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EAN : 9782355580673
30 pages
HongFei (19/09/2013)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Bercé par le rythme, les bruits et les mouvements de la nature, on suit pas à pas un paysan attaché à une culture respectueuse de la terre et attentif aux conseils des anciens. Les images réalisées en papier déchiré laissent voir texture et structure et évoquent l'espace. La palette douce et variée des couleurs suggère les heures et les saisons, et renforce le charme de ce travail sensuel. Pleines de force et de subtilité, les images sont aussi puissantes que le tex... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je remercie Babelio et les éditions Hong Feï Cultures de m'avoir gracieusement adressé « Un bon fermier », album pour enfants de 3 à 6 ans publié en 2013 par le chinois Chun-Liang Yeh. Formé à Taïwan, en Grande Bretagne et en France, Chun-Liang Yeh –qui est éditeur et traducteur- a déjà publié 5 ouvrages aux éditions Hong Feï Cultures. « Un bon fermier » est la traduction par Chun-Liang Yeh d'un poème chinois de 60 caractères, écrit par Su Dongpo au XIème siècle de notre ère, poème illustré aujourd'hui par Sara, artiste française de 1er plan dans le domaine de la littérature pour la jeunesse.

Le texte original n'a rien de particulièrement poétique puisqu'il s'agit d'un paysan qui confie au lecteur qu'il est venu réveiller en douceur un morceau de terre qui était resté en friche depuis dix ans : ce paysan décide d'y cultiver du blé qui le nourrira l'hiver venu. Il rencontre un vieux paysan qui lui donne un précieux conseil : il met ce conseil en pratique, et en tire un bénéfice appréciable et inattendu, puisque le champ produit beaucoup plus de blé que prévu. le lecteur remarquera la brièveté et la simplicité du texte, ainsi que la naïveté des illustrations (ici le pas de l'homme, là l'envol du corbeau, plus loin le frôlement des herbes hautes par une libellule). L'enfant pourra y satisfaire son besoin d'images et son désir d'évasion (la Chine, le milieu rural, une fin heureuse) ; il découvrira aussi le rapport au temps (les saisons, les jeunes et les vieux paysans, le semis puis la production et la récolte du blé). L'adulte citadin d'aujourd'hui pourra y voir une agréable leçon de choses : au passage, il découvrira le tallage, une technique reprise aujourd'hui par les paysans quand ils passent avec un rouleau sur les semis qui lèvent dans les champs.

Le lecteur cherchera le message de l'ouvrage. Ambition écologique ? N'exagérons rien : la terre -qui reste en friche pendant dix ans- se repose, et ça n'est jamais que l'application des principes fondamentaux de l'agriculture traditionnelle. Un hymne à la terre qu'il convient de cultiver dans le respect qui lui est due ? Probablement : dans l'agriculture traditionnelle, le paysan met en pratique l'expérience et la sagesse des anciens. Un rappel de la fragilité de la nature humaine, de la force de l'expérience humaine, de l'attention au monde et du temps qui s'écoule ? Certainement. Un ode à la beauté de la nature nourricière, doublé d'un appel à un peu d'humanité ? Peut-être : nous ne laissons ici-bas que des empreintes, alors soyons à l'écoute de nos émotions et restons proches, en relation étroite et amicale les uns avec les autres.

Su Dongpo avait une bonne compréhension des problèmes de la population rurale (grands possédants, paysannerie soumise et misérable, impôt injuste, taux de prêts usuraires, etc.) : « par construction », il était proche du monde paysan. Écrivain et grand lettré de formation confucéenne, Su Dongpo s'attachait à faire en sorte que toute image venant à l'esprit corresponde a un nombre limité de caractères utilisés. Rejetant pour partie les codes traditionnels, Su Dongpo n'avait de cesse de montrer -avec sa poésie- l'être profond des choses et des hommes. Nous en avons avec « Un bon fermier » une brillante illustration.

Les illustrations de Sara sont réalisées en papier déchiré. Avec leurs formes et leurs tailles multiples, leur texture et leur structure, ces images proposent une vision délibérément apaisée et intemporelle du monde : elles sont une fenêtre ouverte sur l'âme des choses. La palette douce et variée des couleurs (noir, blanc, vert, caramel) suggère les saisons. Les illustrations épaulent la sobriété, la justesse et l'élégance du texte ; elles en assurent un complément heureux. « Les contours des papiers déchirés de l'artiste jouent à merveille le jeu de la réalité inconstante chère aux lettrés chinois, tandis que les figures ainsi dessinées manifestent avec force l'expression de la sagesse dont la poésie de Su Dongpo est l'une des plus célèbres manifestations dans la littérature chinoise ».

