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Patrick Honnoré (Traducteur)
EAN : 9782877308571
802 pages
Editions Picquier (24/05/2006)
3.62/5   56 notes
Résumé :
Œuvre stupéfiante, inclassable, Dogra Magra est à la fois une performance d'écriture inégalée et un extraordinaire roman policier au programme paradoxal : un roman où les détectives sont les criminels. Ou plutôt, où l'assassin est la victime. Un amnésique se réveille en pleine nuit dans la chambre d'un hôpital psychiatrique. Nous le verrons se débattre au milieu d'une toile d'araignée tissée par les docteurs de l'institution, à la recherche de son identité et de son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Sans mon libraire, qui connait fort bien mes gouts, et son avis enthousiaste sur ce livre, jamais je ne me serais lancée dans cette lecture !
Il faut dire que je n'avais jamais entendu parler, ni du livre, ni de son auteur…..Bon, il est vrai que du point de vue auteurs japonais, mes connaissances se limitent à Keigo Higashino.
Pour mieux comprendre le contexte de cette oeuvre, je précise juste que Kyūsaku Yumeno est donc un auteur japonais ayant vécu dans la première partie du XXème siècle et qui est décédé en 1936 à 47 ans à peine.
Avec la lecture de Dogra Magra, le lecteur va aller se balader dans des sentiers inconnus, car cette oeuvre est vraiment très singulière….
Un homme se réveille dans une sorte de cellule…Il ne sait pas qui il est, ni pourquoi il se trouve enfermé dans cette pièce. Il entend une femme gémir et appeler dans la pièce voisine…. Qui est-il ??
Survient un curieux médecin, qui bien que ne lui révélant pas son identité, semble tout à fait disposé à l'aider à retrouver la mémoire….
On va s'embarquer dans une histoire forte en coups de théâtres et renversements de situations (mais plutôt en deuxième partie du roman)… Qui est vraiment cet amnésique et surtout, que s'est-il vraiment passé ?
Beaucoup de digressions, qui même si j'étais prévenue, m'ont un peu gênée et pollué ma lecture par moments.
On sent aussi, malgré l'intrigue, que cette histoire est aussi un violent réquisitoire contre la psychiatrie. Au vu du vécu de l'auteur (sa belle-mère a essayé de le faire passer pour fou pour le spolier de son héritage), cela peut se comprendre….
En conclusion, je ne pourrais que paraphraser la quatrième de couverture de ce livre : il s'agit d'une oeuvre stupéfiante et inclassable…

Challenge Pavés 2020
Challenge Mauvais Genres 2020
Challenge ABC 2019/2020
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Dogura-Magura
Traduction : Patrick Honnoré.

