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sur 3206 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Parmi l'avalanche de livres publiés lors de cette rentrée littéraire d'automne, ce premier roman de Marie Vingtras ne terminera pas enseveli parmi tant d'autres car il s'avère excellent !

Le « Blizzard » dont il est question est celui qui souffle sur les terres hostiles de l'Alaska. le genre de tempête qui vous invite à rester cloîtré chez vous, en espérant avoir assez de bois pour survivre et une bonne pelle pour tout déblayer une fois terminé. Malheureusement, Bess a tout d'abord eu la mauvaise idée de sortir avec le « petit », puis de lui lâcher la main le temps de refaire ses lacets. Un bref instant d'inattention qui a conduit à la catastrophe : le « petit » vient de se faire avaler par le blizzard !

Pour son premier roman, Marie Vingtras propose non seulement une course contre la montre haletante avec le mince espoir de pouvoir retrouver ce gosse vivant, mais surtout un huis-clos à ciel ouvert où les personnages partis à sa recherche vont se trouver eux-mêmes. Proposant des phrases courtes et des chapitres de seulement quelques pages, l'auteure rythme son récit comme un thriller à l'américaine, faisant monter la tension crescendo et tenant le lecteur en haleine de la première à la dernière page.

Ce récit choral invite à suivre quatre personnages qui prennent tout à tour la parole au fil des chapitres. Si tout disparaît progressivement sous un immense tapis de neige, des terribles secrets profondément enfouis refont progressivement surface. Quand on vient se planquer dans le trou du cul du monde, on a forcément quelque chose à cacher ! Livrés à eux-mêmes au coeur de cet environnement hostile, ils doivent non seulement affronter la nature, mais également leur propre passé.

En isolant ses protagonistes dans cet endroit reculé du monde battu par des vents glacés, Marie Vingtras nous installe au plus proche de ses personnages. Les seules voix qu'elle partage sont les monologues d'individus en quête d'eux-mêmes, qui se dévoilent au fil de leurs pensées. le gosse demeure introuvable, mais la vérité refait indéniablement surface. Au coeur de la tempête, l'heure est à la confession !

La Grande Librairie n'a pas menti, « Blizzard » fait en effet partie des incontournables de cette rentrée d'automne !
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Alaska. Un enfant disparaît dans le blizzard, il a lâché la main de celle qui l'accompagnait. Des hommes partent à leur recherche. Au total cinq solitaires, mystérieux, aux intentions nébuleuses, mais dont on devine qu'ils ne sont pas là par hasard au bout du monde.

Marie Vingtras réveille tout un imaginaire nord-américain. On sent que l'auteure a lu Ron Rash, David Vann, Russell Banks and co lorsqu'elle convoque des figures masculines récurrentes dans la littérature américaine, de l'homme des bois bourru au vétéran noir du Vietnam. Elle retravaille ce terreau en une succession de chapitres courts d'une remarquable efficacité narrative tant le suspense file dans cette course contre la montre pour retrouver l'enfant. Chaque phrase est à sa juste place et distille très subtilement des éléments qui permettent de comprendre les enjeux et de lever les secrets des personnages. Comme si chaque chapitre était un des fragments de la mosaïque qui se complète sous nos yeux.

Pas d'échappatoire dans le blizzard. La tempête de neige ramène à un temps primitif, loin de la contemporanéité et de la civilisation. Bess, Benedict, Cole et Freeman se confessent à tour de rôle. C'est leur vérité nue qui s'exprime, parfois brutalement, sans filtre, parfois de façon désordonnée tant les traumatismes sont présents et la revisite de leur vie difficile.

Avec une langue claire et précise, Marie Vingtras parvient à faire sentir l'urgence en chacun des personnages. Au-delà de l'urgence à retrouver l'enfant, il y a l'urgence de vivre, tout simplement. Tous sont en suspens. Quelque chose doit se passer pour qu'ils arrêtent de regretter le temps passé, celle de l'équilibre de l'enfance perdue quand tout était facile, le temps d'avant la faute. Avec en sous-jacents les liens de la famille et notamment la difficile paternité, Blizzard est un roman très fort sur la culpabilité qui ronge et fait quitter le monde des vivants. A côté des quatre personnages qui s'expriment à tour de rôle, les absents, les morts sont tellement présents.

