D'abord , il y a eu pour moi , cette sublime couverture en noir et blanc , assez énigmatique avec ces trois personnages dont le regard n'est pas dirigé dans la même direction .Qui sont cette si belle jeune femme et ces deux hommes ? Comme quoi une couverture peut avoir un impact , donner une première impression , pour ma part , tout au moins . Et puis la quatrième qui aiguise ma curiosité . le cadre , c'est Bari , dans les Pouilles , région d'Italie réputée " très pauvre et vieillissante " , région dans laquelle nous avions prévu d'aller voyager en septembre ....et puis la Covid .....Vous le voyez , une rencontre ou un rendez - vous manqué, ça tient souvent à bien peu . Et ce rendez- vous , s'il avait été manqué , et bien je l'aurais regretté . Commencée hier matin , cette lecture m'a tenu en haleine jusqu'au soir ....
Nous sommes dans un quartier pauvre , très pauvre de Bari , un quartier où tout le monde scrute vos faits et gestes , où le moindre élément de fierté se partage avec toutes et tous , où l'on compte les sous , le soir , où les enfants rapportent leur écot dés qu'ils sont en mesure de le faire , c'est à dire dès que l'on peut tourner le dos à l'école....Chez les
De Santis , le père se comporte en despote , le mère est effacée , faible , soumise , aimante , certes , mais ...résignée . Trois enfants , Giuseppe , le " fils modèle " , Vincenzo , son opposé au destin tragique et Maria , la " Malacrane " celle dont nous allons suivre l'enfance et l'adolescence , un chemin initiatique bien compliqué quand votre famille transfère sur vous ses propres frustrations , vous délègue une mission qu'elle même n'a pas eu la force de remplir , s'élever socialement . Et si les 50 mètres séparant les quartiers de Bari s'avéraient infranchissables ? Et si la belle société ne souhaitait pas ouvrir ses portes ? Et si la société des pauvres refermait les siennes ? Maria va sans cesse errer entre deux mondes qui ne veulent pas ou plus d'elle ....Et si une " île " miraculeuse surgissait ?
J'avoue être passé par des tas d'émotions en lisant ce roman et c'est ce que je recherche à travers les mots , les phrases , une écriture très belle pour moi , même si le fait que ce soit une traduction nous incite à la prudence . Les personnages essentiels , peu nombreux , sont attachants ou détestables, bien " campés " et " jouent " juste . Un roman qui possède de nombreux atouts pour décrire cette vie pauvre dans les Pouilles en ....1980 !!! Oui , incroyable , 1980 ....hier , à la fin du XXème siécle ......La misére et ...l'espoir ?
Un sacré bon premier roman prometteur , j'ai hâte de retrouver cette auteure , moi , le vrai - faux voyageur pour Bari .....
Et parce que " comparaison n'est pas raison " , laissons vivre
Rosa Ventrella et parlons , ailleurs , de Ferrante , deux femmes talentueuses dont l'objectif commun n'est pas " de se faire de l'ombre " , mais de nous donner de bien beaux moments de lecture .