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Nuit de printemps de Tarjei Vesaas,
une nuit de printemps particulière, où la chaleur alanguit l'esprit et le corps.

Une nuit pour explorer l'univers intime de Hallstein, jeune garçon de quatorze ans, témoin privilégié du ballet amoureux qui se joue entre Sissel, sa soeur aînée et Tore, le jeune voisin âgés tous deux de dix-huit ans.
Un ballet qui titille les sens de notre narrateur, le jeune Hallstein, alors que son imagination débridée le couronne maître d'un univers merveilleux et magique, prince du val des angéliques, son repaire et refuge, un vallon humide qui lui appartient tout proche de la maison familiale. Maison familiale désertée aujourd'hui par les parents, partis à l'enterrement d'un oncle dans une ville éloignée.

Une belle soirée en perspective, une soirée ennébulée, promesse de liberté et de sécurité dans la maison familiale vidée de toute autorité parentale, ouverte aux quatre vents, occupée par les seuls adolescents. Une soirée inespérée à peine enténébrée par le soleil de minuit, cette clarté rasante proche de l'heure bleue, l'heure entre chien et loup où illusion et réalité se confondent, prémices d'instants heureux à partager entre Hallstein et Sissel car Hallstein a décidé que Tore, le voisin énamouré n'y avait pas sa place.

Pourtant en cette ultime nuit de printemps, l'univers enchanteur du narrateur va être tourneboulé par un événement extérieur, un véritable maëlstrom va secouer toute la maisonnée et les signes cabalistiques répétés par Hallstein n'y pourront rien changés,en apparence, car au petit matin notre jeune garçon sera autre, aura gagné en maturité comme le fruit mûr de l'été qui va bientôt arrivé.

J'ai retrouvé avec joie l'univers de Tarjei Vesaas que j'avais déjà effleuré avec Les oiseaux, son écriture pudique, authentique aussi vibrante que la nature qui la nourrit et l'entoure.
Avec ce récit, il embobeline les lecteurs à travers les nombreuses dégaboulinations de ses personnages (petit clin d'oeil au traducteur Jean-Baptiste Coursaud).

Un auteur qui saisit à merveille les émotions de ses protagonistes et évoque avec talent le passage à l'âge adulte. Encore une fois l'immersion dans l'univers intérieur du narrateur est réussi, et nous l'accompagnons tout au long du récit. Hallstein confronté à des énigmes existentielles quitte peu à peu son univers magique en cherchant les réponses dans les réalités de la vie lors de cette longue et ineffable nuit de printemps. Un équilibre bouleversé à réinventer ...

Une lecture sensuelle, poétique, surprenante et fascinante entre rêve éveillé et réalité. Un enchantement sans aucun maléfices, un vrai bonheur.
Une nuit de printemps ou comment Etre dans ce qui s'en va ...

Nuit de printemps, publié en1954, a été adapté au Théâtre en 1992, puis au cinéma en 1976 par le réalisateur Erik Solbakken.
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Première incursion dans l'univers de cet auteur norvégien, merci, Idil, pour cet envoi!

Juste quelques jalons pour présenter l'oeuvre: durant une nuit printanière, époque où il fait encore jour dans les pays scandinaves, deux adolescents, Hallstein, 14 ans, et sa soeur Sissel, 18 ans, seuls chez eux, vont vivre des moments uniques, en raison de la venue inopinée d'un groupe de personnes.

Je suis assez partagée car certains aspects du livre m'ont beaucoup plu, d'autres moins...

Commençons par le négatif : dans ce huis-clos, ce qui m'a de plus en plus hérissée, ce sont les conversations décousues, quelquefois peu compréhensibles, avec des phrases souvent inachevées, des personnages. On comprend bien que le symbolisme est important chez cet auteur, mais il devient à certains moments hermétique. De même que les agissements des uns et des autres, bien étranges. En tout cas, le personnage d' Hjalmar est remarquablement présenté car le lecteur, tout comme les protagonistes de l'histoire, finit par ne plus le supporter non plus!

Par contre, j'ai adhéré à l'écriture , magique, sensuelle, tout en nuances. La fusion des êtres avec la nature sauvage est rendue avec justesse et poésie. Le val aux angéliques où Hallstein aime se rendre, quel enchantement!

