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4,12

sur 1279 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cela fait plus d'un an que "La religion" attendait patiemment dans ma PAL que je me décide enfin.
Alors que dire ? Qu'en dire ? Simplement que c'est énorme, puissant et flamboyant !
Ma passion pour l'histoire a été largement comblée car la trame de ce roman se déroule pendant le siège de Malte par les armées de Soliman (le magnifique), et la réalité historique quant aux faits est pour ce que j'en sais parfaitement respectée. Donc, si vous connaissez cet épisode historique il n'y aura pas de suspense car l'issue en est connue, il ne s'agit pas d'une uchronie.
Cela dit rassurez-vous, car ce récit épique va vous donner plus que son content d'émotions, de tragédies et de suspense...
"La religion", c'est sous ce terme que se désignent les chevaliers de l'ordre des Hospitaliers et ultimes défenseurs de cet avant-poste sur le chemin de l'expansion musulmane, là encore réalité et fiction vont être combinées avec talent par Tim Willocks qui à l'instar d'un Druon avec "Les rois maudits" va nous inviter dans l'intimité de toutes les composantes de ce roman, Papauté, Inquisition sans oublier le camp "d'en face" avec des incursions instructives côté musulman.
Il est utile de savoir que les personnages majeurs de ce roman ont réellement existé, en passant, je sais maintenant pourquoi la capitale de Malte est ainsi nommée.
Il y a surtout l'histoire dans l'histoire, et là je pense qu'il n'y manque rien (j'y reviendrai), amour, trahison, loyauté, cruauté, amitié, espoirs. Une spirale infernale dans laquelle on se retrouve aspiré totalement, Mattias Tannhauser, le personnage principal va symboliser à la perfection les tourments qui peuvent être imposés à un homme aux moments clés de sa vie à travers les choix qu'ils devra faire, j'ai aimé ce personnage car il est vrai dans ses émotions, ni ange ni démon, juste terriblement humain, un homme qui va essayer de survivre en composant au mieux avec ses intérêts et ses sentiments.
Car des sentiments il y en a, et toute la gamme des émotions qui les accompagnent aussi.
Je pensais, après tant de lectures, connaître toutes les ficelles et être immunisé, j'ai revu mon jugement, il faut dire que l'auteur est assez imprévisible, le pire n'étant jamais certain.
Côté combat c'est brutal et sanglant, l'auteur n'est pas avare de détails ( y compris olfactifs), cela dit, il réussit à traduire ce qu'ont pu être les guerres de cette époque, on est loin de l'aspect très visuel des films qui donnent des rêves de gloire aux plus jeunes, et contexte oblige, les scènes de combats seront nombreuses et très réalistes.
J'ai également apprécié la quasi totalité des dialogues, des réparties souvent ciselées et souvent instructives quand il s'agissait de rhétorique, car il y est aussi question de religion ou de politique, les deux se confondant souvent.
J'ai parfois été stupéfait (Bors et son tonneau de brandy...).
Je ne dévoilerai rien ici de l'histoire car il y a trop d'événements et d'interactions pour ne pas spoiler, je terminerai juste en parlant de la force des personnages, dont Carla et Amparo, deux beaux portraits de femmes, de Bors bien sûr, et les méchants ne sont pas mal non plus (vous verrez).
Je crois que je n'ai jamais été aussi prolixe, c'est dire si j'ai aimé :)
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La Religion est un roman historique qui vous emporte loin des réminiscences du monde actuel sauf aux espaces temps des pauses que vous vous octroierez. Telle est la densité du récit et l'attention requise insufflée.
Nous sommes en guerre à un moment précis qui, comme dans toute caractéristique belligérante oppose deux forces qui s'affrontent, mais avec au moins un arsenal de combat équivalent. Alors si l'Iliade maltaise dont l'action se situe en 1565 est en beauté ce que fut celle de la Grèce antique, irons-nous pourtant jusqu'à en plébisciter l'exercice ? Non pas, mais l'humanité certainement. Il en est ainsi quand Tim Willocks nous entraîne dans la magnificence du récit, que ce soit par la maîtrise tonitruante de réalisme, la description des lieux, des massacres, le sang, les fèces ou par la puissance poétique des exhortations, des chants, des attachements et du nôtre par un effet miroir, de révolte ou de contrition envers les personnages. Passant les lignes de combat auprès de Soliman le Magnifique, sultan des Ottomans, dans l'ordre militaire des Janissaires et monté sur un akhal-teke à robe d'or, ou encore, parmi les Chevaliers de l'ordre de Malte, autant dire du côté de l'islam ou bien de celui de la chrétienté. Un voyage émouvant conté avec beaucoup de charme et d'érudition qui pèse son poids de langues et d'écriture.
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Je voulais en savoir plus sur Malte et les Chevaliers de l'île de Malte et là, j'ai été servie.
Sur fond de guerre de religion, les bas instincts font surfaces, chez certains tous les coups sont permis pour obtenir ce qu'ils veulent.
Même le Pape envoie une bulle qui absout les soldats et la population pour leurs crimes de guerre, du coup tout le monde repart de plus belle au combat. C'est hallucinant toute cette violence. Seuls quelques personnages gardent la tête froide et somme toute restent intègres. Et pendant tout ce temps, Matthias Tannhauser, notre héros, se promène d'un camp à l'autre sans aucun soucis car il connaît très bien les deux camps, leurs coutumes et leur religion. Il est là pour nous montrer l'absurdité d'une guerre où tout le monde se bat pour Dieu.
Finalement malgré énormément de violence, j'ai bien aimé ce roman pour sa trame historique très intéressante et pour la réflexion qu'il nous apporte sur le bien fondé des guerres de religion.
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La première chose qui frappe dans un roman historique, c'est son cadre. Ici c'est un véritable choc des civilisations ! On est vraiment très bien servi : nous vivons un tournant de l'Histoire avec d'un côté l'Europe de l'Ouest dominée par un Empire espagnol à son apogée et une Europe de l'Est dominée par un Empire turc en plein expansion. Un duel de titan entre 2 superpuissances. Et le Sultan Soliman veut frapper un grand coup en éliminant ses adversaires les plus acharnés : la Religion !
Ainsi débute le siège de Malte en 1565.

