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sur 8527 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un grand Zola.
À chaque page, des corons, on entend le cri des hommes et des femmes, ce cri de révolte parce qu'ils ont faim, parce qu'ils en meurent.
On y retrouve bien évidemment les engagements politiques de l'auteur, portés par une écriture qui n'a pas pris une ride, dont le style, le rythme, la technique, pourraient certes en remontrer à beaucoup d'auteurs actuels.
Incontournable.
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Lire Zola, c'est replonger dans la vie rude d'un autre temps. Cependant, plus on avance dans ces descriptions parfois un peu glauques et cruelles, plus on s'enfonce dans les profondeurs des corons, plus on ressent l'actualité de ces écrits de plus de 140 ans d'âge. La lutte pour la vie est toujours la même, les conflits de milieux n'ont pas changé, la pauvre ouvrier exploité rêve de rejoindre le clan des Bourgeois. Bravo Monsieur Zola d'avoir eu une vision si futuriste du monde d'hier. Quel brio dans la précision du récit..
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Suite à une visite très intéressante au musée des Mines à Lewarde, j'ai laissé de côté mes lectures actuelles pour redécouvrir Germinal. Si, auparavant je n'avais pas aimé l'histoire, cette fois-ci j'ai eu un véritable coup de coeur.
L'auteur nous raconte avec beaucoup de réalisme le quotidien des mineurs qui travaillent dans la fosse du Voreux. Il nous décrit avec précision leurs conditions de travail inhumaines: extraction de la houille presque à plat ventre sous une chaleur étouffante pendant des heures, vieillards, femmes et enfants poussant des berlines très lourdes, les risques multiples d'accidents liés aux éboulements ou au grisou, les maladies attrapées à force de respirer la poussière du charbon...pour un salaire misérable. A côté du travail à la mine, on découvre aussi la vie du coron où les femmes enchaînent les grossesses, où il est rare qu'on mange à sa faim, où la promiscuité des gens pousse les jeunes à devenir très précoces …
C'est vraiment une histoire très triste et très poignante qui donne les larmes aux yeux, notamment celui de la famille Maheu qui a été frappé par la tragédie depuis le début de la grève. On ressent les émotions et les sentiments qui animent chaque personnage, depuis Etienne Lantier jusqu'aux bourgeois propriétaires de la mine. D'ailleurs, le personnage qui m'a fait le plus de peine est Catherine, cette pauvre fille docile qui vivote encore entre l'adolescente et la femme.
A côté des idées politiques de son époque comme le socialisme ou l'anarchie, l'auteur, selon moi, analyse plus profondément la psychologie de la foule et l'ivresse donnée par le pouvoir.
Le style d'écriture est assez consistant, avec beaucoup de détails, c'est pourquoi il faut lire l'ouvrage doucement pour apprécier les descriptions.
C'est un vrai chef-d'oeuvre donc lisez-le !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Ce livre est tout simplement époustouflant, un véritable monument.
La vie des mineurs est extrêmement bien décrite par Zola, on est frappé par le réalisme cru des conditions de vie des forçats de la mine et de la lutte des classes impitoyable. Les personnages sont profondément creusés, on n'a pas les gentils mineurs d'un côté et les méchants patrons de l'autre. L'ennemi, ce n'est pas vraiment le patron, mais la société qui réduit les hommes à l'état d'esclave, voire la mine elle-même qui engloutit les hommes jour et nuit.
Le premier roman dont les ouvriers sont les véritables héros, le premier roman social (voire socialiste) dont la grève est le véritable coeur.
On reste halluciné par tant d'injustices et de désespoir.
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Pourquoi lire un bouquin de Zola en 2011 ? Dans mon cas, c'est à cause des 90 ans du Parti communiste français. On s'amuse beaucoup à regarder ce parti moribond agoniser et à parler d'acharnement thérapeuthique. Stalinien même quand c'était une position indéfendable. Georges Marchais et André Lajoinie, les Dupont et Dupond du prolétariat. La fête de l'Huma, un endroit populo-branchouille où les vieux de la vieille se retrouvent pour radoter sur les luttes d'hier. Ils étaient censés rallumer toutes les étoiles du ciel, à la place, ils vendaient du muguet les 1er mai. C'est toujours triste, un naufrage. Et une fin misérable occulte les bons moments. Car le PCF, ce n'est pas seulement Robert Hue qui imite Eddy Mitchell chez Patrick Sébastien. Il y a eu des combats, des avancées sociales, du progrès mesurable. Et Pif Gadget. Et justement, Germinal, ce sont les prémices de cette aspiration au changement.