J'ai aimé aussi la manière délicate et subtile dont l'auteur nous fait apparaître les changements qui s'opèrent dans le corps et l'esprit de Sissel et d'Hallstein , en l'espace d'une nuit. Perçue comme rite d'initiation, passage à l'âge adulte, la rencontre avec ces gens bizarres sera déterminante pour eux. Comme un rêve éveillé...tout en langueur et émoi.

Même si mon avis est un peu mitigé, j'ai envie de découvrir davantage cet auteur attachant et singulier. Peut-être avec le plus connu de lui, " Palais de glace". Si vous me conseillez autre chose, je suis prenante!

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LA VIE, PAR PETITES TOUCHES.

De Tarjei Vesaas (prononcer, à peu près, "véssauss' ", le son "z" n'existant pas en néo-norvégien), le public français connait essentiellement ses deux chefs-d'oeuvre - ce qui n'est déjà pas si mal, tant les littératures du grand nord furent longtemps méconnues et maigrement traduites chez nous avant l'engouement parfois un rien excessif pour leur veine policière contemporaine, mais là n'est pas le débat - que sont : Palais de Glace, édité de longue date chez Flammarion ainsi que le bouleversant et intemporel Les Oiseaux, longtemps proposés et défendus (bec et ongles, oserons- nous ajouter) par un seul petit éditeur-imprimeur charentais courageux : Les Editions Plein-Chant. Aujourd'hui, ce titre magnifique est aussi proposé en version poche, ce qui est une très bonne chose, mais ces petites maisons d'éditions sont dans de telles situations de survie économique qu'il semble essentiel de rester attaché malgré tout au premier passeur de cet incroyable roman.

Aussi est-ce toujours une stupéfiante bonne nouvelle que de découvrir un titre jamais publié en France de cet auteur trop rare. C'est ce qu'on réalisé les confidentielles mais néanmoins excellentes éditions Cambourakis en 2015 en donnant une première traduction en français d'un livre pourtant majeur de cet écrivain : Nuit de printemps.

Comme bien souvent chez Vesaas, le prétexte de l'histoire tient en quelques lignes : un frère et sa soeur, s'aime d'amour (fraternel) tendre pourrait ajouter le poète, plongés qu'ils sont en pleine adolescence mais en ses deux extrémités opposées. Hallstein, quatorze-ans, achève ainsi de quitter les rivages fantasques de l'enfance tandis que son aînée, Sissel, dix-huit ans, aborde à pas comptés l'age des adultes. Cette nuit-là, ils se retrouvent provisoirement seuls dans leur petite maisonnée familiale, en pleine nature et même si le plus proche village n'est qu'à quelques encablures. La jeune femme en est aux premiers flirts tandis que le garçon s'invente encore des amies parfaitement imaginaires.

C'est le printemps. Sans doute même, l'approche de l'été. Pour qui n'a vécu sous ses latitudes ou ne s'y est jamais rendu à cette période, il faut oublier impérativement nos printemps de zone tempérée. Là-haut, et même si le Telemark où se situe fort probablement l'action lieu de vie de son auteur, est une région du sud de la Norvège, le printemps y est une véritable explosion de vie, de couleurs, de lumières. Et bien que les éclaircies y succèdent inexorablement aux averses (et inversement), le jour pénètre la nuit jusqu'à fort tard, donnant à l'ambiance du monde une saveur mystérieuse que l'on ne peut retrouver nulle part ailleurs. Les toiles d'Edvard Munch, le grand artiste de la première modernité scandinave a parfaitement exalté ces atmosphères quasi incandescentes dans des oeuvres malheureusement moins connues chez nous que son célèbre "Cri". La pluie, le soleil, la lumière, l'étrangeté mystique du monde et de la nature, cette explosion verte et vive de vie renaissante après une trop longue période de tristesse grise et sombre, de mort : voilà ce que retranscrit, par petites touches successives et délicates, ce grand poète et écrivain qu'était Tarjei Vesaas.

