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EAN : 9782264031594
224 pages
10-18 (28/02/2002)
3.67/5   90 notes
Résumé :
La science, la politique : deux vocations profondément divergentes. L'une requiert modestie et disponibilité de l'esprit. L'autre, déchirée entre l'éthique de la conviction et l'éthique de la responsabilité, souffre d'une contradiction nécessaire qui toujours lui interdira la certitude scientifique. Telles sont les lignes directrices de cette profonde analyse, d'une urgence si actuelle à laquelle nous convie le plus grand sociologue allemand de ce siècle.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Deux textes pertinents, bien structurés et dont le maître mot est l'éthique...

"Le Métier et la Vocation de Savant" (1917) et "le Métier et la Vocation d'Homme Politique" (1919) sont deux écrits issus de conférences données par Weber. Les regrouper ensemble pourrait apparaître comme une supercherie éditoriale, mais finalement c'est sur le terrain de l'éthique qu'ils se rejoignent. Le savant, en effet, doit s'appliquer à adopter une neutralité absolue, alors qu'il enseigne (Weber nous décrit le modèle de l'enseignent-chercheur universitaire). Il ne doit pas non plus penser que la science donne du sens au monde, elle nous n'en livre que les clefs de compréhension. Et encore, celles-ci sont-elles provisoires, et n'attendent simplement que de nouvelles clefs, issues de l'inspiration (et du travail) d'un autre, les remplacent (ce qui est une différence fondamentale avec l'art car le jugement sur une oeuvre d'art n'est qu'un point de vue). Le travail scientifique demande donc, selon Weber, de grandes qualités morales et intellectuelles.

Si la science a à voir avec la politique c'est uniquement en tant qu'outil de conseil, qui permet une vision à moyen terme (c'est donc pour sa dimension prédictive qu'elle intéresse l'homme politique)
La politique, au sens où l'entend Weber, est l'ensemble des activités qui ont à voir avec la conquête, la répartition et la conservation du pouvoir et les hommes politiques sont tous ceux qui vivent "de" ou "pour" ces activités (ce qui va du journaliste au fonctionnaire en passant par les élus).
Dans une perspective historique, l'Etat (moderne) est l'institution qui a progressivement monopoliser la violence légitime et son développement est concomitant de celui du capitalisme (l'un s'accapare progressivement le monopole de l'usage de la violence et l'autre le capital). Quant à l'éthique des politiques, elle est soit de "responsabilité", soit de "conviction", étant entendu qu'elles ne s'excluent pas nécessairement l'une, l'autre.

La pensée de Weber est vraiment très bien structurée et s'inscrit dans sa logique "compréhensive" (il cherche à mettre en lumière la logique des actions des différents acteurs sociaux, s'opposant ainsi en cela au "fait social" de Durkheim), avec laquelle on peut, bien entendu, ne pas être d'accord, en tant que méthodologie, mais cela n'enlèvera rien à la profondeur des réflexions de Weber, notamment tout ce qui concerne l'éthique. On pourra aussi aisément lui reprocher de démontrer par l'exemple que la neutralité, en matière d'enseignement de la chose politique, est difficile à atteindre, si l'on s'amuse à relever les allusions péjoratives à peine voilées qu'il adresse à la révolution bolchevique en cours, cela n'empêchera pas de penser que, tout bourgeois qu'il fut, pour Weber, ce sont les moyens qui justifient la fin.

Derrière le savant, ne réside donc qu'un homme mais doué, assurément, d'une pensée profonde, nourrie à la source d'une éthique véritable (ment humaine^^).


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Oeuvre trop peu commentée sur Babelio à mon goût, au regard des fondements qu'elle pose de la sociologie contemporaine, politique, mais pas seulement. Ecrivant au début du XXème siècle, Max Weber propose dès cette époque une analyse du capitalisme, du rationalisme et des systèmes politiques contemporains -actuellement en délitement- différente de celle de Marx et du positivisme durkheimien.

Bien qu'engagé dans son siècle, et critique à maints égards, Max Weber, défend, notamment dans le Savant et le Politique, une science de l'action sociale, consciente de ses limites (différente des sciences naturelles), et insiste sur l'importance des valeurs comme fondements de cette action. C'est pourquoi, pour lui, le savant (en sciences sociales particulièrement) se doit de maintenir une neutralité par rapport à son objet d'étude.

Par ailleurs, à bien des égards, en ce qui concerne la compréhension du politique, Max Weber aura constitué pour moi un intermédiaire entre la lecture de Machiavel, puis Hobbes, et celle de Raymond Aron, dont la préface de le Savant et le Politique constitue d'ailleurs un élément à part entière.
Contemporain de l'Allemagne de Bismarck, de l'exacerbation des nationalismes sous la 1ère Guerre mondiale, puis de la République de Weimar, Max Weber va poser les bases d'une définition de l'Etat connue de tout étudiant en science politique et de nos Enarques en particulier : « un Etat est une communauté humaine qui revendique le monopole de l'usage légitime de la force physique sur un territoire donné » . Il approfondit ainsi le concept de violence légitime issu du Léviathan.
Son analyse n'est pas dépourvue de critique, puisqu'il met en évidence que la "professionnalisation" du politique conduit à un système ploutocratique ou/et bureaucratique, qui sera largement développé par ses successeurs de la sociologie allemande et US.