La plume de Tim Willlocks fascine facilement, nous gratifiant de très nombreuses fulgurances alternant douceur et violence. L'auteur est manifestement très à l'aise dans des scènes de batailles très immersives où les vagues de ghazis viennent s'échouer les uns après les autres aux pieds des murs de la Valette au nom d'Allah, tandis que soumis à des bombardements intensifs les défenseurs venus de toute la chrétienté meurent en masse au nom de Dieu. Bref, une chorégraphie macabre qui se hisse au niveau du magnifique "Ran" d'Akira Kurosawa.

Le cadre est parfaitement maîtrisé car très bien documenté en amont : les descriptions sont très réussies et mettent des images pleins la tête entre des guerriers musulmans vêtus de d'or et soie et des guerriers chrétiens vêtus de noir et de fer. Et que dire des passages de chirurgie militaire, limite gore, qui ferraient passer "Urgences" pour les "Télétubbies". de la même manière, la crudité des scènes érotiques pourraient faire tiquer, mais en étant aucunement voyeuristes elles servent plus le récit et les personnages qu'elles ne les desservent là où d'autres auraient bassement fait du fanservice

Mais ceci n'est qu'une toile de fond car nous assistons à un duel à distance entre le rusé mercenaire Tannhäuser, assisté de son fidèle Bors, un colosse anglais né pour la guerre, et l'ambitieux inquisiteur Ludovico Ludovici, assisté de son taciturne Anacleto, un spadassin incestueux né pour les basses besognes. Entre ces fortes personnalités, un couple de femmes : Carla, une jeune veuve française qui cherche la rédemption, et Amparo, une étrange jouvencelle espagnole quasi féérique. Tous sont pris dans le tourbillon des évènements, chacun servant ses buts altruistes ou individualistes. Et avant la réalisation de ses objectifs avoués ou inavoués, il faut avant tout survivre à la fièvre de guerre qui anime les 2 camps !

