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EAN : 9782207160350
240 pages
Denoël (19/08/2020)
4.09/5   55 notes
Résumé :
Elle le rencontre, et c’est un émerveillement. Tristan est un artiste génial qui transforme le rêve en réalité. À ses côtés, la vie devient une grande aire de jeux où l’on récite des poèmes en narguant les passants.
Il ne ressemble à personne, mais cette différence a un prix. Le monde est trop étriqué pour lui qui ne supporte aucune règle. Ses jours et ses nuits sont ponctués d’angoisses et de terreur. Seul l’amour semble pouvoir le sauver. Alors elle l’aime... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ce premier roman, il n'y en a que pour Tristan, bellâtre souriant, intelligent fantaisiste et poète. La narratrice qui ne sera jamais nommée - accentuant d'autant plus le déni de soi - tombe follement amoureuse de cet homme singulier. le couple vit au commencement sous de belles étoiles. Leur histoire est belle et la magie opère. Moi aussi je suis tombée dans le piège devant cet homme qui parle aux étoiles, s'offusque des répondeurs robotisés, traque et invente la beauté à tout prix.

Très vite pourtant, le tableau s'obscurcit. Tristan pleure sans raison, s'autoestime, puis les cris, les injures, la violence psychologique. Tristan ne va pas bien. Et comme souvent, c'est auprès de sa proie sous son emprise que les démons émergent. La narratrice devient chose, object, s'oublie, se ment, se trouve mille raisons pour aider son compagnon.
Il faut vraiment être fou d'amour pour accepter une telle descente en enfer, ne pas en parler, ne pas chercher d'aide, croire toujours que demain sera meilleur. Qui est ici au final le plus à plaindre : celui qui piétine ou celle qui reste et obtempère ?

À trop aimer est un premier roman très bien maîtrisé sur l'emprise amoureuse et les violences conjugales. Les sentiments tels que l'empathie affluent nous prenant en étaux face à cet homme d'un égoïsme sans précédent, devant cette femme qui rétrécit au fil de son histoire où l'amour a cédé toute sa place à la violence et la déchéance humaine.

J'ai aimé ce roman car il ne cache rien des débordements amoureux et de la folie humaine et s'est dressé vivant sous mes yeux ahuris par autant de perversion humaine. Une écriture pleine et aboutie, sensible et redoutable.
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Elle est chanteuse, autrice, compositrice et interprète ; et enseignante ; il faut bien vivre... Quand elle rencontre Tristan, c'est le coup de foudre.
Il rêve d'être un photographe reconnu, mais n'est que libraire ; il faut bien vivre... Il semble lui aussi éperdument amoureux.
Quand il l'emmène dans sa famille, elle comprend que Tristan a été maltraité, psychologiquement sûrement, physiquement peut-être. Et c'est le début de l'enfer...

À aucun moment, l'autrice n'a donné de nom ou de prénom à son héroïne, elle n'est que "Je", ou "Tu" quand Tristan s'adresse à elle. Puis elle devient aussi "Égoïste", "Salope" ou "Connasse" quand il est en colère.
On suit ainsi sa plongée - celle du personnage ou celle de l'autrice, puisque celle-ci ne cache pas l'inspiration autobiographique de son roman ? - dans un enfer qui peu à peu devient son quotidien.
La violence n'est pas physique, ce qui aurait pu être, paradoxalement, salvateur. Elle n'est que verbale et psychologique. Alors le lecteur partage les interrogations et les hésitations de la narratrice. S'il ne connaissait pas le sujet du roman, il pourrait se laisser prendre au jeu.
La forme narrative retenue, un long monologue introspectif, nous plonge au coeur du sujet, comme un juré écoutant le témoignage d'une victime.
L'écriture est directe, ne cherchant pas à cacher les violences vécues et ressenties - quand "Elle" en est réduite à s'enfermer dans les WC, par exemple ! Ce roman est accessible à tous.
Un très beau roman témoignage !

Un dernier mot : en lisant le livre, j'ai écouté en boucle l'album "je, tu, elle" de la romancière/autrice/compositrice/chanteuse. Je n'ai pu m'empêcher de penser à Barbara, qui fut elle aussi victime d'une forme d'emprise, l'inceste - peut-être le pire du pire du pire, car l'enfant n'a aucun moyen de défense. Écoutez notamment "Elle dit non" :
"Elle a mis les jupes roses
Elle a joué à la poupée
Elle a fait toutes les choses
Que font les filles bien élevées
...
Ce soir elle a dit non
Depuis le temps qu'elle ne dit rien
C'est pourtant pas comp-
Pliqué et ça fait tellement du bien
..."
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Rentrée littéraire 2020
J'avais hâte de lire ce premier roman de la rentrée littéraire, et je n'ai pas du tout été déçue.
Ecrit à la première personne, nous suivons le point de vue de la narratrice, qui nous raconte son histoire d'amour avec Tristan, jeune homme séduisant et artiste, de ses débuts idylliques, jusqu'à sa fin tragique. Nous passons du clair à l'obscur en quelques 200 pages.
Revenons un peu sur les personnages. Tristan est un être torturé et à bien des égards exceptionnel. Artiste, poète, il fait de la vie une fête pleine de rebondissements.
Il a assez vite un petit succès dans le monde de la photographie, grâce à ses auto-portraits, à la grande fierté de la narratrice.
La jeune fille est tout de suite sous le charme et tombe très vite amoureuse.
Les premiers moments sont très intenses, plein de douceur et de fougue à la fois.
Ils sont tous les deux dans un cocon amoureux, passant des heures ensemble dans leur appartement parisien, faisant l'amour, récitant des poèmes. Ils sont fusionnels.
Assez vite, Tristan se met à avoir des crises. D'abord de larmes, puis de colère. Chaque fois, un peu plus violentes. Il s'excuse le lendemain et comme le reste du temps il est adorable, elle lui pardonne.
La fréquence des crises s'intensifient. Il ne lui demande plus pardon, la blâme et va jusqu'à l'insulter. Il ne veut plus sortir, est jaloux - alors qu'il la trompe, dédaigne ses amis, s'enferme dans son bureau, passe tout son temps sur les réseaux sociaux et ne veut plus dormir avec elle.
Elle encaisse. Elle fait tout au mieux, par amour. A trop aimer, elle s'oublie et ne devint tendu que vers le bien-être de Tristan.
Dans ce roman, il est beaucoup question d'emprise, comment on "prend" l'autre, comment on le manipule, comment il finit par disparaître.
Pourquoi, la narratrice, intelligente, ayant fait des études, indépendante, reste-elle ? Est-ce un suicide inconscient ?
Autant de questions, fort intéressantes, que ce premier roman soulève sur la relation avec une personnalité toxique.
J'ai trouvé l'écriture de Alissa Wenz très subtile, les psychologies toute en finesse. Peut-être l'a-t-elle personnellement vécu car il y a beaucoup de vérité dans ce récit.
Je rapprocherais ce roman du superbe film "mon roi" de Maïwenn et du très beau roman de Amélie Cordonnier "Trancher".