Dogra Magra ou le Roman Labyrinthique.
Peut-être Yumeno Kyûsaku se sentait-il plus à l'aise dans le "court." On peut le penser car la faiblesse de "Dogra Magra" tient dans sa construction et ses longueurs - celles-ci étant peut-être plus sensibles à un Occidental : le roman policier chinois ou japonais, pour autant que je le sache, a toujours aimé les digressions.
Mais justement, dans "Dogra Magra", on ne peut pas parler vraiment de digressions mais plutôt de répétitions. Si le procédé montre très clairement dans quel état mental lamentable se trouve le principal narrateur du roman, il finit par lasser. Imaginez des poupées gigognes dont les emboîtages successifs n'auraient pas de fin et vous aurez une idée assez exacte de "Dogra Magra."
Les quatre-cents premières pages surtout sont laborieuses parce que truffées de discours et de théories sur le traitement des aliénés et aussi de réflexions philosophiques sur l'esprit, le cerveau, etc, etc ... le style n'arrange rien : il regorge de points de suspension, se fait tour à tour haché et doctoral et tout cela donne l'impression de tourner sans fin.
A la moitié du roman donc, le ton change légèrement et l'intrigue qui aurait conduit notre narrateur dans la cellule d'hôpital où nous l'avons trouvé fait mine de se mettre en place. Mais elle est elle-même si tordue, si distordue, si contournée, si nébuleuse que le lecteur n'a pas trop de toute son attention pour la suivre. (Surtout, lire "Dogra Magra" quand on a tout son temps ! Sinon vous ne le terminerez jamais.)
En substance, un jeune homme (une vingtaine d'années à peu près) se réveille un triste matin dans une cellule capitonnée et entend une voix de femme - celle de sa voisine de la cellule 6 - l'appeler et gémir. Après avoir tourné comme un ours en cage pendant on ne sait trop combien de temps, l'amnésique (car le malheureux ne se rappelle pas même son nom) reçoit la visite du Dr Wakabayashi, homme grave et volontiers pédant, qui lui donne l'impression de l'observer sans cesse du coin de l'oeil et qui l'invite à se remémorer son identité par une recherche personnelle dans des lieux et dans des archives où lui-même, Wakabayashi, se fera son guide.
L'amnésique arrive ainsi dans le bureau-bibliothèque du Pr Masaki, son médecin référent, dont Wakabayashi lui assure avec regret qu'il s'est suicidé un mois plus tôt. de fil en aiguille, le patient est amené à poser de plus en plus de questions sur le Pr Masaki et, une question en entraînant une autre, le voilà plongé dans le parcours professionnel révolutionnaire de Masaki, partisan de la "thérapie par l'émancipation des aliénés."
Mais, peu à peu, notre amnésique sent une question croître en lui : n'est-il pas la victime du machiavélique jeu de pouvoirs de deux médecins particulièrement brillants qui, bien loin de vouloir lui faire recouvrer la mémoire, s'acharnent à l'induire en erreur quant à son passé ?
Surtout, s'il y a criminel en cette affaire, qui est-il exactement ? ...
Au-delà son argument policier, teinté de fantastique, "Dogra Magra" reprend les sentiments les plus intimes de son auteur : la sensation, qu'il dut connaître très jeune, de ne pas être maître de son destin, la certitude d'être manipulé par les uns comme par les autres tout en se demandant si ceux-ci n'étaient pas eux-mêmes victimes de quelque marionnettiste aussi occulte que démoniaque, la hantise cachée de son propre déséquilibre, le mariage du malheur et du sentiment amoureux ... Et c'est sans doute cela qui parvient à fidéliser le lecteur, à faire patienter celui-ci jusqu'à la huit-centième page où, une fois de plus, c'est à lui, et à lui seul, de se faire sa propre opinion sur ce récit aux multiples facettes qui laisse le même sentiment de malaise que la contemplation hypnotique d'un motif répété sur un autre motif qui, lui-même, est répété sur ... ;o)
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Une fois n'est pas coutume, parlons d'une expérience de lecture hors norme. Hautement conseillée par Sebastien Razier, que dire sur cette oeuvre ? Atypique, sans aucun doute. Hardue, assurément. Audacieuse, à bien des propos. Attention Objet Littéraire Non Identifié. Dogra Magra se mérite.

Certes la lecture peut sembler éprouvante. Avant d'aller au bout, j'ai mis un certain temps à me lancer. Car je dois l'avouer, il faut une certaine dose de courage pour traverser la 1ere centaine de pages de ce pavé et pour s'abandonner à un « laché prise » nécessaire à la plongée dans ce livre. Verser dans une sorte de délire schizophrène parfumé d'un soupçon de polar peut paraitre éprouvant. Mais disant cela, je ne vends pas le produit de manière très correcte. En tous cas, je ne témoigne pas du travail courageux et hors norme, où exceptionnellement l'effort de l'auteur est partagé par le lecteur.

Inclassable à plus d'un titre, ce roman est une performance dans son genre. Oui, l'ouvrage de Yumeno Kyusakuqui est déroutant. Il plonge d'emblée le lecteur dans un univers énigmatique pour concentrer sur la déduction. La promesse d'une révélation est ce qui semble, à première vue, être l'objet de ce polar. Mais Dogra Magra, né après un passage imposé par la famille à son auteur en hôpital psychiatrique, est plus que cela.

Oui, il est délicat à résumer. Lecteur quasi-innocent, je me suis aperçu que ce roman est le fruit de 10 ans de travail. 10 ans de labeur pour arriver à fusionner assassin, victime, détective, trois personnages en la personne d'un narrateur amnésique.

Ouvrir Dogra Magra, c'est suivre, ce narrateur qui se réveille au son d'une cloche, dans un hôpital psychiatrique. Il ne sait pas où il est, ni qui il est. Il ne sait quoi penser et le lecteur non plus. Et voilà, tout est en place. le désarroi du lecteur est celui du narrateur.

Le noeud est fait. Sous couvert d'attachement, de lien littéraire, on remonte le fil. Il passe du lecteur au narrateur, du narrateur au docteur. Ca y est, nous sommes entrelacés. Tu commences à sentir le désarroi ? T'inquiètes, ce n'est que le début.