A la fin du livre, le lecteur trouvera 2 pages documentaires et la reproduction du texte original du poème. En conclusion, un album étonnant par sa candeur, son réalisme, sa modernité et son esthétique ; un auteur, un traducteur et une artiste à découvrir.
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Un poème vieux de mille ans raconte l'histoire d'une terre aimante, généreuse, une mère de blé bien doré, choyée par son fermier. Un bon fermier.
Après avoir récupérée d'un long repos d'avoir tant donné, la terre est prête à se remettre au travail après dix années, se parer d'une nouvelle robe blé blond.
D'une tendre affection terrienne, le bon fermier a laissé dormir la terre-mère le temps suffisant, entièrement recouverte de sa couverture d'émeraude, jusqu'au jour où il reviendrait de nouveau la solliciter.
Lourde, encore endolorie, la terre bouge, se laisse dénuder, nettoyer, s'étire et laisse aller, grandir ses premières pousses après que le bon fermier l'eût massé ses rangs, retourné sa terre .
Elle est traitée comme une reine, ses flancs sont foulés avec respect, la terre est protégée par un chevalier de paille planté à ses côtés.
Les corneilles voleuses ne sauraient défaire son ouvrage d'un coup de bec.
Le bon fermier veille sur les petits.
Doucement la terre, ne t'épuise pas trop vite, lui suggère tranquillement le travailleur.
Menant les troupeaux sur sa peau de pierre, le bon fermier sait ce qui est bon pour sa généreuse trop empressée de contenter.
Raffermissant délicatement sa chair de sol à petits coups de sabots, la débarrassant des herbes folles disgracieuses, la terre se montrera de nouveau bonne, multipliant les pouces vertes un jour, jolies têtes blondes de blé les lendemains.
Le bon fermier aura la satisfaction de remplir ses sacs de bonne farine, se nourrir de bon pain.
Le poème laisse la terre s'endormir sous l'hiver venant, recouverte de sa couette de coton, louée, remerciée d'avoir nourri ses enfants.

: « Un bon fermier » est issu d'un poème chinois vieux de mille ans par un auteur du nom de SU Dongpo. Les éditions HongFei offre de nouveau une histoire simple, douce, emplie de sagesse.
Le secret d'une terre respectée, nourrissant généreusement en retour dans un esprit écologique. L'ensemble est mis en image par la talentueuse Sara.
La reine des loups et fée des papiers déchirés illustre le travail du bon fermier avec délicatesse et sobriété. Tout en tons de brun, presque kraft, Sara plante son décor, sa terre. le sol noir et les corneilles tranchent le brun et les pousses mouchettent de vert et nous raconte la vie qui émerge, le temps qui passe, l'ardeur du travailleur et son soin à ne pas abuser des ressources naturelles.
Profitant des doubles-pages pour étendre le paysage, Sara alterne aussi cependant avec des zoom sur les pratiques, présentant un tableau agricole d'une beauté simple, ordinaire. L'essentiel philosophique autour de la sur-consommation est ainsi posé et les jeunes lecteurs seront quitte pour une belle histoire sur la confection du pain aux côtés de la « Faim de petit bonhomme » et de la « petite poule rousse » bien connue de chez Didier Jeunesse.
Plus poétique. A découvrir.
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L'intégralité de cet article se trouve sur mon blog: http://mesmotsenblog.blogspot.be/

L'auteur

L'auteur de l'histoire, Su Dongpo, n'est pas un contemporain, mais alors là pas du tout puisqu'il s'agit d'un lettré chinois né en 1037 dans la province chinoise du Sichuan. C'est lui qui a inventé le mot HongFei (grand oiseau en vol) qui est aussi le nom de la maison d'édition qui édite ce livre.Vous trouverez le poème original, en chinois, à la fin de l'ouvrage.

