AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,83

sur 242 notes
5
8 avis
4
9 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Jules Verne ne serait-il qu'un affreux raciste ? Gardons-nous de le condamner trop vite. Dès son premier roman, il est en effet capable de reconnaître la qualité de certaines cultures africaines ; comme dans ce passage de Cinq semaines … où nos voyageurs survolent Tombouctou. L'Afrique a eu parfois un grand passé ; malheureusement ces temps semblent révolus :
"Tombouctou, depuis le XIe siècle, objet de convoitise générale, a successivement appartenu aux Touareg, aux Sonrayens, aux Marocains, aux Foullannes ; et ce grand centre de civilisation, où un savant comme Ahmed-Baba possédait au XVIe siècle une bibliothèque de seize cents manuscrits, n'est plus qu'un entrepôt de commerce de l'Afrique centrale. La ville paraissait livrée, en effet, à une grande incurie." Voilà qui semble aussi reconnaître, indirectement, le rôle positif des musulmans à l'histoire de l'Afrique.
Mais la générosité de notre auteur s'affirme plus clairement dans d'autres de ses ouvrages comme Nord contre Sud ou Un capitaine de quinze ans, remarquable dénonciation de l'esclavage qui subsiste dans la seconde moitié du XIXème siècle. le livre, publié en 1878, raconte l'histoire d'un garçon de quinze ans, Dick Sand, qui se retrouve seul maître à bord du Pilgrim, à la suite d'un accident où périssent le capitaine et les hommes d'équipage. Responsable des quelques passagers du navire, une jeune mère et son enfant et quatre noirs américains affranchis, il est trahi par le maître cuisinier qui fait en sorte que le Pilgrim soit amené sur les côtes de l'Angola. Cet individu, Negoro, un Portugais, cherche à vendre ses compagnons comme esclaves. La seconde partie du livre nous entraîne à la suite de Dick Sand dans cette Afrique en proie à la traite négrière.
Précis, équilibré dans ses jugements, le livre fait dans l'ensemble de la bonne pédagogie.
Oubliant un peu vite que la Convention avait supprimé l'esclavage dans les colonies françaises dès 1794, Jules Verne rappelle que l'Angleterre, la première, abolit la traite en 1807 et qu'elle fut suivie par la France lors de la Restauration, en 1814 (Napoléon, qui avait rétabli l'esclavage en 1802 - confirma cette mesure pendant les Cents jours). Tout cela, admet notre auteur, resta assez théorique, les négriers ne cessant de courir les mers et allant "vider dans les ports coloniaux leur cargaison d'ébène" ; mais en 1838 l'Angleterre émancipa tous les noirs de ses colonies, six cent soixante-dix mille esclaves ; suivie bientôt par la République française de 1848.
Jules Verne rappelle que l'esclavage n'a pas été l'exclusivité de l'Europe ; et qu'en cette seconde moitié du XIXème siècle, deux courants principaux de traite négrière subsistent en Afrique. "Deux directions sont imprimées aux caravanes : l'une vers la colonie portugaise de l'Angola ; l'autre à l'est vers le Mozambique. de ces malheureux dont une faible partie arrivent à destination les uns sont expédiés soit à Cuba, soit à Madagascar ; les autres, dans les provinces arabes ou turques de l'Asie, à La Mecque ou à Mascate". Notre auteur utilise les meilleures sources sur le sujet, les trouvant dans les récits tout juste publiés des grands voyageurs anglais comme Grant, Cameron, Burton ou Speke. Il décrit les provinces ravagées par les razzias où on ne trouve que mort et désolation. Livingston, au lendemain de ces chasses à l'homme, ne reconnaissait plus les provinces qu'il avait visitées quelques mois auparavant.
"Le marché des colonies espagnoles et portugaises se fermera un jour ; des peuples civilisés ne peuvent plus longtemps tolérer la traite… toutefois, pendant de longues années encore, les nations musulmanes maintiendront ce trafic qui dépeuple le continent africain. C'est vers elles que se fait la plus importante émigration de noirs…"
Un peu plus loin, Jules verne écrit : "L'islamisme est favorable à la traite. Il a fallu que l'esclave noir vînt remplacer là l'esclave blanc d'autrefois." Mais il n'absout pas pour autant totalement l'Occident puisqu'il ajoute : "nombre d'agents de grande puissances européennes n'ont pas honte de montrer pour ce commerce une indulgence regrettable."
Voilà qui ressemble à une série de constats objectifs, sans souci d'accabler ou d'absoudre à sens unique. Dans le cours du récit, les noirs affranchis se montrent héroïquement courageux. C'est l'un de ces frères, Hercule qui, après avoir réussi à échapper aux traitants, sauvera la situation en délivrant Dick Sand. On est loin des stéréotypes du bon noir, domestique dévoué mais un peu borné que l'on trouve dans plusieurs livres et notamment dans L'île mystérieuse ou Robur le Conquérant.
Commenter  J’apprécie          50
Parti de Nouvelle-Zélande, le baleinier « le Pilgrim » embarque à son bord une dame et son fils, Mrs Weldon et son petit garçon Jack, respectivement femme et fils de l'armateur qui possède le bateau, James W. Weldon, ainsi qu'un jeune homme de quinze ans, Dick Sand, novice dans la marine et qui apprend le métier. La mer est belle et tout se passe bien jusqu'au moment où une baleine intéresse le capitaine Hull et son équipage et c'est le début des ennuis…
Pourquoi lit-on Jules Verne ? D'abord pour les aventures avec moult rebondissements et aussi parce qu'il y a comme un goût d'enfance. le propos est naïf et le racisme inconscient mais prégnant du XIXe siècle doit être mis sur le côté, tout comme cette empreinte de la religion qui apparaît à tout bout de champ. On trouve « de braves Noirs » mais les mauvais sont vite comparés à des singes -deux fois dans le roman – et l'on s'en remet à Dieu qui peut tout. Hormis toutes ces assertions d'un autre temps, Jules Verne n'en reste pas moins un des plus éclairés quand il s'agit de dénoncer l'esclavagisme que des Portugais mal attentionnés avaient organisé en Angola, de décrire la faune et la flore de l'Afrique équatoriale ainsi que les moeurs des indigènes et le système des factoreries des marchands d'esclaves.