Rien ne préfigurait le bouleversement qu'allait alors connaître nos deux jeunes gens. Il aura suffit d'une vieille guimbarde en panne, d'une femme enceinte et prête à accoucher, d'une famille qui se déchire copieusement, sans qu'on sache réellement pourquoi, sinon que les tensions internes y sont monnaie courante et effrayantes, pour qu'explose le drame. Seule la plus jeune, une adolescente de treize ans nommée Gudrun et affublée d'une étonnante frange de cheveux bruns, semble tenter de s'abstraire de cette furie domestique. Gudrun. le portrait même, jusqu'au nom, de cette jeune amie imaginaire que s'est créé le solitaire Hallstein. Lorsque songe et réalité se rejoignent.

On ne saura rien de ce qui a pu déclencher une telle tempête. On n'en aura que de minces bribes, assénées ici et là sans qu'on s'y attende. On se retrouve pourtant mêlé, comme les deux jeunes gens, à cette vie qui est nous étrangère et proche à la fois. Comme si Vesaas avait le pouvoir pour ainsi dire magique de nous faire pénétrer le saint des sains d'une longue histoire intime sans que cela nécessite pour autant d'en alourdir la réalité tangible par l'évocation laborieuse d'une multitude de faits qui se seraient juxtaposés, superposés, accumulés au fil des semaines. Est-il si indispensable de connaître la source d'un cyclone lorsque vous vous y trouvez impliqué sans que vous ayez eu le temps de vous en prémunir ? Est-il possible d'en dévier le cours ? de l'apaiser ? Non : il faut seulement tenir et, lorsque c'est possible, protéger. C'est ce que vont faire, d'une certaine manière mais sans en avoir la prescience ni même la conscience, nos beaux adolescents. C'est aussi la vie et la mort qui vont se succéder sous ce toit. C'est une petite part de la folie des humains. C'est une incoercible incompréhension entre des êtres qui ne se connaissent pourtant que trop qui va entretenir les vents mauvais du conflit. Ce sont des petits riens qui vont permettre de faire pourtant avancer l'horloge de l'existence. C'est le pire et le meilleur de toute existence qui vont trouver résolution, aussi imparfaite que la vie elle-même. Un épilogue parmi des millions d'autres envisageables. Et pourtant le seul possible.

Il est impossible de résumer parfaitement les livres de cet immense écrivain norvégien parce qu'ils parviennent, extra-ordinairement, à raconter la vie, la vie dans ce qu'elle a de plus éternel, immédiat et simple, dans ses moments d'apparence si ténue, si fragile, dans ses explosions d'amour ou de haine les plus inattendus et prévisibles à la fois, parce que les gens qu'on y croise, on pourrait tout aussi bien les rencontrer au coin de la rue, parce que ce chantre de la nature sait le langage des fleurs et des ruisseaux, parce qu'il connait le visage des arbres, parce que nul ou bien peu - étrangement, je pense à un écrivain pourtant inattendu ici comme André Dhôtel - ont su, comme cet homme fait, évoquer la grâce et les tourments de l'adolescence. Parce que tout y est dit à partir de presque rien. Mais de ce presque, Tarjei Vesaas fait des prodiges. Et lorsqu'on tombe une fois dans ces livres-là, qu'on en comprend les prémisses et les intentions, qu'on cesse d'être interloqué par ce style allusif, symboliste, imperceptiblement évocateur, jamais on ne s'en remet tout à fait. Pour son plus grand bonheur. Pour une espèce de joie intérieure qui ne vous quitte plus vraiment.

Nul doute que d'autres chroniques consacrées à cet homme reviendront ici tôt ou tard. C'est chaque fois miraculeux !
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J'ai bien aimé ce huis-clos aux relents fort oniriques, mais orchestré avec maestria. Il ne faut sans doute pas vouloir comprendre tous les points de fuite offerts par l'auteur, mais se laisser porter par l'histoire, qui, de premier abord apparaît un peu rocambolesque, pour plonger le lecteur dans une suite d'événements plutôt étranges. Je l'ai en tout cas lu sans guère d'arrêts.

Et à plusieurs reprises, j'ai imaginé ce texte porté au théâtre. Avec une mise en scène imaginative.

Loin d'être mécontente de cette découverte, due à un voyage dans le pays de l'auteur (et j'essaie toujours de lire du local).

