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Jennifer Bricking (Autre)Amandine Chambaron-Maillard (Traducteur)
EAN : 9782211335263
256 pages
L'Ecole des loisirs (24/01/2024)
4.33/5   45 notes
Résumé :
Chaque jour est un combat dans les rues bondées de Chennai, en Inde. Et lorsque Viji et sa soeur, Rukku, fuguent pour ne plus subir la violence de leur père, la situation semble sans espoir. Dans un monde impitoyable et dangereux, où nul n'accorde un regard aux parias, elles sont des plus vulnérables. Mais leur rencontre avec deux jeunes sans-abri, sur un pont en ruine, va peut-être tout changer.
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Roman paru en 2020, essentiellement inspiré de personnes ayant réellement existé et oeuvre témoignage des enfants laissés pour contre d'un pays aussi inégal socialement que dramatiquement surpeuplé, "De l'autre côté du pont" est une incursion très réaliste dans cette Inde qui ne dispose pas des moyens de venir offrir le minium de qualité de vie à ses enfants des rues. Mais c'est aussi une tribune pour ces gens mobilisés qui veulent les aider et une histoire touchante d'enfants débrouillards ayant à grandir plus vite pour survivre. C'est également un magnifique histoire d'amour sororal.


Viji et Rukku sont soeurs, et après une énième altercation avec leur père violent, qui cette fois à lever la mains sur elles, les soeurs quittent le foyer familial. Pour Viji, la cadette, il est de son devoir de prendre soin de sa soeur, qui a un handicap d'une nature qui n'est pas précisée dans le roman, mais qui semble se traduire par une forme de déficience intellectuelle. N'empêche que Rukku, à défaut de faire des phrases complexes, faits de magnifiques colliers avec des perles! Bref, les deux jeunes filles vont devoir apprendre à subvenir elles-même à leurs besoins, jusqu'à ce que leur route croise celle d'un petit chien et de deux garçons, Arul et Muthu, des rues, qui habitent un pont vétuste et travaillent en tant que chiffonniers ( des trieurs de matières recyclables pigées à même les monticules d'ordures des décharges). Leur quotidien sera rythmé par leur travail salissant et puant, la création des bracelets de perle, de chapardage de nourriture de mariage, d'altercations avec des gangs rivaux, de pluies diluviennes, de thé chaï et de milles autres petites anecdotes. Jusqu'au jour où une épidémie semble rafler de plus en plus d'enfants, la dengue.


Comme bien des romans qui portent sur des enjeux sociaux et sur une réalité difficile, l'autrice ( une océanographe, comme c'est original!) a eu le bon goût de garder le tout simple, sans grandes phrases alambiquées ou scènes hollywoodiennes. C'est Viji qui raconte et petite différence ici, la narration au "je" côtoie de près la narration au "tu". Un élément qui traduit assez bien l'importance de Rukku aux yeux de Viji, mais qui aura aussi donné un indice sur la fin, vu le temps de verbe choisi.

La sororité, puis la fraternité ( sans filiations de sang) sont des thèmes majeurs. La collaboration, le soutient, le partage, l'empathie et l'entraide sont des valeurs fortes au sein du petit quintuor. J'imagine qu'il doit être plus simple de survivre au sein d'un groupe dans la rue, car on en croisera d'autres.


Le sort des enfants est bien sur l'un des thèmes les plus marquant, pas seulement pour les enfants orphelins déambulant des les rues, mais aussi pour les enfants en situation de handicap ou vivant avec un trouble. Contrairement à nos pays occidentaux, l'Inde semble avoir bien du mal à intégrer ses enfants à besoins particuliers, pas seulement d'un point de vue des institutions, mais aussi de la conception même du handicap, perçu, me semble-t-il, comme une tare, une honte qu'il faut cacher. On semble confondre handicap et maladie mentale, même. Pourtant, Rukku nous le montre tout le long du roman, elle a de belles forces, elle a une perception des choses très pure et très empathique. Même Viji est obligée de reconnaitre qu'elle tente souvent de la couver alors que Rukku est capable de prendre des décisions.


