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EAN : 9782915018608
94 pages
Quidam (06/05/2011)
3.5/5   10 notes
Résumé :

"Parmi les noms d'oiseaux dont on m'affuble, innombrables et souvent peu imaginatifs, l'un revient avec l'obstination des vagues sur la baie d'Etretat au plus haut de la tempête: vieux con. Je ne disconviens certes pas de la logique persuasive et constante de la chose, ayant passé le plus clair de ma jeunesse à me faire traiter de jeune con. Disons qu'aux yeux du monde, j'aurai évolué, très tranquillement et en quatre-vingts ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Le délectable venin du vieux con.

Léandre d'Arleboist, affublé par l'auteur d'un patronyme et des tournures de phrases d'un monde révolu, vit ses derniers jours sur un lit d'hôpital.
Et cet octogénaire maintenant incontinent, ancien professeur d'université, auteur de l'ouvrage célèbre et cité en exergue « le misanthropisme est un humanisme », reste animé de force malgré la déchéance physique, porté par la délectation qu'il a durant sa vie tirée de son puissant mépris pour toute l'humanité. Il n'est pas pour autant charitable envers lui-même, se détestant tout autant que ses contemporains.

"Il faut toutefois se bien faire comprendre, quitte à se répéter : le misanthrope conséquent ne connaît de détestation qu'envers lui-même. Ce qu'il noircit chez les autres humanoïdes n'est guère constitué que des restes d'une bombance inachevée, ultimes éclats d'une colère dont il est en vérité l'unique géniteur et seul récipiendaire. Et je ne parle pas ici de la pauvre haine de soi dont s'accablent tant de nos bonnes âmes socialistes ou libérales. Non, je parle d'une détestation radicale, celle qui nous accule à pleurer sans fin sur la monumentale erreur d'aiguillage qui, un jour, fit sortir du sol ce que l'on peine à désigner sans rire par le substantif : humain."

Dans ce retour sur une vie consacrée à la misanthropie, personne n'a visiblement trouvé grâce à ses yeux, jeunes ou vieux, homes ou femmes, élèves ou professeurs de l'université, sans oublier ses proches, son fils, le pourceau et Geraldine Bouvier, l'infirmière du service de gériatrie, la putain.

"Car je dois dire que j'ai vécu très péniblement la futilité d'une certaine jeunesse. La misère identitaire conduisant l'adolescent à une soumission totale aux injonctions du capitalisme publicitaire, ce dernier a fini par phagocyter l'ensemble des cerveaux humains. Moyennant quoi, il nous faut supporter, et c'est peu dire, l'affligeant spectacle de ces trousse-pets éberlués d'eux-mêmes, enivrés de leur beauté gominée, anesthésiés par leur euphorie d'individus sans destin, tous coursiers d'un monde qui se défait. Ces barbares à plastique lisse ne sont au fond guère plus avancés dans la compréhension du monde et de leur personne que les primates des premiers temps de l'humanité – qui au moins avaient dû inventer le fil à couper le beurre."

