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3,8

sur 1274 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Laure, 19 ans, 36 kg pour 1m75

Quand se nourrir devient une douleur,
Quand le ventre vous fait mal,
Quand votre apparence prend la forme d'un squelette,
Quand les autres vous regardent avec la peur,
Quand l'insomnie accompagne vos nuits,
Quand votre corps prend le contrôle,
Quand votre vie n'est plus qu'un vide !
Et quand une réflexion s'impose à vous : Vivre ou mourir !
Alors que reste-t-il ?
Le combat

« Vous n'avez pas besoin de mourir pour renaître ».
« Se battre contre soi pour comprendre un jour qu'on se bat pour soi ».
- Docteur Brunel -

Légère et délicate Laure qui ne cherche pas réellement à mourir mais à disparaître, à s'effacer et vider son corps pour s'envoler...

Delphine de Vigan se livre à une narration externe dans son roman autobiographique, « Elle » qui porte le prénom Laure, « Elle » hospitalisée, témoigne de sa maladie l'anorexie mentale, de son mal être, des liens affectifs créés à l'hôpital et rend hommage au médecin qui dit-elle lui a sauvé la vie.
Un récit poignant et plein d'espoir face à l'anorexie, Delphine de Vigan passe un message positif : l'anorexie peut se vaincre mais la guérison passe par le combat.
« Elle voudrait que ces kilos pris se transforment en armure »
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Ce livre était pour moi indispensable à lire pour comprendre "la trajectoire" de Delphine de Vigan. Après avoir lu "Rien ne s'oppose à la nuit", je me demandais comment elle avait pu s'en sortir ado, avec une famille et une mère tellement dans la déviance, le tourment et la mort.
Auteur tellement plébiscitée, j'ai commencé par lire ses livres dans une forme de désordre :
1/ d'Après une histoire vraie,
2/ Les heures souterraines,
3/ Rien ne s'oppose à la nuit,
4/ Un jour sans faim.
5/ A lire : no et moi
mais qui finalement m'ont permis de comprendre dans une certaine logique, son histoire, en mettant chacun de ces livres bout à bout, l'auteur livrant d'un livre à l'autre quelques anecdotes que l'on pourraient appeler un fil conducteur. Cet auteure dérange, bouscule, tellement elle vous pousse dans les profondeurs de son âme, par des mots saisissants.
Au début de sa lecture, j'ai refermé le livre, j'étais un peu dans un jour sans fin... alors je n'arrivais pas à rentrer dans l'histoire et j'avais l'impression de sombrer avec Laure dans le vide.
Puis dernièrement, j'ai rouvert le livre en deux soirs j'avais terminé.
Cette lecture me tenait à coeur, car elle avait fait évocation de son anorexie dans "Rien ne s'oppose à la nuit". Comment avait elle pu vivre son adolescence, dans des repères tellement déplacés, où on lui avait donné des responsabilités parentales ?Comment pouvait elle adolescente traverser cette période si délicate, tellement à haut risque, où les parents restent dans la mesure où ils le peuvent, des garde fous. Et je fais le jeux de mot sans m'en apercevoir.... C'est elle qui a donc mené la garde autour de sa mère brassée par la bipolarité, mais pas sans dommages collatéraux car elle, Laure (Delphine) est tombée dans l'anorexie sévère. Il y avait aussi les humiliations et l'ivresse de son père et l'indifférence de sa belle-mère. Ce livre est donc une première délivrance par les mots pour l'auteur, dix ans après elle écrira "Rien en s'oppose à la nuit".
L'anorexie est un sujet difficile à aborder, à décrire, elle le fait admirablement bien. Je tenais aussi à lire ce livre car ma meilleure amie est boulimique et anorexique, je reconnais que c'est compliqué, douloureux pour elle et pour son entourage. Quand elle vient chez moi, elle va dans le placard, le frigo, je sais que c'est pour manger mais pas seulement cela, je sais toujours comment cela se termine et pour en être témoin quand elle s'éclipse avec sa cueillière à soupe, cela me fait mal et me violente aussi de la voir toujours avec cet instrument de torture dans son sac à main.