Les 190 pages de ce huis-clos à ciel ouvert sont rapidement addictives. Mon seul regret est que le potentiel alaskien n'ait pas été plus utilisé, au-delà du simple rappel de la tempête de neige qui isole les personnages. Sans doute, amoureuse de nature writing type Gallmeister, étais-je trop en attente d'une vastitude enveloppante, de paysages écrasants, non comme simple décor mais pour cadrer les émotions, les accentuer jusqu'à perdre haleine.

Lu dans le cadre du collectif des 68 Premières fois 2022 #2
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En Alaska, alors qu'un violent blizzard souffle, une jeune femme, Bess, sort accompagnée d'un jeune garçon : c'est de l'inconscience, d'autant que, pour refaire son lacet, elle lâche un court instant la main du garçon, ce qui suffit à le lui faire perdre de vue. Son ami Benedict va tenter de les retrouver. ● C'est un roman choral dans lequel chaque personnage cache des secrets (dont l'accumulation est quelque peu excessive). ● Mais le récit est construit de mains de maître ; on apprend la vérité sur chacun par petites touches successives, ce dévoilement progressif est vraiment très habile, d'autant qu'il est comme enveloppé par la question originelle que pose le roman : va-t-on pouvoir retrouver – et sauver – Bess et le garçon ? ● On se croirait dans un roman de « nature writing » qu'affectionnent les Américains et les éditions Gallmeister ! Les chapitres, très brefs, se dévorent. Pour un premier roman, c'est étonnant de maîtrise. Une belle surprise.
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Woaw. Ca commence sur les chapeaux de roue : Tempête de neige en Alaska, Bess sort avec le môme de dix ans - quelle folie l'a prise ?? Elle le lâche une minute le temps de refaire ses lacets. Elle se relève, il a disparu. C'est déjà le chapitre suivant, ce qui semble être le père du môme se réveille et voit la porte ouverte - là je me demande pourquoi laisser la porte ouverte en sortant mais je n'ai pas le temps d'aller plus loin parce qu'il remarque que les bottes du petit ont disparu en même temps que Bess. Or celle-ci n'aurait apparemment pas deux sous de jugeote… Mais alors, pourquoi lui avoir confié le gamin ? Vite sortir à notre tour pour en savoir plus, aller frapper chez le pote Cole qui a trop bu la veille : C'est déjà le troisième chapitre, c'est addictif ! On nous en donne si peu à chaque fois que l'on demeure curieux. Et puis ces chapitres ultra-rapides nous installent dans cette urgence impérieuse inhérente à la situation de mort imminente que l'on pressent : Personne - et surtout pas la dénommée Bess et un gamin de dix ans - ne peut survivre à une tempête qui les rend aveugles, les empêche d'avancer, les isole en les congelant sur place.


Chaque chapitre est raconté par le personnage qu'il nous fait suivre, qu'ils soient de solides habitants du cru ou de mystérieuses pièces rapportées, des mâles bourrus carapacés de givre ou d'étranges femmes et enfants évaporés… Cela apporte énormément d'humanité dans ce concentré d'actions, puisque nous pénétrons à tour de rôle dans la tête de chacun, au coeur des émotions qui y font rage et des souvenirs qu'elles provoquent. Compte tenu du danger, c'est aussi un shoot d'adrénaline à chaque chapitre dans le décor le plus froid que l'on puisse certainement imaginer. Et c'est justement ce glaçage de poudreuse qui, par contraste, nous fait ressentir toute la chaleur humaine contenue dans les mots, les pensées, les actions de chacun. Une réprimande, une bourrade, un réconfort, un souvenir, un drame : chaque chose, chaque mot ressort du silence blanc épuré et prend toute la place. En peu de mots, un roman d'une ambiance dense et palpable. A chaque chapitre, les pensées des personnages se déroulent, nous laissant entrevoir leurs vies et actes jusqu'à ce jour, cette situation. Chacun se révèle peu à peu à nous, au compte-goutte, jusqu'à nous attacher à certains, et en haïr d'autres…


