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Lucien Febvre (Préfacier, etc.)Jean-Pierre Azéma (Éditeur scientifique)
EAN : 9782757804902
338 pages
Points (05/07/2007)
4.82/5   14 notes
Résumé :
Le journal de guerre de Léon Werth entre 1940 et 1944: " pour l'historien, un des témoignages les plus directs et les plus précieux dont il puisse disposer pour recomposer l'évolution des esprits dans un coin de terre française, entre les temps nauséeux de l'armistice stagnant et cette grande année de la Libération. " Lucien Febvre, Les Annales, 1948
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Déposition sans concession

Deuxième rencontre avec cet auteur : la première, déjà sous forme d'un journal, racontait, en 33 jours, l'exode en 1940 de l'auteur depuis Paris jusqu'au Jura. Un récit plein d'humour, d'ironie mais aussi empreint de gravité et de tragédie, le sujet s'y prêtait malheureusement .

Cette deuxième rencontre pourrait être considérée comme une suite. En effet, Léon Werth tient son journal depuis son arrivée dans le Jura jusqu'à la Libération de Paris.

Il nous détaille la politique de Vichy, depuis la rencontre de Montoire jusqu'aux mesures antisémites, avec un ton acerbe mais aussi avec beaucoup de moquerie et de dégoût dans la dénonciation de ce gouvernement qui sombre dans la collaboration.

Son regard se porte surtout sur les habitants du petit village situé en zone libre où il a trouvé refuge. Depuis les notables (médecins, pharmaciens, notaires) pour qui peu importe d'être allemand ou français, du moment que les affaires peuvent continuer...
jusqu'aux paysans totalement indifférents à la situation si ce n'est lorsque arrivent les restrictions et les réquisitions, contrariétés vite oubliées grâce au marché noir.

Le récit pourrait paraître amer, cynique et sans concession de la part de l'auteur mais il va observer l'évolution de ces gens tout au long de la guerre, leur indifférence, leur arrivisme, leur trahison puis leur revirement, de quoi lui faire perdre toute illusion sur la nature humaine.

C'est donc le portrait d'une époque, de la France et d'un bourg en particulier qui ne manque pas d'humour et d'ironie (il en faut devant certaines situations) mais qu'il ne faut pas juger avec nos connaissances actuelles.
Un seul exemple, à notre époque où l'information est omniprésente, le village n'apprit la Rafle du Vel d'hiv du 17 juillet 1942 que le 17 août. Si les journaux ou toute autre information arrivaient avec beaucoup de retard, les rumeurs ou fausses nouvelles, elles, étaient partout, créant parfois de grands désarrois voir de fausses joies. L'époque n'avait pas attendu l'invention du terme "fake news".


Une deuxième rencontre, donc, qui en appelle d'autres, sans hésitation !!

