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sur 1276 notes
«Jours sans faim»… délicat jeu de mots pour un texte intense abordant ce sujet à la fois médiatique et impénétrable qu'est l'anorexie mentale.

Premier roman de Delphine de Vigan publié en 2001 sous le pseudonyme de Lou Delvig, « Jours sans faim » s'impose comme un complément logique et opportun au «Rien ne s'oppose à la nuit» qui ne sera pourtant rédigé que dix ans plus tard. Ces deux oeuvres s'interpellent admirablement et se complètent l'une l'autre : la mère, la fille, toutes deux en proie à leur mal-être et à leur lutte inégale contre les blessures du passé et leurs fardeaux héréditaires.

Car Laure, héroïne de ce livre, c'est elle, Delphine de Vigan. Cette toute jeune femme de dix-neuf ans hospitalisée au dernier stade de son anorexie, c'était elle. Ce mal de vivre et ce saisissant combat livré contre et avec son propre corps ont été les siens.

D'un trait sobre et précis, force et vulnérabilité intensément mêlées, Delphine/Laure évoque sans concession sa maladie et ses symptômes, ne se refusant aucun sarcasme. Elle raconte également ses rencontres – attendrissantes ou fâcheuses – avec ceux qui auront partagé ses trois mois de quotidien hospitalier… visiteurs, malades, personnel soignant, dont le docteur Brunel, son « sauveur » comme elle aime à le nommer.

Traitée ici, selon l'auteur, comme un thème littéraire à part entière, l'anorexie mentale n'est pourtant pas une lubie d'adolescente inspirée par la mode, ce texte l'exprime brillamment si besoin en était. Jamais, en tout cas, parmi les titres que j'ai pu lire de Delphine de Vigan, son écriture ne m'aura semblé aussi sensible, musicale et percutante. Deux excellentes raisons, à mon avis, de découvrir ce livre essentiel et juste, que l'on soit touché par le sujet… ou pas.


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Un récit poignant, d'une rare intensité et sobriété.
Malheureusement, je ne serai pas objective par rapport à ce témoignage.
Ayant atteint les limites que son corps pouvait supporter, Laure, jeune fille de 36 kilos, est hospitalisée pendant 3 mois, dans un service de nutrition. Alimentée grâce à une sonde naso-gastrique et aidée par toute une équipe médicale, elle va réapprendre, à son rythme, à écouter son corps et à s'alimenter.
Une fois passée cette euphorie et cette jouissance de la maîtrise de son corps, une fois diagnostiquée cette maladie, la voie vers la guérison reste un long combat. Et les séquelles, aussi bien physiques que psychologiques, n'en demeurent pas moins contraignantes.
Delphine de Vigan se met réellement à nu dans ce récit, comparable à un journal intime. Elle a mis des mots sur ses maux et a réussi à nous faire comprendre que l'anorexie mentale est bel et bien une maladie et non un caprice d'adolescentes qui veulent ressembler aux mannequins.
Un récit prégnant, bouleversant et thérapeutique...
Une belle leçon de courage...
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Je suis si triste, tellement triste de voir ces élèves, ces jeunes femmes toutes maigres, grelottantes dans leur habit osseux, l'air désenchanté, comme si elles s'abstrayaient du monde, déjà.
C'est pour cela que les romans sur l'anorexie m'interpellent, je voudrais savoir, je voudrais comprendre, je voudrais aider. Mais est-ce possible ?

Delphine de Vigan nous livre ici son histoire vraie. Elle nous parle d'elle à la 3e personne, Laure aux parents boiteux, à la mère « folle » comme elle dit, au père perpétuellement en colère. Cette Laure qui a tant besoin d'amour, qui se raccroche au médecin qui l'a sauvée, qui se lie avec les autres patients du service de gastro-entérologie où elle a échoué un « beau » jour, au seuil de la mort.
« Elle a l'air d'un trombone démantibulé, d'un cintre de pressing, d'une antenne télé après une tempête. Elle n'est qu'une épingle noyée dans ses vêtements, un ectoplasme, la tête pleine de honte et d'angoisse ».

Petit à petit, les kilos reviennent, elle est gavée avec une sonde entérale. Ce petit bout de plastique qui lui sort du nez devient son petit papillon, et quand après quelques mois, on lui retire, ça lui manque un peu, oui. Mais elle a peur, elle continue d'avoir peur. Car la vie n'est que lutte et elle avait trouvé le moyen de se construire une carapace de glace, qui malheureusement l'avait conduite à la frontière de la mort.

