutée de son écran.
- Je crois que l'on a saisi l'esprit de ce que vous avancez, Mercadet, le coupa Danglard. Une telle accumulation de ficelles, une telle nonchalance dans l'improbable ne peut être le fait du seul hasard. Ou de l'amateurisme. C'est un appel.
- de quel mal étrange Fred est-elle atteinte ? Quel monstre furieux
Indomptable taureau, dragon impétueux
a donc pris possession de son être ? demanda Veyrenc
- Quelle obstinée Arachné la retient prisonnière de ses soies ?
- Est-ce le ressac écrasant des piapias médiatiques ? L'éreintement d'un talent qui aura trop puisé à la coupe de nos rêves ?
Noël reposa brutalement sa tasse de café sur la vieille table éraflée.
- C'est bien joli tous vos mots, mais ça ne nous dit pas comment la sauver. Et là, on est tous d'accord, le temps presse.
- Il faut la retrouver
- La ramener à la Brigade
- On lui fait de la place
- A côté de la machine à café
- On la nourrira à la becquée
- La Boule lui ronronnera sa trame
- On la cachera
- Jusqu'à ce que ça aille mieux
- Qu'elle retrouve le fil
- de ses nuées
- Et personne ne viendra la déloger
- le secret sera bien gardé
- Entre les lecteurs et nous
- En route !
(…)
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C'est Fred Vargas qui a écrit Sur la dalle, et c'est l'unique raison pour laquelle je n'ai pas abandonné ce roman avant même d'en avoir atteint la moitié. Je l'ai acheté et attaqué le jour de sa sortie : je l'attendais avec une grande impatience ! Bon, le précédent n'était déjà pas terrible, nettement au-dessous de ce que l'autrice avait fait jusque-là. Mais justement, il y a six ans de ça, et je ne pouvais m'empêcher d'espérer le meilleur de cette pause. D'autant que le début était prometteur : un meurtre prétendument commis par le fantôme d'un boiteux dans un village breton, meurtre dont Adamsberg prendra connaissance dans le journal. Cette histoire attire son attention parce qu'il connaît la région, et même le village : Louviec. Et ça se gâte dès le deuxième chapitre dans un laborieux et difficile retour en arrière…
***
La première intrigue, les meurtres qui ont lieu dans le village, va se doubler d'une autre, qui met en scène, bien mal, une équipe de truands qui ne peuvent pas faire illusion une seconde. C'est grandguignolesque… et ennuyeux. Je n'ai pas retrouvé ici la verve habituelle de Fred Fargas, ni son talent pour les intrigues alambiquées, mais bien ficelées. Les dialogues creux abondent, les développements inutiles aussi et les personnages « secondaires » que j'aime tant jouent les utilités ou ne sont pas reconnaissables tant ils sont transparents ou caricaturaux… Trois critiques seulement sur Babelio aujourd'hui 21 mai 2023, peut-être parce que c'est si difficile d'exprimer une telle déception quand elle vient de quelqu'un qu'on aime et qu'on admire, ou peut-être, tout bêtement, parce que c'est trop tôt. Je vous renvoie à la superbe critique en forme de pastiche que @4bis a publiée : on y trouve toute l'inventivité qui manque à ce roman, beaucoup d'humour et aussi une grande bienveillance, ce qui franchement n'était pas facile à éprouver en l'occurrence !
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Que dalle !
Je l'avais pourtant moi, la dalle, après 6 ans d'attente pour découvrir la nouvelle enquête d'Adamsberg, commissaire lunaire aux intuitions improbables de polars animaliers.
Ce flic contemplatif, allergique à la raison, qui cherche la vérité dans l'anodin, qui n'a pour seule méthode que de « pelleter les nuages », me manquait dans une société pressée qui ne jure que par des process innovants et agiles. J'aimais aussi la rébellion sous-jacente dans sa brigade qui opposait les positivistes ulcérés par l'absence de cadre et de méthode et les adeptes, focus sur les résultats qui acceptaient que dans l'esprit d'équipe, il y avait surtout un esprit… libre.
Les romans de Fred Vargas n'ont jamais brillé par leur réalisme. Les scénarios sont aussi bancals qu'une table de jardin et les dénouements tirés par la tignasse. Les récits précédents tenaient selon moi grâce à ces personnages décalés et aux intrigues originales qui mêlaient superstitions en sabots et curiosités de la nature.
Hélas, plus Fred Vargas s'engage pour la planète, moins elle semble s'intéresser à ses personnages et cette enquête chouchen se boit comme un verre d'eau tiède. Un manque d'humeurs, une pénurie de tensions, une grève d'âmes tourmentées qui ne camouflent plus les invraisemblances de l'histoire.
Pourtant, tous les ingrédients qui ont fait le succès des précédents romans figurent bien dans la recette.
Au Zoo Vargas, après les pigeons, les loups plus ou moins garou, les cerfs, les araignées, les chauves-souris sous perfusion, les bovidés sacrifiés, place aux puces trop savantes pour rester sur des chiens stupides et qui préfèrent piquer des cadavres. Ce n'est pas Beauval, Pandi-Panda, mais Fred Vargas affectionne les bestioles.
Au rayon folklorique, la Bretagne ça vous gagne, et nous avons droit à une légende locale de boiteux, à des rumeurs qui fleurent bon le lisier des petits patelins, à des clubs tupperware de sorcières et à une dalle qui fait office de tapis de yoga pour le commissaire méditatif.
Au stand des bizarreries, un descendant cloné De Chateaubriand qui semble s'être échappé de son outre-tombe pour l'occasion, un bossu qui ne l'est plus et un aubergiste aux menus pantagruéliques.
Hélas, comme si l'intrigue ressemblait trop à un téléfilm de France 3 du samedi soir, genre « Meurtre à Triffouilly-les-Oies » financé par un office du tourisme et un conseil régional en mal de bus de clubs de troisième âge, le récit bifurque à mi-parcours des chemins vicinaux bucoliques pour des sentiers rabattus... d'une battue à tueurs à gages kamikazes.
C'est cette sur-intrigue clownesque qui gâche pour moi la seconde partie du roman et qui frise la parodie avec ces bataillons de gendarmes ridicules qui arrivent et qui repartent sans cesse pour sécuriser un village de quelques âmes.
Présomption de remplissage, Fred Vargas ne semble pas croire davantage à l'histoire qu'elle raconte qu'à l'avenir de l'humanité à qui elle promet l'apocalypse climatique.
Est-il possible à un personnage attachant d'échapper à son créateur quand ils n'ont plus rien à se dire ?