Au final, ce roman nous plonge moins dans l'ambiance de la tempête extérieure que dans le blizzard qui règne dans les têtes et les vies des protagonistes… et que les recherches vont contribuer à élaircir pour que la lumière soit enfin, et balaye les dernières zones d'ombre. C'était la lecture de saison qu'il me fallait après le difficile Enig Marcheur : un court roman à suspense mais qui glisse tout seul !
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Un moment d'inattention, et Bess perd dans le blizzard le jeune garçon dont elle a la garde. La poignée d'habitants de ce bout d'Alaska se joint aussitôt à la recherche de l'enfant. Dans la course contre la montre qui s'engage, chacun se révèle, pour le meilleur comme pour le pire…


Personne n'atterrit par hasard dans un bout du monde dont les conditions extrêmes font de la vie quotidienne un enfer. Ainsi, tous les habitants de ce coin isolé d'Alaska traînent de bien lourdes valises, qu'ils espèrent enfin parvenir à poser. C'est sans compter l'irrémédiable et paradoxale promiscuité à laquelle les condamne l'isolement de leur petit groupe dans cet environnement difficile. Lorsque la tempête achève de les enfermer dans sa terrifiante boule à neige, les voici confrontés les uns aux autres dans un huis clos d'autant plus redoutable que l'urgence et le danger libèrent soudain les instincts jusqu'ici réprimés.


Les chapitres brefs et la narration sobre contribuent à l'efficacité du récit, qui, à partir d'une seule unité de temps et de lieu - ces quelques heures dans la neige à la merci les uns des autres -, nous projette dans la tête de quatre narrateurs, et nous révèle peu à peu, à travers leurs monologues, la noirceur dramatique de leurs parcours venus se télescoper en un tumultueux point d'orgue. Secrets et douleurs longuement macérés finissent alors par détoner avec une violence qui n'a d'égale que celle des éléments déchaînés.


Premier roman parfaitement maîtrisé, Blizzard entraîne le lecteur dans une trépidation croissante bâtie sur d'incessants changements de rythme. Tandis que ses grands espaces de nature rude et sauvage y servent d'implacables révélateurs d'une nature humaine soudain dépouillée de tout artifice, s'y déploie un récit dense et noir, très prenant, à la résonance très américaine.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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« L'espoir trompe autant qu'il fait vivre. »

Je déteste le froid, la neige, l'hiver, mais les pays du grand Nord m'ont toujours fascinée par leur beauté sauvage et glacée. C'est sûrement pour cette raison que ce premier roman de Marie Vingtras m'a attirée comme un aimant. Plusieurs critiques ont fini de me convaincre et je les en remercie.

*
Malgré le blizzard qui fait rage, malgré le vent glacial et violent qui souffle en rafale, malgré la neige aveuglante, Bess est sorti avec un jeune enfant.
Voulant refaire ses lacets, elle lâche la main du petit garçon.
Lorsqu'elle se relève, il n'est plus là.
Il a disparu, avalé par la tempête.
Une course contre le temps s'engage car la mort survient vite dans des conditions aussi extrêmes.

« Je ne sais pas si la nature les a absorbés ou si elle va les recracher, morts ou vivants. »

Pourquoi s'être aventurée dehors malgré le danger évident ? Qu'est-ce qui justifiait une si grande prise de risque ?

« Comment dire à un enfant qu'il est une proie ? »

*
Malgré la fureur de la tempête de neige, les habitants de ce coin perdu d'Alaska se lancent à la recherche de la femme et de l'enfant et deviennent, à tour de rôle, narrateur de l'histoire.
En alternant ainsi les personnages, l'auteure construit sa narration en variant les points de vue de chacun.
Jamais narrateur, l'enfant est tenu à distance, maintenant le suspens jusqu'aux toutes dernières pages quant à son destin.