Et puis ils y a les personnages hauts en couleurs, comme ce cousin des Weldon, Benedict, personnage éthéré et rêveur dont la seule préoccupation est la collecte d'insectes rares pourvu qu'ils soient des « hexapodes », les cinq Noirs sauvés d'un naufrage par le « Pilgrim » sous la houlette d'Hercule, brave et très fort comme son nom l'indique, ce jeune homme, un peu à la Tintin qui mène le bateau presque comme un adulte parmi les tumultes d'une tempête et bien sûr le traître qu'on repère dès le début par son air taciturne et asocial et qui fait tout basculer dans l'horreur.
Bien sûr, on sait que nos héros s'en sortiront malgré les épreuves grâce à la force d'Hercule, le flair du chien récupéré du naufrage avec les Noirs, la ruse et l'intelligence vive de Dick Sand et évidemment grâce à Dieu ! Malgré tout, on se laisse une nouvelle fois emporter par la narration de Jules Verne, par son savoir encyclopédique car, destiné souvent aux jeunes gens, ses romans sont aussi là pour instruire bien qu'on ressente souvent des longueurs dans ses descriptions de plantes, d'insectes mais c'est moins ennuyeux que les poissons de Vingt mille lieues sous les mers. On apprend aussi un peu de l'histoire du commerce des esclaves contre lequel les institutions internationales commençaient à s'élever et il va de soi que Jules Verne est du côté progressiste par ses références aux expéditions de Cameron, de Stanley et bien sûr de Livingstone à qui un chapitre entier est consacré.
Commenter  J’apprécie          60
Tuer des baleines (une mère allaitante et son bébé...), tirer pour le plaisir sur des oiseaux de mer... mais que d'atrocités. Et ces meurtres sont commis par les héros mêmes du roman, pour lesquels ma sympathie n'est donc pas entière.
Décidément, ces lectures ne se rencontrent plus avec l'esprit moderne. Et je suis persuadée que bien des contemporains de Verne en étaient eux-mêmes choqués, l'amour et le respect des animaux ne datant pas d'hier.
Reste la condamnation de l'esclavage, la description haute en couleurs des trafiquants et autres barbares arabes ou africains (on n'oubliera pas de sitôt la description réaliste du "chef" Moini Loungga) : où l'on voit que le mal en cette matière ne fut pas le fait du seul Occident - un rappel toujours salutaire en cette ère de wokisme qui refait l'histoire selon sa volonté et contre tout ce qui, dans les faits, gêne et contredit sa fiction en noir et blanc - cela dit sans mauvais jeu de mots.
Commenter  J’apprécie          00
Nous devrions tous relire ce livre adulte. C'est un incontournable des romans de Jules Verne.
Au delà de l'aventure et de l'expédition, de l'exploration typique de Jules Verne c'est aussi un Livre profondément antiraciste. Et aussi nous y découvrons l'Afrique telle qu'elle était connue (vision Europe) a l'époque.
Commenter  J’apprécie          50
Surprenant pour un Jules Verne , beaucoup d'érudition comme toujours mais une bonne part de violence . L'histoire est très bien construite . Les Héros subtilement décrits et tout ça sur fond d'esclavagisme et une part d'historique . Un vrai plaisir de lecture , on plonge dans les (surtout) mésaventures des personnages .
Commenter  J’apprécie          20
Avec « Un Capitaine de quinze ans » (1878), c'est le Jules Verne « classique » que nous retrouvons : de l'aventure, un jeune héros confronté à des ennemis féroces et promu défenseur de la veuve et de l'orphelin, des aventures en mer, des aventures en terre, c'est « L'Ile au Trésor », le trésor en moins. Et la comparaison n'est pas tout-à-fait innocente, le méchant de l'histoire, c'est le cuisinier du bateau !
C'est un roman avec changements de trajectoires : ça part comme un roman d'aventures maritimes puis après un drame en mer, on échoue sur une côte, et là au lieu d'une robinsonnade dont l'ami Jules a le secret, on s'enfonce à l'intérieur des terres jusqu'au dénouement sur les rives du Zaïre.
Dick Sand, quinze ans, est mousse sur le Pilgrim, un brick goélette américain commandé par le capitaine Hull ? Parti de Nouvelle-Zélande, il ramène en Amérique Mrs Weldon, la femme de l'armateur, son fils Jack, et son cousin Benedict. En chemin on recueille une chaloupe contenant cinq noirs naufragés, dont le gigantesque Hercule, et un chien, Dingo. Une chasse à la baleine s'avère désastreuse et tout l'équipage, capitaine y compris, meurt dans les flots. Sur le navire ne reste plus que la famille Weldon, les cinq noirs et le chien, et bien sûr Dick Sand. Plus le maître-coq, Negoro, le seul qui ne semble pas attristé par la tragédie. Dick Sand, promu capitaine par Mrs Weldon, décide de diriger le bateau vers l'Amérique, mais Negoro, ayant trafiqué la boussole, le Pilgrim échoue sur la côte africaine.
D'autres aventures attendent nos héros : Negoro est un négrier, trafiquant d'esclaves. Dick et ses amis sont faits prisonniers mais délivrés par Hercule. Ils découvrent les restes d'un explorateur qui se révèle être le maître de Dingo, tué par Negoro (on comprend mieux l'animosité du chien pour le maître-coq). Dingo venge son maître en égorgeant Negoro et tout est bien qui finit bien.
De ce passionnant roman d'aventures, deux thèmes émergent particulièrement : le voyage initiatique de Dick Sand : comment on passe de l'enfance à l'âge adulte. C'est ici qu'on pense à Stevenson (et on a fichtrement tort car l'Ile au Trésor ne paraîtra qu'en 1882, soit quatre ans plus tard). L'autre grand thème est l'esclavage. Jules Verne, esprit éclairé, s'est à maintes reprises déclaré contre l'esclavage (notamment dans ses romans « africains » comme « Cinq semaines en ballon », « Aventures de trois russes et de trois Anglais », mais aussi dans « Nord et Sud »), sans doute par conviction personnelle, mais peut-être aussi que le Nantais qu'il était avait à coeur de restaurer un peu le blason de sa ville natale, tristement célèbre pour son rôle dans la traite des Noirs entre l'Europe et les Antilles (c'est mon idée, elle est je crois plausible, mais j'ignore si Jules Verne s'en est exprimé dans ses écrits). Pour être totalement objectif il faut souligner que Jules Verne pouvait être également raciste et antisémite, comme on l'était généralement à son époque (ce qui, Dieu merci, n'est plus le cas aujourd'hui, mais peut-être me trompe-je). Mais pas, en tous cas, dans ce livre-ci.
De ce fait ce très beau roman d'aventures se double d'un roman engagé, très réaliste (scènes de violence et même de cannibalisme), et finalement poignant et émouvant. Jules Verne reste un enchanteur, dont le récit nous emmène loin de chez nous, nous fait rêver et nous fait réfléchir.
De 7 à 77 ans et même après (j'imagine)


