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4,1

sur 1215 notes
Publié en 1942, "Le silence de la mer" est un livre de résistance.
Un officier allemand s'installe dans une maison à la campagne dont il a réquisitionné une chambre. La cohabitation prend peu à peu forme entre cet officier et les occupants de la maison, un homme âgé et sa filleule. Un rituel vespéral s'installe.
Les échanges portent essentiellement sur la culture qui doit unir les peuples et non les opposer.
C'est un texte, qui bien que court, est très poignant et plein de sensibilité.
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Voilà une nouvelle qui a connu dès sa parution clandestine en 1942 un succès foudroyant, renforcé par un film tourné en 1947, succès qui ne s'est jamais démenti par la suite. C'est un peu par hasard que j'ai relu ce bref roman. Et j'en ressors bien pensif, alors que quelques décennies plus tôt je l'avais ingurgité sans y trouver à redire, comme un chien avale sa pâtée.

L'affaire, tout le monde la connaît. Un homme, plus tout jeune mais sans être un vieillard, et sa nièce, sont obligés pendant la guerre d'héberger dans leur maison un officier allemand. Pour marquer leur désapprobation face à l'occupation de leur pays, ils refusent de lui parler et font comme s'il n'était pas là. C'est donc l'Allemand qui parle sans jamais recevoir de réponse.

Cette mise en scène singulière, certainement à l'origine du succès du livre, m'a semblé poursuivre un dessein qui m'avait totalement échappé quand j'étais jeune. En effet, ce militaire allemand est un homme cultivé et raffiné, musicien, et parlant excellemment le Français. Puisqu'il n'y a que lui qui parle, sa parole n'en a que plus de force. On l'écoute. Admiratif de l'esprit français et de la grandeur de ce pays, grand connaisseur de la littérature française, ses interventions se résument souvent à une sorte d'étrange réquisitoire contre ses propres compatriotes. A l'écouter, si l'Allemand a des qualités, il est loin d'atteindre l'esprit français. Il est en dessous. Sa puissance provient d'une proximité plus grande avec la nature, ce qui lui donne de la force et du tempérament, mais la finesse lui manque encore. Naïf, cet officier espère que la conquête de la France permettra une union entre les deux nations, au grand bénéfice des Allemands qui, au contact étroit de ces merveilleux Français, s'élèveront vers des formes supérieures de l'esprit.

Vercors semble avoir créé cet Allemand improbable dans le seul but de magnifier les Français et de débiner les Allemands. C'est d'autant plus crédible à la lecture que c'est l'Allemand lui-même qui nous sert cette propagande. Comment ne pas le croire ? Ça va assez loin tout de même puisque ce délicat militaire raconte qu'il a été fiancé à une jeune Allemande, mais que celle-ci, bien emblématique de cette férocité qui sommeille en chaque Allemand, prenait plaisir à arracher une à une les pattes d'une mouche quand elle parvenait à choper ces petits insectes qui l'importunaient. C'en était trop pour cet officier qui, malheureux de cette cruauté toute germanique, l'a quittée.

Finalement, après un séjour à Paris où il retrouve quelques condisciples, les yeux de ce généreux officier vont se dessiller. Tous ses anciens amis n'ont qu'un but, abattre cet esprit français qu'il admire, le détruire, pour que s'épanouisse seul et sans entrave la brutale puissance allemande. Il en revient bouleversé et décide, en s'engageant sur le front de l'est, de mettre un terme à son existence.