Puisqu'il est question des personnages, sachez que celui de Viji est inspiré d'un jeune fille réelle, nommée "Indira", et que les personnages de Muthu, Arul et Rukku sont également inspirés de personnes côtoyées par l'autrice.
La maison de madame Célina est inspirée d'organismes réels également, qui prennent en charge des enfants des rues pour leur fournir les besoins primaires telles qu'un toit, de la nourriture, des médicaments et une éducation. Quatre pages de notes de l'autrice , à la fin, vous en diront plus sur les éléments réels qui composent ce roman.


Il est si rare d'avoir une vue de l'intérieur de l'Inde en littérature jeunesse. Pour moi, il s'agit de mon premier roman sur ce pays, écrit par une indienne. On trouve d'ailleurs un glossaire au tout début du roman qui nous traduit les termes en tamoul, l'une des nombreuses langues parlées en Inde. le roman a été rédigé en anglais indien, d'ailleurs et si cela vous étonne, sachez que l'Inde appartenait à l'Angleterre autrefois, ça n'a donc rien de surprenant.

On a aussi un rare aperçu de l'Inde ici, avec ses castes sociales extrêmement inégales, ses nombreuses religions qui se côtoient - pas toujours dans la paix hélas- ses mets épicés, ses enjeux sociaux, sa Nature et ses festivités. Un bref, mais intéressant plongeon dans la culture de ce pays si peu représenté en littérature jeunesse.


Que dire de plus sinon que ce roman m'a ému aux larmes, pas seulement pour toute cette joie et peine amalgamées ensemble, pas seulement pour le sort misérable de ces enfants ou pour ces étranges gens faussement altruistes qui leur fond la charité pour flatter leur égo, ou pour ce pays qui est si rude envers les femmes, mais surtout parce même dans ces endroits où on pense ne trouver que de la laideur, on y trouve finalement aussi beaucoup de beauté. Incroyable de voir à quel point des enfants peuvent murir si vite, se montrer résilients, débrouillards et solidaires même au plus bas de l'échelle. parce que ce sont des cas réels, je vous rappel.


Donc, c'est une très belle fenêtre sur un pays méconnu, peut-être aussi une belle opportunité pour les jeunes lecteurs de voir une réalité bien différente pour des enfants et ados de leur âge. Roman social, oui, mais roman d'aventure également! N'allez pas croire qu'un roman qui nous en apprend ne peut être par la même occasion ludique! Qui plus est, comme le souligne l'autrice, le phénomène de la pauvreté chez les enfants est un sujet qui touche tous les pays, pays riches et industrialisés inclus.


Et j'en profite pour souligner la remarquable couverture que j'aurais envie d'encadrer sur mon mur tant elle me plait.

Un roman jeunesse dont vous ne sortirez pas indemne, grand bien vous fasse!


Pour un lectorat du premier cycle secondaire, 13 ans+.
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Je ne m'attendais pas à le finir en une journée. C'est un ouvrage bouleversant. Un de ces romans que je retiens et qui me tiennent tant à coeur à faire découvrir : des histoires de vie réelles et si justement retranscrites. La thématique est rude mais elle existe. L'écriture est splendide car je suis Viji, la soeur pleine d'amour et de tendresse pour ma soeur handicapée dont je n'aurai de cesse à penser uniquement à sa protection et son confort. Ses sourires et ses joies sont miennes car concrètement, tout ce que je fais et ferai sera pour notre futur, son bonheur. J'ai été captivée, émue et révoltée. C'est pour moi la première fois que je rencontre un roman jeunesse sur ce fait de société, mondialement connu et il doit être mis dans les mains de tous pour une plus grande empathie vers ces enfants perdus, errants et innocents. Certains passages sont des coups de poing au coeur. Ce roman est tout simplement beau dans les moments de joie et de peine.
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J'ai été attirée par la couverture, plusieurs m'ont conseillé de lire ce roman. de plus, je suis née à Chennai (Madras) et est peut-être une fille d'une fille des rues. L'auteur raconte l'histoire de Viji. C'est Viji qui nous raconte. En "tu". On comprend immédiatement qu'elle parle à sa soeur. j'ai compris également qui lui était donc arrivé quelque chose.
Viji vit avec sa mère son père et sa grande soeur Rukku, qui n'est pas comme les autres. Sa maman a tout fait pour quelle ne soit pas placée en hôpital psychiatrique.