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J'ai lu le dernier Vargas en essayant d'oublier les billets très sévères survolés sur Babelio...
Le ton, plus bavard que d'habitude, les personnages, moins surprenants, Adamsberg, moins laconique, les autres moins fantaisistes..., tout m'a rappelé que nous sommes nombreux à avoir jadis adoré les trouvailles de Vargas et à être déçus par son dernier livre.

Pourtant, l'idée de situer la trame à Combourg permettait de laisser vagabonder l'imagination entre légendes bretonnes et fantômes d'outre-tombe, mais je l'ai trouvée bien longue cette enquête...
Des habitants se font tuer, avec un mode opératoire semblable, le couteau manié par un gaucher, un oeuf dans la main...
Et malgré l'armada de policiers venus à la rescousse, les crimes continuent...
Les suspects ne manquent pas : le sosie De Chateaubriand, le bossu (là on est chez Hugo;-) ), la simili-sorcière, le patron d'entreprise véreux...
Pourtant l'équipe d'Adamsberg, celle de Mathieu, le local, et les renforts de Rennes, veillent, enfin quand ils ne mangent pas dans l'auberge de Johan (je pense qu'un quart du livre se passe à l'auberge à boire du chouchen et à manger...) ( à noter que j'habite en Bretagne depuis un an et je n'ai jamais vu quelqu'un boire de chouchen, ou alors des touristes égarés...)