Je terminerai pas une citation du livre "elle ne voulait pas grandir, comment peut-on grandir avec ces blessures à l'intérieur de soi ? Elle voulait combler par le vide ce manque qu'ils avaient creusé en elle, leur faire payer ce dégoût qu'elle avait d'elle-même, cette culpabilité qui la reliait à eux."
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"Sur son cahier elle a écrit je ne serai pas récidiviste, une incantation plutôt qu'une certitude. Elle voudrait y croire. de toute façon, c'est bien connu, il ne faut jamais recongeler un produit décongelé."

Je suis peu optimiste quant à la guérison d'une anorexie. Comme la protagoniste, Laure, j'aimerais y croire.
J'ai commencé ce roman pour un départ en voyage sac à dos, où mon livre broché n'a pas trouvé sa place géographique et m'a sagement attendue.
Un hasard ? Non, je connais l'autrice pour l'avoir souvent lue. Elle m'inspire. J'aime sa délicatesse et son humour. J'aime ses images toutes en couleur sur des sujets graves. Je voulais un livre de poche très petit format pour m'accompagner. J'ai l'esprit pratique.
Ce roman m'a suivie partout, dans les temples, les marchés, le bus, le métro mais aussi tous les restaurants. J'ai divinement mangé pendant mon périple. Avec le récit d'une jeune femme anorexique posé à côté de mon repas.

Les personnes atteintes de cette maladie aiment également les bons petits plats. Elles sont souvent de divines cuisinières et collectionnent les recettes. Pour les autres.

Nous avons souvent connu ou rencontré quelqu'un qui souffre d'anorexie ou qui se rapproche de ce déséquilibre. Des amis.es, des collègues, de la famille.
Je suis danseuse amatrice depuis l'âge de 30 ans. Des jeunes filles à la recherche d'un poids qui n'est idéal que dans leur tête, j'en ai vues et croisées.
Il y a 20 ans, j'ai reçu une copine chez moi deux jours, j'ai constaté sa façon de préparer la texture de ses aliments avant de les mettre en bouche. Tout est calculé. J'ai entendu, j'ai observé et senti. Je lui ai demandé gentiment "Pourquoi te fais-tu du mal ? Que t'est-il arrivé ?" Elle a fondu en larmes dans mes bras et m'a parlé plus de 6 mois après.

L'anorexie me semble être une façon détournée de rendre son corps culte. J'ai également le culte du corps. Par cette similitude, j'arrive à comprendre le déraillement.
Un corps que j'ai appris à écouter. Aujourd'hui.
Hier je le comprenais si mal. Par la danse notamment. Il y a ce moment où une discipline sportive prend le dessus sur l'entendement, quelque soit votre niveau. Comme une maladie addictive.
L'hormone du plaisir crée une dépendance. Toujours plus. Cette période où vous ajoutez d'autres activités afin de gagner en performance ou en souplesse. Tel un être qui décide peu à peu de ne plus s'alimenter.
Il y a 3 ans, je me suis blessée à la course. Rien de grave. Arrêt de la danse et de tous les autres sports pratiqués. Repos pendant plusieurs mois et reprise en douceur sur deux ans, avec une formule différente.

J'ai réappris à vivre. A l'écoute.
Mon meilleur souvenir de danse n'est pourtant pas le plus technique. le jour où j'ai fait pleurer une grande danseuse et amie qui assurait le cours. Par ma qualité de mouvement et ma générosité sur une improvisation en contact.
Pina Bausch aimait mettre en scène des amateurs pour cette raison.
Je reprends la danse lundi prochain. Sereine et confiante.

Laure reprendra-t-elle le chemin vers sa liberté ?

À partir de quel moment le cerveau n'est plus en connexion avec votre corps tout en croyant fortement l'être plus que jamais ?
L'anamorphologie.

La souffrance de Laure s'écoute en musique. Je l'entends notamment sur une partition de Vivaldi interprétée par le choeur Accentus et dirigée par Laurence Equilbey. (Concerto n°4 en F minor RV297, inverno)
La légèreté du début de l'hiver qui commence par petites touches survoltées, se contracte dans un ensemble de plus en plus enlevé, puis se déverse en explosion de flocons tourbillonnants, pour finir par l'inéluctable fin de saison... et laisser place à un renouveau. Ou la mort.
Tel est le sort de cette maladie.

Laure je l'entends chanter sa plainte dans la chorale. La chorale d'un hôpital avec toutes ses douleurs.

