Depuis le premier jour, l'Eglise a pris et gardé la femme, comme l'aide la plus puissante de son oeuvre de propagande et d'asservissement. Mais, dès l'abord, un obstacle se dressait. La femme n'était-elle pas la honte et la perdition, une créature de dégoût, de péché et de terreur, devant laquelle tremblent les saints ? En elle, l'immonde nature a mis son piège, elle est la source charnelle de la vie, elle est la vie elle-même, dont le catholicisme enseigne le mépris. Aussi l'Eglise a-t-elle un instant refusé une âme à la bête de fornication, que les hommes purs fuyaient au désert, dans la certitude de succomber, si le vent du soir leur apportait la seule odeur de sa chevelure.
Sa politique était d'abord de garder la femme toute à elle, en continuant à l'hébéter, en la maintenant à l'état d'éternelle enfance. Elle en faisait ensuite une arme de guerre, certaine de vaincre l'homme incroyant par la femme pieuse. Elle avait par elle un continuel témoin au foyer domestique, elle agissait même jusque dans l'alcôve, quand il fallait réduire l'homme aux pires angoisses. Et la femme, ainsi, était toujours la bête de luxure, dont le prêtre simplement se servait aujourd'hui pour assurer le règne de Dieu.