Je n'irai pas par quatre chemins, c'est sans doute un des meilleurs romans historiques que j'ai lus, sinon le meilleur !
Mais tout n'est pas parfait pour autant :
- attention c'est long (un peu moins de 1000 pages en poche)
L'introduction qui nous présente les personnages en nous faisant visiter les bas-fonds de Messine ne fait pas moins de 250 pages.
Passé le prologue il faudra attendre 600 pages et les beaux flashbacks de la 3e partie (les vents dispersants) pour en apprendre réellement davantage sur Tannhäuser et ce qui l'a amené des déserts de Mésopotamie aux tripots d'Italie.
Et passé un cap, on est mithridatisé face à autant de violence et d'intransigeance : au bout d'un moment on se moque bien de savoir qui va l'emporter des Turcs ou de la Religion
- attention c'est parfois à l'eau de rose
C'est ballot d'en rester niveau des "Oiseaux se cachent pour mourir" avec un quadrangle amoureux où la crudité de certaines scènes (sexe & violence : Eros & Thanatos) côtoient une grande naïveté sentimentale des protagonistes (mais peut-être est-ce un appel du pied à un certain lectorat ?).

Pour les amateurs de fantasy, j'ajouterai que Matthias Tannhäuser avec ses doubles voire triples allégeances, son esprit rusé et ses magouilles en tous genres n'est pas très éloigné d'Else le devshirmé espion qui domine le cycle des "Instrumentalités de la Nuit" de Glen Cook (personnage qui lui-même suit les voies empruntées par Corbeau dans "La Compagnie Noire" et Azel dans "Qushmarrah" du même auteur).
La Méditerranée de Tim Willocks est bien plus lisible que celle de Glen Cook, ce qui ne gâche rien.

Et j'ai gardé le meilleur pour la fin : ce n'est pas un one-shot, c'est le 1er tome de la Trilogie Tannhäuser ! le 2e tome est d'ailleurs intitulé "Twelve Children of Paris"…
Lien : http://www.chemins-khatovar...
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C'est à Malte que je me suis rendu compte du travail documentaire considérable que Tim Willoks a déployé pour écrire son roman "La Religion".
Devant ces remparts impressionnants imaginer le siège de l'île en 1565 a été chose facile après la lecture de ce pavé.
Pour une question de propagation religieuse, les ottomans attaquent Malte où les Chevaliers de l'Ordre hospitalier se sont installés. Avec courage et détermination fanatique, les chrétiens ont résister aux assauts des Turcs qui pourtant étaient beaucoup plus nombreux.
Les trois cités dont le Borgo, devenus ruines vont tout de même sortir vainqueurs grâce au stratège et marchand d'armes Tannhauser.
Ce roman noir est toutefois digne d'un Céline où dans "Guerre" le lecteur côtoie l'horreur sans filtre.
Ame sensible s'abstenir, des scènes sanguinolentes se déploient jusqu'au dégoût.
L'expérience de l'auteur en tant que médecin et chirurgien devient source de descriptions hyperréalistes. Feu et sang giclent sur ces remparts.
Mais pour le maître de l'Ordre pas question de plier le genou. Il faut tenir et ils tiendront.
Dans ce contexte de guerre Willoks introduit l'Inquisition apportant un aspect "diabolique" à une romance vouée à l'échec. le moine perfide Ludovico montera des intrigues par ambition religieuse et devra affronter Tannhauser bien décidé à tenir ses engagements.
Happée par les diverses intrigues et rebondissements je me suis laissée envoutée par une narration fluide où la psychologie nuancée des personnages m'a beaucoup enthousiasmée.
Une oeuvre impressionnante que je recommande chaudement surtout quand arrive la superbe scène érotique du bain (pour les curieux p.689 chez Pocket)
Un roman de folie et de testostérone à ne pas manquer.

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Ce que j'ai ressenti:

« Plonge dedans, disait l'obscurité. »

Alors j'ai plongé. J'ai plongé dans les enfers, rencontré quelques démons, et j'ai ressenti à l'intérieur les vents dispersants. Et quelle fabuleuse invitation! A se frotter ainsi, aux guerres de religions qui font rage au cours de l'Histoire, en plongeant justement dans ce thriller noir qui retrace un de ses plus sanglantes batailles, on en revient jusqu'à en avoir l'odeur nauséabonde dans les narines….Tim Willocks, décide de nous faire revivre l'enfer du siège de l'île de Malte en 1565, opposant l'élite des troupes ottomanes aux puissants chevaliers de l'ordre, dans ces moindres détails et il ne nous épargne rien de l'horreur du carnage. D'un côté comme de l'autre, les combattants sont déterminés, acharnés, convaincus jusqu'à la pointe de leurs épées du bien fondé de leurs actions…D'un côté, comme de l'autre, les souffrances seront atroces et les pertes considérables. D'un côté comme de l'autre, ils se battent au nom de dieu. Et, à la frontière de l'un comme de l'autre, un devshirmé, Mattias Tannhauser.

