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EAN : 9791021050488
256 pages
Tallandier (21/10/2021)
4.12/5   30 notes
Résumé :
« Je suis médecin. Et je suis aussi militaire. Ne me demandez pas si je suis plus médecin ou plus militaire : ces deux états sont indissociables chez moi. Je suis médecin militaire. J'ai accompagné des soldats en opération à maintes reprises. J'ai vécu des situations de stress, parfois intenses, qui m'ont confronté, moi aussi, à de nombreuses questions personnelles. J'ai parfois, et je l'avoue sans honte, douté dans certaines situations complexes où tous les repères... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'apprécie les livres qui me projettent dans un monde qui m'est inconnu.
J'y mesure la distance qui m'en sépare.
Il y a des valeurs, des façons de penser, des voyages personnels qui méritent que l'on ouvre ce livre.

Quelle différence avec la vie civile !
Ici on occulte la mort, les blessures, les handicaps.
Ici il y a des droits alors qu'il y a un autre monde fait de devoirs, fait pour « servir ».
Ici l'individualisme prime.


Chaque chapitre part d'évènements, de rencontres de terrain pour ensuite prendre du recul sur les valeurs en jeu, sur le décalage entre mission de soldat et vie civile.
Quel décalage entre un monde qui pousse l'individualisme, la valorisation du soi, l'instantané, la récompense immédiate et le combat.

Les soldats sont-ils mentalement parés et comme le dit l'auteur ont-ils ce qu'il faut dans leur bagage pour faire face à la mort, à la blessure, à l'adversité ?
On peut en douter. Certains signes montrent que le gouffre est de plus en plus grand.

Dans une période d'incertitudes, est-il encore possible de réconcilier une nation avec son armée ?
Il y a quelques éléments de réponse et des pistes ouvertes.

La force de ce livre réside aussi en ce dialogue entre réalités du terrain et le recul sur les valeurs, l'attitude, environnement humain.
J'ai été marqué par certains sujets comme le silence. Silence nécessaire à l'essentielle découverte de soi.

Certains s'engagent pour l'aventure, pour le voyage. Mais au bout de la route ce qu'ils découvrent, c'est eux-mêmes.
La révélation est souvent brutale.
Il faut s'y préparer, y être accompagné, encadré, s'appuyé sur ceux qui ont combattu avant.
Car parfois on ne peut faire face à ce que l'on trouve sur soi-même et sur sa propre vulnérabilité sans un « bagage ».
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Sous un titre à connotation religieuse, ce livre rapporte une série d'épisodes de combat, le plus souvent vécus, parfois historiques, suivis de leur morale. L'épisode et son analyse sont teintés d'une philosophie stoïcienne et d'une culture littéraire classique, celles d'un médecin militaire, homme d'action, sage d'une connaissance étendue de l'exposition à la mort, celle qu'on reçoit et celle qu'on donne. En bon pédagogue, il illustre au présent de narration les valeurs nécessaires à l'action : courage, solidarité, discipline, expérience. Il présente aussi l'isolement de l'armée, populaire mais tenue à distance, le pragmatisme utilitaire du politique, la bienveillante indifférence du civil. L'auteur est un médecin militaire mais la matière médicale est traitée à la marge : projection des soins sur le terrain, questions de priorité et de tri, éthique du champ de bataille, questions chères à Larrey qui est plusieurs fois cité. Peut-être parce qu'il s'agit de forces spéciales la prise en charge se résume à la morphine et à l'hélicoptère et l'adversaire en face reste une cible anonyme. La question du stress opérationnel (« un fourre-tout ») et du psychotraumatisme séquellaire est traitée en une page avec des incidences de 30 à 60 % qui laissent l'auteur et le lecteur dubitatifs (p 196). On trouve en revanche une critique en termes indulgents de la jeune génération, inculte, irréfléchie, tentée par un narcissisme dominateur, par le culte du corps et par un rapport ludique à la violence.

On aimerait rencontrer l'auteur et qu'il soit auditionné par les enseignants de l'éducation civique, s'il en reste.
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Ce livre est moins un témoignage d'engagements opérationnels qu'une profonde réflexion anthropologique sur le statut du soldat, sa vocation de combattant, sa singularité militaire, son rapport à l'autorité et surtout à la mort et à la souffrance. Plus largement, il questionne aussi les tendances profondes qui traversent notre société au sein de laquelle l'homme se persuade pouvoir être maître de sa propre destinée et attache une importance exagérée à sa performance individuelle, dopée par des stimulants artificiels de toute nature.

