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4,12

sur 1269 notes
Cela fait plus d'un an que "La religion" attendait patiemment dans ma PAL que je me décide enfin.
Alors que dire ? Qu'en dire ? Simplement que c'est énorme, puissant et flamboyant !
Ma passion pour l'histoire a été largement comblée car la trame de ce roman se déroule pendant le siège de Malte par les armées de Soliman (le magnifique), et la réalité historique quant aux faits est pour ce que j'en sais parfaitement respectée. Donc, si vous connaissez cet épisode historique il n'y aura pas de suspense car l'issue en est connue, il ne s'agit pas d'une uchronie.
Cela dit rassurez-vous, car ce récit épique va vous donner plus que son content d'émotions, de tragédies et de suspense...
"La religion", c'est sous ce terme que se désignent les chevaliers de l'ordre des Hospitaliers et ultimes défenseurs de cet avant-poste sur le chemin de l'expansion musulmane, là encore réalité et fiction vont être combinées avec talent par Tim Willocks qui à l'instar d'un Druon avec "Les rois maudits" va nous inviter dans l'intimité de toutes les composantes de ce roman, Papauté, Inquisition sans oublier le camp "d'en face" avec des incursions instructives côté musulman.
Il est utile de savoir que les personnages majeurs de ce roman ont réellement existé, en passant, je sais maintenant pourquoi la capitale de Malte est ainsi nommée.
Il y a surtout l'histoire dans l'histoire, et là je pense qu'il n'y manque rien (j'y reviendrai), amour, trahison, loyauté, cruauté, amitié, espoirs. Une spirale infernale dans laquelle on se retrouve aspiré totalement, Mattias Tannhauser, le personnage principal va symboliser à la perfection les tourments qui peuvent être imposés à un homme aux moments clés de sa vie à travers les choix qu'ils devra faire, j'ai aimé ce personnage car il est vrai dans ses émotions, ni ange ni démon, juste terriblement humain, un homme qui va essayer de survivre en composant au mieux avec ses intérêts et ses sentiments.
Car des sentiments il y en a, et toute la gamme des émotions qui les accompagnent aussi.
Je pensais, après tant de lectures, connaître toutes les ficelles et être immunisé, j'ai revu mon jugement, il faut dire que l'auteur est assez imprévisible, le pire n'étant jamais certain.
Côté combat c'est brutal et sanglant, l'auteur n'est pas avare de détails ( y compris olfactifs), cela dit, il réussit à traduire ce qu'ont pu être les guerres de cette époque, on est loin de l'aspect très visuel des films qui donnent des rêves de gloire aux plus jeunes, et contexte oblige, les scènes de combats seront nombreuses et très réalistes.
J'ai également apprécié la quasi totalité des dialogues, des réparties souvent ciselées et souvent instructives quand il s'agissait de rhétorique, car il y est aussi question de religion ou de politique, les deux se confondant souvent.
J'ai parfois été stupéfait (Bors et son tonneau de brandy...).
Je ne dévoilerai rien ici de l'histoire car il y a trop d'événements et d'interactions pour ne pas spoiler, je terminerai juste en parlant de la force des personnages, dont Carla et Amparo, deux beaux portraits de femmes, de Bors bien sûr, et les méchants ne sont pas mal non plus (vous verrez).
Je crois que je n'ai jamais été aussi prolixe, c'est dire si j'ai aimé :)
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La Religion est un roman historique qui vous emporte loin des réminiscences du monde actuel sauf aux espaces temps des pauses que vous vous octroierez. Telle est la densité du récit et l'attention requise insufflée.
Nous sommes en guerre à un moment précis qui, comme dans toute caractéristique belligérante oppose deux forces qui s'affrontent, mais avec au moins un arsenal de combat équivalent. Alors si l'Iliade maltaise dont l'action se situe en 1565 est en beauté ce que fut celle de la Grèce antique, irons-nous pourtant jusqu'à en plébisciter l'exercice ? Non pas, mais l'humanité certainement. Il en est ainsi quand Tim Willocks nous entraîne dans la magnificence du récit, que ce soit par la maîtrise tonitruante de réalisme, la description des lieux, des massacres, le sang, les fèces ou par la puissance poétique des exhortations, des chants, des attachements et du nôtre par un effet miroir, de révolte ou de contrition envers les personnages. Passant les lignes de combat auprès de Soliman le Magnifique, sultan des Ottomans, dans l'ordre militaire des Janissaires et monté sur un akhal-teke à robe d'or, ou encore, parmi les Chevaliers de l'ordre de Malte, autant dire du côté de l'islam ou bien de celui de la chrétienté. Un voyage émouvant conté avec beaucoup de charme et d'érudition qui pèse son poids de langues et d'écriture.
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Je voulais en savoir plus sur Malte et les Chevaliers de l'île de Malte et là, j'ai été servie.
Sur fond de guerre de religion, les bas instincts font surfaces, chez certains tous les coups sont permis pour obtenir ce qu'ils veulent.
Même le Pape envoie une bulle qui absout les soldats et la population pour leurs crimes de guerre, du coup tout le monde repart de plus belle au combat. C'est hallucinant toute cette violence. Seuls quelques personnages gardent la tête froide et somme toute restent intègres. Et pendant tout ce temps, Matthias Tannhauser, notre héros, se promène d'un camp à l'autre sans aucun soucis car il connaît très bien les deux camps, leurs coutumes et leur religion. Il est là pour nous montrer l'absurdité d'une guerre où tout le monde se bat pour Dieu.
Finalement malgré énormément de violence, j'ai bien aimé ce roman pour sa trame historique très intéressante et pour la réflexion qu'il nous apporte sur le bien fondé des guerres de religion.
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Le croissant ottoman contre la croix du Christ.