Étienne Lantier, jeune machiniste ayant perdu sa place pour avoir gifflé un supérieur, erre à la recherche d'un travail. Il trouve un emploi dans une mine de charbon où il va découvrire à la dure à quel point la vie des mineurs est rude. Abus de pouvoir des petits chefs. Sexualité de promiscuité. Conditions de travail épouvantables. Comme Étienne a fait des études et qu'il entretient une correspondance avec un responsable de l'Internationale, il va proposer à ses collègues de mettre en place une caisse de solidarité, en vue de la grève. Parce que ça va péter, c'est certain. La compagnie leur mange de plus en plus la laine sur le dos. Ils crèvent en respirant la poussière de charbon. Les mioches se font écraser quand les tunnels mal entretenus s'écroulent. le prix du pain ne cesse d'augmenter. Alors, un beau matin, s'en est trop. Ils en ont gros. Étienne est heureux : l'heure de sa révolution est arrivée. Mais est-ce vraiment le bien commun, qui l'intéresse, ou bien faire reluire sa petite gloriole ?

Zola écrit un roman reportage. le lecteur ne lit pas tant une histoire qu'il découvre un univers qui lui est inconnu. C'est bourré de termes techniques sur la mine, on sent bien que le Mimile, il est allé sur place pour regarder comment la poussière de charbon colle à la sueur des mineurs. Et il n'est pas tendre avec les pauvres, le Zola : au lieu de nous raconter la vie simple des humbles sur l'air de "C'est pas leur faute, ils sont exploités par le patronnat", il se montre assez objectif quand il pose son regard sur cette misère. Et quand il dépeint les patrons, ce n'est pas uniquement pour montrer des accapareurs qui s'engraissent à rien faire. On trouve également des petits patrons paternalistes qui veulent juste rentrer dans leur argent ou bien qui sont obligés de faire plaisir à leurs actionnaires. Et l'Étienne, c'est pas un ange. Dès qu'il a le vent en poupe, il n'hésite pas à profiter de sa petite notoritété pour coucher. Mais surtout, il dit à la plèbe ce qu'elle a bien envie d'entendre. Il promet que l'Internationale va renverser l'ordre mondial en 3 ans. Il ment avec le même aplomb que le curé du coin, il utilise la même réthorique en remplaçant Dieu par Marx.

Par contre, Zola ne semble pas avoir vu Bienvenue chez les Ch'tis parce que ses personnages du nord parle le langage du peuple, mais ça reste très parisien. Il ne fallait sans doute pas effrayer le lectorat bien propre sur lui.

Germinal, ce sont des promesses non tenues. Des lendemains meilleurs. Un monde nouveau. Une nouvelle ère. L'entente entre les peuples. L'égalité entre camarades. Sauf que cette utopie est vendue en oubliant un élément important de l'équation : l'hommerie. le système politico-économique a beau changer, l'homme reste le même. Avide. Un peu con. Partisan du moindre effort. On a 90 ans d'expérience qui le démontrent. Alors Germinal, ça fait mal. On sait que ça va foirer. le livre est censé incarner les germes de cette révolution (d'où le titre) alors que nous avons assisté à la mort de cette idéologie.

Mais en dehors de l'aspect purement politique, Germinal reste d'une actualité frappante. Il n'y a qu'à regarder les mineurs chiliens ou lire le récit des catastrophes minières chinoises pour se rendre compte que cette misère-là, elle a juste changé de continent. Les tunnels d'ailleurs sont eux aussi mal étayés. Des gamins grandissent trop vite en se courbant pour ramasser un peu de charbon. C'est juste que ce n'est plus sous nos yeux.