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Hallstein et Sissel profitent d'une fin de journée et d'une nuit sans leurs parents, exceptionnellement absents. Tout semble possible dans cet intervalle de temps libéré. Soudain une voiture cale au bas de la maison et cinq étrangers exigeants en sortent. « Où que nous allions nous sommes une nuisance. Voilà ce que nous sommes. » (p. 258) Une femme en couches, une autre paralysée et paranoïaque, un homme intranquille et frénétique, une jeune fille inquiète et un futur père explosif. En quelques heures étouffantes, les émois et les crises se succèdent. « Puisque cette nuit rime avec fièvre. » (p. 146) La situation est trop galvanisante et extraordinaire, surtout pour Hallstein qui soulève avec excitation et frayeur le voile qui le sépare du monde adulte. le garçon est tiraillé par des promesses contradictoires faites aux inconnus. . « Je crois que personne n'arrivera à dormir cette nuit. [...] Il va sûrement se produire tout un tas de choses. » (p. 115) de fait, dans la pénombre chaude d'un crépuscule qui refuse de s'éteindre complètement, la vie et la mort se côtoient et les événements se précipitent. « Des choses inouïes se produisaient avant qu'on les ait pensées. » (p. 223)

Je retrouve avec plaisir l'auteur norvégien qui sait si bien peindre la panique des sentiments face à la nature impassible. Après Les oiseaux (que je compte relire prochainement), Tarjei Vesaas propose une autre version des relations fraternelles. Hallstein/Sissel et Gudrun/Karl sont des paires aux fonctionnements différents, au sein desquelles la tendresse ruisselle avec plus ou moins de force. La fin du roman m'a semblé abrupte à la première lecture, mais en y revenant quelques heures après, j'y vois plutôt une formule qui clôt un conte, qui ramène à la réalité et qui ferme une parenthèse impossible. Voilà un très grand roman de Tarjei Vesaas !
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La lecture de ce roman a été dérangeante, non pas dans le sens de surprenante. Non, alors je serais davantage dans le malsain.
Je poserai en avant-propos que je n'ai peut-être rien compris au livre et à son sujet.
Le début était plutôt intéressant et nous préparait à un huis clos, quoique si on y réfléchit bien, n'est en rien original.
L'originalité consistait donc en les personnages ainsi enfermés ou mis les uns sur les autres malgré eux.
Cela pouvait devenir intéressant, en tant qu'oeuvre romanesque.
Que nenni ! on tourne court, les personnages superficiels ont la prétention de prendre de la profondeur, oh, horreur, ils demeurent dans leur faiblesse.
L'histoire part à vau l'eau, la folle reste folle, le méchant reste méchant, bref, j'ai eu à la fin une désagréable impression d'imposture.
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Encore perdu dans le monde de Tarjei Vesaas avec ce troisième roman Nuit de printemps, traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud édité en France en 2015, écrit en 1954. Cet auteur peu connu en France, est une référence dans son pays Natale, surtout avec Palais de glace, immense succès de la littérature du XXe siècle, aussi Les oiseaux, sublime enchantement lors de la découverte de cet auteur, il y a peu.
Nuit de printemps, comme les autres romans que j'ai eu le loisir de décorer de Tarjei Vesaas chante la nature, murmure l'adolescence et dans ce dernier la mort rode toujours dans la turpitude de ces vies d'angoisses. A la différence, Nuit de printemps bouscule la tendresse des paysages, dans le tumulte des dialogues incohérents entre ses personnages prisonniers de leurs images, lorsque deux adolescents, frère et soeur de 14 et 18 ans se retrouvent bousculer par une fratrie en effervescence, une tornade printanière nocturne.
Lorsque Hallstein, jeune garçon de 14 ans, adolescent rêveur, flânant dans l'herbe humide pour s'admirer des limaces noires errantes, constellant la verdure rosée comme un songe au fantôme du serpent légendaire, où les Angéliques tapissent son monde et sa création Gudrun, sa virtualité enfantine savoureuse et mutine, et sa soeur Sissel tout juste majeur derrière ses 18 ans, perdue devant son poste de radio, la flagrance des auditeurs ensorcelle ses silences, se retrouvent un soir seuls dans leur maison jaune perdue sur cette petit colline, isolée de monde extérieur de la ville, d'un village, embrassant la lisière des bois. Un éclair vient briser cette béatitude d'une nuit de printemps par cette voiture venant s'échouer au porte de cette maison jaune, à l'intérieur 5 personnes, une jeune adolescente au nom prémonitoire Gudrun, son frère Karl et sa compagne Grete, prête à accouchée, leur père, accompagné de sa compagne Kristine. Cette famille brise l'harmonie de ces deux jeunes pour brûler leur zizanie et rendre Sissel et Hallstein deux points fixes, témoins malgré eux des problèmes entre Kristine et leur reste de la famille.
Un huis-clos se crée, dans cette maison, avec quelque escapade pour respirer un peu de cette litanie de ce sinistre familial, où Hallstein aura son coeur bousculé par cette fille à la mèche charmeuse.
Une nuit blanche, pour une dramaturgie lente s'annonçant, sous le regard innocent de garçon rêveur, pris au piège par sa crédulité, voulant faire plaisir à tous. le père est souvent nommé l'homme agité, comme celui qui catalyse tout le drame qui se prépare, son fils Karl, heureux papa d'un garçon, naissant dans la chambre des parents de Sissel et de Hallstein, tente malgré son caractère fougueux de tempérer son père Hjalmar, peu fois nommé ainsi.
Tarjei Vesaas nous entraine dans cette histoire d'une nuit, comme dans un rêve, la soeur et le frère se posent un moment la question, surtout le garçon au bord de l'épuisement à l'orée du matin. Cet homme, impersonnel agace par ses agitations et ses mots sans fin, assassin des autres de sa folie intérieure et Gudrun, petite plage, où Hallstein voudrait s'y étendre et y découvrir la chaleur de ces sentiments embrasant sa chair….
Un roman initiatique étrange et éprouvant, comme un songe lointain. le monde des adultes s'ouvrent à ses deux coeurs légers, l'un d'un amour fugace incertain, l'autre des émotions féminines à fleur de peau où flâne la sensibilité des coeurs changeants.
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Quel étrange roman que celui de Tarjei Vesaas : Nuit de printemps aux éditions Cambourakis en 2015 ! Etrange, car l'écrivain est le maître de l'indicible et laisse à ses lecteurs le soin d'interpréter !