Progressivement, en peu de mots, l'auteure compose des portraits qui s'étoffent, et on discerne mieux leur personnalité, leurs faiblesses, leurs erreurs, leurs tourments, et finalement la noirceur de certains. L'auteure ménage ses effets, distillant les révélations au compte goutte afin de surprendre le lecteur.

« Quelquefois le poids des secrets est si lourd qu'on ne sait même plus comment s'en débarrasser sauf en disparaissant avec eux. »

En effet, ces individus n'ont pas choisi de vivre au plus près de la nature pour la beauté des paysages, l'envie de liberté, ou le besoin de vivre dans de grands espaces. Et l'on comprend mieux, petit à petit, pourquoi ces individus ont choisi, de leur plein gré, de s'installer dans ces régions reculées et inhospitalières, soumises à des hivers rudes.

« Ici, vous pouvez tout oublier et être oublié. »

*
Avec des chapitres de quelques pages seulement, composés de phrases courtes et de mots tranchants comme une lame, Marie Vingtras impose un rythme soutenu, et enferme le lecteur dans un huis-clos glacial. Face au blizzard, chacun se dévoile.

« On sait ce que ça représente une lumière dans la nuit, ou dans le blizzard, quand vous êtes perdus. Ça doit être un peu comme un phare dans la tempête pour un marin. Ça veut dire qu'il y a un être humain quelque part et que vous allez peut-être survivre aux éléments. »

*
L'écriture finement ciselée décrit avec beaucoup de justesse les sentiments cachés de ses personnages.

« Il y a toujours un moment où l'on vous présente l'addition et, vous pouvez protester, il faudra bien la régler, d'une manière ou d'une autre. »

La construction, mélangeant différentes temporalités, permet d'entrelacer plusieurs thématiques : celles de la douleur des souvenirs, la culpabilité, le traumatisme de la guerre, et la notion de parenté.

*
Pour finir, ce premier roman de Marie Vingtras est une grande réussite. L'auteure signe un récit choral surprenant, original.
J'ai adoré cette ambiance hivernale.

Merci à Christophe_bj, Yvan_T et JustAWord pour cette belle lecture.
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Comment se réconforter par ce froid week-end de décembre ; en allant faire un petit tour dans une contrée beaucoup plus hostile et où le froid est bien plus intense, histoire de relativiser...

Mais pourquoi est-elle donc sortie dans le blizzard avec l'enfant?
Et en plus elle lui lâche la main, quelques secondes pour refaire son lacet. Elle ne pouvait pas les attacher mieux avant de sortir?
Quelle est cette urgence qui a pu pousser Bess à affronter cette tempête avec le petit Thomas, laissant même la porte de la maison ouverte alors que le vent et le froid règnent ?

Il faudra lire tous ces petits chapitres racontés alternativement par les différents personnages pour comprendre la raison de cette imprudence.
Et l'on découvrira par petites touches habilement distillées l'itinéraire et le passif de chacun de ces hommes réfugiés dans cette terre du bout du monde, où la nature ne pardonne aucune erreur.

J'ai beaucoup aimé le procédé narratif, les éléments sur chacun sont apportés petit à petit par chacun dans de courts chapitres, révélant au fur et à mesure la totalité du drame qui se joue. Et le livre devient rapidement addictif, et l'on en oublie presque (j'ai dit presque) la quête initiale, la recherche de Thomas.
J'ai un peu regretté l'aspect un peu caricatural des différents personnages, entre l'homme bourru au grand coeur, le vétéran noir de la guerre du Vietnam, et l'alcoolique réfugié dans ce bout du monde pour cacher un passé surement peu reluisant.
Mais ce petit bémol ne m'a pas empêchée de dévorer ce livre en quelques heures.
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# Rentrée automne 2021 # Premier Roman # Premier flash
"Cré-moé, cré-moé pas - Quéqu' part en Alaska"

"C'est quelque chose qui ne s'invente pas savoir survivre"


Un enfant disparaît en pleine tempête de neige. Il a suffi d'un instant, un seul instant, qu'elle détourne les yeux un seul instant pour renouer ses lacets et il avait disparu


Bess, Benedict, Cole, Freeman, Clifford vont se mettre à la recherche du Petit.