Lu en septembre 2019
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Charmée tout autant qu'émue par l'écriture du bouleversant « Rien ne s'oppose à la nuit », je me suis dit qu'il fallait que je lise encore Delphine de Vigan dans un sujet délicat puisqu'elle manie l'art si bien. C'est ainsi que j'ai voulu découvrir Jours sans faim, livre aussi peu épais que son héroïne, Laure, qui souffre dans sa chair et dans son âme d'anorexie mentale.

L'auteure nous avait partagé dans son livre sur sa mère bipolaire son plongeon dans les tréfonds de l'anorexie et c'est donc avec une justesse de ton et de mots qu'elle nous parle de cette maladie au travers de cette fiction. Il est indéniable qu'elle y a mis une part d'elle-même, de son histoire, ce qui nous rend cette jeune femme tristement humaine et touchante et nous fait approcher la réalité de cette maladie qui porte bien son nom : « … mentale ». Car tout se passe là. L'illusion et l'ivresse du contrôle absolu de son corps pour échapper à ce qui fait dériver l'inconscient, le non-dit, le non formulé de ce qui a créé cette faille béante à l'intérieur de soi, comme un vide abyssal à l'image de l'estomac qu'on se refuse à remplir. Et pourtant, le contrôle est justement ce qui se perd avec l'anorexie. le corps perd totalement de sa forme et de ses fonctions les plus élémentaires. La fatigue permanente qui ne permet plus de supporter même le poids de votre propre corps, quand bien même il ne pèse plus que 36 kilos, le froid persistant qui vous glacent les os et la vie qui s'échappe par tous les pores de votre peau…

Au travers d'une sorte de journal, « Laure a écrit miette par miette ces semaines épuisées à se battre contre elle-même. le temps au compte-gouttes qu'elle regardait couler au bout de son stylo, ce temps suspendu, asphyxié. » Une lutte violente contre l'autodestruction qui ne cherche finalement qu'une chose, paradoxale, exister.
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Un livre court, assez intense, même si je ne suis pas totalement entrée en empathie avec Laura.
Laura donc, 19 ans et 36 kg. Pour plus d'1m70. Laura est anorexique. Ce sont ses trois mois à la clinique qui nous sont contés, le récit de sa guérison, du moins le début. Nous voyons ses lents progrès, gramme après gramme, la prise de conscience progressive, les rencontres avec les autres malades, le lien particulier qui se tisse avec le médecin dans ce pseudo transfert (comme en psychiatrie).
Et le texte étant en grande partie autobiographique, cela éclaire un peu plus sur le parcours de Delphine de Vigan.
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J'ai emprunté ce roman à la médiathèque parce que le nom de l'auteur et le thème m'intéressaient.
C'est un texte assez court dans lequel on suit l'hospitalisation de Laure, 19 ans, 36 kilos pour 1,75 m, et les efforts du corps médical pour lui faire accepter de reprendre du poids... et de vivre tout simplement.
Il y a la description du quotidien à l'hôpital entre les passages des soignants et la découverte des voisins de chambrée. Les liens qui se tissent entre différents patients de ce service spécialisé dans les troubles liés à l'alimentation. J'ai trouvé particulièrement intéressant de découvrir ce que la jeune fille-femme recherche dans la privation, cette ivresse comme une drogue que le jeûne lui procure avec la sensation de maîtriser sa vie.
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Dire que j'ai dévoré ce roman pourrait passer pour une remarque de mauvais goût, et pourtant... J'ai beaucoup aimé retrouvé le style si fluide de l'autrice, la manière qu'elle a de raconter avec pudeur et réalisme les vies bouleversées qui pourraient être anonymes mais dont elle est si proche. Dans ce court roman, Laure est hospitalisée pour anorexie mentale. Malgré le récit à la troisième personne, le lecteur se doute qu'une part d'autobiographie y est présente tant la maladie, ses explications et ses conséquences y sont bien relatées. On retrouve d'ailleurs, dans le personnage de la mère de Laure, la protagoniste centrale de Rien ne s'oppose à la nuit. On est aussi très est loin d'un avis médical et scientifique, et c'est de l'intérieur que nous suivons Laure qui réapprend à vivre, à sentir et à ressentir, en acceptant à nouveau de nourrir son corps. Même la lectrice lambda que je suis finit par s'identifier à Laure, qui n'est pas sans liens avec la Nolwenn de No et moi, dans la perception qu'elles ont du monde, la douleur et l'urgence qui s'échappent d'elles. le récit est une fois de plus bouleversant de justesse, sensible sans être mièvre, et sait toucher le lecteur, quel qu'il soit.
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Une nouvelle fois, je me suis laissée emporter par ce livre de Delphine de Vigan. Après avoir lu ses autres romans : D'après une histoire vraie, les heures souterraines que j'avais plutôt bien appréciées, je me suis plongée dans Jours sans faim, un roman qui traite d'un sujet difficile, et je trouve que l'auteur sans sort très bien !