Commenter  J’apprécie          80
Ne vous y fiez pas, l'aventure sur mer n'est qu'une partie du roman. J'ai d'ailleurs été bien surprise lorsque je me suis retrouvée, à mi-lecture, sur le continent africain, celui des récits du 19ème siècle, sauvage, voire barbare.
Dick Sand est un bien jeune mais expérimenté matelot lorsque le bateau de pêche sur lequel il travaille accueille en son bord Mrs Weldon et son enfant. Les premiers jours de ce voyage de retour se passe alors sous les meilleurs auspices: le temps est ensoleillé, la mer limpide, et une bonne entente règne à bord, malgré le taciturne cuisinier Negoro, engagé à bord en Nouvelle-Zélande.
Mais une baleine qui passe par là éveille les sens du capitaine et de son équipage, voyant par cette pêche là une manière glorieuse de terminer cette longue expédition.
Je n'en dirai pas plus sur le récit qui, sans surprise, recèle de multiples aventures et pas mal de suspens.
j'ai trouvé cette lecture intéressante, au-delà du récit en lui-même, pour ce qu'il peut dénoter de l'époque où il a été écrit, c'est-à-dire peu après l'abolition de l'esclavage dans la majorité des pays mais en pleine colonisation. Jule Verne condamne fermement l'esclavage dans ce roman et milite pour la liberté des Noirs américains; mais le regard qu'il porte sur les Noirs africains s'avère moins ouvert er rien dans le récit ne montre une quelconque curiosité envers les cultures des "indigènes".
J'ai maintenant plusieurs lectures de Jules Verne à mon actif, je ne suis pas surprise de ce décalage entre son époque et la nôtre, mais cela finit par rendre ces lectures moins agréables.
Pour le reste, Jules Verne profite de ce récit pour nous donner quelques leçons d'entomologie et de géographie du continent africain, notamment en nous retraçant le parcours de Livingstone en Afrique australe.
Une lecture captivante et instructive donc, mais je pense m'arrêter là avec ma découverte de l'oeuvre de Jules Verne, au moins pour un certain temps!