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Déposition: Journal de guerre 1940-1944 de Léon Werth éditions Points
Juin 1940, la France est vaincue par l'armée d'Hitler. Un armistice est signé entre l'Allemagne et le régime de Vichy qui coupe le pays en deux. Leon Werth se réfugie dans un village du Jura et va tenir un journal de guerre jusqu'en 1944.
Un témoignage incomparable sur cette période ...
L'écriture y est résolument moderne, rythmée, et emprunte, d'un humour acerbe .L'auteur nous livre ses impressions sur le monde qui l'entoure. A travers l' analyse de sa perception des opinions des villageois , des médias de tous bords, de ses propres états d'âme, : il se questionne et développe des idées ….
Quelques exemples : Que faire quand tous les repères ont disparus et que la société que l'on connaissait hier se désagrège petit à petit , se jeter dans les bras du premier homme fort paternaliste venu qui nous propose la Sécurité,la rigidité de l'ordre, une certaine forme de violence ?
« La peur s'est résolue. En acceptation, en attraction même. L'Allemand est devenu un magicien qui possède le secret de l'ordre. Je me souviens que Rauschning fait dire à Hitler : le petit-bourgois français m'accueillera comme un libérateur ».
Vivre en dehors du monde en dehors du siècle et de l'histoire prenant des postures de sages ermites sur les ruines d'une culture?
« Pourquoi donc ai-je un tel souci de mon âme européenne et de mon âme française ? « L'homme est tout… » Pourquoi ne pas me réfugier dans mon moi intérieur ? Si laide que puisse être l'Europe de demain, je n'ai qu'à décider d'y vivre en meublé. Mais l'homme intérieur n'est pas un atome indivisible une molécule absolu. L'homme intérieur, moins que rien suffit à le corrompre : une grippe Hitler. »
Des réflexions intéressantes sur la violence, le statut de bourreau, de victime, la part de responsabilité
« La cruauté, le sadisme allemand, le sadisme organisé .Torture pour faire parler, torture pour faire souffrir. Meurtres en masses. Comment mesurer la part de responsabilité de chaque Allemand ? Sans doute, la cruauté des coloniaux français est d'un ordre de grandeur infiniment plus faible. Et jamais elle ne fut système, doctrine ( sauf en des groupe d'administrateurs véreux). Et toujours, presque toujours, elle fut dissimulée, hypocrite. Mais elle fut. Qu'on considère aussi que la plupart de ces actes étaient ignorés des français. Qu'on évalue le nombre des français chez qui l'ignorance était elle –même un crime, qui voulait ignorer »
Sur l'identité Française et la notion de peuple français
« Je vais à Lons pour y déclarer qu'aux termes de la Loi du 2 Juin 1941, je suis juif. Je me sens humilié, c'est la première fois que la société m'humilie. Je me sens humilié non pas d'être juif, mais d'être présumé, étant juif, d'une qualité inférieure. C'est absurde, c'est peut-être un défaut mais c'est ainsi. Ainsi le Maréchal et M Xavier Vallat me contraignent à me réclamer d'une patrie juive, à laquelle je ne me sentais pas lié. Une patrie, une seule c'est parfois déjà encombrant. On n'y pense pas, on n'en fait guere de cas. Mais si un étranger prétend m'humilier à travers cette patrie, je suis blessé et je ne sais plus si c'est cette patrie ou moi-même que je dois défendre. Mais la simple dignité m'oblige à m'identifier à elle ».
Un livre d'une grande richesse intellectuelle offrant des points de vue multiples qui donneront,aux lecteurs matières à réflexions
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le jeune Debray est des camps de jeunesse. Depuis quelques années, ils tendait les bras vers un inaccessible bachot. Il porte maintenant un séduisant uniforme, on dirait un phalangiste.

La fascisme utilise les imbéciles de ce type et crée pour eux un milieu favorable. Oubliés à fond de cale, ils montent sur le pont et feront chavirer le monde.
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Les paysans d'ici, s'il ne s'agit de restrictions ou réquisitions, sont absolument indifférents à tout ce que dit et fait le gouvernement. Ils ne pensent qu'au marché noir, à amasser des sous.

La fourche du paysan , la fourche révolutionnaire, c'est un organe en régression...
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J'apprend par le bulletin paroissial que Dieu a accordé un miracle à la France en la personne du Maréchal.

Le buste du Maréchal remplacera celui de Marianne dans les mairies, les écoles, les tribunaux.
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Ils voudraient bien que les Allemands s'en aillent, parce que les Allemands gênent le commerce. Et aussi, il ne voudraient pas " être des Allemands ".
Mais l'hitlérisme, le fascisme les préoccupent peu. Ils ont surtout peur du communisme.
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La liberté supprimée, quelque dizaines d'hommes en souffrent, pour qui elle est le sel de la terre. Mais au bourg et dans les fermes, on n'a point encore senti la dictature. Il est vrai qu'elle procède par étapes et que, comme ils disent, on attend.
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Godelieve de Koninck, lectrice et fondatrice de Liratoutâge Patrice de la Brosse, lecteur-bénévole de Liratoutâge Charles-David Duchesne, lecteur et conseiller de Liratoutâge Caroline Malo, bibliothécaire responsable du développement des services aux aînés à l'animation
Intro : (00:00) Présentation de l'activité : (00:20) 1er interlude musical : (01:04) Lecture du premier texte : (01:34) 2e interlude musical : (08:41) Présentation de la lecture intergénérationnelle : (09:29) Lecture de la dédicace de St-Exupéry à Léon Werth : (12:38) Lecture à deux voix d'un extrait du Petit Prince de St-Exupéry : (13:22)
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