La résolution de l'enquête renoue avec la fantaisie et la noirceur des précédents livres de Vargas, mais ça ne suffit pas et l'on ressort déçu, et surtout triste de ce rendez-vous manqué avec l'auteur...
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Après six ans d'une interruption entrecoupée de deux essais sur le changement climatique, Fred Vargas revient au polar avec un très attendu dixième volet des enquêtes de l'inimitable commissaire Adamsberg. Ni l'homme ni la romancière n'ont perdu la main !


Un précédent opus avait confronté Adamsberg et sa brigade aux vieilles superstitions et à la méfiance traditionnelle que les horsains rencontrent encore parfois au coeur de la Normandie profonde. Cette fois, c'est la Bretagne, plus précisément le pays de Combourg en Ille-et-Vilaine, qui nous réserve les mystères de lieux chargés d'un long passé, médiéval au travers du fantôme qui fit tant trembler le jeune Chateaubriand, seul la nuit dans sa tourelle du château de Combourg, mais aussi néolithique avec l'aura ésotérique d'un grand dolmen sur la dalle duquel Adamsberg prend l'habitude de venir laisser décanter ses intuitions.


Une atmosphère un rien chargée de forces occultes accompagne donc l'arrivée en Bretagne du commissaire parisien, appelé en renfort de son homoloque local débordé. En effet, alors que dans la nuit, semblant annoncer quelque malheur prochain, le claudicant fantôme du château de Combourg est revenu frapper de sa jambe de bois le pavé du village fictif de Louviec, Gaël Leven est retrouvé mortellement poignardé. Peu compréhensibles, ses derniers mots semblent incriminer l'homme avec qui il s'est querellé la veille, un certain Josselin de Chateaubriand, bien connu ici pour cultiver sa d'autant plus curieuse ressemblance avec l'auguste François-René qu'il ne descend aucunement de sa famille. Pas convaincu par ce coupable trop évident, Adamsberg se garde de l'arrêter. Commence alors une série de meurtres similaires qui orientent la recherche des enquêteurs vers un faux gaucher signant ses crimes d'un oeuf de poule et refilant à son insu des puces à ses victimes… Soulignons à ce propos que les fidèles de Fred Vargas reconnaîtront bien d'autres clins d'oeil encore que ce rappel à la première enquête d'Adamsberg, et en l'occurrence pour ce cas précis, à la thèse d'archéozoologie de l'auteur sur le rôle de la puce de rat dans la transmission de la peste au Moyen Age !