On pourra reprocher deux choses à Max Weber : d'abord, intervenant quasiment à la naissance de la "science" sociologique et dans une période où la vision d'un capitalisme porteur de progrès était la norme, répondant par ailleurs à son éthique protestante et bourgeoise traditionnelle, ses analyses ne sont pas dénuées de subjectivité. Or, si le savant peut être engagé (à son image ou à celle de Aron), il devrait, selon ses propres termes, "mettre de côté" cela dans son travail de "scientifique".
Ensuite, sa langue même bien traduite, n'est pas facile d'accès. Bien que n'hésitant pas à répéter ses concepts, il les introduit de manière assez abrupte et, chaque mot ayant son importance, il faut souvent s'y reprendre en plusieurs fois à la lecture.
Néanmoins, bien que ces "cours" aient vieilli, le Savant et le Politique reste, à mon avis, une clé essentielle, au même titre que Machiavel, Hobbes ou Aron pour mieux comprendre les base de la sociologie, nos systèmes politiques contemporains (et leur déliquescence actuelle), le formatage de nos élites, et plus globalement quelques structures fortes de note société.
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Mon édition commence par une préface de Raymond Aron. J'ai eu beaucoup de mal à comprendre ses propos, mais ils sont intéressant pour comprendre le travail de Weber.
Dans cet ouvrage, Weber parle du métier de scientifique et d'Homme politique. Certains points peuvent toujours être d'actualité, même presque un siècle après la première publication de l'oeuvre.
Le vocabulaire et les tournures de phrases sont parfois un peu compliquées, mais globalement, les éléments importants sont clairs, et résumés plusieurs fois. Il fait des références à certains moments historiques qu'il peut être important de connaître au moins en gros pour mieux comprendre ce qu'il explique.
Le travail de Max Weber est intéressant en certains points plus que dans d'autres. Il essaie au maximum de ne pas donner son propre avis et de simplement expliquer les faits qu'il a constaté en les expliquant.
Cet ouvrage est aussi intéressant pour comprendre la façon de penser et de travailler de l'époque, où il n'y avait pas les mêmes outils de travail et les mêmes moeurs et visions du monde.
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Excellente analyse sociologique des carrières du savant et du politique, analyse toujours d'actualité, ce qui est assez incroyable pour un livre oublié en 1919 ! La partie sur le politique est cependant plus difficile d'accès que la partie sur le savant. Je conseille cette lecture de difficulté moyenne, pour stimuler vos neurones.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Il est parfaitement exact de dire, et toute l'expérience historique le confirme, que l'on aurait jamais pu atteindre le possible si dans le monde on ne s'était pas toujours et sans cesse attaqué à l'impossible. Mais l'homme qui est capable de faire un pareil effort doit être un chef, et non pas seulement un chef, mais encore un héros, dans le sens le plus simple du mot. Et même ceux qui ne sont ni l'un ni l'autre sont obligés de s'armer de la force d'âme qui leur permettra de surmonter le naufrage de tous leurs espoirs.
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Partout le développement de l'Etat moderne a pour point de départ la volonté du prince d'exproprier les puissances "privées" indépendantes qui, à côté de lui, détiennent un pouvoir administratif, c'est-à-dire tous ceux qui sont propriétaires de moyens de gestion, de moyens militaires de moyens financiers et de toutes les sortes de biens susceptibles d'être utilisés politiquement. Ce processus s'accomplit en parfait parallèle avec le développement de l'entreprise capitaliste expropriant petit à petit les producteurs indépendants.
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Le fait qu'un Etat ou un parti sont dirigés par des hommes qui, dans le sens économique du mot, vivent exclusivement pour la politique et non de la politique signifie nécessairement que les couches dirigeantes se recrutent de façon "ploutocratique". En disant cela nous ne cherchons nullement à faire accroire que la direction ploutocratique ne profite pas de sa situation dominante pour vivre également "de" la politique et pour exploiter sa position politique au profit de ses intérêts économiques. Cela va sans dire.
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Nulle part ailleurs qu'en Grèce on ne trouve cette conscience de l'importance du concept. Ce furent les Grecs qui les premiers surent utiliser cet instrument, qui permettait de coincer quelqu'un dans l'étau de la logique de telle sorte qu'il ne pouvait s'en sortir qu'en reconnaissant, soit qu'il ne savait rien, soit que telle affirmation représentait la vérité et non une autre, une vérité éternelle qui ne s'effacerait jamais comme l'action et l'agitation aveugle des hommes.
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Quel est alors dans ces conditions le sens de la science en tant que vocation, puisque toutes ces anciennes illusions qui voyaient en elle le chemin qui conduit à l'"être véritable", à l'"art vrai", à la "vraie nature", au "vrai Dieu" ou au "vrai bonheur" se sont écroulées ? Tolstoï apporte la réponse la plus simple à la question en disant : elle n'a pas de sens, puisqu'elle ne donne aucune réponse à la seule question qui nous importe : "Que devons-nous faire ? Comment devons-nous vivre ?"
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Video de Max Weber (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Max Weber
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=49209&motExact=0&motcle=&mode=AND
DÉSENCHANTEMENT DU SEXE
Dialectique du désir et de l'amour
Claude Esturgie
PSYCHANALYSE, PSYCHIATRIE, PSYCHOLOGIE QUESTIONS DE GENRE SOCIOLOGIE SEXUALITÉ
C'est grâce à la littérature, la poésie, la philosophie, la psychanalyse, le cinéma, mais aussi à son expérience clinique personnelle, que l'auteur s'est intéressé à l'évolution de la perception du sexe pour aboutir à l'époque contemporaine où le développement exponentiel de la technique entraîne ce désenchantement dont avait parlé Max Weber et Marcel Gauchet. Aucun déclinisme cependant dans son propos mais un questionnement sur la possibilité d'une nouvelle alchimie entre le désir, l'érotisme et l'amour.
Broché

ISBN : 978-2-343-08055-0 ? janvier 2016 ? 156 pages
Prix éditeur : 17 ? 16,15 ?
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