La lecture de ces quatre nouvelles de
Zola sont aux Rougon Macquart ce que les huiles essentielles sont au parfum : un concentré riche et capiteux de littérature, dont chacune est enivrante à sa façon, et qui m'ont toutes quatre puissamment régalée.
La première, qui donne son nom au recueil, vient fouiller au plus profond de nos terreurs en faisant parler un homme, Olivier Bécaille qui tombé en catatonie tout en restant conscient, sait qu'on le croit mort et vit avec horreur sa mise en bière, son enterrement et… il ne vous reste qu'à la lire pour sortir de ce cauchemar et découvrir au passage une incroyable mise en abyme dans cette histoire quand Olivier rêve qu'il est enseveli.
« L'inondation » est tout aussi saisissante de sauvagerie quand elle évoque dans un cadre champêtre ravagé par la montée brutale de la Garonne, emportant les débris et les morts, les images épouvantables du tsunami sur les côtes de Fukushima.
On retrouve dans «
Nantas » un peu d'Eugène Rougon dans son ascension sociale fulgurante, dont la base contractuelle s'avérera délétère quand son coeur viendra contre toute attente prendre le pas sur sa raison et faire vaciller sa force pour l'amour d'une femme.
« Les coquillages de Mr Chabre » vient clore par une note d'humour et une ode à la puissance vitale de la nature ce recueil marqué jusque là par de sombres interrogations sur la fragilité de l'élan vital, avec un gras et inodore Mr Chabre qui, trop occupé à engouffrer des crustacés pour dynamiser sa fécondité défaillante, ne sait voir comment sa jeune et vivace épouse trouve le moyen de résoudre ses problèmes de descendance, emportée par la sensualité d'un paysage de mer normand et les bras vigoureux d'un voisin fort serviable.
Un régal je vous dis, moi qui ressors de cette lecture comme d'une table gastronomique à laquelle je recommande vivement de s'attabler au plus vite !