Je me suis sentie, par la magie des mots de cette auteure, pleine d'empathie pour ces jeunes filles. Je peux dire après cette lecture que je les comprends un peu mieux, mais que puis-je faire d'autre, à part écrire ce modeste billet qui espère sensibiliser à ce problème lancinant ?
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Laure, 19 ans, 36 kg pour 1m75

Quand se nourrir devient une douleur,
Quand le ventre vous fait mal,
Quand votre apparence prend la forme d'un squelette,
Quand les autres vous regardent avec la peur,
Quand l'insomnie accompagne vos nuits,
Quand votre corps prend le contrôle,
Quand votre vie n'est plus qu'un vide !
Et quand une réflexion s'impose à vous : Vivre ou mourir !
Alors que reste-t-il ?
Le combat

« Vous n'avez pas besoin de mourir pour renaître ».
« Se battre contre soi pour comprendre un jour qu'on se bat pour soi ».
- Docteur Brunel -

Légère et délicate Laure qui ne cherche pas réellement à mourir mais à disparaître, à s'effacer et vider son corps pour s'envoler...

Delphine de Vigan se livre à une narration externe dans son roman autobiographique, « Elle » qui porte le prénom Laure, « Elle » hospitalisée, témoigne de sa maladie l'anorexie mentale, de son mal être, des liens affectifs créés à l'hôpital et rend hommage au médecin qui dit-elle lui a sauvé la vie.
Un récit poignant et plein d'espoir face à l'anorexie, Delphine de Vigan passe un message positif : l'anorexie peut se vaincre mais la guérison passe par le combat.
« Elle voudrait que ces kilos pris se transforment en armure »
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Ce livre était pour moi indispensable à lire pour comprendre "la trajectoire" de Delphine de Vigan. Après avoir lu "Rien ne s'oppose à la nuit", je me demandais comment elle avait pu s'en sortir ado, avec une famille et une mère tellement dans la déviance, le tourment et la mort.
Auteur tellement plébiscitée, j'ai commencé par lire ses livres dans une forme de désordre :
1/ d'Après une histoire vraie,
2/ Les heures souterraines,
3/ Rien ne s'oppose à la nuit,
4/ Un jour sans faim.
5/ A lire : no et moi
mais qui finalement m'ont permis de comprendre dans une certaine logique, son histoire, en mettant chacun de ces livres bout à bout, l'auteur livrant d'un livre à l'autre quelques anecdotes que l'on pourraient appeler un fil conducteur. Cet auteure dérange, bouscule, tellement elle vous pousse dans les profondeurs de son âme, par des mots saisissants.
Au début de sa lecture, j'ai refermé le livre, j'étais un peu dans un jour sans fin... alors je n'arrivais pas à rentrer dans l'histoire et j'avais l'impression de sombrer avec Laure dans le vide.
Puis dernièrement, j'ai rouvert le livre en deux soirs j'avais terminé.
Cette lecture me tenait à coeur, car elle avait fait évocation de son anorexie dans "Rien ne s'oppose à la nuit". Comment avait elle pu vivre son adolescence, dans des repères tellement déplacés, où on lui avait donné des responsabilités parentales ?Comment pouvait elle adolescente traverser cette période si délicate, tellement à haut risque, où les parents restent dans la mesure où ils le peuvent, des garde fous. Et je fais le jeux de mot sans m'en apercevoir.... C'est elle qui a donc mené la garde autour de sa mère brassée par la bipolarité, mais pas sans dommages collatéraux car elle, Laure (Delphine) est tombée dans l'anorexie sévère. Il y avait aussi les humiliations et l'ivresse de son père et l'indifférence de sa belle-mère. Ce livre est donc une première délivrance par les mots pour l'auteur, dix ans après elle écrira "Rien en s'oppose à la nuit".
L'anorexie est un sujet difficile à aborder, à décrire, elle le fait admirablement bien. Je tenais aussi à lire ce livre car ma meilleure amie est boulimique et anorexique, je reconnais que c'est compliqué, douloureux pour elle et pour son entourage. Quand elle vient chez moi, elle va dans le placard, le frigo, je sais que c'est pour manger mais pas seulement cela, je sais toujours comment cela se termine et pour en être témoin quand elle s'éclipse avec sa cueillière à soupe, cela me fait mal et me violente aussi de la voir toujours avec cet instrument de torture dans son sac à main.