Commenter  J’apprécie          260
A travers ce roman, Jules Verne nous transporte dans de nouvelles aventures palpitantes, comme il sait si bien le faire. L'auteur se sert habilement des descriptions des lieux pour nous faire voyager. Dick Sand, jeune mousse, héros du roman comme nous pouvons le deviner à la seule lecture du titre, a dû faire rêver de nombreux adolescents.
Commenter  J’apprécie          100
J'ai lu "Un capitaine de quinze ans" de Jules Verne. J'avoue que je ne connaissais pas cette oeuvre de Jules Verne. Celui-ci nous emmène en mer et nous fait vivre d'agréables instants de dépaysement. Avec un léger goût d'aventure, on se laisse facilement voyager. Mais comme à son habitude, cet auteur nous confronte à beaucoup de détails en tout genre, parfois même des mots inconnus (pour ma part en tout cas).. sans oublier les unités de mesure différentes des usuelles. Un joli moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          80
C'est toujours sympa de relire les bouquins qui nous ont plu étant enfants.
Je ne me rappelais pas que ce livre était un vibrant plaidoyer contre la traite des êtres humains !
Au delà de l'odyssée de Dick Sand et de Mrs Weldon, qui m'avait passionnée plus jeune, Jules Verne nous fait découvrir l'Afrique telle qu'on la connaissait en 1878, c'est à dire au travers des expéditions comme celle de Livingston par exemple.
C'est très prenant car on se demande si tout ce petit monde va s'en sortir ou non !
C'est très instructif aussi sur la traite des indigènes africains à l'époque, Jules Verne retrace bien toute cette partie sombre de l'histoire humaine, qui, quoi, comment.
Il serait sage de refaire lire ce livre dans les écoles pour comprendre le pourquoi de la vision "blanche" de l'humanité sur la population noire.
Livre profondément anti-raciste, éloge du courage, j'ai beaucoup aimé relire ce livre dans le cadre du challenge solidaire 2021.
Commenter  J’apprécie          220





Lecteurs (1269) Voir plus



Quiz Voir plus

Jules Verne

Quel est le premier livres écrit par Jules Vernes?

Robur le conquérant
Les enfants du capitaine grant
5 semaine en balon
L'étoile du sud

5 questions
244 lecteurs ont répondu
Thème : Jules VerneCréer un quiz sur ce livre

{* *}