AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782130578086
264 pages
Presses Universitaires de France (19/01/2011)
4/5   5 notes
Résumé :
Souvent rabattue sur des stéréotypes réducteurs, la protection animale constitue une cause militante des plus anciennes et complexes. Du début du XIXe siècle jusqu'à nos jours, de multiples entrepreneurs de morale s'indignent du traitement que les hommes réservent aux bêtes et se mobilisent afin de corriger la brutalité de leurs contemporains. D'abord préoccupée par la cruauté à l'égard du bétail, ce n'est qu'à l'issue de longues péripéties que la protection animale... >Voir plus
Que lire après La cause animale (1820-1980). Essai de sociologie historiqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre est un peu ardu à lire, néanmoins, il apporte un éclairage très intéressant sur la protection animale, ses origines, son évolution à travers le temps et ses différents mouvements.
A l'origine, la cause animale relève d'un certain humanisme professé par une élite essentiellement masculine issue de la noblesse et de la bourgeoisie, pour éduquer et élever moralement la population. A cet époque le bien être de l'animal importe peu. L'important est que l'homme ordinaire se comporte mieux, selon les principes de la morale et de la religion. Ainsi par exemple, on crée les abattoirs que l'on bâtit hors la ville, pour que le peuple ne soit pas importuné par la mort des animaux d'élevage, et ne soit pas élevé à la violence quotidienne.
Petit à petit, la cause animale s'élargit et s'entend aux animaux d'affection -chats, chiens, etc... - et se féminise et se popularise. Nous sommes dans la seconde moitié du XIXe siècle et les premiers refuges pour les animaux errants voient le jour. C'est aussi l'essor des sciences biologiques et de la vivisection, qui entraîne l'émergence d'un mouvement antivivisectionniste très important. Ce mouvement se compose essentiellement de femmes, très engagées socialement. Elles feront l'objet d'une campagne très violente des scientifiques et le mouvement perdra sa crédibilité et son combat. C'est à ce moment là que le mot Zoophile, qui jusqu'alors était un mot positif pour désigner toute personne attaché aux animaux, verra son sens dévier négativement. La zoophilie devient une maladie mentale, au même titre que la schizophrénie, qui touche principalement des femmes, et notamment les femmes ayant fait de la vivisection leur combat... Plus tard, le terme prendra une connotation plus sexuelle, totalement éloignée de son sens premier.
Dans le courant du XXe siècle, avec le développement des sciences naturelles et l'émergence de l'écologie, la cause s'étendra à l'ensemble des animaux sauvages qu'il faut protéger des méfaits de la civilisation et de l'industrialisation croissantes. La cause devient plus activiste.
Cette lecture est très intéressante. Elle m'a permis notamment de découvrir quelques figures féminines que j'ignorais, comme la journaliste féministe et antivivisectionniste Séverine, secrétaire de Jules Vallès et auteure du livre "Sac-à-Tout, mémoires d'un chien" qui n'est plus édité mais que l'on peut télécharger gratuitement sur le site gallica.bnf.fr et que j'ai lu aujourd'hui (c'était un aparté!). Elle permet aussi de mieux comprendre et appréhender la cause animale, d'en cerner sa complexité et ses différents mouvements, grâce à l'excellente analyse de son auteur.
Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
À partir du dernier tiers du XIXe siècle, certains protecteurs des animaux se scandalisent désormais de la souffrance des bêtes au point d'ailleurs que cette dernière semble alimenter leur révolte contre les abus de la puissance. […] Bêtes domestiques et ouvriers sont pareillement exploités par ceux-là mêmes qui se piquent d'afficher à leur endroit un paternalisme compassionnel et protecteur. Par là même, militer en faveur d'un ordre social plus juste – purgé des dominations multiformes dont abusent les puissants – implique d'intégrer les animaux au rang des faibles, des soumis, des dociles, pour qui la révolte contre les forts mérite d'être menée. (p. 144-147)
Commenter  J’apprécie          80
L'engagement en faveur des animaux présente un panel de modes d'action très contrastés que les militants de la cause combinent ou excluent très diversement : prodiguer caresses et croquettes ; rédiger des manifestes ou des traités de philosophie morale ; distribuer des tracts ; réaliser des documentaires spectaculaires ou, au contraire, des expertises affichant l'objectivité de la science sur le sort de certaines espèces sauvages, sur les bêtes de boucherie ou de laboratoire ; faire signer des pétitions ; manifester sa désapprobation devant des arènes, des cirques, des laboratoires, ou bien encore des grandes chaînes de restauration accusées de recourir à l'élevage en batterie ; exiger des pouvoirs publics des réglementations protectrices ; organiser des opérations commando visant à délivrer des cobayes de l'industrie pharmaceutique ou des visons destinés aux fourreurs. (p. 2)
Commenter  J’apprécie          40
Le registre de l'attendrissement draine un nombre croissant d'affiliés privilégiant un type d'action si coûteux qu'il condamne les organisations militantes à se préoccuper de trouver toujours plus d'adhérents et de donateurs. Ainsi, au tout début du XXe siècle, et à rebours du critère sélectif de la notabilité valorisé autrefois, la direction de la SPA érige le recrutement de nouveaux soutiens (financiers) en critère d'excellence de l'activisme en faveur de la cause […]. (p. 132)
Commenter  J’apprécie          70
Le scandale auquel les militants entendent remédier n'est pas encore la souffrance de l'animal, mais bel et bien la cruauté dont font preuve ceux qui, après s'être exercés sur les bêtes, menacent de se tourner vers les hommes. Si les couches supérieures de l'establishment britannique sont convaincues de la nécessité d'œuvrer au plus vite, c'est bien parce qu'elles craignent que les classes laborieuses, après s'être accoutumées au sang des bêtes, puissent menacer un bon ordre social exempt de violence. (p. 40)
Commenter  J’apprécie          50
Aux craintes et à la répugnance suscitées par la violence exercée sur les animaux […] se sont progressivement ajoutées ces émotions de type compassionnel qui résultent de l'aptitude à saisir par empathie la souffrance d'autrui. Autant dire que le développement de la compassion démocratique peut difficilement être dissocié d'un processus de réduction de l'altérité. Par là, il faut entendre qu'autrui – plus particulièrement l'animal –, loin d'être reconnu dans son irréductible différence, est confondu avec soi […]. Par là même, la protection animale apparaît de plus en plus souvent en rapport d'affinité avec cet anthropomorphisme qui prête aux animaux les mêmes sentiments que ceux éprouvés par les hommes. (p. 105)
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : animalismeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de Christophe Traïni (2) Voir plus

Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
852 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}