Parlons de ce docteur. le professeur Wakabayashi a repris les travaux du professeur Masaki, un docteur fou. Il est censé faire retrouver la mémoire à notre inconnu. Mais Dogra Magra étant un OLNI, tout vrille pour mieux nous perdre. Assis auprès du narrateur, on subit les coups de théâtre et les renversements de situation. On empile une sorte de poupée russe japonaise, un truc en gigogne. Un roman dans le roman. Saches juste que le travail de ce bon docteur a pour ambition de de manipuler la psychologie du crime à travers un gène endormi depuis des générations dans l'inconscient de tout à chacun pour transformer n'importe quel quidam en assassin. Notre inconnu est un cobaye. The « arme psychologique ».

Oui, ce roman est parfois dérangeant. Car Yumeno nous manipule. Nous sommes ce cobaye notamment quand, Wakabayashi présente au narrateur une série d'artefacts dont un document manuscrit, un récit troublant d'un aliéné, intitulé Dogra Magra. Ca y est, tu vois le truc, pauvre lecteur. On reboucle la boucle.

Mais une nouvelle fois, ce serait trop simple. L'auteur casse le rythme et nous propulse dans une succession de textes courts, voire très courts, donnant le sentiment d'être décousus et à contrario verse dans une emphase grandiose via le testament du docteur Masaki, le tout en un mouvement visant à la reconstitution de la mémoire de notre inconnu embastillé.

Bref, notre cerveau turbine.

Et me voilà projeté dans la peau de celui qui doit mettre les pièces en place, les carrés dans les carrés, les ronds dans les ronds pour aller au bout de ce qui ressemble fort à une enquête. Car, c'est également dans sa structure que Dogra Magra est un polar. Charge à nous d'explorer les possibilités, échafauder les hypothèses comme tout bon enquêteur. Mais rien n'est ce qu'il parait. Yumeno Kyusakuqui se joue de nous. Les personnages ont plusieurs facettes. Les morts ne le sont pas vraiment. Et si à la fin, le roman fini par livrer ses mystères, enfin certains, il faut constamment garder à l'esprit que cet auteur fabuleux a osé briser le pacte naïf et tacite qui lie le lecteur à son auteur - ce truc qui nous parait implicite, où ce dernier fait voeu de franchise. Donc forcément, avec Yumeno, il y a des fausses pistes.

A travers cette découverte d'un roman lourd (au sens propre comme au figuré), un esprit souffle sous le crâne similaire à celui que tout à chacun a eu lors de la découverte de son 1er Kafka. Sous couvert d'intrigue policière, il me parait de temps à autre, avoir décelé un parfum de surréalisme. Cette traduction, mais je gage qu'il était de même pour l'original, ne se laisse pas apprivoiser facilement.

Si ce roman est entrecoupé de concepts psychanalytiques, d'une vision sombre des conditions d'internement en hôpitaux psychiatriques, le style de cette oeuvre est riche. Il convient de ne pas s'arrêter à la 1ere partie, un quasi monologue. Car la forme est variée, souvent hachurée, faite de phrases très courtes, parfois assez fragmentées, mais à d'autres moments, saisie par des phrases précieuses. On sent l'auteur jubiler à l'idée de savoir le lecteur élaborer des hypothèses.

Oui, la fin peut laisser le lecteur dans une certaine expectative. Oui une deuxième lecture est à priori nécessaire pour appréhender pleinement Dogra Magra. Mais on va souffler un peu car cet OLNI consomme une énergie folle.
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S'il fallait brièvement qualifier Dogra-Magra, ce serait : une virulente dénonciation du système psychiatrique du début du XXe siècle, utilisant l'ossature d'un roman policier dopé aux charmes d'épisodes légendaires extrême-orientaux.

A chacune de ces caractéristiques -j'en compte trois- correspondent à l'intérieur de l'oeuvre une construction, un ton, une écriture et éventuellement, selon le lecteur, un niveau d'acquiescement.

Le système psychiatrique de l'époque partout dans le monde -il a perduré dans ses principes et ses pratiques une bonne partie du XXème siècle, peut-être jusque vers les années 70- repose sur des pseudos-connaissances non scientifiquement fondées et se traduit par des traitements brutaux, absurdes, destructeurs et des internements arbitraires, souvent utilisés dans des buts non médicaux. Il est ici dénoncé avec justesse, férocité et humour par l'auteur dont la vie a elle-même été lourdement impactée par ces dérives. La construction -insertion de "documents" -m'a rappelé Dos Passos, contemporain de Yumeno, mutatis mutandis. L'écriture caricature la pompe scientifique. le propos est à la fois sérieux et pertinent dans sa critique, déjanté voire délirant dans ses excès. Çà pourra sembler long à certains.