Un pavé de près de mille pages pour transporter celui qui s'y risque dans l'hallucinant siège de Malte de 1565 opposant chrétiens et musulmans, dans un déchaînement de combats épiques et de cruautés en tout genre. Dans cet enfer des armes et de l'horreur, Tim Willocks réussit à captiver son lecteur en l'entrainant tambour battant, à la suite d'un aventurier mercenaire amoureux, des belles et gentes dames musiciennes, et d'une galerie de personnages secondaires tordus, torturés, tonitruants.

Batailles, violences, morts en pagaille, têtes coupées et tripes à l'air, le ton est donné et ferait passer Alexandre Dumas pour un enfant de choeur.

Je suis restée captive mais éreintée tout au long de cette lecture, particulièrement fascinée par la documentation historique, la reconstitution de la géographie des combats, de la ville de LaValette et de ses bastions sous la mitraille. Quatre mois de siège, trente mille morts turcs, trois mille morts chrétiens sans compter la population civile d'une ile dévastée.
Bagatelle...puisque l'Ordre des Chevaliers de Saint Jean en tire un magistral prestige.

Que n'a-t-on pas fait subir à l'Homme au nom de la vraie foi!
On restera donc toujours le mécréant de quelqu'un?

Ps: Nos personnages vont partir se refaire une santé dans les guerres de Religion à la française. Une petite Saint Barthelemy pour rester en forme?
Opus 2: Les enfants de Paris.
(J'ai besoin d'un peu de douceur, il va rester dormir quelque temps dans ma Pal...)
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Je ne m'imaginais pas que l'île de Malte, où je suis allée dernièrement et où je n'ai été que d'éblouissements en éblouissements, avait été le théâtre de telles atrocités !

Il faut dire que Tim Willocks s'y connait pour décrire par le menu les batailles, que ce soit au corps à corps, au mousquet ou au canon, en l'occurrence ici les combats pendant le siège de Malte par les Ottomans contre les chevaliers Hospitaliers, en 1565.
L'ensemble de ceux-ci est appelé « La Religion », et est dirigé par La Valette, le grand maître, dont le nom sera repris après les presque quatre mois de siège pour désigner la capitale de Malte, « Valetta ».