Le corps est naufragé, il ne reste plus que le langage, féroce et hilarant, et tandis que le narrateur se rapproche d'une mort inévitable et qu'il semble accepter, son langage peu à peu perd de sa superbe, se mâtinant de corneculs, de pedzouilles et d'autres noms d'oiseaux.
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Un homme âgé est sur un lit dans un hôpital. Il sent qu'il est au bout. Il nous dit ce qu'il pense de sa vie et de sa façon de voir les choses. Quelques une des personnes de son entourage récent (son infirmière) ou passé (femmes, enfants) servent à son explication du monde et à ses questions.
Qu'est-ce que ce barnum qu'on appelle existence ? Qu'est-ce que la solitude ? Qu'est-ce qui fait que « c'est précisément quand tout est dépeuplé que rien ni personne ne nous manque ? » Pourquoi l'amitié n'est-elle souvent qu'une sorte de « soin palliatif : l'autre n'est jamais qu'un onguent de circonstance dont on se sert comme un baume sur notre âme affectée » ? Pourquoi l'humain saisit-il « continûment toute occasion pour redevenir un rustre et un crétin » ?
Si « la misanthropie est le bien le mieux réparti en ce monde », il est vrai que nous n'avons pas une tendance naturelle à le reconnaître. On l'aura compris, le narrateur est l'un de ces misanthropes qui reconnait cet état « comme on reconnait un frère. » Il n'est donc pas n'importe quel misanthrope : il en est un de l'espèce « noble » ou avec de la « classe ». Celui pour qui « le bon plaisir tient précisément au spectacle de réjouissance bêtise » que procure l'observation des autres, les « inepties que le cerveau humain s'acharne d'ordinaire à concevoir », tout en clamant que « le misanthrope conséquent ne connait de détestation qu'envers lui-même. »
Un texte très bien écrit, avec une langue travaillée, bien loin des sujets / verbes / compléments de nombreux livres actuels ; et un contenu qui, s'il peut prêter à rire, donne aussi à rire jaune, à se poser quelques bonnes questions sur lesquelles il est bon de revenir de temps en temps. Quidam éditeur 2011
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Un mot me vient : "superfétatoire". Il sonne comme les pages de ce livre que j'ai lues, d'une caricature lexicale. J'ai cru, au départ (et c'est peut-être le cas) que cette abondance de mots précieux était là en appui à la psychologie du personnage, Léandre, un vieux misanthrope hospitalisé. La première page, sur l'agonie d'un cloporte qui tente de se remettre sur ses pattes, donne le ton et envie de lire la suite, mais je me suis arrêtée très vite, indisposée par le style. Cela paraît bien écrit, mais ne l'est pas. Il faudrait que je lise d'autres textes, pour voir si cette façon d'écrire est propre à ce roman-là. J'en attendais bien plus, depuis que j'avais lu une interview de Marc Villemain qui m'avait semblé être un "styliste" et quelqu'un qui savait ce qu'est la littérature. Ce texte m'est tombé des mains et m'a très vite agacée. J'étais dans du contemporain encore une fois caricatural, avec une impression de déjà lu.
Lien : http://edencash.forumactif.o..
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L'histoire de la misanthropie, que l'on peut ironiquement mais fort logiquement définir comme un humanisme radical (1), est pour le moins ancienne puisqu'elle se confond avec celle du premier homme, Adam, lorsqu'il comprit mais un peu tard qu'il allait être chassé de son jardin miraculeux, à cause de la faute commise par la faillible, et labile, et elle-même au fond franchement misanthrope c'est certain pour avoir joué pareil coup à l'humanité tout entière, Ève.
Lien : http://stalker.hautetfort.co..
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Quand on ouvre un livre de chez Quidam, on ne sait décidément pas sur quoi on va tomber. Après l'enquête sous psychotropes de la femme d'un homme qui, le dénuement impressionniste de Tout passe, voilà le pourceau, le diable et la putain (titre en hommage le monde, la chair et le diable ?), rétrospective intérieure d'un homme qui va mourir, et ne s'en porte pas trop mal.

Lire la suite sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2012/07/chronique-livre-le-pourceau-le-diable-et-la-putain/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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critiques presse (1)
Actualitte
16 juin 2011
L’auteur déploie ses ailes d'écrivain voyageur, qui considère combien les digressions sont importantes dans un roman, combien les flâneries sont le sel de toute vraie fiction dont on se souviendra.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Qui plus est, il ne faut jamais perdre de vue que la misanthropie ne se déploie qu'accordée à une inépuisable disposition à la clémence — pour peu que vous y mettiez un peu du vôtre, la chose perdra de son apparent paradoxe. Le misanthrope en effet ne juge pas, il jauge ; il ne jouit pas de la déchéance de l'autre, il vérifie qu'elle est notre lieu commun ; il ne construit pas l'autre à l'image de ce qu'il en attend (rien ou quasi), mais se borne à constater l'impossibilité de tout transport. L'autre ne me gêne pas : il arrange mes petites affaires en tant qu'il donne sens à ma quête et justifie mon plaisir. Sauf circonstance extraordinaire, je ne connais donc ni l'enthousiasme ni la colère.
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