La trame policière n'est-elle qu'un prétexte au pamphlet? Probablement pas, l'auteur étant un habitué du genre et les moyens qui y sont consacrés, très consistants. La construction se fait relativement complexe, joue avec la chronologie -habilement-, les rebondissements -à l'excès, l'incertitude quant à la véracité des propos du locuteur -classiquement. La forme privilégie les longs dialogues à une seule personne- qui ne sont toutefois pas monologues, le deuxième personnage se taisant longuement; le style est relâché, rappelle un peu la bande dessinée. Il m'a aussi semblé retrouver certains accents et traits de Gaston Leroux et son Rouletabille, également contemporains de Yumeno. Hélas je n'ai pas trouvé l'intrigue aussi élégante ni compacte.

Les épisodes anciens, pseudo-historiques, offrent une rupture de style, apportant avec la fraîcheur voire quelque émotion, un plus grand agrément de lecture et pour les inconditionnels, des éléments de culture littéraire.

L'imbrication des trois structures est un point fort de l'oeuvre. La cohérence globale m'a paru élevée et on peut d'ailleurs détecter, au fur et à mesure de la lecture, les apports qui contribuent à son édification. L'auteur a travaillé. L'ensemble forme cependant un agrégat surprenant et copieux, de mon point de vue moyennement digeste.
J'éprouve pourtant une certaine admiration pour celui qui a conçu et tenté cela; pour son but et les moyens qu'il a voulu mettre en oeuvre et qui dénotent, à mon sens, une indéniable intelligence, une vaste culture internationale et du souffle, qualités très inégalement partagées par les auteurs de polars.
Surtout cette oeuvre parue en 1935 manifeste une réelle modernité de par sa vocation dénonciatrice, son humour et sa volonté d'innovation.
J'ai pourtant quelque difficulté à suivre l'éditeur qui affirme sur la 4e de couverture que ce livre "est aujourd'hui considéré au Japon comme un des romans majeurs du XXe siècle."
Si c'était le cas, me donnerait pas trop envie de lire nippon plus avant.
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Oeuvre stupéfiante, Dogra Magra est à la fois une performance d'écriture inégalée et un extraordinaire roman policier.
Un amnésique se réveille en pleine nuit dans la chambre d'un hôpital psychiatrique. Nous le verrons se débattre au milieu d'une toile d'araignée tissée par les docteurs de l'institution, à la recherche de son identité et de son éventuel rapport avec une mystérieuse affaire criminelle. Qui est Kure Ichirô ? Quelle terrible malédiction poursuit la lignée de sa famille et se réveille dans ses gènes ?
Le lecteur, entraîné dans une spirale de plus en plus serrée de coups de théâtre et de renversements de perspective, perd toute notion de l'espace et du temps et sent son esprit lui échapper, pris d'un vertige ontologique. Car ce roman, où se côtoient la doctrine bouddhiste du karma et les concepts psychanalytiques d'inconscient, est à la fois un chef-d'oeuvre d'écriture parodique qui se joue de tous les styles et une intrigue d'une intelligence labyrinthique où toutes les interprétations et leurs contraires sont autant de pièges tendus pour égarer le lecteur. Réflexion sur la folie, l'identité et les pouvoirs de la science, ce texte dérangeant à l'extrême, publié quasi confidentiellement en 1935, resta totalement inconnu du grand public jusqu'à sa redécouverte à la fin des années soixante. Lorsqu'on en referme la dernière page, on comprend pourquoi il est aujourd'hui considéré au Japon comme un des romans majeurs du XXe siècle.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Vous, humains modernes, ceux en particulier qui connaissent la vie trépidante des grandes villes, vous fatiguez les fonctions de votre cerveau même en plein jour ; toutes sortes d'activités psychiques ou de sensations, de jugements ou autres se déconnectent et mettent en branle la fonction sympathique-réflexe des terminaisons nerveuses des cellules, et vous voilà en pleine crise de somnambulisme vacillant titubant...... C'est pour cela que quand vous passez au pied d'une cheminée d'usine, vous croirez quelle va s'effondrer sur vous et vous hâterez le pas...... En dormant, vous croirez entendre des trains qui vont et viennent au point que vous serez pris de l'envie d'allumer votre lampe de chevet...... Une autre fois, que le poêle vient de bâiller, que le jaune de l'œuf dans votre assiette est en train de vous regarder d'un air mauvais, qu'hier quand vous êtes rentrés la boîte aux lettres dans la rue d'en face n'était pas à la même place, que la marmite pousse des soupirs la nuit, que cette photographie transpire, que du tiroir de votre bureau une main blanche apparaît et vous fait signe "viens par ici viens par ici", que le pistolet s'est tourné vers vous et à fait "pan"...... et bien d'autres phénomènes étranges qui ne sont que le résultat de dysfonctionnements de l'activité sympathique-réflexe, autrement dit un somnambulisme de la conscience.