Un premier roman qui m'a emportée ailleurs avec son écriture simple, directe, une histoire courte et goûteuse, une vraie gourmandise


Des phrases courtes, des chapitres succincts, un fait à la fois banal et terrifiant: un enfant de 10 ans échappe à la vigilance de l'adulte qui l'accompagne.
Le blizzard se lève. Nous sommes en Alaska. Il y a peu de chances de le retrouver vivant, une course contre la montre s'engage.


De chapitre en chapitre, de phrases courtes en phrases courtes, nous suivons d'une part l'évolution des recherches pour retrouver l'enfant en danger de mort et d'autre part le cheminement des pensées de ceux qui le recherchent.


Peu à peu, au détour des chapitres courts qui alternent tour à tour les voix des différents protagoniste, l'histoire individuelle de chacun se dévoile: leur histoire d'avant cette course contre la montre, leur passé personnel d'avant l'Alaska, les raisons profondes qui les ont poussés chacun à venir vivre dans un endroit aussi reculé .

"Ce pays perdu où vous oubliez jusqu'à ce que vous étiez avant"


S'y expliquent également leur différence d'évaluation de cette disparition qui les frappe pourtant au même moment, leur manière d'appréhender la nature et les interactions qui se sont mises en place depuis leur arrivée dans cette petite communauté où l'instinct de survie est primordial.


Sont-ils à la recherche d'un enfant, en quête d'eux-mêmes, ou
d'une certaine forme de rédemption pour des fautes passées ?


Qui gagnera cette course contre la montre pour retrouver l'Enfant? La nature (le blizzard), l'homme ? Et est-ce vraiment la question ici ?


Dans ce premier roman à l'allure de thriller et sous une forme chorale (à plusieurs voix), l'Auteure aborde différents thèmes:

- La culpabilité comme un fardeau qu'on traîne toute sa vie pour une faute commise ou pas, qui n'est pas nécessairement de notre entière responsabilité, parfois simple concours malheureux de circonstances

- la quête de l'identité et de ses origines

- les rapports à la paternité: celle découlant des liens du sang; celle qui s'acquiert par la transmission de valeurs, d'amour, de savoirs; celle qui est voulue et acceptée; celle qui est refusée, parfois pour des raisons qui expliquent sans excuser; celle où chacun adopte l'autre aussi bien l'adulte que l'enfant, celle qui coule de source naturellement comme l'eau claire d'un ruisseau, celle de celui qui fuit sans aucun mot d'explication.


"C'est bien une idée de môme ça,
s'inquiéter de briser le coeur de quelqu'un."



#Blizzard, #MarieVingtras, 26 août 2021, Editions de l'Olivier

Aux yeux de certains, cette écriture limpide, presque plus orale qu'écrite pourrait paraître simpliste. Fausse impression tant la frappe visuelle est forte et évocatrice.

C'est cette simplicité, la brièveté des phrases et des chapitres, du récit-même, combinée à la capacité de l'auteure à faire monter crescendo la tension comme dans un thriller, à évoquer aussi bien la nature géographique & météorologique, que la nature de chacun des 'héros' de Blizzard qui m'ont fait apprécier cette tempête au moment où la météo était exceptionnellement au beau fixe sur la Belgique.

Profitons-en pour le savourer ce roman et ce temps clément comme lorsqu'on se retrouve dans l'oeil du cyclone


"Le blizzard ne me laisse pas voir grand chose. Parfois le vent s'arrête d'un coup. Tout retombe au sol comme les plumes d'un oreiller et je distingue à peu près ce qui m'entoure, mais c'est toujours passager. Papa disait que c'était pire que la tempête en elle-même: ce moment où tout est suspendu comme lorsque vous êtes dans l'oeil d'un cyclone, et où vous commencez à espérer alors que le répit sera de courte durée et qu'il faudra lutter à nouveau."