L'on retrouve avec plaisir la poésie et l'humour perchés qui, plus encore que le mystère et le suspense d'enquêtes d'évidence fantaisistes, font tout le charme, autour de personnages aussi décalés qu'attachants, de dialogues souvent lunaires et d'une atmosphère baroque à souhait, des polars vargasiens.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Fred Vargas avait interrompu depuis six ans la série des Adamsberg pour écrire deux libelles écologisants (*) de peu d'intérêt au demeurant.
Et voilà qu'elle nous donne une nouvelle aventure de son commissaire et de son équipe ; comme beaucoup d'autres, je m'en suis réjoui.
Pas longtemps. Pour l'amour des ouvrages précédents, j'ai poursuivi vaillamment ma lecture jusqu'à la moitié du livre environ ; l'ennui qui m'avait envahi dès les premières pages dès les premières pages de Sur la dalle m'a hélas contraint à l'abandonner. La pointe de curiosité que je gardais encore m'a conduit à lire cependant les trois derniers chapitres pour connaître le dénouement, Et le dénouement, c'est le bouquet. Maxime Chattam lui-même n'aurait pas fait mieux. Ou pire. Je ne vous le raconterai naturellement pas, quoique je vous rendrais peut-être service si son absurdité (et le mot est faible) pouvait vous décourage d'entreprendre cette lecture
Mais commençons par le début. Je ne vous parlerai pas du sujet,vous le connaîtrez bien assez tôt si vous entreprenez cette lecture malgré mes conseils.
Je dirai seulement que nous nageons dans l'invraisemblance de bout en bout.
Son oeuvre baigne (ou baignait) au contraire dans une sorte de...je dirais bien réalisme magique si le terme n'était déjà pris, et je la rangerais bien aux côtes de Pierre Véry, d'André Dhôtel, et même du Grand Meaulnes,
Mais rien de de tout cela ici.
Et l'invraisemblance se loge au niveau le plus trivial, au point que la taxerais d'ignorance, nonobstant les titres universitaires de la dame, ou de je-m'en-foutisme.
Jugez-en et gardez bien à l'esprit que l'action se déroule de nos jours.
Madame Vargas a-t-elle si peu dépassé le périphérique pour imaginer qu'il puisse exister en 2023 un bourg de 1200 âmes doté d'une mercerie, d'un magasin d'électro-ménager, d'un garage et même d'un internat dont les pensionnaires (y compris des enfants du bourg!) ne sortent pas le week-end ?
Quant à Combourg (ce village en est proche), on y trouve un casino (pour ceux qui se poseraient la question, le plus proche se trouve à Saint-Malo, à une trentaine de kilomètres)
Mais ce n'est pas tout. Dans cette curieuse contrée, on ne peut recourir à un avortement légal à cause du scandale (?) et il faut recourir à des « faiseuses d'anges ».
La Bretagne est sans doute une contrée arriérée où le secret médical est inconnu et où les lois de la République Française ne s'appliquent pas.
Mais après tout c'est peut-être bien le cas si on en juge d'après le déroulement de l'enquête. La gendarmerie n'existe pas, le juge d'instruction est inconnu, et il existe dans la police un curieux grade de commandant divisionnaire.
On m'a dit qu'il s'agissait de "fiction". L'argument est irrecevable. Si l'intrigue du roman et les personnages sont fictifs, ils s'inscrivent dans un contexte conforme à la réalité objective. le reproche d'invtaisemblance par rapport à ce contexte est donc pleinement justifié. L'auteur a le droit de s'affranchir de cette règle, mais alors il écrit du fantastique, de la SF, ce que l'on veut, ce qui pourrait difficilement être invoqué pour défendre cet opus, à moins que l'on admette qu'Adamsberg n'ait franchi un portail spatio-temporel et basculé dans un univers parallèle. Alors...
Et j'en oublie. Quant à la psychologie des personnages, n'en parlons même pas. Il ne sont plus que leur propre caricature, au moins qu'on a parfois l'impression de lire un plagiaire maladroit.
On peut aussi noter qu'au milieu du livre surgissent comme des cheveux sur la soupe (ou pour moderniser la métaphore, une machine à coudre sur une table de dissection) deux truands échappés d'une Série Noire des années cinquante lancés à la poursuite des policiers (si, si!) qui disparaissent rapidement à la satisfaction du lecteur qui a tenu jusque là, sans avoir rien apporté à l'intrigue.
J'ai gardé le plus beau pour la fin : le style.
Je vous en livre un échantillon, digne du devoir de français d'un mauvais élève de troisième :

« Le commissaire leur en avait fait préalablement un portrait rapide : le petit, Berrond, souple et liant, n'avait pas, au physique, l'allure d'un homme déluré et productif, alors qu'il était un énergique infatigable et subtil. Verdun, lui, dont on devinait à son visage lumineux qu'il était un homme entreprenant et rapide, présentait une face inverse faite de prévoyance, de discrétion et de réserve »(**)

Tout comptes faits, et contrairement à ce que je disais plus haut, l'auteur a peut-être eu tort d'abandonner l'écologie,,
Dernière minute: le corps du Commissaire Adamsberg, disparu à Combourg depuis la mi-juillet, avait été retrouvé en début de semaine dernière en forêt de Ville Cartier.
Attendu les circonstances du dossier, le parquet avait immédiatement ouvert une enquête préliminaire confiée à la Section de Recherche de la Gendarmerie de Rennes, sous la direction du Lieutenant -Colonel Cruchot.
L'enquête s'est très vite orientée vers une piste prometteuse.
On apprend aujourd'hui que Madame Frédérique Audouin -Rouzeau, dite Fred Vargas, romancière et universitaire, est entendue dans les locaux de la Section de Recherche.
D'après une source proche de l'enquête, les enquêteurs la soupçonne d'avoir commandité l'assassinat du Commissaire par deux malfrats parisiens actuellement en fuite
Madame Vargas aurait tenté de se pre-constituer un alibi grâce à un roman publié bien avant les faits sous le titre de Sous la Dalle, tissu d'elucu raisons invraisemblables qui ne pouvait tromper les enquêteurs

