La liberté religieuse en question

Le choix personnel est nécessaire maintenant, et c'est pour moi l'avènement, dans la société algérienne, de ce que Mohamed Talbi appelle la "modernité", l'émergence de l'individu. On ne peut plus se contenter d'appartenir à un groupe et d'identifier son identité personnelle à ce groupe parce que le groupe a éclaté. Il faut choisir et donc il y a l'émergence d'un phénomène nouveau et peut être d'une autre manière de vivre ensemble.
Dans cette expérience faite de la clôture, puis de la crise et de l'émergence de l'individu, j'acquiers la conviction personnelle qu'il n'y a d'humanité que plurielle et que, dès que nous prétendons - dans l'Église catholique, nous en avons la triste expérience au cours de notre histoire - posséder la vérité ou parler au nom de l'humanité, nous tombons dans le totalitarisme et dans l'exclusion. Nul ne possède la vérité, chacun la cherche, il y a certainement des vérités objectives mais qui nous dépassent tous et auxquelles on ne peut accéder que dans un long cheminement et en recomposant peu à peu cette vérité-là, en glanant dans les autres cultures, dans les autres types d'humanité, ce que les autres aussi ont acquis, ont cherché dans leur propre cheminement vers la vérité. Je suis croyant, je crois qu'il y a un Dieu, mais je n'ai pas la prétention de posséder ce Dieu-là, ni par Le Jésus qui me le révèle, ni par les dogmes de ma foi. On ne possède pas Dieu. On ne possède pas la vérité et j'ai besoin de la vérité des autres.