Mais rassurez-vous, ce roman n'est pas seulement un condensé dans toute son horreur de tous les combats (et je peux vous assurer que les détails scatologiques, les blessures de toutes sortes ne nous sont pas épargnés !), c'est aussi l'histoire de Mattias, enlevé enfant par les Turcs et devenu janissaire pendant des années, puis qui, à l'âge de la maturité, revient à la Chrétienté et se forge une réputation de dur à cuire.
C'est à Messine que nous le retrouvons et c'est de là qu'il partira pour une mission périlleuse, retrouver l'enfant d'une belle dame aux yeux verts, délicate, musicienne et désespérée.
Je vous passe les détails, mais l'intrigue est bien là, l'amour et le sexe aussi, mais également l'amitié et les beuveries, le tout chapeauté par l'Inquisition non avare de ses méthodes tordues sous la torture…

Bref, un roman foisonnant de presque mille pages, documenté à souhait sur les lieux, la façon de vivre, les rivalités religieuses (les chevaliers de l'ordre de Malte sont puissants et cela ennuie fortement l'Eglise), sur l'esprit du temps où les femmes n'ont pas grand-chose à dire, où tout se règle souvent par des intrigues ou par la violence.
Tout n'est pas noir dans ce roman, car la fidélité, la loyauté et la reconnaissance sont le moteur de toutes les actions, le tout servi par un style truculent, réaliste et poétique à de nombreux moments.

Vous n'avez pas peur des récits de bataille, du sang, du pus, des asticots ?
Vous aimez les scènes d'amour torrides ?
Vous avez une âme chevaleresque ?
Ce récit est pour vous. Accrochez-vous, le siège de Malte a duré des semaines et des semaines, les chevaliers ont besoin de renfort, courez-y !
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Je ne vais pas faire de critique dithyrambique de la Religion, parce que je n'ai pas eu de révélation comparable à celle d'Antoine de Caunes (mise en avant sur le bandeau autour du livre)... mais je vais (essayer de) faire une critique élogieuse parce que c'est assurément un excellent roman historique, qui plaira aux amateurs du genre, et probablement aussi aux novices !

L'intrigue ? Un aventurier mi-chrétien mi-ottoman, une Comtesse d'une volonté farouche et d'une grande beauté, une simple d'esprit langoureuse et un peu sorcière et un amateur de bagarre au grand coeur partent à la recherche du fils secret de la Comtesse au milieu du siège de Malte par les Ottomans en 1565. Évidemment, les péripéties s'enchaînent, au fil des batailles, des rebondissements amoureux et des allers-retours de Mathias (l'aventuirer) entre ses deux cultures. C'est violent, c'est fort, c'est intéressant.

Ce que j'ai aimé ? L'histoire qui m'a complètement happée, les batailles sanglantes parfaitement rendues, la description assez 'humaniste' des deux camps (montrant toute l'absurdité de la guerre qui envoie à la mort des milliers de combattants désirant simplement rentrer chez eux et mener leur vie), les jeux de pouvoir entre ''La Religion'' (les chevaliers de Malte), la Papauté et l'Inquisition, Carla, Mathias, le cheval Buraq, le général Abbas, si profondément bienveillant, Lazaro, Anacleto (pas du tout caricatural dans le rôle du méchant pervers) et par-dessus tout le débrouillard et hâbleur Orlandu...