Je terminerai pas une citation du livre "elle ne voulait pas grandir, comment peut-on grandir avec ces blessures à l'intérieur de soi ? Elle voulait combler par le vide ce manque qu'ils avaient creusé en elle, leur faire payer ce dégoût qu'elle avait d'elle-même, cette culpabilité qui la reliait à eux."
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"Sur son cahier elle a écrit je ne serai pas récidiviste, une incantation plutôt qu'une certitude. Elle voudrait y croire. de toute façon, c'est bien connu, il ne faut jamais recongeler un produit décongelé."

Je suis peu optimiste quant à la guérison d'une anorexie. Comme la protagoniste, Laure, j'aimerais y croire.
J'ai commencé ce roman pour un départ en voyage sac à dos, où mon livre broché n'a pas trouvé sa place géographique et m'a sagement attendue.
Un hasard ? Non, je connais l'autrice pour l'avoir souvent lue. Elle m'inspire. J'aime sa délicatesse et son humour. J'aime ses images toutes en couleur sur des sujets graves. Je voulais un livre de poche très petit format pour m'accompagner. J'ai l'esprit pratique.
Ce roman m'a suivie partout, dans les temples, les marchés, le bus, le métro mais aussi tous les restaurants. J'ai divinement mangé pendant mon périple. Avec le récit d'une jeune femme anorexique posé à côté de mon repas.

Les personnes atteintes de cette maladie aiment également les bons petits plats. Elles sont souvent de divines cuisinières et collectionnent les recettes. Pour les autres.

Nous avons souvent connu ou rencontré quelqu'un qui souffre d'anorexie ou qui se rapproche de ce déséquilibre. Des amis.es, des collègues, de la famille.
Je suis danseuse amatrice depuis l'âge de 30 ans. Des jeunes filles à la recherche d'un poids qui n'est idéal que dans leur tête, j'en ai vues et croisées.
Il y a 20 ans, j'ai reçu une copine chez moi deux jours, j'ai constaté sa façon de préparer la texture de ses aliments avant de les mettre en bouche. Tout est calculé. J'ai entendu, j'ai observé et senti. Je lui ai demandé gentiment "Pourquoi te fais-tu du mal ? Que t'est-il arrivé ?" Elle a fondu en larmes dans mes bras et m'a parlé plus de 6 mois après.

L'anorexie me semble être une façon détournée de rendre son corps culte. J'ai également le culte du corps. Par cette similitude, j'arrive à comprendre le déraillement.
Un corps que j'ai appris à écouter. Aujourd'hui.
Hier je le comprenais si mal. Par la danse notamment. Il y a ce moment où une discipline sportive prend le dessus sur l'entendement, quelque soit votre niveau. Comme une maladie addictive.
L'hormone du plaisir crée une dépendance. Toujours plus. Cette période où vous ajoutez d'autres activités afin de gagner en performance ou en souplesse. Tel un être qui décide peu à peu de ne plus s'alimenter.
Il y a 3 ans, je me suis blessée à la course. Rien de grave. Arrêt de la danse et de tous les autres sports pratiqués. Repos pendant plusieurs mois et reprise en douceur sur deux ans, avec une formule différente.

J'ai réappris à vivre. A l'écoute.
Mon meilleur souvenir de danse n'est pourtant pas le plus technique. le jour où j'ai fait pleurer une grande danseuse et amie qui assurait le cours. Par ma qualité de mouvement et ma générosité sur une improvisation en contact.
Pina Bausch aimait mettre en scène des amateurs pour cette raison.
Je reprends la danse lundi prochain. Sereine et confiante.

Laure reprendra-t-elle le chemin vers sa liberté ?

À partir de quel moment le cerveau n'est plus en connexion avec votre corps tout en croyant fortement l'être plus que jamais ?
L'anamorphologie.

La souffrance de Laure s'écoute en musique. Je l'entends notamment sur une partition de Vivaldi interprétée par le choeur Accentus et dirigée par Laurence Equilbey. (Concerto n°4 en F minor RV297, inverno)
La légèreté du début de l'hiver qui commence par petites touches survoltées, se contracte dans un ensemble de plus en plus enlevé, puis se déverse en explosion de flocons tourbillonnants, pour finir par l'inéluctable fin de saison... et laisser place à un renouveau. Ou la mort.
Tel est le sort de cette maladie.

