Rentrée littéraire 2020
J'avais hâte de lire ce premier roman de la rentrée littéraire, et je n'ai pas du tout été déçue.
Ecrit à la première personne, nous suivons le point de vue de la narratrice, qui nous raconte son histoire d'amour avec Tristan, jeune homme séduisant et artiste, de ses débuts idylliques, jusqu'à sa fin tragique. Nous passons du clair à l'obscur en quelques 200 pages.
Revenons un peu sur les personnages. Tristan est un être torturé et à bien des égards exceptionnel. Artiste, poète, il fait de la vie une fête pleine de rebondissements.
Il a assez vite un petit succès dans le monde de la photographie, grâce à ses auto-portraits, à la grande fierté de la narratrice.
La jeune fille est tout de suite sous le charme et tombe très vite amoureuse.
Les premiers moments sont très intenses, plein de douceur et de fougue à la fois.
Ils sont tous les deux dans un cocon amoureux, passant des heures ensemble dans leur appartement parisien, faisant l'amour, récitant des poèmes. Ils sont fusionnels.
Assez vite, Tristan se met à avoir des crises. D'abord de larmes, puis de colère. Chaque fois, un peu plus violentes. Il s'excuse le lendemain et comme le reste du temps il est adorable, elle lui pardonne.
La fréquence des crises s'intensifient. Il ne lui demande plus pardon, la blâme et va jusqu'à l'insulter. Il ne veut plus sortir, est jaloux - alors qu'il la trompe, dédaigne ses amis, s'enferme dans son bureau, passe tout son temps sur les réseaux sociaux et ne veut plus dormir avec elle.
Elle encaisse. Elle fait tout au mieux, par amour. A trop aimer, elle s'oublie et ne devint tendu que vers le bien-être de Tristan.
Dans ce roman, il est beaucoup question d'emprise, comment on "prend" l'autre, comment on le manipule, comment il finit par disparaître.
Pourquoi, la narratrice, intelligente, ayant fait des études, indépendante, reste-elle ? Est-ce un suicide inconscient ?
Autant de questions, fort intéressantes, que ce premier roman soulève sur la relation avec une personnalité toxique.
J'ai trouvé l'écriture de
Alissa Wenz très subtile, les psychologies toute en finesse. Peut-être l'a-t-elle personnellement vécu car il y a beaucoup de vérité dans ce récit.
Je rapprocherais ce roman du superbe film "mon roi" de Maïwenn et du très beau roman de
Amélie Cordonnier "
Trancher".