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La vraie nature de l'âme humaine. Quelle est sa forme, son apparence ? Pourquoi se détraque-t-elle ? Comme dirait le père Hanshichi le marchand de saké. Et pourquoi et où et comment ? On n'en comprend toujours pas le début du commencement. Vous voulez une preuve, c'est simple. Prenez un manuel de psychiatrie d'aujourd'hui. Ces longues listes de noms de maladies. Ces savants qui ont écrit ces manuels. Sans rien comprendre à rien. Ils jettent un coup d'œil sur le patient. Sa façon de se mouvoir et ses regards hagards. Et hop je t'embobine les naïfs. Celle qui est folle de séduction, c'est parce qu'elle est nymphomane. Celui qui a commis un meurtre, c'est de la folie meurtrière. Le psychopathe danseur. Eh bien il danse. Le pyromane, c'est celui qui met le feu. Quelle sorte de science est-ce là ? Mettre un nom sur ce qu'on savait déjà. Pas besoin d'être médecin pour ça. Les gens ont le vin coléreux ou le vin triste. Le vin gai ou le vin qui en veut un autre. La cuite à répétition. Il suffit de les regarder quand ils sont saouls. Voilà comment je te mets un nom dessus. Et on appelle ça faire un diagnostic......
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...... Ça n'a rien de drôle. Qu'est-ce que vous trouvez de si drôle à vous rouler par terre ?
...... Qu'est-ce qui vous fait vous gondoler comme ça dans tous les sens ?
Pourquoi rampez-vous dans le poste de police ?...... pourquoi prenez-vous les poteaux électriques dans vos bras ?...... pourquoi embrassez-vous la boîte aux lettres ?...... Est-ce que vous n'auriez pas l'esprit un peu dérangé tout d'un coup ?
...... De quoi de quoi...... ? ? ? ? ?......
...... Vous me demandez : "Avec quoi est-ce qu'on pense si ce n'est pas avec le cerveau ?"......
...... Vous me demandez : "Par où est-ce qu'on ressent si ce n'est pas par le cerveau ?"......
Vous me demandez : "Où est le siège de notre conscience ?"...... "Pourquoi vivons-nous ?"......
...... Ah, c'est donc ça......
Je ne vois pas ce que ces questions ont de drôle. Pas plus étranges que bizarres. Ces questions sont tout ce qu'il y a de normal.
...... Nettoyez la fange au fond de votre culotte.
...... Remettez votre chapeau d'aplomb.
Rajustez votre cravate et écoutez-moi bien......
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Alors, les yeux fixés de toutes mes forces sur le Dr Masaki, je sentis qu'il me fallait à tout prix attendre, fût-ce au péril de ma vie, jusqu'à ce que ces lèvres noires et difformes s'ouvrent et s'expliquent...... sans doute parce que mon âme avait été entièrement aspirée par les deux docteurs au nom de la beauté d'une expérience de psychiatrie au comble de l'étrange qu'ils cherchaient à se voler mutuellement et pour laquelle ils épuisaient, non pas leurs forces vitales, mais bien leurs forces de mort
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Le « cerveau-qui-pense-les-choses », en chassant Dieu hors du monde des hommes et en expulsant la Nature, déroba également toutes les manifestations de cœur naturelles à l'homme qui permettent son accroissement, son progrès et son évolution, la paix et le bonheur. Autrement dit, il lui fit refuser en bloc l'amour paternel et maternel, l'amour fraternel, l'amour conjugal, la chasteté, la confiance, la pudeur, la reconnaissance, la compassion, l'honnêteté, la bonté, sous couvert de la raison spécieuse que « ces émotions ne sont pas logiques au regard de la science matérialiste, donc ne sont pas naturelles ». Puis il fit advenir un monde individualiste reposant uniquement sur la matière et les instincts bestiaux. Puis il rendit l'homme progressivement éperdument amoureux de cette civilisation, le fit s'adonner à la masturbation intellectuelle, le rendit neurasthénique, dérangé mental, et finalement condamna toute l'humanité à errer dans l'onanisme mental des fantômes absurdes qui recherchent les lanternes rouges et bleues d'un monde de néant morbide. Et maintenant, le « cerveau-qui-pense-les-choses », sans que personne s'en doute, entreprend d'exterminer l'humanité.
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