Laure je l'entends chanter sa plainte dans la chorale. La chorale d'un hôpital avec toutes ses douleurs.

Lu en septembre 2019
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Les troubles du comportement alimentaire, et tout particulièrement l'anorexie, sont des maladies rares mais largement abordées par les médias quels qu'ils soient. On ne compte plus les articles, les reportages, les romans, les films mettant en scène un personnage souffrant de tels troubles. Mais, les traitements proposés par ces divers médias sont la plupart du temps ratés, et les malades ou ex-malades s'y reconnaissent rarement. Et je parle en connaissance de cause. Je souffre de troubles du comportement alimentaire depuis l'adolescence. Plus de 30 ans avec des pensées toxiques, des périodes de mieux et des rechutes, je pense pouvoir affirmer que je connais le sujet. J'ai vu et lu pas mal de choses sur ce thème et, le plus souvent, au mieux j'ai trouvé beaucoup d'erreurs dues à une méconnaissance et à de la maladresse, au pire, un traitement sensationnaliste affligeant qui aligne les clichés et les raccourcis. C'est donc avec une certaine méfiance que j'ai abordé ce « jours sans faim » de Delphine de Vigan, ma 1ère incursion dans l'oeuvre de l'auteure. Mes craintes ont très vite été balayées, ce récit est vraiment remarquable de justesse et de véracité.

Delphine de Vigan a vécu dans sa chair et son âme cette terrible maladie qu'est l'anorexie. Ca se voit dès les premières pages du bouquin. Entre malades, on se comprend… Certains ne verront pas la différence entre « Jours sans faim » et d'autres récits trash. Comme nombre de bouquins visant à racoler le lecteur, le livre de de Vigan évoque une jeune femme squelettique qui en est au point où doit être hospitalisée, et l'auteure n'édulcore pas les descriptions de ce corps supplicié par la dénutrition. Cependant, le traitement est radicalement différent. A aucun moment, l'auteure ne dit que cet état est synonyme d'anorexie, il s'agit là du bout du chemin, d'une extrémité que seules quelques rares personnes atteignent. De Vigan sait que l'anorexie commence bien avant, alors même que le corps ne porte pas encore les stigmates de la maladie. Elle ne résume pas la maladie à cette extrémité, elle la saisit dans toute sa complexité, dans toute son absurdité aussi, sans jamais céder à la facilité du spectaculaire, toujours en respectant la dignité des malades. Elle n'évoque finalement que brièvement le chemin qui mène à cette presque-mort, à travers des souvenirs du personnage. Ces passages sont absolument formidables et sont ceux que j'ai préférés dans le livre. J'aurais d'ailleurs aimé qu'elle développe davantage cet aspect qui est rarement abordé. Mais, l'auteure a voulu ici évoquer la longue et difficile épreuve de la guérison et je respecte son choix. D'autant plus que ce livre est aussi un vibrant témoignage de gratitude à celui qui l'a sauvée.

On pourrait penser qu'il est douloureux pour une personne concernée par cette maladie de lire un tel ouvrage. Pas vraiment. Bien sûr, c'est une lecture qui remue, mais douloureuse non. Car le fait de se sentir comprise dépasse largement l'aspect secouant de la lecture. C'est émouvant mais pas douloureux.

C'était ma 1ère lecture de Delphine de Vigan, une auteure qui ne m'attirait pas vraiment. Je l'ai lu uniquement pour son sujet. Et je dois dire que j'ai été vraiment séduite. Outre la maîtrise du sujet qu'elle aborde, son roman est très bien écrit, j'ai beaucoup aimé son écriture. Il est certain que je vais m'intéresser à d'autres de ses oeuvres. Si vous avez des suggestions…

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Laure est atteinte d'anorexie mentale. Il en a fallu du temps pour s'en rendre compte. D'ailleurs, elle ne voyait rien. C'est son entourage qui a réagit en la voyant tous les jours plus maigre. Puis le froid la transperce, ce froid continu. Lorsqu'elle n'arrive plus à marcher, elle se rend finalement à l'hôpital. Laure est prise en charge dans une unité spécialisée. le combat contre la maladie va être long. C'est celui de sa survie.

