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EAN : 9782350960876
166 pages
Les Prairies Ordinaires (10/04/2014)
5/5   1 notes
Résumé :
En 2003, Wang Bing réalise A l'Ouest des rails, documentaire de neuf heures consacré à la fin d'une immense zone industrielle de la Chine. Ce film est aujourd'hui considéré à la fois comme un chef-d'oeuvre et comme un emblème des possibilités offertes par l'avènement du numérique. Wang Bing n'a cessé ensuite de travailler de la même façon, clandestinement et en s'attachant à des sujets pour le moins difficiles : la répression " antidroitière " (Fengming, chronique d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"La Chine vit l'époque la plus catastrophique de son histoire. Je ne manque donc pas de sujets. Il me reste à la mettre en valeur, à continuer de filmer la vie des gens..."
Je viens de terminer récemment ma découverte de Wang Bing avec "Les âmes mortes", 8h15 d'entretiens de survivants d'un camp de rééducation pour droitiers à la fin des années 50, dans le désert de Gobi, où la plupart des prisonniers sont morts de faim dans des conditions épouvantables. Wang Bing avait déjà abordé à deux reprises ce sujet tabou en Chine, dans "Fengming, chronique d'une femme chinoise" et "Le Fossé". juste avant j'avais découvert "À la folie". Wang Bing avait pu tourner dans une unité psychiatrique du Yunnan... Autre vision assez sombre de la Chine. Wang Bing s'était imposé avec un premier documentaire, "À l'ouest des rails", au début des années 2000 : il filme, avec une caméra mini-DV un grand complexe industriel d'époque japonaise et soviétique, à Shenyang, dans lequel les usines d'état ferment les unes après les autres. Les films de Wang Bing sont assez éprouvants et à chaque fois vous laisse groggy. Dans ces entretiens on découvre à quel point les conditions de tournage ont été difficiles : manque de moyens, problèmes techniques, difficultés avec les autorités, etc. Il semble même qu'il y ait laissé une partie de sa santé et qu'il lui faille constamment vivre dans la pauvreté (ses films n'ont jamais été distribués en Chine). Au premier abord Wang Bing paraît assez fruste. Il a vécu toute son enfance à la campagne, où ses parents, des intellectuels, avaient préféré s'éloigner... Mais, très vite, ce qui frappe, dans ses entretiens comme dans ses films, c'est son obstination, à dire la vérité -Wang Bing ne fait aucune concession-, son sens de l'observation et son empathie, il s'immerge complètement dans les lieux où il tourne, avec tous ceux qui y vivent, n'intervenant que très rarement. On a parfois l'impression que la caméra est devenu invisible. Il est aussi très rusé, pour contourner certaines difficultés, sentir les danger : tourner en Chine sans autorisation sur certains sujets demande une grande discrétion et comme il l'explique ici, dans ce livre d'entretien, il y a des circonstances où il est préférable de quitter les lieux de tournage très rapidement. Ce que j'avais pas complètement entrevu par contre en voyant ses films, c'est toute la dimension artistique de Wang Bing, étudiant d'abord en photographie puis en cinéma. Bien que d'un réalisme assez cru, ses films sont aussi habités par une vision esthétique très puissante. À Propos des décors du "Fossé" (désert de Gobi) , à la question : " Mais pourquoi parler de beauté ? Quel peut être le lien entre entre la beauté et des scènes de famine, de désespoir... ?" Wang Bing répond : " La beauté est comme un personnage ou comme une histoire. La beauté n'est pas qu'une question d'apparence mais de sens profond : elle suppose quelque chose à savourer, à apprécier... En découvrant ce lieu, j'ai eu une impression de grandeur et de nature absolue, l'impression d'un monde sans humains... C'est cette sensation d'absence que j'appelle, en l'occurrence, la beauté." Je citerais juste avant de terminer ce qui est peut-être son film le plus beau, "Les trois Soeurs de Yunnan", tourné dans un village de montagne d'une grande pauvreté.
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Entretien passionnant avec le cinéaste documentariste chinois Wang Bing. Il par le de son cinéma, de sa carrière, et de la situation économique et sociale en Chine, notamment la dureté de la vie là-bas. Outre ses films documentaires, il a aussi réalisé un film de fiction sur un thème qu'il avait abordé dans un documentaire (la répression au temps de la révolution culturelle). La plupart de ses films ont un fort contenu politique.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Ceux qui quittent leurs villages se retrouvent dispersés dans les grandes villes. Ils n'y sont pas accueillis avec bienveillance, ne communiquent pas avec les autres. Ils mènent une vie humble, ne cultivent aucune relation en dehors de leur travail. Beaucoup de Chinois vivent de cette façon, dans les périphéries des grandes villes. Ils travaillent comme des machines, survivent entassés, sans aucun lien social. Personne ne fait attention à eux. Ils restent invisibles, ignorés, car on considère que leur vie est ordinaire, inintéressante, indigne d'attention.
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Un homme est apparu tout à coup, sortant de nulle part. Je n'ai pu m'empêcher de le suivre jusqu'à son refuge de troglodyte. Il vivait seul, dans une autarcie et un isolement complets. Dans la Chine extrêmement matérialiste d'aujourd'hui, son exemple muet est un acte éloquent de résistance. L'Homme sans nom ne demande rien à personne. Dans la campagne désertique, sa vie ressemble à celle d'une pousse. C'est l'existence à l'état pur. Cette rencontre m'a profondément touché.
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Le cadre n'est pas important. Ce qui compte, dans le monde de l'image, c'est le fait de se demander ce qu'est cette carafe, là, devant nous. C'est l'objet que l'on voit sur l'image, l'objet en soi, sa vie. Il n'y a pas de cadre à l'image, il s'agit d'observer. Il n'y a pas de monde limité. C'est pareil pour la peinture. Quand on regarde quelque chose, on ne peut se contenter d'un simple regard. Ce qui compte, c'est de se demander : "Qu'est-ce qu'une chose ?"
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Numéro zéro a-t-il en effet été une inspiration pour la réalisation de Chronique d'une femme chinoise?
On peut le dire, même si la façon de faire de Jean Eustache est entièrement différente de la mienne. Eustache parle à la première personne. Ce n'est pas quelque chose que j'aime faire. Je considère que seuls les autres ont le droit de parler de leur vie. Pour ma part, je me contente d'écouter.
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La beauté est comme un personnage ou comme une histoire. La beauté n'est pas qu'une simple question d'apparence mais de sens profond: elle suppose quelque chose à savourer, à apprécier... En découvrant ce lieu, j'ai eu l'impression de grandeur et de nature absolue, l'impression d'un monde sans humains... C'est cette sensation d'absence que j'appelle, en l'occurrence, la beauté.
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