Germinal m'a éclairé sur la raison qui fait qu'avec le temps, les ouvriers ont tourné le dos au PCF pour aller écouter les délires bruns du Front national. Les gens préfèrent croire en des mensonges concrets qu'en des promesses abstraites. Il est plus facile de croire que les musulmans vont violer ma fille que d'aspirer à plus d'harmonie dans les rapports humains. Et j'ai dans l'idée que la Marine le Pen, des conneries tangibles, elle en a à revendre.

Conclusion : ni dieu, ni Marx, ni le Pen.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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Tout d'abord, dans cette évocation du monde de la mine, j'ai été frappé par la qualité du travail de documentation effectué par Zola. Tout, la structure de la mine, les tâches des différents métiers rassemblés dans les galeries, l'ambiance oppressante dans la chaleur et l'humidité, tout est décrit dans les moindres détails. L'auteur a dû non seulement visiter les mines, mais il y a probablement passé des heures, voire des journées au fond.
(Je ne saurais trop vous recommander, si vous en avez la possibilité, de visiter le Centre historique minier de Lewarde, entre Lens et Valenciennes, pour avoir une vision réaliste de ce qu'étaient les conditions de travail des mineurs).
Comme au début du « Ventre de Paris », un homme arrive, seul. Il n'a rien, et va se rendre compte qu'il n'est rien, ou plutôt qu'il n'est là que pour faire fonctionner une entité monstrueuse, la mine : celle-ci, comparée au Moloch de l'antique Carthage, est décrite comme une dévoreuse d'hommes. Elle est totalement inhumaine, bien que dirigée par des hommes.
Après avoir pris conscience de l'injustice de la situation, au sein du groupe de mineurs avec lesquels il vit, Etienne Lantier manifeste un sentiment qui me semble nouveau dans « Les Rougon-Macquart » : la révolte. S'imprégnant, par ses lectures et ses discussions, des nouvelles idées socialistes, Etienne ne se résigne pas à subir, comme l'ont fait par exemple les ouvriers décrits dans « L'Assommoir » qui se réfugient dans l'alcool. Zola aurait pu écrire, avec presque soixante-dix ans d'avance, les premières lignes de « L'homme révolté » d'Albert Camus :
« Qu'est-ce qu'un homme révolté ? Un homme qui dit non. Mais s'il refuse, il ne renonce pas : c'est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement. Un esclave, qui a reçu des ordres toute sa vie, juge soudain inacceptable un nouveau commandement. Quel est le contenu de ce « non » ?
Il signifie, par exemple, « les choses ont trop duré », « jusque-là oui, au-delà non », « vous allez trop loin », et encore « il y a une limite que vous ne dépasserez pas ». En somme ce non affirme l'existence d'une frontière. »
La frontière franchie, Etienne passe à l'action, et cela l'amène à prendre et exercer un certain pouvoir. Et nous voilà à nouveau au coeur d'un thème qui a déjà été évoqué longuement par Zola. Après le pouvoir politique, celui de l'argent, celui de la religion, celui des commérages, voici le pouvoir de l'éloquence, celui qui promet aux plus pauvres une revanche, un âge d'or où ils pourront enfin vivre sans être exploités.