"Jours sans faim" est le premier roman de Delphine de Vigan. L'autrice a alors une trentaine d'années. Cette histoire est la sienne, celle de son combat contre ce trouble à l'âge de dix-sept ans, lorsqu'elle était étudiante. A la suite de cela, une hospitalisation de plusieurs mois a été nécessaire.

C'est à travers Laure qu'elle raconte son parcours, les difficultés, les doutes et les moments douloureux de cette période difficile. L'histoire de Delphine de Vigan, comme celle de son personnage, est celle de milliers de jeunes filles et adolescentes. le corps change. On souhaite perdre du poids. Tout peut bien se passer comme tout peut empirer.

L'anorexie est un trouble alimentaire, une pathologie complexe durant laquelle on lutte contre la faim. La perte de poids est rapide, mais elle entraîne d'autres troubles qui peuvent être très grave si la situation perdure.

Laure est un personnage auquel bon nombre de jeunes filles peuvent se reconnaître. L'autrice s'est attachée à raconter ce qu'éprouvait son héroïne à chaque étape de la guérison. La peur de la prise de poids, l'alimentation par sonde, l'obsession de mâcher, longtemps, et d'avaler, la prise de conscience puis l'envie de sortir de cette impasse.

"Jours sans faim" est un roman autobiographique sur l'adolescence et la maladie.
C'est un témoignage intime, sensible et percutant. Un livre nécessaire !

"Il était seul à savoir qu'elle luttait de tout son corps, qu'elle luttait à chaque instant pour garder intact ce désir de vivre qu'elle avait retrouvé. Elle voulait guérir. Ce n'était pas seulement une histoire de graisse sur les os, il l'avait compris."
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Charmée tout autant qu'émue par l'écriture du bouleversant « Rien ne s'oppose à la nuit », je me suis dit qu'il fallait que je lise encore Delphine de Vigan dans un sujet délicat puisqu'elle manie l'art si bien. C'est ainsi que j'ai voulu découvrir Jours sans faim, livre aussi peu épais que son héroïne, Laure, qui souffre dans sa chair et dans son âme d'anorexie mentale.

L'auteure nous avait partagé dans son livre sur sa mère bipolaire son plongeon dans les tréfonds de l'anorexie et c'est donc avec une justesse de ton et de mots qu'elle nous parle de cette maladie au travers de cette fiction. Il est indéniable qu'elle y a mis une part d'elle-même, de son histoire, ce qui nous rend cette jeune femme tristement humaine et touchante et nous fait approcher la réalité de cette maladie qui porte bien son nom : « … mentale ». Car tout se passe là. L'illusion et l'ivresse du contrôle absolu de son corps pour échapper à ce qui fait dériver l'inconscient, le non-dit, le non formulé de ce qui a créé cette faille béante à l'intérieur de soi, comme un vide abyssal à l'image de l'estomac qu'on se refuse à remplir. Et pourtant, le contrôle est justement ce qui se perd avec l'anorexie. le corps perd totalement de sa forme et de ses fonctions les plus élémentaires. La fatigue permanente qui ne permet plus de supporter même le poids de votre propre corps, quand bien même il ne pèse plus que 36 kilos, le froid persistant qui vous glacent les os et la vie qui s'échappe par tous les pores de votre peau…

Au travers d'une sorte de journal, « Laure a écrit miette par miette ces semaines épuisées à se battre contre elle-même. le temps au compte-gouttes qu'elle regardait couler au bout de son stylo, ce temps suspendu, asphyxié. » Une lutte violente contre l'autodestruction qui ne cherche finalement qu'une chose, paradoxale, exister.
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Un livre court, assez intense, même si je ne suis pas totalement entrée en empathie avec Laura.
Laura donc, 19 ans et 36 kg. Pour plus d'1m70. Laura est anorexique. Ce sont ses trois mois à la clinique qui nous sont contés, le récit de sa guérison, du moins le début. Nous voyons ses lents progrès, gramme après gramme, la prise de conscience progressive, les rencontres avec les autres malades, le lien particulier qui se tisse avec le médecin dans ce pseudo transfert (comme en psychiatrie).
Et le texte étant en grande partie autobiographique, cela éclaire un peu plus sur le parcours de Delphine de Vigan.
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