Nous patientons au bord de la rivière et, cette fois-ci, c'est un petit groupe de chevaux qui fait son apparition. Il est composé d'un bel étalon, et quatre juments et de deux poulains, dont l'un est plus grand et plus âgé que l'autre. Ils passent à une trentaine de mètres de nous, pour venir boire. Puis les quatre juments et le plus grand des poulains s'engagent dans l'eau pour traverser, mais à cet endroit, le lit de la rivière est très profond. Le plus petit poulain et l'étalon suivent, nous offrant le bonheur d'assister à une émouvante scène. Le poulain n'a pas pied à cet endroit et l'étalon le sait. Il s'est donc placé du bon côté du poulain, de façon à ce que celui-ci soit plaqué contre lui pour ne pas être emporté par le courant.
Les distances sont très trompeuses et nous nous apercevons très vite qu'il nous faudra encore un bon moment avant de les (Ndr : les Tsaatan) rejoindre. Encore une fois, nous sommes impressionnés par nos chevaux ; dans un pierrier, ils cherchent leurs appuis pour s'assurer de passer sans encombre. Erdene nous a dit de les laisser faire et de ne surtout pas les guider. Et effectivement, deux ou trois pierres à peine glissent sous leurs sabots. Il vaut mieux éviter les pierriers, car si les pierres glissent, elles créent une avalanche, souvent fatale à celui qui traverse. Au mieux, on s'en sort avec des fractures multiples. Quant à nous, nous n'avions pas le choix, il nous était impossible de contourner ce pierrier. Inutile de préciser que chacun de nous a retenu son souffle et que le silence était de plomb.