Mais le pouvoir est quelque chose de dangereux si on ne le maîtrise pas, et Etienne en fait la cruelle expérience. Réussissant dans un premier temps à mobiliser les corons dans une grève redoutable, il est rejeté par ceux-là mêmes qui l'ont porté au pouvoir, dès lors que l'action a échoué et que le sang a coulé. Comme disaient les romains, « la Roche Tarpéienne est proche du Capitole ». Et ce qui a été un rêve magnifique (Partie IV, chapitre 3) se retrouve quelques chapitres plus loin, décrit pratiquement avec les mêmes mots, une ambition pitoyable : « Eh quoi ! Etait-ce fini déjà ? Il se souvenait d'avoir, sous les hêtres, entendu trois mille poitrines battre à l'écho de la sienne. Ce jour-là, il avait tenu sa popularité dans ses deux mains, ce peuple lui appartenait, il s'en était senti le maître. Des rêves fous le grisaient alors : Montsou à ses pieds, Paris là-bas, député peut-être, foudroyant les bourgeois d'un discours, le premier discours prononcé par un ouvrier à la tribune d'un parlement. Et c'était fini ! Il s'éveillait misérable et détesté, son peuple venait de le reconduire à coups de briques. »(Partie VII, chapitre 1).
Oui, les foules sont promptes à brûler ce qu'elles ont adoré, mais à la fin du livre, Etienne n'est pas découragé, il sait que, comme l'annonce la conclusion qui donne son titre au roman, ce n'est que partie remise :
« Encore, encore, de plus en plus distinctement, comme s'ils se fussent rapprochés du sol, les camarades tapaient. Aux rayons enflammés de l'astre, par cette matinée de jeunesse, c'était de cette rumeur que la campagne était grosse. Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre. »
Mais le roman de Zola est encore plus ample dans la peinture de cette société française de la fin du XIXème siècle. Il emmène aussi le lecteur du côté des patrons et de ceux qui dirigent l'exploitation de la mine. Et on constate que la bourgeoisie de l'époque vit hors-sol, comme on dirait de nos jours : les dames ont bonne conscience en jouant leur rôle charitable (mais uniquement envers les pauvres « méritants »), leur souci principal étant de marier convenablement leurs filles, et les messieurs s'occupent surtout de rentabiliser au maximum les puits de mine. Les Grégoire, parfaits rentiers totalement ignorants des conditions de travail des mineurs, seraient presque comiques tant ils sont persuadés de leur bon droit, mais leur ignorance est payée très cher.
Avec une prescience étonnante, Zola annonce aussi un nouveau type d'action violente, en décrivant le personnage de Souvarine et l'attentat qu'il commet. La profession de foi de ce nihiliste sonne un peu comme celle des djihadistes d'aujourd'hui :
« « … Ah ! Rien, ni parents, ni femme, ni ami ! Rien qui fasse trembler la main, le jour où il faudra prendre la vie des autres, ou donner la sienne ! »
Et pour lutter contre ce type d'actions, les dirigeants d'alors ont déjà la solution prônée aujourd'hui, en cachant ce qui n'est ni plus ni moins qu'un acte terroriste :
« Pourquoi, si l'on découvrait le bandit, faire un martyr, dont l'effroyable héroïsme détraquerait d'autres têtes, enfanterait toute une lignée d'incendiaires et d'assassins ? »