L'illustratrice

Sara est à la fois auteur et illustratrice d'albums jeunesse depuis vingt ans. Son originalité est d'utiliser la technique du papier déchiré. Elle emploie du papier de fond pour les décors (neutres, recyclés ou à fort grammage) tandis que les éléments sont en papier déchiré et laissent voir le crayonné et la fibre du papier au niveau des déchirures. Toutes sortes de papier peuvent être utilisées afin de donner différents rendus. de même, toujours dans le souci de donner des rendus différents, les papiers peuvent être déchirés de diverses manières: aux doigts, à la main, à la latte. C'est une méthode qui demande de l'inspiration et de la technique.

Le quatrième de couverture

"Un bon fermier ... écoute la terre et l'expérience des hommes ... Une poésie chinoise vieille de mille ans, une jolie leçon de choses, d'agriculture et d'écologie, pour aujourd'hui!"

La couverture

L'illustration de la couverture donne l'impression d'être en relief, qu'en la caressant on va sentir la douceur des fibres des bords du papier déchiré. J'ai d'ailleurs eu plusieurs fois le réflexe de passer ma main dessus à la recherche de ces sensations. le dessin représente une libellule délicatement posée sur une jeune pousse de blé déjà bien enracinée.

L'histoire

"Un bon fermier" est donc la traduction d'un poème chinois qui explique comment faire (re)naître la vie d'une terre en friches depuis plusieurs années en favorisant le tallage.

A travers mon oeil d'adulte, la première double page me donne un peu froid dans le dos: on y voit deux sombres corbeaux prêts à se jeter sur un joli petit escargot blanc. Les corbeaux sont présents tout au long du livre, comme s'ils accompagnaient l'agriculteur dans son labeur. Cette première double-page nous rappelle sans doute que la nature a tout prévu ou presque et que nous avons donc plutôt intérêt à collaborer avec elle en la respectant. Pour moi, dans le livre, les corbeaux symbolisent cette collaboration saine entre la nature et l'homme. Dès le début, ils débarrassent la terre des nuisibles (ici symbolisés par l'escargot) et on les retrouve à la dernière page observant (veillant sur?) le fermier bien au chaud dans sa maison, le fruit de son travail (un pain) dans les mains. le corbeau observe alors un homme, un fermier en lien avec la terre et le fruit de son travail et pas un exploitant agricole.

Notez que les couleurs dominantes du livre sont des couleurs naturelles qui peuvent nous paraître sombres, ternes ou encore tristes parce que nous sommes habitués à une surabondance de couleurs "flashy". Ces couleurs naturelles sont en fait parfaites pour attirer le regard des plus petits. La couleur verte fait une apparition lumineuse au moment voulu dans ce dessin qui est pour moi un des plus beaux de l'ouvrage. On y voit l'agriculteur porter son blé au moulin.

De fait, mon fils n'a pas été heurté par les couleurs de l'album, que du contraire même. Et sa page préférée est loin d'être la plus tendre, c'est celle-ci, avec l'épouvantail:

Les dessins l'ont interpellé, c'est la première fois qu'il pouvait observer des dessin faits au papier déchiré. Il les a trouvés "travaillés et réalisés de manière appliquée, pas comme ces dessins faits n'importe comment" (et oui, il fait déjà la différence entre les livres de qualité et certaines horreurs qu'on peut parfois trouver dans les rayons).

Le thème lui a plu aussi, c'est un sujet auquel il est déjà sensible lui qui du haut de ses six ans ne comprend pas pourquoi le hommes ne vivent pas en harmonie avec la planète qui les héberge.

A propos du thème, on peut faire la comparaison avec notre époque et ajouter que l'agriculture moderne n'a plus conscience des équilibres naturels forêt/agriculture/élevage. En cela cette histoire est très intéressante à l'heure actuelle ou les pistes vers l'agro-écologie et la permaculture redonne des liens logiques entre les animaux, le sol et la forêt.


En conclusion

Très bel album. Un livre original tant par la technique du papier déchiré que par le message qui pour moi fait partie des messages essentiels à transmettre à nos enfants. Un livre à lire donc, mais également à expliquer, à philosopher et à extrapoler.

A expliquer parce qu'on n'y parle pas de l'agriculture actuelle. C'est en filigrane. Donc il faut que la lecture soit accompagnée par un adulte qui peut donner un point de comparaison à l'enfant. L'adulte peut aussi en profiter pour parler de la Chine, de sa situation géographique, de sa culture, etc.