Ce que j'ai moins aimé ? L'omniprésence de la merde dans le roman, au sens propre... Je ne parle pas du gore global des batailles avec sang/vomi/corps en décomposition etc, mais plutôt de ces innombrables mentions 'il souilla ses braies', 'ils vidèrent leurs entrailles', 'il lâcha un étron' etc. Sinon, Amparo n'est pas trop ma copine, m'a bien agacée celle-là, sûrement parce qu'elle empêche une idylle que la midinette en moi attendait impatiemment (et je n'en dirais pas plus pour éviter le spoiler). Mais c'est peut-être aussi un des ressorts du livre.
Bref, si on oublie le côté très 'chiant' cité plus haut, reste pas grand chose à dénigrer, parce que c'est vraiment pas mal !
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Les romans historiques sont très prisés. Nombreux sont celles et ceux qui apprécient d'en savoir plus sur un épisode de l'Histoire, dès lors que la narration en est agrémentée d'aventures sentimentales et dramatiques. le genre exige un travail considérable qui mérite qu'on en prenne conscience : l'auteur doit rassembler toute la documentation disponible sur les événements, recréer à sa façon les péripéties dont les détails manquent, puis ajuster l'intrigue romanesque qu'il a imaginée.

Dans La Religion, Tim Willockx nous ramène en 1565, pour ce qu'on a appelé le grand siège de Malte, une opération menée par l'armée ottomane, une armada colossale commanditée par le Grand Turc Soliman le Magnifique. Malte est alors administrée par l'Ordre des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, couramment nommé « La Religion », une communauté militaire, monastique et caritative pratiquant un catholicisme idéalisé en opposition avec la papauté et l'Inquisition. Son Grand Maître, Jean de Valette, donnera son nom à la future capitale de l'île.

L'Islam et la Chrétienté se disputent alors la domination de la Méditerranée, centre du monde médiéval. le petit archipel est un enjeu stratégique essentiel. Malgré une supériorité écrasante en hommes et en moyens, l'armée ottomane finira par battre en retraite après avoir perdu les trois-quarts de ses hommes, usée par la résistance héroïque de quelques centaines de Chevaliers, auxquels se sont ralliés des groupes de mercenaires et la population maltaise. Les combats auront été acharnés, féroces, menés sans merci au nom de deux fanatismes religieux revendiquant chacun de régner sur les âmes.

L'intrigue romanesque est archi-classique. Elle est centrée sur le personnage fictif de Mathias Tannhauser. Depuis son enfance, le destin de cet homme l'aura conduit, lors des événements, à un rôle qu'on qualifierait aujourd'hui d'agent double. Son action dans le roman sera déterminante pour la défense de Malte et la victoire finale des Chevaliers.

Tannhauser réunit les attributs du héros universel. Lutteur implacable tel un héros antique, guerrier chevaleresque tel un héros médiéval, c'est aussi un amoureux tourmenté comme un héros romantique, et un aventurier séducteur comme un héros de best-seller. Il est de surcroît aussi musclé et ingénieux qu'un héros de BD. Secondé comme il se doit par un géant rabelaisien aimant la castagne, il a affaire à une belle et noble comtesse, à un orphelin recherché par ses parents, à un salaud détraqué – mais pas défroqué ! –, et à une lolita légèrement faible d'esprit mais d'une sensualité irrésistible.

Par souci de réalisme, l'auteur a structuré son roman en une suite de chroniques, relatant quasiment chaque journée des quatre mois de siège. Son écriture se veut cinématographique. Caméra à l'épaule ou tout comme, il décrit les parcours des protagonistes dans les ruelles des bourgs, dans les coursives des places-fortes, dans les collines des îles et sur les eaux du Grand Port. Mais faute de connaître la configuration réelle des lieux, je me suis vite perdu, puis lassé, car malgré les nombreux détails, je n'ai pas ressenti l'impression d'y être.

Même remarque pour les scènes de batailles. Les descriptions de massacres, de corps-à-corps, de blessures, de tortures et autres spectacles réjouissants occupent une large part du millier de pages du livre. Décrites interminablement dans une profusion de détails et une précision… disons chirurgicale, ces pages répétitives me sont devenues insupportables. J'ai rapidement choisi de les lire en diagonale, sans donc pouvoir en apprécier les qualités littéraires, à supposer qu'elles en aient. Je ne comprends pas le plaisir que l'on trouve à la lecture d'horreurs, ni à leur écriture.