En conclusion, Germinal est un roman énorme, que ce soit par les thèmes développés, ou par la manière dont Zola les traite, avec son immense talent de descripteur. Je le place (pour le moment.. ) au sommet de la série des « Rougon - Macquart », et je vais sans tarder entamer le quatorzième volume, « L'oeuvre ».
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Que dire de ce monument de Zola, que j'ai relu avec un immense plaisir, 20 ans après ma première lecture !
Bien sûr, ce roman m'a parlé autrement ! J'ai été beaucoup sensible aux conditions de travail des mineurs, un travail éreintant pour avoir de quoi survivre, pour toute la famille ! Zola aborde bien la question de la retraite,des nouveaux droits de grève, de ces inégalités sociales durant le second empire !

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Je n'aime pas, mais alors absolument pas les romans écrits à cette époque, mais alors absolument pas. J'ai horreur de ces auteurs-là.
Personnellement, je trouve que ces "romans" n'en sont pas réellement car c'est plus une étude du comportement des hommes et femmes de l'époque, avec un semblant d'histoire. Bref, j'aime pas.
Mais ici... ici, c'est tout bonnement autre chose... du 1er chapitre à la dernière page, je n'ai pas lâché ce roman.
Des personnages profonds, qui ont du sens, une histoire terrible, des situations horribles... etc etc etc
Ici Zola (je n'aime pas cet auteur ... comme les autres de son époque) à réussi ce tour de ne pas me faire abandonné au pied d'un terril sous une pluie battante ce livre.
D'une profondeur (comme la mine) qui représente les gens du cru, les ouvriers, leurs familles, leur travail, leurs plaisirs, leurs douleurs, bref,... leurs vies, mais d'une façon magistrale...
J'ai terriblement aimé,... tellement aimé que je ne lirais plus rien d'autre de lui (j'en ai lu d'autres avant mais que j'avais arrêté très rapidement).
Si vous ne devez en lire qu'un ,... que ce soit celui-là !!!
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Quelle agréable surprise ! J'étais réticente à l'idée de devoir commencer la lecture d'un classique, qui est pour le moins assez imposante. J'avais peur de m'ennuyer durant ces 500 pages, et de trouver ce livre plat et sans rebondissements. Je m'attendais à une simple description de la vie des mineurs.
Et heureusement, ça n'a pas été du tout le cas, je me suis laissé entraîner dans cet univers assez sombre et dur. Zola a su trouver les mots justes pour décrire les conditions de vie de ces personnes qui travaillent dans les mines. Les 500 pages sont passées toutes seules, j'ai été conquise par l'écriture de Zola, car j'avais peur qu'il s'étale sur de trop longues descriptions que je ne pourrais plus suivre, et bien non ! Pas du tout ! Ce roman est à la portée de chacun d'entre nous, ne faites pas comme moi, ne soyez pas repoussé par le nom de l'auteur et la quantité de pages. Il en apprend tellement.
C'est donc un roman remplit de rebondissements, pour le moins inattendu, ce qui m'a beaucoup surprise. Je ne m'attendais pas du tout à cela.
Au risque de vous décevoir, ce livre m'a complètement déprimé... La description des conditions de vie, de la vie des mineurs, m'a littéralement chamboulé.
Au début, j'ai eu assez de mal à suivre tous les personnages, il y en avait beaucoup qui arrivaient en même temps, mais après quelques pages, j'ai réussi à m'y attacher et à essayer de les comprendre. J'ai eu le coeur brisé à de nombreuses reprises lors de ma lecture...
Mais, (oui, il y a toujours un mais) ,j'ai parfois eu un peu de mal à certains passages, tels que ceux où l'idée de révolution commence à germer au fond d'Etienne ou encore les conversations sur la politique où j'ai eu un peu de mal à tout suivre.
Cependant, cela ne m'a pas empêché d'avoir été envoûtée par cette lecture.
A chaque page, Zola vous surprendra.

Lien : http://auboulevardlitteraire..
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Etienne Lantier, jeune machineur de vingt et un an, a été renvoyé pour avoir giflé son chef. Parti sur les routes à la recherche d'un emploi, il se fait embaucher à la Compagnie des mines de Montsou, dans le Nord de la France. Il découvre dans ce pays de la houille et du fer, un paysage de hauts fourneaux et de fours à coke, parsemé de multitudes de cheminées alignant leurs rampes de flammes rouges, "torches géantes qui ensanglantent les ténèbres". Etienne loge chez les Maheu, mineurs de pères en fils, voire en filles, puisque Catherine, leur adolescente de quinze ans, en est elle aussi. Il faut dire que pour les familles, souvent nombreuses, le moindre sou est bienvenu.
On vit entassé dans les petites maisons du coron, ces constructions de briques installées par la Compagnie, aux cloisons si minces que le moindre souffle les traverse et que la vie intime des voisins n'a pas de secret. La promiscuité rapproche précocement les filles et les garçons, qui "se jettent à cul" dès la nuit tombée ; les herscheuses tombent enceinte à peine femmes, leurs mariages avec les jeunes pères mécontentent les familles de ces derniers, qui ne vont plus rien leur rapporter. L'église, qui ressemble elle-même à un modèle de haut fourneau, fait concurrence à la pléthore de bals, débits de bière et autres estaminets auxquels les travailleurs réservent toujours une partie de leurs maigres ressources pour s'octroyer quelque moment de détente. Les grands moments de fête sont quasi orgiaques, immenses beuveries où se mêlent adultes et enfants. Une fois mères, vite déformées par ces vies de misère et de grossesses nombreuses, les femmes s'occupent de leur progéniture et s'échinent à assurer la subsistance du foyer, abusant du café et médisant les unes des autres lorsqu'elles tombent sur une voisine.