« Sache que tu es en enfer. Et que nous sommes ses démons. »

Et comme l'Histoire se vit aussi, dans les petites histoires, en suivant le parcours semé d'embûches de ce mystérieux héros Tannhauser, on aura notre comptant de passions, d'amours, d'intrigues, de trahisons, d'amitiés, de dangers, d'honneurs, de rébellions, de rédemptions…Tout ce qui fait l'énergie palpitante des bonnes histoires. Tout ce qui nous anime au creux de nos tripes. Impossible de lâcher ses pages, tellement le sort de ces personnages nous importent dans leurs cheminements personnels. Tous autant qu'ils sont, ils nous donnent à ressentir, une émotion différente de par leur sensibilité, en ce temps affreux de guerre impitoyable. Et puis, comme pour sublimer le tout, la beauté s'en vient en musique et en poésie…Et là, c'est comme un souffle de fraîcheur, entre deux respirations dysharmonieuses. Un instant précieux…

« Dans l'éternité, lui dit-il, il n'y a pas de chagrin. »

C'est fascinant, cette faculté de faire transparaître ainsi autant de sensations, autant de sentiments. Tout est démultiplié. On s'en prend plein les yeux, le nez, la bouche, le coeur, l'esprit…C'est tellement intense! Chaque scène est plus grandiose que la précédente, chaque phrase plus percutante que celle d'avant et mérite qu'on s'y arrête pour les relire. Et l'apprécier encore et encore. Méditer dessus, presque. Ce roman est grandiose. Démesurément, grandiose. J'ai déjà eu des coups de coeur, mais celui là, il dépasse tellement en profondeur et en force, que c'est presque difficile de trouver les mots…La plume est tantôt enflammée, poétique, sensuelle, percutante, charmeuse et bouleversante. Ce contexte historique est tellement imprégné de violences, d'urgences, et d'espérances…Tant de passions et de densité dans ce pavé noir, c'est absolument prodigieux. Une lecture sacrément magistrale.

« Dans des temps comme aujourd'hui voués à de si grands maux, lorsqu'on peut entendre et sentir partout les ailes de l'ange de la mort, de petits actes de gentillesses sont comme des joyaux du ciel, et tout autant pour celui qui les réalise que pour celui qui les reçoit (…). »


Ma note Plaisir de Lecture 10/10.
Lien : https://fairystelphique.word..
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1565, Ile de Malte
Carla, originaire de Malte, veut se rendre sur l'île pour récupérer le fils qu'elle a été contrainte d'abandonner à la naissance. Son désir est d'autant plus vif que tout le monde attend d'un jour à l'autre l'armada que Soliman le Magnifique a réunie pour s'emparer de l'île, verrou du commerce en Méditerranée que détiennent les frères hospitaliers de l'ordre de Saint Jean-Baptiste. Si les Turcs l'emportent qu'arrivera-t-il au garçon ?
Elle s'attache les services d'un mercenaire, Mattias Tannhauser qui, moyennant une sorte de contrat, accepte de l'aider.
A peine sont-ils arrivés que les Turcs font le siège de la ville. Si Carla son amie Amparo restent en ville Mattias et Bors, son frère d'armes, participent activement aux combats.
Quelle épopée !
Ce roman est foisonnant. Les combats sont d'un réalisme inouï, ne nous épargnant rien de la violence, des cadavres mutilés, des charognes pourrissants sous un soleil implacable, des odeurs épouvantables…
Le rythme est enlevé alternant les scènes proprement guerrières avec une histoire romanesque autour de Mattias et des deux femmes, avec la recherche de l'enfant, avec des complots et machinations de toute sorte impliquant des incursions dans les camps turcs mais aussi des intrigues de pouvoir impliquant le Vatican et l'Inquisition.
Les propos sur la religion, qu'elle soit chrétienne ou musulmane, sont très bien senties. Celles mettant en évidence la différence de traitement des membres de l'ordre à celui du petit peuple de Malte également.
Voici donc une excellent roman nous raconte donc l'incroyable siège de la ville qui deviendra La Valette en hommage au Grand Maître de l'ordre qui organisa la résistance (avec l'aide de Mattias).
Je me suis régalée.
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Le siège de Malte en 1565 : conflit entre les Ottomans et les Hospitaliers.