Tim Willocks a réinventé le roman historique, a-t-on pu lire. Cet auteur de thrillers est aussi psychiatre – ça peut servir pour imaginer des personnages à l'esprit tortueux – et chirurgien – ça peut servir pour décrire par le menu les blessures et les souffrances des combattants –.

Ce livre plaira à de nombreux publics : férus d'histoire, amateurs de romances, accros au suspense, friands de sang et de gore. Certains trouveront même une forme de poésie dans l'écriture.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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La première chose qui frappe dans un roman historique, c'est son cadre. Ici c'est un véritable choc des civilisations ! On est vraiment très bien servi : nous vivons un tournant de l'Histoire avec d'un côté l'Europe de l'Ouest dominée par un Empire espagnol à son apogée et une Europe de l'Est dominée par un Empire turc en plein expansion. Un duel de titan entre 2 superpuissances. Et le Sultan Soliman veut frapper un grand coup en éliminant ses adversaires les plus acharnés : la Religion !
Ainsi débute le siège de Malte en 1565.

La plume de Tim Willlocks fascine facilement, nous gratifiant de très nombreuses fulgurances alternant douceur et violence. L'auteur est manifestement très à l'aise dans des scènes de batailles très immersives où les vagues de ghazis viennent s'échouer les uns après les autres aux pieds des murs de la Valette au nom d'Allah, tandis que soumis à des bombardements intensifs les défenseurs venus de toute la chrétienté meurent en masse au nom de Dieu. Bref, une chorégraphie macabre qui se hisse au niveau du magnifique "Ran" d'Akira Kurosawa.

Le cadre est parfaitement maîtrisé car très bien documenté en amont : les descriptions sont très réussies et mettent des images pleins la tête entre des guerriers musulmans vêtus de d'or et soie et des guerriers chrétiens vêtus de noir et de fer. Et que dire des passages de chirurgie militaire, limite gore, qui ferraient passer "Urgences" pour les "Télétubbies". de la même manière, la crudité des scènes érotiques pourraient faire tiquer, mais en étant aucunement voyeuristes elles servent plus le récit et les personnages qu'elles ne les desservent là où d'autres auraient bassement fait du fanservice

Mais ceci n'est qu'une toile de fond car nous assistons à un duel à distance entre le rusé mercenaire Tannhäuser, assisté de son fidèle Bors, un colosse anglais né pour la guerre, et l'ambitieux inquisiteur Ludovico Ludovici, assisté de son taciturne Anacleto, un spadassin incestueux né pour les basses besognes. Entre ces fortes personnalités, un couple de femmes : Carla, une jeune veuve française qui cherche la rédemption, et Amparo, une étrange jouvencelle espagnole quasi féérique. Tous sont pris dans le tourbillon des évènements, chacun servant ses buts altruistes ou individualistes. Et avant la réalisation de ses objectifs avoués ou inavoués, il faut avant tout survivre à la fièvre de guerre qui anime les 2 camps !

Je n'irai pas par quatre chemins, c'est sans doute un des meilleurs romans historiques que j'ai lus, sinon le meilleur !
Mais tout n'est pas parfait pour autant :
- attention c'est long (un peu moins de 1000 pages en poche)
L'introduction qui nous présente les personnages en nous faisant visiter les bas-fonds de Messine ne fait pas moins de 250 pages.
Passé le prologue il faudra attendre 600 pages et les beaux flashbacks de la 3e partie (les vents dispersants) pour en apprendre réellement davantage sur Tannhäuser et ce qui l'a amené des déserts de Mésopotamie aux tripots d'Italie.
Et passé un cap, on est mithridatisé face à autant de violence et d'intransigeance : au bout d'un moment on se moque bien de savoir qui va l'emporter des Turcs ou de la Religion
- attention c'est parfois à l'eau de rose
C'est ballot d'en rester niveau des "Oiseaux se cachent pour mourir" avec un quadrangle amoureux où la crudité de certaines scènes (sexe & violence : Eros & Thanatos) côtoient une grande naïveté sentimentale des protagonistes (mais peut-être est-ce un appel du pied à un certain lectorat ?).