Quand Viji, comprend que son père ne cessera pas de battre sa mère, mais qu'en plus il s'en prend à ses filles, elle décide de prendre un baluchon et de partir avec sa soeur. Pour un monde meilleur, espère-elle. Elle garde ne étoile du berger son rêve d'être un jour enseignante.
Les filles rencontrent des gens gentils comme la vendeuse de ChaÏ et des gens vraiment ignobles comme le responsable d'une décharge.
les deux soeurs peuvent compter l'une sur l'autre. ViJi prend soin de sa Rukku, à l'esprit simple. Mais elle va se former une famille en deux garçons trop jeunes, sans-abris, qui leur donnent le sentiment de sécurité et une raison de vivre et de s'entraider
L'auteur nous fait découvrir l'Inde les kolams, Ganesh, les kurta, les odeurs de Pakora, il y a la la misère la survie, la faim, la pitié, les inégalités Riches-pauvres, les croyances, la multitude de cultures.
L'auteur arrive à nous plonger dans ce dilemme en se mettant au niveau des enfants.
Ce livre est poignant, émouvant, magnifique haut en couleurs tant dans les émotions que dans les différentes images décrites.
Evidemment, l'Inde est remplie d'associations qui essayent de changer les choses, concernant les castes, les inégalités filles et garçons, la précarité...
Le fait que la narratrice parle en "tu" rend le texte émouvant tant on rentre dans son intimité et magnifique.
L'auteur fait beaucoup référence à tous ces dieux vers qui es humains se retournent et gardent la foi. J'aime beaucoup la philosophie qui est que ce qui importe c'est d'être bon. de reconnaître le bien et d'en faire sa ligne de conduite.

Je le conseille vraiment à tous les lecteurs tant il est intéressant, et qu'on ne s'ennuie pas une seconde, ce récit court est facile à lire.
Inspirés de faits réels, l'auteur nous consacre un chapitre à nous expliquer les vrais personnes, leur vie.
Je le conseillerais dès 11 ans.





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"De l'Autre Côté du Pont" est un roman jeunesse qui vous touchera, j'en suis sûre. Sauf si vous n'avez aucune empathie évidemment, et là, je ne peux rien pour vous.
On y suit deux petites filles indiennes obligées de fuir les violences de leur père. Deux petites filles, dont l'une est en situation de handicap mental. Avec elles, nous découvrons l'Inde et la situation des enfants des rues. Toutes les aventures et mésaventures de ces enfants sont inspirées de faits réels.

Padma Venkatraman a su trouver les mots pour m'embarquer dans son histoire. Elle sait retranscrire les choses sans entrer dans les détails. Elle a également su raconter de façon réaliste l'histoire et la personnalité de chacun de ses personnages.

