Aux champs : La banlieue - Le bois - La rivière

Ecrite en 1878 cette nouvelle pourrait aussi bien entrer dans la catégorie de la chronique. Les trois récits que la composent relatent les souvenirs de l'auteur lorsqu'il partait en promenade pour le week-end, accompagné par son ami d'enfance Paul Cézanne. Tel un peintre ou un photographe, Emile Zola fixe sur le papier, pour la postérité, les paysages de la proche banlieue parisienne, notamment la laideur et la tristesse de la première zone entourant Paris, derrière les fortifications de la ville où se développait la misère des pauvres gens. Puis il décrit la banlieue plus lointaine qui fut popularisée par l'écrivain Charles-Paul de Kock et des peintres naturalistes, tels Corot et Daubigny, désireux de s'ouvrir à une peinture plus naturelle et authentique.

Zola nous éloigne progressivement de la banlieue pour nous entraîner dans le bois de Verrières où il se délecte des paysages environnants, sublimant cette « mare verte », aux eaux moussues, but de ses promenades, au coeur d'une forêt d'arbres de haute futaie parsemée, çà et là, de fleurs aux couleurs chatoyantes. Ces lieux paradisiaques dont il savourait la douce quiétude n'est pas sans rappeler les longues descriptions du « Paradou » dans son roman « La faute de l'abbé Mouret ». Dans ce récit, la plume du romancier se fait beaucoup plus colorée, poétique, presque enchanteresse tandis que le pinceau de son ami Paul joue avec l'ombre et la lumière.

Pour terminer, Zola nous propose une journée de canotage sur la Seine (qu'il appelle la rivière), plus à l'ouest, du côté du village de Bennecourt. Entre une brume matinale, aux blanches vapeurs, puis un lever de soleil dont les rayons font étinceler la surface de l'eau, c'est un feu d'artifice de lumières changeantes qui illuminent le regard du peintre et éclaboussent la plume de l'écrivain naturaliste. Et dans ce climat serein et silencieux, il est enfin permis de rêver et de tout oublier…