Il insiste également sur l'importance de la transmission et la nécessité de se constituer une « musette ». La lecture en est un vecteur essentiel. En effet, elle permet la prise de recul propre à nous faire toucher du doigt la substance et le sens même de notre humanité. En cela, elle nous arme face aux aléas de la vie et à un réel dont la brutalité peut être extrême, que les situations de guerre illustrent particulièrement. Elles confrontent en effet le soldat à des situations paroxystiques auxquelles il doit être préparé intellectuellement, psychologiquement, physiquement et humainement. En ceci, le commandement joue un rôle essentiel. Il ne s'improvise pas, au contraire il se murit tout autant dans la réflexion que dans l'action.

Par sa double expérience de médecin et de militaire, la réflexion de Nicolas Zeller s'ancre dans le réel des expériences vécues au coeur des engagements opérationnels les plus pointus tels que ceux des forces spéciales mais aussi des services d'urgence hospitalier en France. C'est ce qui en fait toute sa force et sa légitimité.

Un livre à lire dans toutes les écoles d'officier, mais aussi pour ceux qui réfléchissent au sens du leadership.
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Un très bon livre qui a répondu à mes attentes. Un médecin militaire, Nicolas Zeller, témoigne et partage ses réflexions sur l'armée et ce qui pourrait aider les soldats.

Chaque chapitre commence par un court témoignage, un fait de guerre, une situation de crise, la mort d'un camarade, suivi d'un décryptage et de réflexions de la part de l'auteur. L'auteur a nourri ses réflexions de son expérience de terrain mais également de lectures (militaires et autres) qu'il nous partage. Il s'en dégage l'impression d'une grande force et d'une grande maturité acquise en affrontant la réalité.

L'auteur insiste sur la notion d'engagement et de service : un jeune doit s'engager dans l'armée en ayant bien compris qu'il est là pour servir, au risque de sa vie. L'écart se creuse avec la société de plus en plus hédoniste. Pour Nicolas Zeller, la Nation devrait montrer plus de reconnaissance à son armée, comme quelque chose de normal, et pas seulement une fois l'an au 14 juillet.

Pour quelqu'un qui ne connaît pas du tout l'armée, j'ai trouvé très intéressant d'apprendre des choses nouvelles à chaque chapitre. Ainsi, dans le chapitre consacré à la mort, l'auteur rappelle que la plupart des jeunes recrues n'ont jamais vu de "défunts" avant leurs premiers morts en opération. le choc est d'autant plus grand. Dans un autre chapitre, Il exprime sa crainte de voir la mode du body-building et des compléments protéiniques s'installer chez les jeunes soldats, au détriment de leur santé future.

Il aborde également le sens de la vie et la transcendance nécessaire pour être prêt à donner sa vie, la dimension sacrée du sacrifice de soi. On touche alors à l'au-delà de ce qui est compréhensible pour l'entendement humain.

