Voyage vers les étoiles regroupe 2 nouvelles : Celle qui donne son titre au recueil et Un spécimen transparent.
Le livre s'ouvre sur Un spécimen transparent où on découvre l'histoire de Kenshiro. Kenshiro travaille dans un hôpital universitaire et occupe un poste fort méprisé.
A 60 ans, sa fonction a souvent été un frein à sa vie sentimentale, ses compagnes ne la supportant pas. Aujourd'hui, Kenshiro garde le secret sur son métier et s'est finalement marié à Tokiko, femme de 40 ans qui s'est unie par pauvreté et par complaisance pour offrir des études à sa fille. Mais quel est donc son travail, me direz-vous ! Kenshiro s'occupe de fabriquer des squelettes d'étude. Pour celà, il doit effectuer une série de tâches ingrates et quelque peu ragoûtantes : on lui confie des corps en décomposition avancée qu'il doit désarticuler, puis en extraire les chairs pour libérer les os et enfin traiter les os pour les blanchir et recomposer en squelette.
Un travail très particulier donc qui passionne pourtant Kenshiro, fasciné par la beauté des os au point d'avoir le rêve secret de fabriquer un squelette à la transparence parfaite.
Une passion quelque peu morbide qui semble avoir son origine chez son beau-père.
Kenshiro effectue donc des expériences pour atteindre cet état de transparence mais la difficulté de se procurer un cadavre frais (destiné aux prélèvements d'organes) est un frein à son ultime but...
Voilà donc une histoire bien macabre où
Yoshimura décrit avec une écriture froide et précise la folie d'un homme obsédé par les os. Une passion bizarre qui touche presque au fétichisme et se déploit petit à petit avec un malaise certain dans cette nouvelle au goût de cendre qui n'épargne pas son lecteur. L'auteur ne juge pas ses personnages et reste en retrait, faisant le portrait d'un homme glacial et silencieux qui préfère s'épanouir auprès des cadavres plutôt que des vivants.
Voyage dans les étoiles tourne également autour de la mort mais est quelque peu différent.Keishi, après avoir été un élève assidu, a arrêté d'aller en cours un peu hasard.
Un ennui profond le gagne et bientôt il rencontre un groupe de jeunes aux mêmes aspirations qui a hissé le désoeuvrement en art de vivre.
Leur activité commune était de regarder fréquemment la progression des aiguilles sur leurs montres ».
Jusqu'au jour où l'un d'eux fait une proposition : " Et si on mourait ? "
Voilà donc notre bande de 5 partie en camion pour une destination fatale qui devrait les emmener vers les étoiles...
Inspiré d'un fait réel,
Yoshimura s'attaque ici au suicide des jeunes. Touchés par un profond ennui, ne sachant plus vraiment ce dont ils ont envie et quel plaisir ils peuvent retirer de la vie, ces adolescents choisissent une solution radicale qui peut paraitre excessive. Il leur est devenu "intolérable de continuer à vivre" et en même temps, aucun évènement douloureux ne leur les avoir atteint spécialement. Un choix simple mais qui, malgré tout, ne supprime pas la peur et les interrogations face à la mort. Faute de trouver leur place dans une société qu'ils ne comprennent pas et où l'avenir leur parait aussi morne que le présent, ces jeunes qu'on voit pourtant vivre et apprécier leurs derniers instants se sauveront de l'ennui à leur façon.
Vous l'aurez noté, nous retrouvons ici une des thématiques préférées de
Yoshimura : la mort. Les lecteurs de la jeune fille suppliciée sur une étagère, de
Naufrages ou d'
Un été en vêtements de deuil ne s'étonneront pas de la retrouver une fois encore dans ce recueil de grande qualité. L'auteur montre un détachement désarmant vis à vis de ses personnages pour lesquels il ne montre aucun parti-pris. Il se contente de décrire d'une écriture ciselée et sans fioriture les faits. Un style simple, des thématiques dérangeantes mais qui laisse comme un goût de poésie morbide dans la tête.
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