Bonus: la complainte du phoque en Alaska
Cré-moé, cré-moé pas - Quéqu' part en Alaska
https://www.youtube.com/watch?v=6u2KPtJB9h8

Y a un phoque qui s'ennuie en maudit
Sa blonde est partie
Gagner sa vie
Dans un cirque aux États-Unis

Le phoque est tout seul
Y r'garde le soleil
Qui descend doucement sur le glacier
Y pense aux États
En pleurant tout bas
C'est comme ça quand ta blonde t'a lâché

Ça vaut pas la peine
De laisser ceux qu'on aime
Pour aller faire tourner
Des ballons sur son nez
Ça fait rire les enfants
Ça dure jamais longtemps
Ça fait plus rire personne
Quand les enfants sont grands

Quand le phoque s'ennuie
Y r'garde son poil qui brille
Comme les rues de New York après la pluie

C'est rien qu'une histoire
J' peux pas m'en faire accroire
Mais des fois j'ai l'impression qu' c'est moé
Qui est assis sur la glace
Les deux mains dans la face
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Il est petit ce roman mais ne vous y fiez pas , il est certes petit mais vraiment costaud .Déjà , l'action se déroule en pleine tempête dans un lieu improbable d'Alaska et , alors que tous les rares habitants devraient être chez eux , calfeutrés , un petit garçon disparaît dans les éléments déchainés ...
Dés lors commence une course contre la montre , une course contre la mort , une course à laquelle participeront quatre personnages au passé plus ou moins trouble et dont le caractère va commencer à se révéler dés le départ .Dés les premières lignes , on sait que rien ne sera simple , et , en donnant la parole aux quatre protagonistes , à tour de rôle , dans de trés courts paragraphes , Marie Vingtras va nous faire remonter le temps avec chacun d'entre eux .Chacun son histoire pour converger vers ce lieu perdu dans lequel ils se sont tous retrouvés . Tableau de maître réalisé par une artiste du mot juste , de l'étouffement crée par les éléments , sorte de machine à oppresser , à appuyer là où ça fait mal .
Petit livre mais costaud , je l'ai dit , qui nécessite une lecture attentive pour replacer les éléments dans le bon ordre , celui qui dévoilera petit à petit la tragédie qui se joue sous nos yeux .
Pour moi , ce ne sera pas un roman inoubliable , il me semble contenir beaucoup de thêmes récurrents bien exploités par nombre d'écrivains de renom et il me semble manquer de percussion dans les descriptions . Bon , c'est mon ressenti mais ce n'est pas pour autant un roman anodin , la preuve , ce sont tout d'abord les nombreuses et bonnes critiques qui l'accompagnent et , je dois l'avouer aussi , la force du récit éclaté qui nous rend avides au point de lire tout le texte dans la foulée .
Allez , bonne journée , chers amis et amies et à trés bientôt pour de nouvelles aventures moins glaçantes .
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Dès le premier chapitre, le ton est donné.
Une jeune femme part dans la montagne pendant une tempête de neige avec un jeune garçon et pendant un instant d'inattention, celui-ci lui échappe.
Ce roman choral fera se succéder dans de courts chapitres tous les personnages avec à chaque fois quelques indices sur leur personnalité, leur passé et la culpabilité qu'ils trimballent tous...
Bess, la jeune femme, qui n'est pas la mère de l'enfant, et qui n'est pas d'ici...
Benedict, le père, qui est revenu dans ce village de son enfance où il a vécu avec son père et son frère...
Freeman, un ancien du Viet-Nam, qui est venu chercher quoi dans ce village perdu...
Cole, le voisin de Benedict, qui part avec lui l'aider à retrouve la femme et l'enfant, sans conviction et sans empathie...
C'est une course contre la montre pour retrouver la femme et l'enfant.

Cette succession de courts chapitres donne une allure de thriller "Gallmeister" (façon David Vann ou Ron Rash) à ce roman très noir où les facettes des personnages sont toutes plus sombres les unes que les autres.
Construction parfaite et style sobre pour ce roman prometteur (c'est un premier roman!), à mon avis toutefois un peu « too much » sur le passé glauque des personnages, mais c'est un auteur à suivre...
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