A philosopher et à extrapoler parce qu'il permet en effet de laisser libre cours à son interprétation personnelle grâce à la technique du papier déchiré et au talent de l'illustratrice. Cela permet a chacun de se créer et d'imaginer le contexte. Pour moi cela va plutôt à contre courant d'illustration pour enfants/adultes qui vont trop dans les détails et par conséquent gomme l'imaginaire ou le relègue au dernier plan.


On aime aussi

Les explications à la fin du livre, claires et concises.

La manière dont le texte est mis en avant grâce à une calligraphie appropriée.


Lien : http://mesmotsenblog.blogspo..
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Lecture de cet album jeunesse dans le cadre d'un partenariat sur Babelio et une masse critique consacrée aux enfants et leurs parents... C'est d'ailleurs aujourd'hui même La journée internationale des droits des enfants ! J'ai été curieuse de certains albums même en tant qu'adulte ...

Je remercie donc Babelio et les éditions HongFei qui m'ont fait très plaisir en m'envoyant ce bel album de très belle facture.

Et puis, quel envoi !!! le colis était rempli d'attentions délicates réveillant mon âme d'enfant :

Un poster de ce livre, une carte postale, un marque page et la gazette des éditions HonFei Cultures, et bien sur, le livre que vous avez vu plus haut !

Un album de très bonne qualité qui nous présente une poésie chinoise vieille de mille ans.

C'est Sara et ses papiers déchirés qui met en scène ce poème.

Un poème très court néanmoins qui parlera davantage à un adulte je le crains...Il faudra expliquer nombre de chose à un enfant ... Et même pour un adulte, on a d'ailleurs une explication du texte à la fin du livre.

La technique du papier déchiré de l'illustratrice Sara apporte les touches de poésie à ce texte qui n'enchantera (à mon avis peut être pas les petits ...). Mais je ne suis pas une enfant, ils y verront peut être eux, mille enchantements... (Je l'offrirais d'ailleurs pour voir).

Pour ma part, j'ai aimé la libellule de la couverture
et aussi les pages où la neige tombe !
Comme ici à Saint-Étienne, où les premiers flocons ont fait leur apparition !

N'hésitez pas à visiter le site des éditions HongFei pour de belles lectures
et celui de Sara pour ses papiers déchirés !
Lien : http://imagimots.blogspot.fr..
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Cet album illustre un vieux poème chinois avec des collages en aplats de papier déchiré aux couleurs neutres et contrastées. En fin d'ouvrage, une page documentaire commente le poème et une autre transcrit le poème en écriture chinoise. La poésie s'égrène en une ou deux lignes au fil des pages et témoigne de l'expérience d'un homme qui entreprend de travailler un sol en friche pour y faire pousser du blé. Celui-ci va, pour s'assurer une bonne récolte, suivre les conseils d'un vieux paysan : laisser, quand les pousses
viennent juste de sortir, « vaches et moutons vaguer ». Cette notion de « vaguer » ou « laisser les animaux piétiner alors que les pousses pointent » est explicitée dans la page de commentaire comme une pratique agricole ancestrale cherchant à accentuer un phénomène naturel, le « tallage ». le rôle des bêtes a ensuite été remplacé par la technique du « roulage ».

Lire la suite
Lien : http://www.dev.scienceenlivr..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
" Suivant l'exemple d'un bon fermier qui ménage les ressources de la terre, j'entreprends avec bonheur la culture de ce sol en friche depuis dix ans. Pour le réveiller en douceur, y planter des mûriers ne serait pas une bonne idée : en revanche, le blé s'y plaira assurément durant cette année. Un mois après que j'ai semé, le sol est recouvert de pousses vigoureuses. Alors, un vieux paysan me fait cadeau d'un bon conseil : "Prenez garde que les pousses ne montent pas trop vite !" "Si vous voulez obtenir assez de farine pour faire des bouchées, amenez vaches et moutons vaguer ici." Je le remercie mille fois de cet avis bien sage, et aurai une pensée pour lui quand mon ventre sera plein."
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Vidéo de Chun-Liang Yeh
Les éditions HongFei vous souhaitent une bonne année lunaire 2024 (10 février), avec la complicité de Chun-Liang Yeh, éditeur et Mori, auteur-illustrateur.
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