La sauce que nous livre Vercors est celle d'un essentialisme assez puéril qui confine, comme tous les essentialismes, au racisme ordinaire. Les Allemands sont ainsi, c'est leur nature, on n'y peut pas grand-chose. Cet essentialisme va si loin que notre officier allemand porte, le narrateur le note dès le premier jour, un nom qui n'est pas allemand (von Ebrennac), mais d'origine française, sans doute celui d'un « descendant d'émigré protestant » (selon le narrateur). Bref, la boucle est bouclée, cet étrange Allemand charitable et bienveillant n'en est pas tout à fait un, il y a du Français en lui…

Quand je lis au dos de la version en Livre de poche que ce livre est « un plaidoyer implacable contre la barbarie hitlérienne », je me dis que depuis 80 ans la critique se vautre dans un contresens. Ce que j'ai lu est clairement un plaidoyer contre les Allemands en tant que tels, et ce plaidoyer use sournoisement d'un procédé littéraire en mettant en scène un Allemand d'exception, unique représentant de son espèce, qui, par son discours, ne cesse d'enfoncer tous les autres.

On objectera que le contexte historique explique cette pensée essentialiste. C'est juste. Après la défaite de juin 40 et l'occupation du pays, on peut comprendre que Vercors « a la haine » comme on dit maintenant. Il est vrai aussi que, comme les Français de sa génération, né une quinzaine d'années avant la guerre 14/18, Vercors a grandi dans la détestation du « boche ». Quoi qu'il en soit, nous sommes loin du chef d'oeuvre qu'on nous présente depuis sa parution.
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le livre "le silence de la mer" à été écrit par Vercors et parle des différents types des personnes pendant la second guerre mondiale.
Le silence de la mer est composé de de 7 petits histoires qui chacune raconte l'histoire d'un cas de personnes.
Le désespoir est mort raconte l'histoire de résistants qui ont été prisonniés et qui retrouve le courage grâce à des canetons.
Le silence de la mer raconte lui l'histoire d'un officier nazi où la guerre n'approuve pas ses ambitions et ses rêves.
Ce jour là est une histoire qui raconte les quelques heures d'un enfant juif avant que ses parents prennent le train pour être exécutés dans un centre d'extermination.
Le songe raconte l'histoire d'un homme qui critique la population qui sont à la plage, alors que d'autre se batte ou se font torturer.
L'impuissance raconte la vie d'un résistant impuissant devant la réalité.
Le cheval et la mort associe un cheval à Hitler qui lui représente la mort lors d'un rendez-vous avec les citoyens
Et l'imprimante de Verdun raconte l'arrivée de Pétain au pouvoir devant le patron d'une imprimante dont l'associé est juif .

Ce que j'aime sur ce livre c'est que les histoires sont très courtes donc dévoilent très vite leur dénouement.
Mais ce que je n'aime pas sur ce livre est que les histoires ne comportent pas d'actions
Je vous conseil ce livre car il est très passionnant au sujet de la seconde guerre mondiale en montrant les détails
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J'avais lu ce livre il y a longtemps lorsque j'étais dans une période où je me passionnais pour tous les romans liés à la guerre.

La récente acquisition d'une belle édition de l'ouvrage m'a rappelé que je n'en avais toujours pas fait une chronique.

Cette nouvelle de Jean Buller sous le pseudonyme de Vercors se déroule pendant l'occupation. Vient d'abord l'illusion d'une cohabitation mais l'évidence se pose, il s'agit bien d'une occupation. Un officier allemand, prend résidence chez un vieil homme et sa nièce. Sensible à la culture française, il tente de briser le silence qui sépare ces trois protagonistes, patriotes et victimes d'une guerre qu'aucun n'a voulu, mais dans laquelle ils sont tous entraînés.