PS il est intéressant de constater que les cinq critiques les plus appréciées attribuent au livre des notes de 1 ou 2

(*) Je ne me prononce pas sur le bien-fondé des thèses qu'elle a voulu défendre ; je constate simplement que ces ouvrages auraient pu être écrits par beaucoup de gens, alors que Vargas était la seule à pouvoir écrire des Adamsberg ; c'était dommage pour la littérature.
(**) Entre autres :
Énergique ne peut pas s'employer comme subjonctif
Qu'est-ce que la face inverse d'un visage, fût -il lumineux ? Et en quoi les deux membres de la phrase recèlent -ils une contradiction ?
Les adjectifs sont employés de manière approximative et mal associés ; les descriptions ne correspondent à rien de précis
Du temps que j'étais au lycée, j'aurais écopé d'un "mal dit" pour moins que ça
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Quand on attend aussi longtemps après un roman on s'attend toujours a quelque chose d'exceptionnel. Si parfois ça fonctionne, d'autres fois ça ne colle pas du tout.

Malheureusement pour ce dernier Vargas, il n'a absolument rien d'exceptionnel.

J'ai une affection particulière pour Adamsberg et ses acolytes. Mais bizarrement, je ne les ai pas trouvé a la hauteur dans ce roman.
Je sais très bien que souvent les aventures d'Adamsberg sont tirées par les cheveux, pas toujours très crédibles, mais les personnages avec leurs caractéristiques font quasi tout le job dans les romans de Fred Vargas
Et donc tout en étant présents, ils étaient aux abonnés absents.

L'écriture de Fred Vargas reste agréable, le scénario tordu comme a son habitude et l'intrigue quasi absente elle aussi.
On devine très tôt qui est l'assassin de l'histoire, même si nous n'avons pas les motifs de ces meurtres.

Une énorme déception pour moi.
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Pour qui suit Fred Vargas depuis des années et adore sa fantaisie, son ésotérisme et sa singularité, pas de doute à propos de Sur la dalle : le verdict ne peut-être que négatif, une déception à la hauteur des attentes, si l'on ose dire, après 6 ans d'absence. L'envie ou l'inspiration, à moins que cela soit les deux, a fui la romancière, dont on peut présumer qu'elle a été plus ou moins sommée de remettre une nouvelle livraison à son éditeur. En même temps, pour l'amateur de polar, disons moins aficionado de ses oeuvres précédentes, ou encore qui la découvre, pour l'occasion, Sur la dalle est-il un livre dénué d'intérêt ? Certainement pas, si on le compare à d'autres publications dans le genre policier, puisqu'il y a du suspense, des surprises et un brin d'excentricités, quand même. La première intrigue est par moments relativement plaisante, avec son atmosphère bretonne et quelques personnages extravagants. La seconde, plus banale et dénuée de toute crédibilité, ensevelit le pauvre Adamsberg sous un déluge de forces policières et fait appel à moult hasards et coïncidences, bien pratiques pour conclure l'affaire. Dire que tout est lourd et peu subtil serait un peu injuste mais Vargas nous a tellement habitués au caviar que les oeufs de lump passent mal. D'ailleurs, à propos de bouffe, comment ne pas déplorer toutes ces scènes de ripaille, répétitives et même pas appétissantes ? Décidément, non, peu de choses incitent à se féliciter que Sur la dalle soit tombé dans le dolmen public !
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Je suis une inconditionnelle de Fred Vargas dont je lis et relis les livres pour le plaisir d'en retrouver les personnages. Au-delà d'Adamsberg et de sa brigade, des Evangélistes et de Kehlweiler, les "seconds rôles" (ah, Clémentine, le Veilleux, Irène, Rögnvar..) apportent une touche d'humanité et de bon sens qui pour moi est une des marques de fabrique de l'autrice. Évidemment, il y a le style, l'humour, le langage tantôt recherché, tantôt familier, la fluidité des phrases qui font mes délices à chaque page. Les thèmes de l'injustice sociale et de l'écologie qui reviennent en filigrane.