C'est extrêmement touchant comme récit. Il faudra une certaine maturité à la lectrice ou au lecteur pour comprendre dans quel univers il entre. Un univers à la culture riche mais à la population qui vit parfois dans une misère et une violence extrême. Pour autant, l'auteur a su raconter tout ça à hauteur d'enfants.
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Que d'émotions portées par ce roman. En plein coeur de l'Inde, nous suivons deux jeunes soeurs préférant fuir la violence paternelle. VIji, l'aînée prend la décision de fuguer pour protéger sa cadette. En ville, elles trouvent la misère et la pauvreté mais également l'amitié d'autres enfants des rues. Pour survivre, pas d'autres choix que de parcourir les monticules de détritus pour trier et revendre le métal trouvé. Elles deviennent alors des parias, ces enfants que l'on préfère ne pas voir. Viji a à coeur de préserver sa jeune soeur handicapée. Optimiste, elle a des rêves plein la tête et se bat de toutes ses forces pour leur survie. Ce livre est écrit à la deuxième personne du singulier, Viji s'adressant à Rukku, ce qui rend le récit envore plus touchant. C'est une histoire qui prend aux tripes ! J'ai été émue par le parcours de ces enfants livrés à eux même et admirative par tant de courage.
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critiques presse (1)
Ricochet
26 août 2020
Abordant castes, religions, handicap, place des femmes, ce récit poignant ne cache aucun aspect de la misère la plus crasse mais sait aussi rester tendu vers l’avenir comme tous les enfants du monde le sont. Superbe.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Derrière le personnage de Viji se cache, en partie, une jeune fille prénommée Indira, qui, […] passait de longues soirées avec ma mère, à lui parler des terribles épreuves auxquelles elle avait été confrontée dans son enfance. Les personnages de Rukku, d’Arul et de Muthu rendent eux aussi hommage à des enfants qu’il m’a été donné de connaître ; une grande partie des incidents qu’ils rencontrent dans ce roman sont adaptés des témoignages recueillis. Par respect pour les personnes dont s’inspire cette histoire, et par désir d’honorer leur mémoire et leur passé, il m’a semblé juste de ne modifier aucun des événements majeurs survenus dans leur vie.
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Pour tout dire, j'appréciais d'effectuer ces corvées, non seulement parce que ça me confortait dans l'idée de ne pas vivre de la charité d'autrui, mais aussi parce que ça m'occupait les mains et l'esprit, les jours où j'avais l'impression de crouler sous le poids d'une pierre si lourde que je n'en sortais pas de mon lit.
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- Peut-être que c'est nous, les vers de Dieu, a soudain déclaré Muthu.
- Quoi ? S'est offusqué Arul, le visage sombre.
- Je ne dis pas ça pour lui manquer de respect, boss, s'est-il défendu en regardant la pluie tomber de plus en plus fort. Mais il doit être si haut, qu'à ses yeux on a sans doute l'air de simples vers de terre. Du coup, nous voir mourir de faim reviendrait, pour lui, à voir une de ces bestioles se faire écraser, ça le rend triste mais pas tant que ça. J'imagine que Dieu se sent parfois un peu mal pour nous, mais pas suffisamment pour nous envoyer à tous de quoi manger.
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En t’écrivant ces lignes, Rukku, je remonte le temps.
Je sens tomber la pluie sur notre dos tandis que tu t’énerves à secourir des vers de terre, accroupie au beau milieu de la route.
Je t’entends fredonner dans l’oreille de Kutti, tes bras refermés autour de lui en une étreinte rassurante, alors qu’explose un feu d’artifices le soir de la fête des Lumières.
Je te revois, le visage illuminé d’un sourire fier, tendre au vendeur de ballons l’argent que tu as toi-même gagné sur la plage.
Je revois ta langue se caler entre tes lèvres chaque fois que tu t’appliques à terminer un collier de perles.
Je me souviens du bout de tes doigts caressant l’orange que nous avait jetée le jardinier.
Je te vois lancer ta poupée adorée sur le chauffeur de bus afin de me protéger.
Er rire à t’en tenir le ventre avec Muthu, sur notre pont. […]
En couchant ces mots sur le papier, aujourd’hui, je me rends compte à quel point la réalité m’a échappé.
Durant tout ce temps, j’ai cru être celle qui veillait sur toi, mais je découvre désormais que c’était aussi souvent l’inverse.
Tu m’as donné la force de continuer.
En refusant chacun de mes mensonges.
En attirant mon regard sur de petits miracles.
En riant chaque fois que la situation ne s’y prêtait pas.
Ensemble, on formait une si belle équipe.
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- Oui, Akka, s'il te plaît ? Encore une fois ?
Ma gorge s'est soudain nouée, et il m'a fallu un moment avant de recouvrer l'usage de la parole.
Muthu venait de m'appeler akka. Grande soeur. D'un seul mot, il avait fait de moi sa famille.

[p64]
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