On comprend que ce livre a été le premier livre édité par les Editions de minuit par sa force. Je trouve que Vercors illustre bien par ses personnages et les situations, l'absurdité de la guerre. Aujourd'hui, nous ne pouvons pas imaginer de ne pas porter affection à quelqu'un que l'on estime d'âme noble pour des raisons extérieures. L'introduction de la nièce dans la nouvelle accentue l'effet dramatique de cette impossibilité tacite. La patriotisme déborde et on souffre et on comprend, dans le silence, la guerre.
Lien : http://www.lesmiscellaneesde..
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"Le silence de la mer" est une nouvelle, une histoire poignante. Poignant, le silence du narrateur et de sa nièce; poignant, le silence du monde en dehors de cette petite maison où se déroule l'intrigue; poignant, le silence occupé par l'officier mais non point brisé par sa parole. Poignant, cet officier qui met en sourdine la guerre pour faire parler le coeur sensible qui l'habite. N'y a-t-il rien d'inquiétant dans ce silence? Étrangement non; on aurait envie de se blottir près du feu et écouter encore et encore cet officier allemand, c'est un baume pour notre âme, sa voix diminue nos angoisses. Alors qu'en dehors, il n'y a que la noirceur des hommes. Lecture pourtant douloureuse, car on sait qu'il va y avoir une fin, et on ne sait pas ce qu'elle sera. On retient notre souffle au fil des pages; comme le narrateur, on n'arrive pas à briser le silence, on surveille cet officier malgré nous, mais nous l'attendons, chaque soir; et quand il ne vient plus ou lorsqu'il ne semble plus être le même homme, nous sommes comme déçu, le coeur pincé. Justesse, cette histoire est d'une justesse incroyable qui nous insuffle une vague d'humilité, d'altruisme et de modestie.

Les autres nouvelles de l'oeuvre ne sont pas moins incroyables. Elles ne portent pas la chaleur du "Silence de la mer", mais c'est dans leur dureté qu'elles trouvent leur justesse. le silence se poursuit, dans "Ce jour-là" avec ce petit garçon qui est dans l'incompréhension de ce qui lui arrive (le silence de la compréhension), dans "Le songe" avec cet homme à la langue arrachée et ces autres personnages qui ne sont plus que des corps, dans "L'Impuissance", où Renaud va rompre pour la première le silence en hurlant qu'il faut brûler les livres car ceux-là nous font croire que nous pouvons être fiers d'être des Hommes alors qu'ils n'empêchent pas la guerre et la mort injuste...

C'est par le silence du monde et des Hommes, par le sentiment d'abandon que subissent les personnages, par leur sentiment d'impuissance, que Vercors donne la parole aux heures sombres de l'histoire d'hier et une potentialité de parole aux heures sombres d'aujourd'hui.
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Je l'ai lu au collège. J'ai vu le film de Jean-Pierre Melville. C'est un texte dense d'une cinquantaine de pages. L'histoire est exposée par l'oncle narrateur ce qui permet de percevoir les regards, les silences entre l'officier allemand et la nièce. le duel a lieu dans la pièce à vivre. Un seul épisode se déroule à l'extérieur ; lorsque l'oncle se rend à la Kommandantur.
Le texte est écrit à la première personne. Grâce aux phrases courtes, on s'identifie rapidement aux protagonistes.

A la suite du silence de la mer, je me suis sentie mal à l'aise dans la nouvelle "Le songe" ; J'ai pleuré avec Vendresse dans "L'imprimerie de Verdun" ; enfin, je me suis indignée dans "La marche à l'étoile".

Finalement, j'ai accru mon vocabulaire avec des mots comme "fridolin, parpaillots, bélître..." J'ai découvert des pages magnifiques sur la patriotisme et l'espérance.
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Culture, silence et dignité. Un affrontement qui est aussi un échange.
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Ce court recueil totalise 7 nouvelles, dont une qui fait office de préface qui cherche le rire malgré le contexte de l'occupation allemande de 1942 et semble nous prévenir qu'on ne le trouvera dans aucun des récits suivants.

Effectivement la gravité des autres nouvelles brassent de nombreux sentiments, basées sur les souvenirs personnels de Vercors après l'armistice qui ne que prélude qu'à la destruction du génie français.

L'auteur regrette l'inaction, l'impassibilité sous la chape de plomb de l'occupation qui semble empêcher toute indignation, toute résistance à l'ennemi.