Delphine de Vigan a ce pouvoir attractif, qui fait que je suis dès le début happé par ce qu'elle nous raconte. Elle a cette facilité de m'emporter avec elle dans ses récits, et de ressentir à chaque reprise les mêmes émotions des "personnages" qu'elle met en scène !

Petit point négatif que je répète à chacun de mes critiques, j'aurais aimé que l'auteur approfondisse plus les causes de l'anorexie de Laure, j'aurais aimé davantage connaître les événements qui ont conduit à cette maladie.

Encore une fois une très bonne lecture ! Prochain livre de l'auteur à lire : No et moi !
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1er roman d'une auteure que j'affectionne, écrit au départ sous un pseudonyme.
Une autobiographie éprouvante qui précède "rien ne s'oppose à la nuit" que j'avais beaucoup aimé.
Ici, Delphine de Vigan se met à nu en nous décrivant le calvaire de l'anorexie avec un ton juste et sans pathos.

Laure c'est Delphine ... 1m75 pour 36 kg ... Elle ne peut plus s'asseoir ... elle n'arrive plus à se réchauffer, sans cesse ce froid intense qui la transperce ... elle est arrivée à un point de non retour ...
Hospitalisée 3 mois pour anorexie sévère, elle nous raconte sa lutte et sa souffrance ... Réapprendre à manger, tout d'abord avec une sonde quand l'estomac est atrophié et fait la même taille que celui d'un bébé de 6 mois ...
Le docteur Brunel va patiemment l'aider à retrouver cette envie de vivre qui reste tapie dans un coin de son cerveau mais le chemin sera long ... elle sera sauvée mais pas pour autant guérie ...

Vu le contexte familial dans lequel elle a grandi, on comprend ! Mais en même temps qui sommes-nous pour juger ?
Un court récit qui nous plonge dans les affres de l'anorexie et qui ébranle !
Je déplore juste que le côté nourriture prenne un peu trop le pas sur le côté psychologique qui aurait mérité d'être davantage mis en avant mais il faut voir ça comme un journal intime écrit par une jeune femme qui avait surtout besoin de mettre des mots sur ses maux et c'est d'une grande sensibilité !
Merci Delphine 🥰
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Après avoir terminé son livre impressionnant « Rien ne s'oppose à la nuit » j'ai décidé de collectionner tous les oeuvres de Delphine de Vigan. « Jours sans faim » est un récit autobiographique sur son séjour dans un hôpital quand elle avait environ dix-huit ans et elle souffrait d'anorexie mentale.
Je dois avouer que le thème de l'anorexie ne m'intéresse pas tellement. Je ne cherche jamais des livres sur les maladies et sur les guérisons. de plus, il est vraiment difficile pour moi, un homme qui a plus de cinquante ans et qui a peut-être aussi un peu trop de poids, de comprendre le monde d'une jeune femme qui s'affame pour « prouver qu'elle peut contrôler son corps ».
Le livre est intéressant quand même car il touche la situation familiale de l'auteur et les relations avec ses parents. Elle ne parle pas beaucoup de ses relations familiales ; le récit traite surtout sa vie dans l'hôpital et ses contacts avec d'autres patients. Évidemment, il y a des observations sur son père et sur sa mère. Je les trouve plus virulentes et plus négatives que dans « Rien ne s'oppose à la nuit ».
C'est un petit livre, on a seulement besoin de quelques heures pour le terminer. Malgré le thème peu attirant, le livre se lit facile et il vaut la peine. Malheureusement, je ne comprends pas encore pourquoi il y a des gens qui pensent que s'affamer est une bonne chose, un acte qui les aiderait à contrôler une quelconque situation (très) difficile. Peut-être c'est plus facile de comprendre les gens qui détruisent que les gens qui s'autodétruisent.

Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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