Bref, autant dire que "Sur la dalle" était attendu avec impatience et fébrilité.

Je suis tombée de haut, dès le premier chapitre. Je n'ai rien reconnu, ni le style, ni l'humour, ni la finesse psychologique des personnages, ni les dialogues.
A la place, des répétitions, un trait forcé, un humour potache. Une Retancourt ayant perdu toute subtilité, un Adamsberg à la limite de l'imbécilité parfois (pourquoi insister si grossièrement sur ses difficultés de prononciation ?), des personnages secondaires (Matthieu, Josselin) manquant à mon goût de consistance.
Je suis quand même allée jusqu'au bout, tant l'espoir d'une inversion de tendance était grand. Malheureusement non, la rencontre n'a pas eu lieu.

Ce n'est pas grave, restent tous les précédents ouvrages de Fred Vargas que je vais continuer à lire, et à relire...

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C'est peu dire qu'on l'attendait avec impatience ce nouveau roman de Fred Vargas, polar mi-animalier aux allures de conte. Mais quelle déception de ne pas retrouver la plume alerte de l'autrice au service d'une intrigue bizarroïde et jubilatoire qui a fait son succès. Ce gros pavé tortueux et tarabiscoté est aussi indigeste qu'une tortilla au beurre salé. Qu'a-t-il pu arriver à l'autrice ? Pour le coup, me voilà inquiète.
J'imagine qu'elle n'avait pas une envie folichonne de l'écrire, ce polar, mais j'imagine fort bien son éditeur lui mettre le couteau sous la gorge, et pas n'importe quel couteau ! Un Ferrand à trois rivés dorés, parfait pour l'arme du crime. Puis, d'un ton tranchant comme un Ferrand, il lui ordonne de le pondre fissa, ce polar. D'où l'idée de l'oeuf dans la main des victimes. Mais Fred a beau s'allonger sur la dalle du dolmen, l'inspiration la boude. Lassé de ne rien voir venir, l'éditeur finit par séquestrer Fred dans un manoir breton, il la met au pain sec et à l'eau. Affamée, elle imagine alors des repas roboratifs, une cuisine en dehors des sentiers battus et trouve ainsi le personnage de Johan qui lui concocte des gratins de brocolis au roquefort avec force rasades de chouchen.
Regardant le jardin par la fenêtre de son manoir, Fred Vargas, voit les roses fragiles se balancer dans le vent et voilà comment apparait la fillette nommée Rose.
Lorsque l'éditeur passe le soir pour voir l'avancement du chantier, il marche sur l'ombre de Fred sous la lampe, ce qui l'agace, il pourrait blesser son âme. Ainsi naissent les « Ombreux », sorte de loge secrète en lutte contre les « ombristes » qui piétinent leurs ombres.
L'histoire partait pourtant bien partie avec son lot de légendes, son menhir, son fantôme bancroche et son sosie du vicomte De Chateaubriand sans parler du clan des ombristes pétris de superstitions. Oui, il y avait matière pour passer un bon moment de lecture mais j'ai eu du mal à suivre Mathieu, Adamsberg, Retancourt, Veyrenc … sur la piste de malfrats méchants comme des teignes.
On trouve tout un bestiaire, comme il est coutumier chez l'autrice, et c'est un hérisson blessé qui ouvre le bal aux chiens, chats, et même un âne. Mais la bestiole qui tient le haut du pavé, c'est la puce qui pique même les morts ! Curieux lorsqu'on sait que c'est le gaz carbonique dégagé par la respiration qui les attire. Bon, passons, on n'en est plus à une excentricité prés.
« Sur la dalle » m'a laissée, hélas, de marbre.
Allez, je ne lui en veux pas ...et j'attends son prochain roman!

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