Pourtant, le récit principal qui donne son titre à ce livre démontre à lui seul que la simple volonté de ne pas communiquer avec l'ennemi qui s'impose à votre domicile peut être un acte patriotique.

Les textes au style clair et précis, évoquent la méfiance dans les rapports humains, la surveillance quotidienne et la dénonciation. Mais aussi l'étouffement de l'âme de la France représentée par la culture, les arts et notamment la littérature.

Les récits exaltent le patriotisme sincère et raisonné des "français d'importation", évoquent les camps d'extermination, la trahison de Pétain et l'ignominie de la collaboration.

Celles qui m'ont particulièrement marqué sont « le silence de la mer », « le songe », « L'imprimerie de Verdun », « La marche à l'étoile ».
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Cet ouvrage est un recueil de courtes nouvelles de Vercors : on y trouve bien sûr le silence de la mer, mais aussi Désespoir est mort, Ce jour-là, le cheval et la mort, L'impuissance, L'imprimerie de Verdun et La marche à l'étoile.

Mes deux nouvelles préférées furent le silence de la mer, le meilleur de tous je dirais, et Ce jour-là.

L'auteur, de sa belle plume, arrive à nous immiscer dans l'ambiance de la guerre à un moment donné, dans un contexte précis. Une impression, un sentiment, raconté du point de vue d'un personnage.

Dans le silence de la mer, nous avons trois personnages : le narrateur et sa nièce, qui vivent sous le même toit et s'allient dans leur silence, et un Allemand venu vivre chez eux pendant la guerre contre la France.
Les deux Français s'unissent contre l'Allemand avec leur seule arme : le silence.
L'Allemand pourtant est un gentilhomme. Il parle, il est très poli, a toujours un mot gentil. Au fur et à mesure du récit, on se prend presque d'affection pour lui, il est honnête. Un humain reste un humain, peu importe sa patrie, et surtout peu importe la politique et les quelques gouvernants à la tête de son pays.
On sent le désespoir et l'horreur envahirent nos trois personnages. L'Allemand doit partir, horrifié, désolé, et après des longs jours de silence, il obtient un triste et déplorable : "Adieu".

Nous pouvons sentir toute la froideur de ce texte qui réfère à la guerre, cassée pourtant par la gentillesse et la chaleur de l'Allemand qui parle de la culture de la France avec beaucoup d'amitié. La guerre détruit, casse, rompt au silence.
Peut-être ce très lourd silence est-il la meilleure réaction et attitude à avoir dans ce contexte... face à l'absurdité, face à l'horreur, peut-être ont-il trouvé dans ce silence commun un acte de résistance.

Ce jour-là est très intéressant car il est vu à travers les yeux d'un petit garçon. Un jour, son père l'emmène en promenade. Mais ca ne se passe pas comme d'habitude : il lui sert très fort la main, ils ne s'arrêtent pas comme d'habitude à certains endroits rituels... Puis, maman a l'habitude de toujours déposer un pot de géraniums au bord de la fenêtre quand ils partent. Et ce jour là, une fois arrivés en haut de la colline, le petit garçon et son père s'aperçoivent que le pot de fleurs a disparu. Son père le dépose en vitesse chez une certaine dame. Puis il s'en va, il disparaît. On cache des choses qu'on ne veut pas dire au petit.
Tel que le silence, le petit ne dit rien et se met juste à verser des larmes. Pas besoin de comprendre les détails, nous comprenons de la même manière que ce petit le sens du danger, la peur, l'abandon, la tristesse.

Et pourtant, malgré la noirceur et la lourdeur du thème de la guerre abordé, ces nouvelles sont légères, courtes et agréables à lire.
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Oui ce siècle, en Europe, restera, pour l'Histoire, marqué par ce trou béant, par cet abîme sur lequel tout revient.
Presque à son mi-temps, un pivot barbare sur lequel tout le siècle semble construit.
Là où tout se finit, là où pourtant tout doit renaître, puisque nous sommes toujours là.
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