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Lorsqu'elle rencontre Tristan c'est le coup de foudre. Il est l'homme de sa vie. Mais Tristan est perturbé et il n'y a qu'elle qui ne veut pas le voir. Malgré les colères, les insultes, elle reste avec lui. Jusqu'au jour où elle arrive à comprendre que ce qu'elle vit n'est pas normal.
Que pourrait-on supporter par amour ? L'auteur nous retrace cette histoire avec finesse et délicatesse.
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Cela commence par une histoire d'amour fou, fusionnel entre elle et Tristan, puis, progressivement leur relation se distend s'assombrit, l'humeur de Tristan devient variable, inconstante, agressive vis à vis de sa compagne qui résiste quand même, autant qu'elle peut, par amour. L'emprise de Tristan devient de plus en plus grande, elle culpabilise et recule le moment d'une séparation qui semble inéluctable. La narration évoque admirablement les conséquences de la bipolarité dont souffre Tristan et la dégradation progressive de la relation du couple. D'un réalisme saisissant cette histoire poignante illustre une cohabitation difficile et une emprise à laquelle il est difficile d'échapper. Excellent roman d'une grande virtuosité narrative et littéraire.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
J'appelle ma mère. Parler à ma mère. De n'importe quoi. Etendre une voix amie, aimante. On discute deux minutes. J'entends la clé dans la serrure. Je raccroche, "Tristan arrive, je vais te laisser". Je ne cherche pas à camoufler, je sais qu'il ne sera pas content si je suis au téléphone quand il arrive, et je veux m'épargner une crise. Pas la peine de m'exposer à çà. Je raccroche, "je te rappellerai plus tard, maman." Pas de crise ce soir?
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La communication est un art ; l’image de soi aussi. Tristan y excelle. Il demande en amis des centaines de gens, tous ceux qu’il a croisés au cours de sa vie. Puis il se tourne vers ceux qu’il ne connaît pas mais avec lesquels il a plus de trente ou quarante amis en commun. Les amitiés foisonnent, explosent. À leur tour, des inconnus le sollicitent. Il atteint rapidement le nombre de deux, trois mille amis. Il se crée également un compte Instagram et se met à diffuser régulièrement les images qui tissent son quotidien.
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Je suis avec quelqu'un. Il m'accompagne délicatement, nous marchons côte à côte, dans l'équilibre et la confiance, la curiosité des autres, le gout de la découverte et de la douceur. La sensualité partagée. Il me fait croire au bonheur, peut être justement parce qu'il n'en fait pas une obsession, ni même un objectif. Je suis bien avec lui.
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Ses résultats étaient brillants mais son comportement, disaient les bulletins scolaires, « inquiétant ». Un adolescent futé, conscient de tout, boulimique de lecture et de savoir, capable de lire Nietzsche avant l’entrée en troisième, mais tourmenté, tumultueux – si l’intelligence rendait heureux, cela se saurait. À quatorze ans, au hasard de fréquentations douteuses et de soirées interminables, il avait plongé dans des drogues dures, happé par l’envie de sortir du cadre, de sortir tout court. Il s’en était tiré par sa seule volonté, n’avait plus jamais touché à la moindre substance, et ses parents n’avaient rien su de cet épisode. Du reste, il passait sa vie à les éviter, de même qu’il évitait la police, les professeurs, les vigiles, les administrations en tout genre et, de façon générale, les donneurs de conseils.
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Il me faisait l’effet d’un grand enfant tendre et moelleux, intelligent mais naïf, aux pitreries involontaires, à la douceur imperturbable. Bientôt il ouvrit un paquet de biscuits, les rocks indémodables de Chuck Berry résonnaient dans l’appartement, je montai le son, grisée, Tristan me tendit un biscuit en me proposant un cookie-woogie, j’aimais son extravagance un brin désenchantée, son humour candide et dénué de prétention, qui lui donnaient un air de Pierrot lunaire ; il me prit alors par la main et m’entraîna dans une danse grotesque, désarticulée, un cookie-woogie consistant essentiellement à manger des gâteaux en se déhanchant n’importe comment, une danse du rire et de la joie, dont la folie par bonheur échappa à tout le monde, tant nous étions désormais seuls sur terre. On dansait. On riait. On volait.
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