Agréablement surprise par ce livre qui ne fait pas du tout partie de mon univers littéraire de base. J'ai eu beaucoup de plaisir à le lire. L'écrivain a su capter mon attention bien que je sois plutôt difficile des le début du livre. Ce livre m'a beaucoup fait reflichir sur mon rapport aux animaux et a opéré chez moi une remise en question de ma neutralité vis à vis de ces êtres. Je pense qu'il peut être pertinent de proposer à des lycéens et des étudiants de le lire et débattre autour du procès, celui ci m'a bien donné du fil à retordre et me suis surprise durant celui-ci à argumenter dans ma tête en faveur et contre l'accusé. C'est un livre qu'il faut avoir sans sa bibliothèque. Bravo.
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Mais je préfère encore me tourner vers Madame l’avocate générale que j’ai rarement vu aussi investie dans son désir de châtier un criminel pour ses actes. J’ai été impressionné par votre éloquence madame, et votre force de conviction pour enlaidir à outrance ce « monstre-là » dans le seul but de le faire condamner quasiment pour un délit de sale gueule. Il n’a échappé à personne que vous êtes largement sortie des clous de votre noble fonction, puisque vous ne lui avez jamais vraiment adressé la parole. Vous lui avez juste craché dessus. Votre répugnance pour cet individu a dégouliné sur la précieuse fourrure animale de votre robe, madame.
Cependant à votre décharge, vous avez été bien aidée par Daniel Grammont lui-même, qui incarne ici mon pire adversaire pour sauver sa propre tête. Oui, vous, Daniel ! Vous ! Depuis le début, je me sens bien seul pour défendre votre cause perdue avec votre air de balourd incorrigible. Vous, au terme de ce procès, qui n’avez exprimé la moindre once de regret pour le meurtre d’un être humain, même si à vos yeux c’était le pire des salauds. Vous, qui n’avez même aucune empathie pour sa famille dévastée à qui on a rendu un cadavre en marmelade. Qui plus est, a-t-on déjà vu un accusé se faire le propre procureur des charges qui pèsent contre lui ? Malgré vos déclarations d’intentions lors de notre dernier entretien, vous m’avez juste compliqué la vie Daniel, par votre attitude froide et irrespectueuse. De là, est- ce utile de préciser que si j’occupais la place d’un juré, je serais fortement tenté de signer votre arrêt de mort sans délibérations superflues ?
Quelque chose d’inhabituel persistait dans sa rétine.
Il fit demi-tour, rouvrit bien haut la benne et, caché maladroitement sous l’un des sacs qu’il souleva pour mieux voir, il y avait là un chat noir et blanc adulte.
Mort.
Du poil arraché.
Brûlé.
De la peau à vif.
Le crâne défoncé, un œil presque sorti de son orbite.
La pauvre bête avait souffert. Sans lâcher l’abattant,
Daniel regarda les trois gamins et son visage se durcit comme du marbre. Il devina aussitôt dans leurs regards fixes qu’ils étaient responsables de cette atrocité.
« Pourquoi vous avez fait ça ?
— Fait quoi ? », dit crânement le plus grand des trois petits voyous.
Daniel relâcha brutalement l’abattant. Ses yeux
s’obscurcirent et son visage se durcit encore plus. Il avait horreur d’être ouvertement pris pour un con. Il fit le tour de la benne et sa grande masse menaçante étirait déjà son ombre vers les trois petits merdeux. Deux d’entre eux reculèrent d’un pas. Le petit chef, l’affrontant du regard le menaça crânement :
« Tu fais quoi là ? »
Une odeur de poil brûlé parvint à ses narines et il devina que cela ne venait pas de la benne. Sans ménagement, il écarta les trois nains.
Il était là. Tout noir. Jeune. Blotti dans un coin. Terrorisé. Vulnérable. À la merci de la cruauté enfantine. Il entendit dans son dos le petit chef sortir une lame de cutter.
« Hé, c’est notre chat celui-là, dégage de là ! »
Daniel se tourna vers lui. Les gamins frémirent, frappés par la grande colère froide émanant des yeux du géant. Il avait le silence inquiétant, bien plus inquiétant qu’une bordée de menaces. Enfant ou pas, le petit chef sentit très clairement que cet ogre pouvait n’avoir aucune retenue s’il ouvrait encore la bouche pour le défier. Et ses mains énormes semblaient pouvoir broyer des os juvéniles comme des biscottes. Les deux petits lieutenants sentirent aussi le danger immédiat et tirèrent leur chef par la manche. Celui- ci sortit à reculons, cutter toujours en avant, avec pour point d’honneur de ne pas lâcher l’adulte des yeux.