C'est une vie de dureté et de souffrance, vampirisée par un travail destructeur, parfois mortel, qui permet tout juste de manger à sa faim.

La mine est un univers à part entière, labyrinthe de veines souterraines dans les ténèbres desquelles les travailleurs fouissent jour et nuit. A des centaines de mètres de profondeur, hommes et femmes travaillent comme des bêtes, à quatre pattes ou courbés, suant et ahanant, subissant tantôt une humidité extrême, tantôt une chaleur tout aussi insupportable, quand ce ne sont pas les deux en même temps, dans le fracas des berlines qui roulent continuellement, tirées par des chevaux qui pour certains, n'ont pas vu le jour depuis des années. Et tout cela sans une plainte, avec la résignation qu'induit l'habitude et l'absence de questionnement sur l'aberration que représentent leurs conditions d'existence, qui laissent leurs stigmates sur les corps et les visages. Ils ne s'interrogent pas vraiment non plus sur l'injustice dont témoignent le confort et la richesse dans laquelle s'épanouissent ceux qui leur doivent leur fortune, et qui leur manifestent une insupportable condescendance paternaliste, quand ce n'est pas juste du mépris.

Etienne, lui, se pose des questions. Révolté à l'idée d'être une bête qu'on aveugle et qu'on écrase, il est très perméable aux discours de Rasseneur, un ancien mineur renvoyé par la Compagnie pour ses idées révolutionnaires qui tient dorénavant l'un des bistrots du coron, où le jeune Lantier rencontre Souvarine, un machineur d'origine russe au passé mystérieux, qui l'initie à Marx et Proudhon. le jeune homme structure peu à peu sa pensée autour des luttes prolétariennes et de cette fameuse Internationale qui vient de se créer à Londres, et la propagande latente qu'il diffuse finit par avoir un écho chez les mineurs, qui décident, suite à une décision de la direction qui va encore réduire leurs salaires, de se mettre en grève. Etienne prend la tête du mouvement, sa popularité croissante et la maigre instruction acquise au fil de ses lectures révolutionnaires le grisent, et le dotent d'un sentiment de supériorité sur ses camarades, dont il déplore bassesse des convoitises et la grossièreté des instincts. Pendant ce temps, la grève s'éternise, accablant les mineurs d'une misère croissante. Etienne perd bientôt le contrôle de la situation, certains grévistes se laissent aller à une fureur meurtrière.

Il faut dire que le contexte est d'une manière générale à la débâcle, suite à la crise industrielle qui sévit dans le pays entier depuis deux ans, la succession de faillites provoquant licenciements et bouchant les perspectives.

C'est un plaisir de découvrir cet univers de la mine par la plume d'Emile Zola, qui en la personnifiant, en fait une héroïne à part entière, "monstre géant dont la gueule engloutit les hommes, dont les boyaux (…) sont capables de digérer un peuple", conférant à son texte une dimension épique et en même temps presque horrifique. le monde qui orbite et grouille autour de ce monstre est d'un incroyable foisonnement, les passions et les drames qui les agitent rendent le récit aussi palpitant que bouleversant. J'ai aussi apprécié qu'il amène par l'intermédiaire de l'intrigue et des personnages toute une réflexion sur le décalage entre idéaux, politique et réalité, en opposant à la "culture" révolutionnaire dont se targue Etienne Lantier et la spontanéité d'une révolte que le désespoir et l'humiliation menace à tout moment de faire basculer dans la sauvagerie.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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