Dans Nuit de printemps, il en est ainsi car le point de vue est celui de Hallstein, un garçon rêveur, encore crédule et sous influence, qui regarde ce qui se passe autour de lui sans le comprendre vraiment. Et comme tous les personnages sont incapables de communiquer, l'adolescent sera pris dans un noeud de sentiments contradictoires et un enchevêtrement de faits inexplicables.

Le récit

Contrairement à certains de ses romans, Tarjei Vesaas raconte une histoire dans Nuit de printemps. Hallstein et sa soeur bien-aimée Sissel se retrouvent seuls pour deux jours dans la maison, leurs parents étant partis à un enterrement. Sissel, 18 ans, est bien capable de s'occuper de son frère 14 ans et tous deux sont des enfants raisonnables. Oui, mais rien ne va se passer comme prévu.

D'abord Hallstein surprend sa soeur en train d'échanger un baiser avec Tore, un voisin de son âge, puis le repousser et se disputer avec lui. La scène trouble Hallstein; il ne parvient pas à comprendre les sentiments de Sissel. Il perçoit qu'il y a chez la jeune fille une contradiction entre le langage du corps et celui de la parole. Il comprend que c'est la fin de leur complicité, Sissel entre dans le monde adulte alors que lui n'est encore qu'un enfant. Heureusement, Hallstein à une amie imaginaire que lui seul peut voir, Gudrun et sa franche blonde, qui le réconforte avec son franc parler quand il ne va pas bien !

Et puis survient un évènement qui entraîne le chaos : une voiture tombe en panne devant chez eux. On leur demande l'hospitalité pour Grete, une jeune femme sur le point d'accoucher. Son mari Karl est nerveux, ce qui se comprend, mais aussi violent et agressif. Et qui est cette vieille femme Kristine oubliée dans la voiture? Elle est muette et impotente mais elle parle à Hallstein, et lui fait promettre son aide; et pourquoi le mari de cette dernière se comporte-t-il aussi follement, pourquoi semble-t-il avoir peur ? Enfin, quelle surprise, quel bonheur, au milieu de cette famille impossible, Hallstein découvre Gudrun, sa Gudrun avec sa frange blonde !