Pour les amateurs de fantasy, j'ajouterai que Matthias Tannhäuser avec ses doubles voire triples allégeances, son esprit rusé et ses magouilles en tous genres n'est pas très éloigné d'Else le devshirmé espion qui domine le cycle des "Instrumentalités de la Nuit" de Glen Cook (personnage qui lui-même suit les voies empruntées par Corbeau dans "La Compagnie Noire" et Azel dans "Qushmarrah" du même auteur).
La Méditerranée de Tim Willocks est bien plus lisible que celle de Glen Cook, ce qui ne gâche rien.

Et j'ai gardé le meilleur pour la fin : ce n'est pas un one-shot, c'est le 1er tome de la Trilogie Tannhäuser ! le 2e tome est d'ailleurs intitulé "Twelve Children of Paris"…
Lien : http://www.chemins-khatovar...
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C'est à Malte que je me suis rendu compte du travail documentaire considérable que Tim Willoks a déployé pour écrire son roman "La Religion".
Devant ces remparts impressionnants imaginer le siège de l'île en 1565 a été chose facile après la lecture de ce pavé.
Pour une question de propagation religieuse, les ottomans attaquent Malte où les Chevaliers de l'Ordre hospitalier se sont installés. Avec courage et détermination fanatique, les chrétiens ont résister aux assauts des Turcs qui pourtant étaient beaucoup plus nombreux.
Les trois cités dont le Borgo, devenus ruines vont tout de même sortir vainqueurs grâce au stratège et marchand d'armes Tannhauser.
Ce roman noir est toutefois digne d'un Céline où dans "Guerre" le lecteur côtoie l'horreur sans filtre.
Ame sensible s'abstenir, des scènes sanguinolentes se déploient jusqu'au dégoût.
L'expérience de l'auteur en tant que médecin et chirurgien devient source de descriptions hyperréalistes. Feu et sang giclent sur ces remparts.
Mais pour le maître de l'Ordre pas question de plier le genou. Il faut tenir et ils tiendront.
Dans ce contexte de guerre Willoks introduit l'Inquisition apportant un aspect "diabolique" à une romance vouée à l'échec. le moine perfide Ludovico montera des intrigues par ambition religieuse et devra affronter Tannhauser bien décidé à tenir ses engagements.
Happée par les diverses intrigues et rebondissements je me suis laissée envoutée par une narration fluide où la psychologie nuancée des personnages m'a beaucoup enthousiasmée.
Une oeuvre impressionnante que je recommande chaudement surtout quand arrive la superbe scène érotique du bain (pour les curieux p.689 chez Pocket)
Un roman de folie et de testostérone à ne pas manquer.

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Tim Willock écrit comme un guerrier. Il tranche avec les mots, transperce avec sa plume et tient le siège du lecteur sur près de 1 000 pages.
La Religion est un roman épique où s'enchaînent les combats. Aucun détail n'est épargné. Vous ressortirez de cette lecture avec le goût du sang sur les lèvres et la sensation tenace de chair meurtrie sur vos habits. Pas vraiment ma tasse de thé habituelle !
Pourtant, j'ai traversé ces batailles et compté les morts sans m'ennuyer ni coup férir. L'auteur possède une âme de conteur et un talent certain pour la mise en scène. Les personnages sont bien décrits, leur psychologie assez fouillée. le 16ème siècle et son fanatisme religieux est relaté sans complaisance ni exagération.
La Religion nous emmène sur l'Ile de Malte en 1565, en plein conflit entre les Ottomans et les Hospitaliers. L'auteur nous place au coeur des combats et des stratégies des différents camps en présence. Il vient greffer, pour l'aspect romanesque, une intrigue amoureuse entre le héros Tannhauser et une belle jeune femme pour laquelle le soldat va accepter de plonger en enfer.
La suite des aventures de Tannhauser (les Douze enfants de Paris) s'annonce tout aussi… dantesque.
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