C'est un roman d'amour, d'aventure, de guerre, un roman historique, épique, énorme, puissant, flamboyant, un pavé passionnant qui vous embarque dès les premières pages. Alors que Tim Willocks est plus connu et reconnu pour ses romans policiers ! Là, c'est un coup de maître !
J'ai traversé les 1000 pages sans coup férir et sans m'ennuyer une seule seconde, complètement captivée.
le XVIème siècle et son fanatisme religieux y sont décrits sans aucune complaisance et sans tabou. L'auteur ne nous épargne rien. Je reconnais que certains passages sont "difficiles" pour l'affect, le coeur et l'estomac; certaines "scènes" quelque peu érotiques adoucissent les scènes de guerre et autres cruautés du même genre.

Inutile de dire que j'ai été passionnée par ce roman autant que pour ceux de Ken Follett et de Bernard Tirtiaux.
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Vous aimez Tarantino? Alors ces quelque 30 heures d'écoute/lecture vont vous combler!

A la recherche de son enfant, Carla, accompagnée de sa mystérieuse servante Amparo et avec l'aide des inséparables Tannhauser, jeune allemand capturé et élevé par les turcs et Bors se jette dans le piège d'une Malte assiégée par les musulmans et défendue par les chevaliers de l'ordre des hospitaliers au sein desquels s'est infiltré un ennemi bien pire que les Turcs, Ludovico, le plus dangereux représentant de l'inquisition.

Willocks ne fait aucune concession, un scénario en béton, une connaissance impressionnante de cette époque et il est capable de nous réciter le coran aussi bien qu'un avé en latin ou de citer le fabricant allemand d'une lame, de décrire les machines de guerres, les feux grégeois, les soins d'un cheval, la musique émise par une viole de gambe, détails d'un tel réalisme que chaque scène est pleine de force, d'intensité et vécue à 200%.
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Un pavé passionnant. Dès les premières pages, happé par le récit, on est embarqué…

Nous sommes au XVIème siècle en plein conflit entre l'Islam conquérant et la Chrétienté.
Matthias Tannhauser, d'origine allemande, a vu très jeune sa famille massacrée par les Turcs. Enlevé, converti à l'Islam, il a vécu plusieurs années parmi eux sous le nom d'Ibrahim. Par la suite, nostalgique de ses origines, il est revenu chez les Chrétiens. Connaissant les deux cultures, il s'est fait marchand d'armes, d'épices, d'opium. En mai 1565, il accepte de rejoindre La Valette, grand maître de l'ordre de Malte pour participer au siège de l'île, bastion des chevaliers de l'ordre, dont la communauté s'intitule « La Religion ». En face une armée ottomane nombreuse, splendide et déterminée. L'appât, deux femmes à la beauté captivante, dont l'une, Carla La Penautier, doit impérativement rejoindre Malte, interdit aux « bouches inutiles » pendant le siège, à savoir les vieillards, les femmes, les enfants trop jeunes pour prendre part au combat…

C'est un roman d'amour, d'aventure et de guerre. On ne s'y ennuie pas un instant. La guerre y est omniprésente, une véritable boucherie, où des milliers d'hommes vont perdre la vie dans d'atroces souffrances au nom de la religion. La religion est également omniprésente. On prie, en arabe, en latin. On se prépare à une vie meilleure dans l'au-delà en récompense du courage au combat. Au nom de Dieu ou d'Allah on s'égorge, s'étripe, se décapite… Tim Willocks nous plonge au coeur de la réalité de l'époque, ne nous épargnant ni le sang, ni les tripes, ni les excréments, ni le sexe, mais sans aucune lourdeur dans le récit grâce à une écriture d'une extraordinaire poésie. C'est un monde masculin, violent, cruel, auquel la femme apporte une touche de douceur, de beauté, de réconfort. Un souffle de romantisme qui aère le récit, quelques intrigues, du suspense…De quoi captiver le lecteur jusqu'à la fin.

Un chef d'oeuvre. Et malgré son épaisseur, on n'a qu'une hâte : attaquer le suivant !
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