Je ne vous en dis pas plus mais sachez que tout semble déraper, n'avoir aucun sens. Il ne semble pas y avoir entre tous ces êtres aucune possibilité de se parler, de s'écouter et donc de s'entendre. Hallstein est pris dans un tourbillon d'urgence et de folie, balloté de l'un à l'autre. L'amoureux de Sissel, Tore, quant à lui, n'est pas plus raisonnable, il erre toute la nuit dans la forêt.

Une nuit de printemps

Une nuit de printemps, pas celle de Shakespeare, non, mais celle de Tarjei Vesaas ! Une nuit ou l'amour, la haine, la mort mais aussi avec la naissance du bébé, la vie, sont au rendez-vous !
Une nuit de printemps - et c'est aussi ce qui me fait penser à Shakespeare- où la nature est présente, où elle offre un refuge à ceux qui en ont besoin, où sa beauté lumineuse, en cette saison en Norvège, est enivrante.

L'incommunicabilité entre les êtres

Ce que j'admire dans Tareji Vesaas, c'est cet art de ne pas dire les choses, de les suggérer, de les faire sentir à travers un geste, un début de phrase qui s'interrompt, un regard, un pli du visage. Il y a quelque chose de douloureux dans cette incommunicabilité entre les êtres.
L'adolescent qui se trouve pris dans cet engrenage a une innocence qui devrait le disposer à souffrir. Mais il a Gudrun, l'incarnation de ses rêves dans la réalité, et sa propre force qui lui donnent la sensation d'avancer et l'on sent qu'il en sort plus mûr, plus fort. Nul doute que cette nuit de printemps ouvre pour lui une brèche d'où échapper au monde de l'enfance. Elle lui laissera un souvenir indélébile.

Lien : https://claudialucia-malibra..
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Difficile de pénétrer dans un récit qui nous met d'emblée dans une atmosphère d'inquiétante étrangeté, à travers les yeux d'un petit garçon à l'imagination réellement débordante (expression qui prend ici tout son sens, car ses visions débordent amplement sur sa perception de la réalité) qui va vivre une nuit bouleversée, riche en expériences nouvelles. La difficulté cependant est à la mesure du plaisir que l'on prend, à tenter de déchiffrer les enjeux cachés et les émotions larvées des protagonistes. Ce récit, très proche d'une pièce de théâtre dans le rythme et dans le parti-pris du huis-clos, laisse en effet beaucoup de place aux non dits, ce qui désarme totalement le jeune protagoniste principal, ainsi que nous, simples lecteurs. En ouvrant leur porte à une famille inconnue, aux multiples conflits et à un enjeu dramatique de taille, la naissance d'un enfant, le frère et la soeur au coeur de ce roman vont accueillir en eux bien plus que de simples étrangers, un sentiment de maturité et de connaissance qui va les révéler à eux-même.
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Tarjei Vesaas, grand écrivain norvégien écrivant en langue néo-norvégienne.
Son oeuvre, dominée par les thèmes existentiels du mal, de l'absurde, ainsi que par l'omniprésence de la nature, se caractérise par une forte dimension symbolique et onirique.
Son premier titre "Menneskebonn" (1923), non traduit en français.
Le livre qui nous intéresse "Vårnatt" (1954), a été publié en français sous le titre "Nuit de printemps".
L'auteur a été mondialement reconnu avec le grand classique de la littérature du XXe siècle Is-Slottet (1963) traduit en français par "Palais de glace".
Sa dernière parution date de 1975, "Det Rare" non traduit en français.

Nuit de printemps, l'action du livre se déroule pendant une nuit du printemps norvégien, une nuit où la lumière reste présente, la nature se réveille, et accompagne un jeune garçon de 14 ans vers la découverte du monde des adultes, avec les problèmes des adultes, du couple, de la famille.
L'apprentissage de la vie indépendamment des parents, l'apprentissage de la prise de responsabilités.
Les symboles ne m'ont pas convaincu, prendre ses rêves pour la réalité !
Je ne crois pas qu'il était opportun de commencer la découverte de cet auteur par une oeuvre pré chef d'oeuvre ... il ne me reste plus qu'à revenir dans le monde de ce monsieur au travers d'un de ses titres plus reconnus !
À suivre....
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