Il conclut le livre en plaidant pour une formation qui donnerait aux jeunes recrues les outils nécessaire pour se "construire", pour "grandir" en maturité.
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Cet ouvrage particulièrement intéressant et instructif a été réalisé par un médecin militaire qui a servi dans toutes les opérations extérieures où la France a été engagée, ainsi qu'aux côtés de forces spéciales.
Mais il n'est pas question ici de raconter des aventures palpitantes, ni surtout de présenter la guerre comme quelque chose d'exaltant, ce qu'elle n'est définitivement pas.
A travers ses souvenirs, Nicolas Zeller s'interroge, et nous interroge, sur le sens de l'engagement, sur le lien - ténu - qui relie la Nation à ses soldats et sur la manière dont peut être appréhendée la proximité de la violence absolue que constitue la guerre.
Chaque chapitre aborde un thème et pose question, nous porte à réfléchir sur l'engagement au péril de sa vie, la transcendance, le culte du corps, l'épaisseur, la place de l'esprit et de l'âme.
Cet ouvrage ne prétend apporter aucune réponse, mais traduit les questionnements de l'auteur et la manière dont il tente d'y apporter réponse.
Une introspection bienvenue, loin d'une époque superficielle.
Instructif.
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critiques presse (1)
Culturebox
07 février 2022
Après des années d’engagements opérationnels, notamment avec les forces spéciales, il couche sur le papier un ensemble de réflexions sur l’engagement, la mort, le courage.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
J’ai toujours été frappé par la beauté du monde qu’il m’a été donné de contempler en mission. Beauté paradoxale puisque souvent entremêlée à la désolation de la guerre. Les montagnes de l’Hindou Kouch en toile de fond des paysages d’Afghanistan, ces vallées afghanes d’un vert presque fluorescent contrastant avec les bruns et les gris des montagnes, l’immensité des déserts du nord Niger, les oasis du massif de l’Aïr, les champs de cajou au nord de la Côte d’Ivoire, la rocaille tranchante du nord Mali, même les plaines monotones du nord de l’Irak, tout cela est magnifique. Ce sont pourtant les théâtres des pires horreurs. Impossible de ne pas se demander si la guerre, par coquetterie, ne se plairait pas à jouer dans des théâtres d’une beauté époustouflante ou si l’horreur de la guerre rend beau ce qui n’est peut-être qu’ordinaire
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« De quoi disposais-tu dans tes bagages personnels qui t’a aidé à traverser cet enfer ? » Il m’a avoué s’être accroché à une règle de vie et d’engagement qui tient en trois points et sur laquelle nous nous sommes retrouvés. Le premier suppose de régler son problème avec la mort. C’est-à-dire, ne pas être naïf et si possible l’avoir expérimentée dans un cercle proche afin de connaître une partie, même infime, de nos émotions, de nos sentiments, et de nos réactions face à elle. Le deuxième exige d’être lucide sur la dangerosité de notre métier et sur la possibilité réelle de donner ou de recevoir la mort à tout moment. Autrement dit, vivre dans l’illusion – ce qui est malheureusement souvent le cas aujourd’hui – est fatal. Le troisième, enfin, implique d’être guidé par des modèles – des mythes fondateurs pour reprendre ses mots – et par des chefs charismatiques qui donnent envie de nous dépasser.
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Les engagements militaires contemporains ne sont rien comparés à la violence des batailles de l’Empire, de Verdun, de mai-juin 1940 ou d’Indochine. Mille personnes mouraient chaque jour en moyenne entre 1914 et 1918, deux mille par jour au printemps 1940. En Indochine, deux cent cinquante officiers sont morts tous les ans entre 1947 et 1954. Le faible taux de perte des opérations actuelles, la supériorité technique et technologique, le degré d’exposition de nos forces, la performance du soutien médical qui n’a jamais été aussi rapide et qui assure au soldat une prise en charge comparable à ce que l’on réalise dans le centre-ville de Paris, nous donnent une image de la guerre bien édulcorée. La réalité de la blessure ou de la mort y prend alors un autre goût : celui de l’anormalité ou de l’inacceptabilité. Mais n’est-ce pas nous qui avons perdu le sens de ce qui est acceptable ?
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L’homme contemporain, toujours influencé par la philosophie des Lumières qui reste présente dans le système éducatif, se considère généralement comme le seul maître de sa destinée et même parfois comme son propre Dieu. Comment affronter la réalité de la guerre avec de telles chimères alors que la violence des combats frappe de manière aléatoire, injuste et imprévisible ? Impossible d’être le maître de sa destinée sur le terrain : le réel est le plus fort et d’autres référentiels s’imposent au risque sinon de voir voler en éclats toutes les pseudo-défenses psychologiques fondées sur un modèle faussé et des stimulants artificiels.
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L’homme se construit autant dans son désir que dans la frustration qui en découle lorsqu’il n’est pas satisfait. Nous nous construisons autant par nos rêves et nos envies, que par les échecs que nous pouvons essuyer, essayant de atteindre ou les assouvir. Le désir est éminemment sain, à condition qu’il soit bien orienté. Le désir de la vérité, selon l’approche de Spinoza, évite ainsi de se lancer dans de vaines quêtes dénuées de sens et nous décentre de nos intérêts propres et donc de nos envies superficielles. La vérité nous dépasse. Elle nous place sous une autorité supérieure, mécanique familière pour un militaire qui reconnaît dans l’autorité une certaine forme de vérité, même si cela nécessite toujours un effort de renoncement et de sacrifice.
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